1 UQAM Plan de cours PHI-4048 ESTHETIQUE Session : Hiver 2012 Code du cours : P
1 UQAM Plan de cours PHI-4048 ESTHETIQUE Session : Hiver 2012 Code du cours : PHI 4048 (05) Horaire : Mardi 18h.00-21h.00 Local : V-3830 Responsable : Mario Dufour Téléphone : 987-4377 (boîte vocale : 9360) Courriel : dufour.m@uqam.ca DESCRIPTION (du cours selon l’annuaire) Études des paradigmes selon lesquels la question du beau et celle de la réalité de l’oeuvre d’art ont été pensées dans l’histoire de la philosophie. Les attaches du discours esthétique à une anthropologie et à une métaphysique ; les approches de l’esthétique philosophique contemporaine (herméneutique, pragmatique, analytique, sémiotique, etc.). INTRODUCTION ET PROBLEMATIQUE Aussi loin que peut remonter le discours philosophique dans son souci de rendre compte de ce qui est et de ce qui apparaît, bref du réel, que celui-ci soit naturel ou œuvre instituée, se manifestent un ensemble de préoccupations et un domaine de questions et de réponses, implicites et explicites, qui touchent aux plaisirs, aux sentiments, aux jugements, aux valeurs et à la compréhension de ce qu’est l’art et la beauté. La philosophie entretient depuis toujours un lien étroit, sans doute constitutif, avec l’esthétique entendue comme discours réflexif sur le beau et l’oeuvre d’art. Bien sûr, l’art, et l’appréhension du beau qui est devenue sa caractéristique principale 2 ou la plus commune, n’ont pas attendu la philosophie. Ils sont des activités et des expressions les plus archaïques de l’humanité et de la culture. Aussi loin qu’on remonte dans le temps, on trouvera des témoignages de ce sens esthétique universel de l’humanité : il s’agit de penser aux fresques des grottes de Lascaux ... « le petit chien de M. Bergeret, dit Anatole France, ne regardait jamais le bleu du ciel incomestible ». Malgré tout, la naissance de la philosophie marque un tournant et un coup de force. Les premières ébauches de l’objectivité et de l’altérité des choses, lesquelles apparaissent dans la philosophie grecque, coïncident avec la régression de la pensée magique et l’apparition d’une idée « désintéressée », objective, conforme à la Raison, non seulement du Vrai, du Bien mais aussi du Beau. Le concept se détache de l’image comme de son double, la raison absorbe le beau. Au coté du Vrai et du Bien, le Beau deviendra l’un des visages, l’un des « transcendantaux » les plus génériques de l’être ou du réel, l’une des valeurs les plus structurantes du discours. La question du beau et de son rapport aux œuvres de l’homme (arts) et aux œuvres de la nature recèle non seulement une portée universelle et ontologique mais aussi quotidienne, ancrée dans la perception et les préoccupations les plus lointaines de l’humanité. Selon le philosophe Heidegger, l’esthétique est « la science du comportement sensible et affectif de l’homme et de ce qui le détermine », entendu que ce déterminant est le beau, lequel peut apparaître aussi bien dans l’art que dans la nature. Mais le sens que nous attribuons aujourd’hui au mot et au concept d’ « esthétique » est relativement récent. En effet, si l’adjectif est devenu synonyme de beau et que le substantif est devenu synonyme de théorie de l’art, de science du beau dans la nature ou dans l’art, l’ « esthétique » comme discipline spécifique ayant pour objet le jugement d’appréciation du beau à travers le sentiment date seulement du XVIIIième siècle. En effet, les divers discours théoriques dont l’ambition est de définir les éléments, les conditions, les principes et les lois du beau seront regroupés sous le terme d’esthétique, forgé par le philosophe allemand Baumgarten (Aesthetica, 1750-1758) à partir du grec aisthesis (faculté de sentir). Selon son acception étymologique, le terme d’esthétique renvoie d’abord à l’idée d’une « théorie »du sensible et à la faculté de l’esprit d’être affecté par les sens, qui reste, avant leXVIIIième siècle, relativement indépendante d’une théorie de l’art et d’une théorie du beau. Le terme forgé par Baumgarten renvoie à une connaissance sensible intermédiaire entre la pure sensation obscure et confuse et la pure intellection rationnelle et claire, connaissance qui concerne la forme artistique plutôt que son contenu. Cette indépendance de la forme sur le contenu et cette idée d’un intermédiaire entre le rationnel et le sensible ont orienté les recherches ultérieures et l’émancipation de l’art et de la beauté par rapport à la vérité. Cette valorisation de la sensibilité en liaison avec l’appréciation du beau et de l’art indépendamment de la théorie de la connaissance et de la morale ne semble pas avoir existée auparavant. Ainsi, selon Kant (dans Critique de la faculté de juger de 1791) l’œuvre d’art possède une autonomie et une finalité internes qui sont indifférentes à son contenu de vérité, et le jugement de goût traduit un accord entre l’imagination, l’entendement et la 3 raison où l’esprit jouit d’un pur plaisir qu’il prétend partageable sans pouvoir en démontrer le fondement. Le terme d’esthétique est récent, moderne, il dépend des conditions épistémiques modernes, mais la chose même que le nom dénomme, c’est-à-dire la réflexion sur l’art et le beau et son lien avec la sensibilité, est aussi vieille que la pensée occidentale. Il faut penser l’autonomisation de l’esthétique et la valorisation de la sensibilité comme constellation qui lie le beau, l’art et le sensible, sur le fond des doctrines antérieures et des développements de la philosophie des Anciens (Platon, Aristote, Plotin) et ceux de la philosophie médiévale (Bible, St-Augustin, St-Thomas d’Aquin). C’est que les premières réflexions philosophiques sur le beau et l’art donnent déjà à l’esthétique ses présupposés et ses concepts les plus structurants : nature et technè, matière et forme, sensibilité et intelligibilité, réceptivité et productivité, modèle et copie, illusion et vérité, etc. C’est pourquoi on se penchera sur les principaux moments de la réflexion philosophique qui concerne l’art et le beau depuis l’origine platonicienne jusqu’à nos jours. Il s’agit de mettre en place un certain nombre de traits distinctifs et de questions fondamentales qui structurent cette réflexion. Dans ce dessein, nous dégagerons, en nous appuyant sur le travail et les recherches de Marc Sherringham dans son Introduction à la philosophie esthétique, certains des « paradigmes » les plus saillants de l’histoire de la philosophie, dont l’esthétique, « science du comportement sensible et affectif de l’homme », à bien y réfléchir, n’est qu’un autre nom. Il s’agit de mettre en relief les grandes structures conceptuelles qui ont fixé pour une période donnée les règles du discours de la philosophie esthétique ; l’identification de ces grandes structures spécifiques peut se réaliser en isolant certaines des ses dimensions les plus importantes : la localisation du beau, la définition du beau, le statut de l’art, l’appréhension du beau et la production de l’art. Trois matrices paradigmatiques peuvent dès lors être isolées : le classicisme, le criticisme et le romantisme. I. Le Classicisme (largement initié par Platon, l’antiquité et l’intuition de la Belle Totalité) repose sur l’identification du beau avec la perfection de l’être saisie comme ordre, harmonie, proportion, totalité achevée et cosmos dépassant l’être humain. Le Beau est objectif et intelligible, il n’est ni relatif, ni sensible, il dépasse la perspective de l’individu. L’art est soumis à une réalité idéale qui le précède. L’art est lié au beau s’il reproduit la structure de la réalité idéale ou naturelle, mais cette beauté sera toujours inférieure à celle de l’être. Car l’art est imitation, copie de l’être ou de la nature, donc par définition nécessairement inférieure et secondaire : l’art est fabrication et la fabrication est inférieure à la contemplation théorique de l’ordre et de la beauté de l’univers (créée par l’intelligence divine). Le classicisme s’établit sur cette séparation de la beauté et de l’art, et cet écart entraîne ipso facto une dévalorisation de l’art par rapport à l’être. L’appréhension du beau (perfection et plénitude) est source de désir (imperfection et manque). L’esthétique, parce qu’elle 4 réfère d’abord comme son étymologie l’indique à la sensibilité et que la philosophie se définit comme dépassement du monde sensible, occupe une place seconde. II. Il faudra attendre la Modernité et la Renaissance, l’intensification du subjectivisme (insistance sur la sensibilité, la relativité du goût, la créativité, la nouveauté et l’innovation) pour ébranlé le classicisme. Le second grand modèle ou paradigme de l’esthétique philosophique prend se cristallise avec la pensée de Kant, i.e. le Criticisme (XVIIIe siècle), lequel repose sur le lent mais décisif renversementde la valorisation du sujet sur celle objective de l’être. Kant opère en philosophie ce qu’il appelle une révolution « copernicienne », l’objet tourne autour du sujet et nul part ailleurs que dans l’esthétique celle-ci n’est autant visible : il n’y pas de science du Beau, de propriété objective à laquelle réfère l’idée de beauté, celle-ci est dépendante du sentiment qu’éprouve la subjectivité dans le jugement esthétique de goût. D’autre part, l’œuvre artistique fait intervenir les éléments mystérieux du génie et de la créativité, de la pensée inconsciente qui demeurent sous-estimés bien que clairement aperçu dans le classicisme. En conséquence, l’art cesse d’être inférieur, hétéronome, soumis à l’être, à la connaissance ou à tout autre domaine supérieur : il devient autonome, indépendant, trouve sa fin en lui-même. Que le beau soit naturel ou uploads/Philosophie/ esthetique 1 .pdf
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- Publié le Jul 21, 2022
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