1 T.L/ES/S – P. Serange / Novembre 2009. Entraînement à la dissertation de phil
1 T.L/ES/S – P. Serange / Novembre 2009. Entraînement à la dissertation de philosophie Sujet : Faut-il douter pour savoir ? Je mets en note de bas de page ce que je fais, au fur et à mesure, pour que vous compreniez ce qu’il faut réaliser, en lien explicite avec les feuilles de méthodologies distribuées et examinées en classe. Cette introduction, tout comme le début de la première partie que j’ai rédigé ou la conclusion, ainsi que le plan détaillé, ne sont pas un modèle, juste un exemple. Introduction Dans notre vie quotidienne, nous sommes souvent amenés à douter, aussi bien dans nos actes que concernant nos idées1. Douter, dans le langage courant, c’est ne pas être certains de ce que nous remettons en cause2. Or, quand nous disons que nous savons quelque chose, c’est précisément que nous le tenons pour vrai, que nous en sommes sûrs. Doute et savoir semblent donc s’opposer3. En cela, le fait de faire du doute un moyen possible du savoir, ce que présuppose le sujet4, peut apparaître comme surprenant : faut-il douter pour savoir5 ? Être obligé, sur le plan théorique6, de se poser en permanence des questions sur la validité de ce que nous savons semble en effet impossible, puisque la détermination d’un savoir passe précisément par l’élimination de tout doute7. Pour autant8, il nous arrive de croire que nous possédons une vérité alors que nous sommes dans l’ignorance. En cela, douter de la pertinence de nos idées permet de prendre conscience de ce que nous ne savons pas, et de ce qu’il nous faut en conséquence chercher à connaître. Le doute apparaît donc ici comme nécessaire au savoir9, en ce que cet acte de l’esprit10 permet de déterminer ce que nous ne connaissons pas. Comment comprendre alors qu’il semble nécessaire de douter pour savoir, et que ce doute rende en même temps impossible la détermination d’une connaissance11 ? C’est ce problème que nous nous proposons d’explorer, tout d’abord en nous demandant si l’on peut se passer du doute pour savoir. Puis, dans un deuxième temps, nous verrons si le doute rend impossible toute connaissance, avant, dans un troisième temps, de déterminer les critères d’utilisation de ce moyen qu’est le doute pour éviter qu’il soit nuisible à la constitution d’un savoir12. 1 Ici j’amène rapidement le sujet – étape 1 cf III°) A°) dans les feuilles de méthode. 2 Par la certitude, je rapproche les deux termes (douter et savoir) : toujours partir de l’un pour arriver à l’autre. 3 Ici j’ai fait un premier lien (opposition) entre douter et savoir. 4 En effet, dans tout sujet de type « Faut-il », on présuppose qu’on le peut. C’est donc dire que l’on peut douter pour savoir qui apparaît surprenant dans la formulation-même du sujet. 5 Je formule explicitement le sujet tel qu’il est donné – étape 2. 6 Je précise la nature de l’obligation (théorique) : je montre que j’ai été attentif à la forme du sujet. 7 Je continue à montrer, pour faire surgir le problème (de type nécessaire et impossible), que pour savoir il ne faut précisément pas douter (impossible) – étape 3. 8 Je continue à poser le problème, en opposant à ma première idée (impossibilité) la nécessité du doute dans le but de savoir – étape 3. 9 Je vais jusqu’au bout en montrant que le doute est aussi nécessaire (je le formule explicitement). 10 J’insiste sur la dimension théorique, mais aussi d’acte (verbe à l’infinitif), de la démarche que constitue le doute. 11 Formulation du problème – fin de l’étape 3. Je montre bien ici que l’on peut considérer que c’est à la fois impossible et nécessaire de douter pour savoir, et tout le but de la dissertation sera de résoudre ce problème, de « comprendre » cette contradiction apparente. 12 Exposition du plan où je ne détaille pas trop ce que je vais développer, tout en donnant une indication sur les différentes étapes de ma réflexion (ici 3 parties) – étape 4. 2 Début de première partie (rédigé, puis en plan) : Tout d’abord, il nous faut nous interroger sur la pertinence du doute dans le but de savoir13. En effet, lorsque nous avons des préjugés, nous n’en avons pas conscience, et c’est bien là ce qui fait la force de ces croyances, c’est-à-dire de ces idées irréfléchies. Le propre d’une attitude d’opinion, c’est que nous prenons pour un savoir ce qui n’a en réalité jamais été prouvé, démontré ou argumenté de façon rationnelle. Nous confondons ainsi croire et savoir, et nous pensons être convaincus alors que nous ne sommes que persuadés de la véracité de nos idées14. En conséquence, ce que nous pensions constituer un savoir n’en est pas forcément un15. Il nous faut ainsi faire le tri entre nos idées, comme le propose Descartes, lorsqu’il explique, dans les Méditations Métaphysiques (I), qu’il s’appliquera « sérieusement et avec liberté à détruire généralement toutes [s]es anciennes opinions »16. Le but est d’arriver à trouver une méthode qui nous délivre de ce que Russell appelle, dans un texte des Problèmes de la philosophie, la « tyrannie de la coutume », c’est-à-dire tout ce qui, dans notre esprit, nous empêche de penser par nous-mêmes. Dans notre vie courante, effectivement, ce que nous apprennent nos parents, nos professeurs, les médias, joue un grand rôle dans la manière que nous avons de concevoir le monde qui nous entoure17. Par exemple, même les plus grands savants du XIIIème siècle, en Europe, pensaient que la Terre ne tournait pas. La démarche de Galilée, mettant en doute cette idée, a permis de s’en libérer et de déterminer peu à peu d’autres manières de concevoir notre planète et de calculer ses mouvements comme tout mouvement de corps matériel18. Douter semble ainsi permettre de sortir de nos croyances immédiates pour prendre le risque de penser autrement, et, ainsi, en remettant en cause des savoirs que l’on croyait fondés, de progresser dans la connaissance19. Mais comment doit s’exercer la réflexion20, comme retour critique de l’esprit sur lui- même, pour douter de nos idées et ainsi pouvoir trier entre celles qui sont fausses, celles qui sont vraies, et celles qui demeurent indécidables21 ? Continuer en exposant ce qu’est le doute méthodique chez Descartes, et qu’on ne peut faire aucune exception : pour douter vraiment, il faut douter de toutes nos idées (y compris de l’existence du monde) = exemple du panier de pommes pris par Descartes dans la Réponse aux Septièmes Objections (aux Méditations Métaphysiques). Limite de ce doute total : rédaction de la transition critique22 : 13 J’essaie d’annoncer l’objet général de cette première partie. 14 Je définis le savoir par opposition à la croyance (cf repère croire/savoir). 15 De cette première définition du savoir je montre qu’on doit distinguer entre ce que l’on croit être un savoir, mais qui n’est pas fondé, et ce qui est véritablement un savoir, d’où la nécessité de faire le tri entre nos idées, c’est-à-dire de douter. Le premier argument est donc en place : douter, pour cette première raison, est utile au savoir. 16 J’introduis des références (une peut suffire) en les liant à ce que je viens de dire, et en les expliquant juste après. Plus votre référence est précise, mieux c’est, mais mieux vaut retenir l’idée générale et le bon auteur que de retenir un bout de citation par cœur sans savoir qui l’a dit ni ce que cela veut dire. Là, le niveau de précision est légèrement plus important que ce que l’on vous demande. Parler de Descartes et du tri qu’il veut faire parmi ses idées est suffisant (si vous développiez bien ce que dit Descartes), sans forcément donner la phrase exacte ou le titre de l’œuvre. Ceci dit, plus c’est précis, mieux c’est… 17 J’explique la phrase de Russell et je résume avec mes mots son idée. J’aurais pu ici développer davantage, mais, ayant travaillé le texte de Russell, vous n’avez pas besoin que je le fasse plus, je pense… 18 Je prends un exemple qui illustre cette idée. 19 Je fais une conclusion partielle pour ce premier argument montrant que j’ai progressé dans le traitement du sujet « Faut-il douter pour savoir ? ». 20 Douter, d’accord, mais comment faire ? Je pose une question pour passer au deuxième argument, qui montrera que l’on ne peut pas douter qu’un peu : douter, du moins dans un premier temps, c’est douter de tout. 21 Je définis la réflexion et la lie au doute. Après : plan détaillé. Sur votre copie, évidemment, vous rédigez tout le long du devoir !!! 22 Je rédige cette transition. 3 Nous avons donc vu que, pour distinguer un prétendu savoir, qui n’est autre qu’une simple croyance irréfléchie, d’un savoir fondé, il nous fallait douter. Mais ce doute ne peut être, comme nous l’avons montré, que total : il faut remettre en cause toutes nos idées23. Dès lors, comment constituer un savoir, si nous sommes en permanence obligés de douter de tout ce que nous pensons savoir24 ? uploads/Philosophie/ faut-il-douter-pour-savoir-exemple-dissertation.pdf
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- Publié le Oct 12, 2022
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