L’école est-elle le lieu de l’égalité des chances ? Émission présentée par Virg

L’école est-elle le lieu de l’égalité des chances ? Émission présentée par Virginia Crespeau. Chantal Delsol est philosophe, historienne politique et romancière française. Elle a été élue membre de l’Académie des sciences morales et politiques en 2007. Extrait : 1’47 Chantal Delsol : Le discours égalitaire de la république de Jules Ferry*, c’était un discours « soft* », pour prendre une expression d’aujourd'hui. C’était l’égalité des chances, autrement dit, que tous les enfants aient les mêmes possibilités d’apprendre, quel que soit le niveau social de leurs parents, le niveau de fortune de leurs parents, leur extraction, etc. Donc qu’ils aient tous les mêmes livres, qu’ils aient tous de très bons professeurs, les mêmes professeurs, etc. Ça, c’est ce que l’on appelle l’égalité des chances. Et ça, je pense que c’est vraiment bien difficile de ne pas être d’accord. Mais on a dépassé de très loin cette égalité des chances de Jules Ferry. On est bien au-delà. Depuis le milieu du XXe siècle, on est dans un système d’égalité des situations. Ça, c’est complètement différent de l’égalité des chances. L’égalité des situations consiste à dire « Il n y a pas de raisons pour que certains enfants soient meilleurs que d’autres, soient plus méritants que d’autres, soient moins paresseux que d’autres, aient des meilleures notes parce qu’ils ont mieux travaillé, etc. » D’où la difficulté à mettre des notes, l’incapacité de classer, le refus des classes de niveau, le refus de la sélection, etc. Et là, on est tout à fait dans un autre système que l’égalité des chances de Jules Ferry. Alors, évidemment, de façon savante, on essaie de mêler les deux. C’est de bonne guerre* ! Quand on veut défendre le système de l’égalité des positions idéologiques, on dit que c’est de l’égalité des chances. Mais ce n’est pas vrai, cela n’a absolument rien à voir. Nous avons un refus de faire des classes de niveau, parce qu’il ne faut surtout pas qu’on voie qu’il y a des enfants dans une classe A et des enfants dans une classe D ou E, c’est-à-dire dans une moins bonne ou une très mauvaise. On mélange tout, on fait exprès de laisser se diffuser un flou* savant sur le niveau des élèves. Et finalement ce sont les élèves qui en pâtissent*. Lexique C’est de bonne guerre : c’est légitime. Jules Ferry (1832-1893) : homme politique français, auteur des lois de la IIIe République rendant l’instruction obligatoire, gratuite et l’enseignement laïc. Flou (m) : manque de netteté, de précisions. Pâtir : souffrir. Soft (anglicisme) : ici, bien pensant. Observer, comprendre, apprendre Le thème - Quelle définition pouvez-vous donner du mot « égalité » ? - Comment définiriez-vous le concept d’égalité des chances à l’école ? Écoute attentive Écoutez l’enregistrement et répondez aux questions : - Quels sont les grands principes du discours égalitaire de Jules Ferry ? (Jules Ferry prônait l’égalité des chances, c'est-à-dire qu’il voulait que tous les enfants aient les mêmes possibilités d’apprendre, et ce, quelles que soient leurs origines sociales.) - Selon Chantal Delsol, quel concept a remplacé celui d’égalité des chances prôné par Jules Ferry ? (C’est le concept d’égalité des situations qui prévaut depuis le milieu du XXe siècle.) - Comment est défini ce concept et quels en sont les effets pervers ? (L’égalité des situations consiste à supprimer toute forme de disparité : aucun enfant ne doit être meilleur qu’un autre ou être mieux noté, quels que soient ses efforts ou ses résultats ; cela exclut les classes de niveau et la sélection des meilleurs.) - D’après Chantal Delsol, le flou entretenu sur le niveau des élèves les fait souffrir. Pourquoi ? (Puisque l’on refuse de faire des classes de niveau, les élèves, quel que soit leur niveau, se retrouvent tous ensemble dans une même classe. On ne prend pas en considération leurs différences intellectuelles, leur niveau réel. Cela peut provoquer une démotivation.) Activités et réflexion - Selon vous, est-ce le rôle de l’école de combattre les inégalités ? - Quel serait selon vous le meilleur moyen de donner à chacun sa chance tout en encourageant les élèves les plus travailleurs ? - Est-il possible pour l’école d’offrir à tous les enfants les mêmes chances de réussite ? Pour aller plus loin… - Expliquez et commentez cette citation de Benjamin Disraeli : « De l’éducation de son peuple, dépend le destin d’un pays. » - Comment jugez-vous votre système scolaire ? Réussit-il à former des citoyens bien intégrés à la société ? Écoutez l’émission en entier : http://www.canalacademie.com/ida7834-Chantal-Delsol-contre-l- illetrisme.html?var_recherche=%E9ducation Pour en savoir plus Sites Internet : Pour s’informer sur la lutte contre l’illettrisme : http://www.creteil.iufm.fr/ressources/audiovisuel/journees-detude/illetrisme-societe-et- ecole/jean-vogler/ Pour se renseigner sur l’illettrisme en France : http://bbf.enssib.fr/consulter/bbf-1998-05-0013-002 Pour découvrir le blog de Chantal Delsol : http://www.chantaldelsol.fr/ Pour lire l’article intitulé « L’égalité des chances commence par la destruction des mythes » : http://www.meirieu.com/FORUM/g_naudy.pdf Pour découvrir le discours de Jules Ferry : http://www2.cndp.fr/laicite/pdf/Jferry_egalite.pdf Propositions de lectures : Chantal Delsol, La détresse du petit Pierre qui ne sait pas lire, Éditions Plon, 2011. François Dubet, L’école des chances. Qu’est-ce qu’une école juste ? Seuil, 2004. J.M. Gaillard, Jules Ferry, Éditions Fayard, 1989. Jean Vogler, Illettrisme et école, Sedrap Eds, 2003. Fiche réalisée par Magali Foulon, CAVILAM uploads/Philosophie/ fiche-118-chantal-delsol-l-ecole-est-elle-le-lieu-de-l-egalite-des-chances.pdf

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