Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps : « Gaudium et sp

Constitution pastorale sur l’Eglise dans le monde de ce temps : « Gaudium et spes » (GS) Etroite solidarité de l'Eglise avec l'ensemble de la famille humaine 1 Les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des hommes de ce temps, des pauvres surtout et de tous ceux qui souffrent, sont aussi les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des dis- ciples du Christ, et il n'est rien de vraiment humain qui ne trouve écho dans leur cœur. Leur communauté, en effet, s'édifie avec des hommes, rassemblés dans le Christ, conduits par l'Esprit Saint dans leur marche vers le royaume du Père, et porteurs d'un message de salut qu'il faut proposer à tous. La communauté des chrétiens se reconnaît donc réellement et intimement solidaire du genre humain et de son histoire. Notes: * Dans la traduction française on a subdivisé les numéros en paragraphes pour faciliter les références au texte. Les sous-titres font partie du texte promulgué. (1) La Constitution pastorale "L'Eglise dans le monde de ce temps", si elle comprend deux parties, constitue cependant un tout. On l'appelle Constitu- tion "pastorale" parce que s'appuyant sur des principes doctrinaux, elle entend exprimer les rapports de l'Eglise et du monde, de l'Eglise et des hommes d'aujourd'hui. Aussi l'intention pastorale n'est pas absente de la 1ère partie, ni l'intention doctrinale de la seconde. Dans la 1ère partie, l'Eglise expose sa doctrine sur l'homme, sur le monde dans lequel l'homme est placé et sur sa manière d'être par rapport à eux. Dans la seconde, elle envisage plus précisément certains aspects de la vie et de la société contemporaines et en particulier les questions et les pro- blèmes qui paraissent, à cet égard, revêtir aujourd'hui une spéciale ur- gence. Il s'ensuit que, dans cette dernière partie, les sujets traités, régis par des principes doctrinaux, ne comprennent pas seulement des éléments permanents, mais aussi des éléments contingents. On doit donc interpréter cette Constitution d'après les normes générales de l'interprétation théologique, en tenant bien compte, surtout dans la se- conde partie, des circonstances mouvantes qui, par nature, son insépa- rables des thèmes développés. A qui s'adresse le Concile 2 C'est pourquoi, après s'être efforcé de pénétrer plus avant dans le mys- tère de l'Eglise, le deuxième Concile du Vatican n'hésite pas à s'adresser maintenant, non plus aux seuls fils de l'Eglise et à tous ceux qui se récla- ment du Christ, mais à tous les hommes. A tous il veut exposer comment il envisage la présence et l'action de l'Eglise dans le monde d'aujourd'hui. Le monde qu'il a ainsi en vue est celui des hommes, la famille humaine tout entière avec l'univers au sein duquel elle vit. C'est le théâtre où se joue l'histoire du genre humain, le monde marqué par l'effort de l'homme, ses défaites et ses victoires. Pour la foi des chrétiens, ce monde a été fondé et demeure conservé par l'amour du Créateur; il est tombé certes, sous l'es- clavage du péché, mais le Christ, par la Croix et la Résurrection, a brisé le pouvoir du Malin et l'a libéré pour qu'il soit transformé selon le dessein de Dieu et qu'il parvienne ainsi à son accomplissement. Le service de l'homme 3 De nos jours, saisi d'admiration devant ses propres découvertes et son propre pouvoir, le genre humain s'interroge cependant, souvent avec an- goisse, sur l'évolution présente du monde, sur la place et le rôle de l'homme dans l'univers, sur le sens de ses efforts individuels et collectifs, enfin sur la destinée ultime de choses et de l'humanité. Aussi le Concile, témoin et guide de la foi de tout le peuple de Dieu rassemblé par le Christ, ne saurait donner une preuve plus parlante de solidarité, de respect et d'amour à l'ensemble de la famille humaine, à laquelle ce peuple appar- tient, qu'en dialoguant avec elle sur ces différents problèmes, en les éclai- rant à la lumière de l'Evangile, et en mettant à la disposition du genre hu- main la puissance salvatrice que l'Eglise, conduite par l'Esprit-Saint, reçoit de son Fondateur. C'est en effet l’homme qu'il s'agit de sauver, la société humaine qu'il faut renouveler. C'est donc l'homme, l'homme considéré dans son unité et sa totalité, l'homme, corps et âme, cœur et cons- cience, pensée et volonté, qui constituera l'axe de tout notre exposé. Voilà pourquoi, en proclamant la très noble vocation de l'homme et en affirmant qu'un germe divin est déposé en lui, ce saint Synode offre au genre humain la collaboration sincère de l'Eglise pour l'instauration d'une fraternité universelle qui réponde à cette vocation. Aucune ambition ter- restre ne pousse l'Eglise; elle ne vise qu'un seul but: continuer, sous l'im- pulsion de l'Esprit consolateur, l'oeuvre même du Christ, venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité, pour sauver, non pour condam- ner, pour servir, non pour être servi (2). Notes: (2) Cf. Jn 3,17; Jn 18,37; Mt 20,28; Mc 10,45 EXPOSE PRELIMINAIRE : LA CONDITION HUMAINE DANS LE MONDE D'AUJOURD'HUI Espoirs et angoisses 4 Pour mener à bien cette tâche, l'Eglise a le devoir, à tout moment, de scruter les signes des temps et de les interpréter à la lumière de l'Evangile, de telle sorte qu'elle puisse répondre, d'une manière adap- tée à chaque génération, aux questions éternelles des hommes sur le sens de la vie présente et future et sur leurs relations réciproques (cf. aussi N° 11). Il importe donc de connaître et de comprendre ce monde dans lequel nous vivons, ses attentes, ses aspirations, son caractère sou- vent dramatique. Voici, tels qu'on peut les esquisser, quelques-uns des traits fondamentaux du monde actuel. Le genre humain vit aujourd'hui un âge nouveau de son histoire, caractéri- sé par des changements profonds et rapides qui s'étendent peu à peu à l'ensemble du globe. Provoqués par l'homme, par son intelligence et son activité créatrice, ils rejaillissent sur l'homme lui-même, sur ses juge- ments, sur ses désirs, individuels et collectifs, sur ses manières de penser et d'agir, tant à l'égard des choses qu'à l'égard de ses semblables. A tel point que l'on peut déjà parler d'une véritable métamorphose sociale et culturelle dont les effets se répercutent jusque sur la vie religieuse. Comme en toute crise de croissance, cette transformation ne va pas sans de sérieuses difficultés. Ainsi, tandis que l'homme étend si largement son pouvoir, il ne parvient pas toujours à s'en rendre maître. S'efforçant de pénétrer plus avant les ressorts les plus secrets de son être, il apparaît souvent plus incertain de lui-même. Il découvre peu à peu, et avec plus de clarté, les lois de la vie sociale, mais il hésite sur les orientations qu'il faut lui imprimer. Jamais le genre humain n'a regorgé de tant de richesses, de tant de pos- sibilités, d'une telle puissance économique, et pourtant une part considé- rable des habitants du globe sont encore tourmentés par la faim et la mi- sère, et des multitudes d'êtres humains ne savent ni lire ni écrire. Jamais les hommes n'ont eu comme aujourd'hui un sens aussi vif de la liberté, mais, au même moment, surgissent de nouvelles formes d'asservissement social et psychique. Alors que le monde prend une conscience si forte de son unité, de la dépendance réciproque de tous dans une nécessaire soli- darité, le voici violemment écartelé par l'opposition de forces qui se com- battent: d'âpres dissensions politiques, sociales, économiques, raciales et idéologiques persistent encore, et le danger demeure d'une guerre capable de tout anéantir. L'échange des idées s'accroît; mais les mots mêmes qui servent à exprimer des concepts de grande importance revêtent des ac- ceptions fort différentes suivant la diversité des idéologies. Enfin, on re- cherche avec soin une organisation temporelle plus parfaite, sans que ce progrès s'accompagne d'un égal essor spirituel. Marqués par une situation si complexe, un très grand nombre de nos con- temporains ont beaucoup de mal à discerner les valeurs permanentes; en même temps, ils ne savent comment les harmoniser avec les découvertes récentes. Une inquiétude les saisit et ils s'interrogent avec un mélange d'espoir et d'angoisse sur l'évolution actuelle du monde. Celle-ci jette à l'homme un défi; mieux, elle l'oblige à répondre. Une mutation profonde 5 L'ébranlement actuel des esprits et la transformation des conditions de vies sont liés à une mutation d'ensemble qui tend à la prédominance, dans la formation de l'esprit, des sciences mathématiques, naturelles ou hu- maines et, dans l'action, de la technique, fille des sciences. Cet esprit scientifique a façonné d'une manière différente du passé l'état culturel et les modes de penser. Les progrès de la technique vont jusqu'à transformer la face de la terre et, déjà, se lancent à la conquête de l'espace. Sur le temps aussi, l'intelligence humaine étend en quelque sorte son empire: pour le passé, par la connaissance historique; pour l'avenir, par la prospective et la planification. Les progrès des sciences biologiques, psy- chologiques et sociales ne permettent pas seulement à l'homme de se mieux connaître, mais lui fournissent aussi le moyen d'exercer une in- fluence directe sur la vie des sociétés par l'emploi de techniques appro- priées. uploads/Philosophie/ gaudium-et-spes-gs.pdf

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