I. L'antinomie du monde (C'est le problème qui émerge de la conception du monde
I. L'antinomie du monde (C'est le problème qui émerge de la conception du monde comme tout.) L'Antinomie de la raison pure est le second chapitre de la Dialectique transcendantale (après les paralogismes). L'enjeu est de mettre au jour les difficultés métaphysiques liées au concept de tout. Kant parle des Weltbegriffe (les concepts de monde). En effet il y a plusieurs concepts de monde dans la Dialectique transcendantale : 1. « J'appelle toutes les idées transcendantales, en tant qu'elles concernent l'absolue totalité dans la synthèse des phénomènes, des concepts du monde » (A407, B434) – L'Antinomie permet de distinguer quatre concepts de monde, envisagés à partir des 4 titres des catégories. Étant donné que l'inconditionné est « l'absolue totalité dans la synthèse des phénomènes », il faut s'en remettre aux modes de synthèse donc aux catégories. Dans l'Antinomie, c'est l'idée du tout dans la synthèse des phénomènes qui est étudiée, et donc c'est précisément l'une des dimensions de l'expression du monde comme « ce tout » qui est en question : c'est le tout comme tout de l'apparaître. L'objet de l'Antinomie c'est le tout de l'apparaître. C'est cela qui justifie que la table des catégories soit prise comme fil conducteur. Le concept métaphysique du monde étudié dans l'Antinomie est donc bien un tout du monde sensible. – Une autre totalité que celle en jeu dans l'Antinomie est celle que Kant appelle « la totalité absolue dans la synthèse des conditions de toutes les choses possibles en général », qui est l'idéal transcendantal (A408) → c'est ce qui donne naissance à l'Idéal de la raison pure, qui est différent du concept de monde quoiqu'en relation avec lui. Le concept de monde n'est donc pas le seul concept de la totalité absolue : il y a aussi celui de l'Idéal. Le monde est l'absolue totalité dans la synthèse des phénomènes (→ résultat d'une synthèse empirique) alors que l'Idéal est la totalité absolue dans la synthèse des possibles. – la relation entre les deux concepts de la totalité apparaît particulièrement dans la preuve cosmologique de l'existence de Dieu, ou preuve a contigentia mundi (qui est son nom chez Leibniz) [A604, B632]. – Mais dans l'idéal de la raison pure apparaît un autre concept du monde qui n'est pas le concept de l'Antinomie. 2. « L'objet de toute expérience possible s'appelle monde » (A605, B633) La preuve cosmologique de l'existence de Dieu fait intervenir un concept de monde différent de celui de l'Antinomie. L'énoncé le plus simple de la preuve cosmologique « si quelque chose existe il doit exister aussi un être absolument nécessaire ». Le monde n'est plus que « quelque chose qui existe ». On a un concept de monde comme autre chose que totalité. Le concept de monde comme quelque chose qui apparaît (sans l'idée de totalité) . 3. « Une expérience déterminée, par conséquent celle des choses du monde présent, [...] sa constitution et son ordonnance [...] » (A620, B648) Dans la preuve étudiée dans la 6° section du chapitre sur l'idéal de la raison pure (preuve physico- théologique), Kant introduit un 3° concept de Monde qui n'est plus quelque existence en général (concept précédent) mais « une expérience déterminée, l'expérience des choses du monde présent », « l'expérience de leur constitution et de leur ordonnance » A620 . → le monde en tant que cet ordre déterminé que nous avons sous les yeux. Le concept de monde comme quelque chose de présent et ordonné Plan du cours : 1. Qu'est-ce qu'un idéal transcendantal ? 1. La notion d'idéal transcendantal 2. L'entendement divin leibnizien 1. la compossibilité et le principe du meilleur 2. le problème de la « digestion » des possibles en mondes 3. l'idéal transcendantal, fondement du monde comme « quelque chose d'existant » 4. La destruction critique de l'idéal transcendantal 2. Le problème de la cosmologie rationnelle : comment la raison atteint-elle l'inconditionné ? 1. Les deux sens de l'inconditionné 2. L'antithèse « empiriste » 3. Antinomies mathématiques et antinomies dynamiques 4. Exposition des quatre antinomies 3. Résolution de l'antinomie par l'idéalisme transcendantal 1. Le problème de la donation sensible du monde comme tel 2. L'idée de monde au regard de la distinction phénomène/chose en soi 3. Résolution de l'antinomie à partir du concept (phénoménal) de monde comme totalité jamais donnée 1. Le monde comme Aufgegeben et le nouveau sens de la donation du monde 2. Résolution des antinomies [note : les idées sont, en général, définies par 3 critères : 1/ proviennent de la raison pure (elles considèrent toute connaissance d'expérience comme déterminée par une totalité absolue des conditions) ; 2/ elles sont données comme tâche par la nature même de la raison (elles se rapportent de manière nécessaire à tout usage de l'entendement) ; 3/ elles sont transcendantes (dépassent les limites de l'expérience possible). Les concepts de monde et l'idéal transcendantal tous des espèces d'idées ; cf Dialectique transcendantale, Livre I, Section II « des Idées transcendantales », AK III, 253] 1. Qu'est-ce qu'un l'idéal transcendantal ? 1.1. La notion d'idéal transcendantal dans la section « De l'idéal en général » (Dialectique transcendantale, Chapitre III « L'idéal de la raison pure », Section I « L'idéal en général ») Idée d'une autre totalité : la totalité de la possibilité ou le « concept inclusif (Inbegriff, ensemble) de toute possibilité » que Kant appelle l'idéal transcendantal. L'idéal transcendantal est différent du concept de monde, mais est cependant en relation avec lui. L'idéal est d'abord une idée, et une idée c'est une pensée qui contient une certaine intégralité à laquelle n'atteint aucune connaissance empirique possible. L'idée est un concept de l'inconditionné qui est la synthèse des conditions pour un conditionné. (cf. Cripure, Dialectique transcendantale, Livre second, chap III, Première section « De l'idéal en général»). L'idée signifie aussi l'inconditionné catégorique d'un sujet (→ première idée transcendantale). Toute idée donc est le concept d'un tout. ( A323, B379 inconditionné de la synthèse hypothétique des membres d'une série. → concept du monde n° 1). Mais l'idéal n'est pas seulement l'idée. L'idéal est l'idée in individuo, dit Kant : c'est l'idée en tant qu'individu, c'est-à- dire « en tant que chose singulière déterminable ou absolument déterminée par l'idée seule » : l'idéal n'est plus simplement la représentation générale (idée) mais il est (de même que l'intuition, mais sur le plan strictement intelligible) représentation d'un individu. C'est la représentation d'un individu non pas sensible mais pensé. L'idéal c'est le seul individu (l’individualité suppose toujours la détermination complète) déterminé non par la donation sensible mais par l'idée seule. Mais sans l'intuition les catégories ne nous font connaître aucun objet déterminé (Analytique transcendantale, §24, « de l'application des catégories aux objets des sens », B150). L'idéal est une chose singulière déterminable ou plutôt entièrement déterminée par l'idée seule. « Objet singulier dans la pure intuition de l'entendement divin, la perfection suprême de toute être possible, le fondement originaire de toutes les copies dans le phénomène » (Dialectique Transcendantale, Livre second, Chap. III (Idéal transcendantal), Première section « De l'idéal en général », A568, B596) Quel est le contenu de l'idéal ? L'idéal c'est le tout de la possibilité entière (B600), qui forme un idéal de la raison pure parce qu'il a le sens de ce que Kant appelle la « présupposition transcendantale » du principe de la détermination complète. Le principe de la détermination complète dit que toute chose existante doit être complètement déterminée. Cela signifie que s'agissant d'une chose existante quelle qu'elle soit, de tous les prédicats contradictoires qu'il est possible de lui attribuer, il y en a toujours un qui lui convient (B600). Or une telle détermination complète de la chose, selon laquelle toujours un prédicat ou le prédicat contradictoire lui convient, présuppose que nous pensions la « matière de toute possibilité » ou l'ensemble de toute possibilité (Inbegriff). Autrement dit, il suppose que nous pensions le tout des possibles à partir duquel la prédication peut s'accomplir selon le principe de la détermination complète pour ce qui existe. Or ce concept inclusif (Inbegriff) est lui-même un « substrat transcendantal » (substratum transcendantale) pour tous les prédicats possibles. Autrement l'idéal est l'idée d' « un tout de la réalité », omnitudo realitatis (B604). Ce concept inclusif est lui-même un concept complètement déterminé par la seule idée. Autrement dit, un tel concept est l'idée du tout de la réalité dont on été écartés le seules négations comme simples bornes d'une telle réalité totale. L'idéal transcendantal est donc le concept de l'ens realissimum. Du moment où le tout des possibles est considéré comme un objet entièrement déterminé, il est un tout de la réalité, et comme il est lui-même un individu il est l'ens realissimum. Ens realissimum : l'être singulier absolument déterminé et sans aucune borne. C'est de l'ens realissimum toute chose existante tient la matière de sa réalité : comme dit Kant, il est le prototype de toute chose existante. Dans la détermination complète de cet être qu'est l'ens realissimum, de tous les prédicats contradictoires possibles, à chaque fois un seul des deux entre uploads/Philosophie/ lantinomie-du-monde-cattin-a-jour-du-6-decembre.pdf
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- Publié le Sep 30, 2022
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