Genre et gouvernementalité: le problème de l’économie du désir et de la subvers

Genre et gouvernementalité: le problème de l’économie du désir et de la subversion de la sexuation. I. DESCRIPTION DU PROJET I.1 Résumé: Le projet Genre et gouvernementalité : le problème de l’économie du désir et de la subversion de la sexuation s’inscrit dans le cadre d’une recherche postdoctorale et interinstitutionnelle de deux ans, destinée à renforcer et à favoriser le développement du genre dans les sciences humaines et sociales, dans toutes les problématiques qui le concernent, au niveau d’un échange institutionnel entre le Chili et la France. Il s’agit ainsi de définir son statut non seulement comme une catégorie supplémentaire qui permette une meilleure lecture psycho-sociale mais aussi comme une nouvelle démarche capable de soutenir des postures théoriques cohérentes visant à élaborer une méthodologie qui pose de manière légitime le statut du phénomène de la domination, de la violence et de la gouvernementalisation politique des sexes et, par là-même, du désir. Architecture du projet : Le projet suppose la mise en place d’une notion méthodologique1 (à savoir l’analyse de certaines théories et de leurs procédés ou méthodes de recherche) afin d’élaborer des propositions pour l’application de la structure générale de la théorie dans des disciplines scientifiques particulières. Dans cette perspective, nous mettrons l’accent sur la cohérence, la systématicité épistémologique et les bases de dialogisme et de socialisation de trois axes thématiques de recherche. Tout d’abord, le concept de « gouvernementalité », développé par Michel Foucault dans ses cours au Collège de France entre 1978 et 1979, ainsi que la notion de sexualité, en tant que resignification de l’organisation binaire du pouvoir, basée sur de strictes polarités de genre, nous amèneront à mieux comprendre les mécanismes selon lesquels le concept de « sexe » est exposé et établi. Ainsi, le sexe en situation et locus d’interprétation et de signifiés stratégiques de la culture dominante ou, autrement dit, le sexe comme signifié universel, nous permettra d’incorporer le concept de gouvernementalité comme une notion depuis laquelle il est possible de définir et d’étudier le désir à la lumière de certaines discussions qui questionnent son essentialité et sa naturalité. De sorte que le concept de gouvernementalité constitue le point de départ méthodologique pour penser le problème d’une certaine économie du désir et de ses dispositifs psychiques de pouvoir (Butler, 2001) qui a donné forme à la subjectivité, une subjectivité en tant qu’expérience de reconnaissance de la part des individus comme sujets de désir. 1 La réflexion sur la distinction entre « méthode », « méthodologie » et « épistémologie », est développée dans notre rubrique portant sur les problèmes de recherche et de méthodologie du projet. Par ailleurs, le statut de la psychanalyse, notamment chez Jacques Lacan, nous permettra d’aborder la problématique de l’identification sexuelle en utilisant, pour définir l’identité sexuelle, le terme de sexuation qui privilégie la variable de la jouissance. L’idée est alors de viser un « au-delà » du cadre imaginaire-symbolique. Cet « au-delà » ne prétend pas remplacer le cadre préalable mais plutôt le problématiser : il implique de définir la position sexuée de l’homme et de la femme à partir d’un mode d’inscription différent dans la fonction phallique. Finalement, les théories du genre et leurs implications transversales dans les univers sociaux, politiques et culturels constituent un outil pour l’élaboration d’un cadre théorique afin de repenser les différences sociales. Cela nous amène à nous interroger sur la pertinence de l’opposition entre les sexes, à savoir si, au sein de cette opposition, il est possible d’observer comment les divers lieux du corps, en tant que source de plaisir érotique, permettent l’annulation ou la réécriture de la restriction binaire imposée à la naissance. Car, même si l’hétérogénéité est restituée au corps à travers un processus de lutte, parfois violent, générant, dans un monde de signes et de sens, un circuit de productivité constitutivement désirant, ce qui est sexuel par distinction n’est pourtant pas seulement un moment purement historique du développement de la catégorie du désir, dont le déploiement interne n’a rien été d’autre que l’organisation du pouvoir, mais il est bien dû au fait que le désir se constitue dans la violence et en tant que violence. De telle sorte que, à travers sa rationalité dans le sens où elle rend possible des dynamiques d’assujettissement et de domination, la violence du désir a manifesté une manière déterminée de gouverner le sexe et, par là-même, la sexualité. Nous comprendrons donc que cette façon de gouverner est insérée dans une histoire et qu’elle s’est étendue à divers domaines qui ont mis en place certaines pratiques. Le sujet constitue l’un de ces domaines, plus précisément, le corps en soi. En effet, si le statut du mot « gouvernement » concerne une dimension de l’expérience constituée par tous ces modes de réflexion et d’action destinés à ébaucher, guider, gérer ou réguler la conduite des personnes, tant la nôtre que celle d’autrui, nous pouvons alors établir un principe d’assujettissement ou de soumission, gouverné par le désir et dont le devenir est placé sous ses aspects les plus réprimés. De façon générale, les objectifs de ce projet ont pour but de réarticuler la production de connaissances accumulées dans les différents domaines théoriques des trois axes de recherche présentés ci-dessus : approfondir et réorganiser les signifiés et les sens intériorisés à travers les normes sociales et extériorisés sous les différences sexuelles hétéro désignées et, de manière transversale, encourager une augmentation de la masse critique de genre dans les institutions universitaires. Le genre répond à trois cultures politiques-universitaires significatives de ces dernières décennies, trois dimensions totalement imbriquées et interconnectées dans le temps : a) pratiques de représentation, b) pratiques identitaires, c) pratiques de redistribution (Fraser, 2006). Ce projet est donc axé autour de trois dimensions significatives de l’activité du genre : les (des) identités de sexe (Judith Butler), la psychanalyse (Jacques Lacan) et la philosophie politique (Michel Foucault, Gilles Deleuze). Nos recherches privilégient la situation des conditions dans lesquelles s’exerce la propre gouvernementalité du désir, l’incorporation des formes concrètes de subordination et la révélation des patrons relationnels dans lesquels s’inscrivent les sujets et les pratiques (« situatedknowledges »). À un niveau théorico-méthodologique, le projet s’inscrit dans un cadre méthodologique qui suivra un triple déplacement : d’une part, décentrer la problématique du sexe, le désir et son expérience de reconnaissance de la part de l’individu, en tant qu’ensemble de règles extérieures afin d’accéder à son intérieur, c’est-à-dire, pour les substituer par le point de vue psychique/inconscient qui opère sous des technologies de pouvoir. Ensuite, le second déplacement consistera à substituer le point de vue intérieur par un point de vue extérieur pour analyser ses tactiques et ses stratégies. Enfin, le troisième déplacement visera à capter le mouvement par lequel le désir constitue, à travers ses technologies mobiles, un champ de vérité qui présente des objets de savoir et de pratiques discursives. Par conséquent, le défi se trouve dans la proposition d’un modèle de genre dont la « sexuation » soit en constante subversion2, car penser le genre depuis la sexuation et non depuis le sexe et la sexualité, signifie révéler et, de là, repenser les dispositifs psychiques de la soumission et de la structure de l’Œdipe pour approcher la jouissance comme une catégorie qui permet d’autres formes du désir dans les cartographies corporelles. Finalement, les axes méthodologiques ont ici pour objectif de contribuer à renouveler les rapports qu’entretiennent les diverses significations conceptuelles (car nous savons bien que les signifiés sont historiques et qu’ensuite, ce qui les rend possibles, ce sont les théories qui les définissent historiquement), dont le mode de fonctionnement est, justement, son constant bouleversement. Cependant, en disant bouleversement, nous ne faisons pas uniquement référence au domaine de l’auto-réflexion scientifique pure mais à un mouvement capable d’engendrer des changements sociaux, à la capacité de créer les conditions de production de ce bouleversement. C’est ce que traduira l’application d’une méthodologie qui rende possible une vision des phénomènes de domination et de violence du désir comme un territoire politiquement historique, contradictoire, interconnecté et susceptible de modification. Les objectifs spécifiques théorico-méthodologiques du projet envisagent de questionner les nœuds épistémologiques suivants : 1) les obstacles et les défis d’un modèle de sexuation et, à partir de là, une méthodologie de la jouissance. 2) les identités essentialistes et normativistes du sexe pour proposer des dispositifs critiques visant à les resignifier à la lumière de la visibilisation de la violence du désir. 3) le genre comme 2 Ce concept est emprunté aux travaux de Julia Kristeva dans ses ouvrages consacrés à la révolte, (« Sens et non-sens de la révolte », « L’avenir d’une révolte »et « les Pouvoirs de l’horreur »). Cette notion est également reprise de Lacan, à partir de son texte « Subversions du sujet et dialectique du désir », in Ecrits, Gallimard (1966). production et reproduction symbolique, historique et matérielle de la subjectivité. 4) la Gouvernementalité comme notion méthodologique pour penser d’une autre façon les rapports savoir/vérité du désir, violence/économie du désir, gouvernement/psychisme/pouvoir de la subjectivité du corps. II. FORMULATION DU PROJET II.1 Avant-propos d’ordre général: La problématique du concept de genre uploads/Philosophie/ genre-et-gouvernamentalite-corregi.pdf

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