Appareil 16 | 2015 : Individuer Simondon. De la redécouverte aux prolongements

Appareil 16 | 2015 : Individuer Simondon. De la redécouverte aux prolongements Glossaire Simondon : les 50 grandes entrées dans l’œuvre JEAN-HUGUES BARTHÉLÉMY Texte intégral Liste des abréviations utilisées pour désigner les textes de Simondon : CI : Communication et information, Chatou, Éditions de la Transparence, 2010 (recueil de textes). 1 CSI : « Cours sur l’instinct », in Simondon, CI (voir ci-dessus). 2 CSP : Cours sur la Perception, Chatou, Éditions de la Transparence, 2005 (Cours datant de 1964-1965). 3 FIP : « Forme, information, potentiel » (conférence datant de 1960, ajoutée par l’éditeur), in Simondon, ILFI et IPC (voir ci-dessous) 4 HNI : « Histoire de la notion d’individu » (texte ajouté par l’éditeur), in Simondon, ILFI (voir ci-dessous). 5 IGPB : L’individu et sa genèse physico-biologique, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 1995 (cet ouvrage contient les deux premiers tiers d’ILFI, ainsi que son Introduction et sa Conclusion). 6 ILFI : L’individuation à la lumière des notions de forme et d’information, Grenoble, Éditions Jérôme Millon, 2005 (Thèse principale de Simondon pour le Doctorat d’État, écrite de 1954 à 1958). 7 IMIN : Imagination et invention, Chatou, Éditions de la Transparence, 2008 (Cours datant de 1965-1966). 8 IPC : L’individuation psychique et collective, Paris, Aubier, 1989 et 2007 (cet 9 Glossaire Simondon : les 50 grandes entrées dans l’œuvre https://appareil.revues.org/2253 1 of 21 3/20/17, 9:44 AM Glossaire ouvrage contient le dernier tiers d’ILFI, ainsi que son Introduction et sa Conclusion). IT : L’invention dans les techniques, Paris, Seuil, 2006 (recueil de textes). 10 MEOT : Du mode d’existence des objets techniques, Paris, Aubier, 1958 (Thèse complémentaire de Simondon pour le Doctorat d’État, écrite de 1954 à 1958). 11 MT : « Mentalité technique », Revue philosophique de la France et de l’Étranger, no 3/2006. 12 NC : « Note complémentaire sur les conséquences de la notion d’individuation » (texte ajouté par l’éditeur), in Simondon, ILFI et IPC (voir ci-dessus). 13 Aliénation : dans le Chapitre II de la Deuxième Partie de MEOT, comme dans la Conclusion de cet ouvrage, Simondon reproche à Marx de ne pas avoir suffisamment pensé l’aliénation « psycho-physiologique » subie par le travailleur dans le cadre du machinisme. En effet, derrière l’aliénation au sens « économico-social » du terme (MEOT, p. 118) — qui est liée à la propriété privée des moyens de production critiquée par les marxistes — existe une aliénation plus fondamentale qui est « physique et mentale », comme le dira également Georges Friedmann à la même époque dans Le travail en miettes puis dans Sept études sur l’homme et la technique — y insistant sur la présence d’une telle aliénation dans les pays communistes eux-mêmes. Le travailleur, devenu simple auxiliaire de la machine, s’en trouve réduit à un statut inférieur à celui de « porteur d’outils » — et donc d’« individu technique » — qui le caractérisait auparavant comme travailleur. 14 Or, Simondon ne plaide pas pour une condamnation des machines, mais pour leur « libération » au sens où l’autonomisation du travail des machines dans les nouveaux ensembles techniques permettrait à l’homme d’être désormais au-dessus du statut de porteur d’outils — la machine devenant pleinement « individu technique » à la place de l’homme, ce dernier deviendrait réparateur et surveillant des machines. Une telle conception suppose bien sûr une complète réforme du système du travail, ce dernier étant à partager pour laisser les machines faire les travaux qui aliénaient jusqu’ici le sujet humain. Simondon s’inscrit en ce sens dans le courant du « socialisme utopique », conception dont le célèbre ouvrage La fin du travail de Jérémy Rifkin a montré qu’elle est peut-être ce à quoi le progrès technique va nous obliger — l’utopie n’étant alors utopie que pour un égoïsme humain coupé des conditions techniques du devenir social. En ce sens, l’aliénation psycho-physiologique est sous-tendue par une autre aliénation, culturelle, puisque la culture — et donc les tenants du capital eux-mêmes, cette fois — n’a pas encore compris la normativité technique nouvelle : « L’individu technique n’est pas de la même époque que le travail qui l’actionne et le capital qui l’encadre » (MEOT, p. 119). Sur la normativité technique nouvelle, voir « Culture et culture technique » et « Technique/travail ». 15 Allagmatique : ce terme donne son titre à l’un des « Suppléments » qui ont été ajoutés à IGPB puis à ILFI dans leur édition française. L’allagmatique est « la théorie des opérations », et c’est pourquoi « elle est, dans l’ordre des sciences, symétrique à la théorie des structures, constituée par un ensemble systématisé de sciences particulières : astronomie, physique, chimie, biologie » (ILFI, p. 559). On comprend ici que le projet d’une allagmatique, déjà formulé par ILFI et MEOT dans des passages où Simondon dialoguait avec la cybernétique, rapproche le projet philosophique de l’idée d’une science (voir ILFI, p. 561), même si cette science philosophique nouvelle est par définition transversale et unifiante : tandis 16 Glossaire Simondon : les 50 grandes entrées dans l’œuvre https://appareil.revues.org/2253 2 of 21 3/20/17, 9:44 AM que chaque science positive est une science de structures génériques, l’allagmatique est la science des opérations génétiques : « l’opération est ce qui fait apparaître une structure ou qui modifie une structure » (ILFI, p. 559). Analogie : de même qu’ILFI réhabilite la philosophie de la nature à une époque (1958) qui est plutôt celle de la phénoménologie (Merleau-Ponty) et de l’existentialisme (Sartre) en France, et de même que MEOT réhabilite la technique dans un contexte plutôt technophobe, de même l’un des grands enjeux de la pensée de Simondon en général tient en une troisième réhabilitation : celle, en philosophie, de l’analogie, définie comme « identité de rapports » (ILFI, p. 563) — en sciences l’analogie n’est pas constitutive de la connaissance elle-même mais est seulement heuristique. Un texte figurant dans les « Suppléments » à ILFI, intitulé « Théorie de l’acte analogique », fait le point sur ce thème. 17 Or, une telle réhabilitation de l’analogie en philosophie ne se fait pas sans préciser ses conditions restrictives de validité, et Simondon distingue pour cela entre analogie opératoire et analogie structurale. La première est seule retenue par lui, tandis que la seconde n’est que « ressemblance » (ILFI, p. 563). La philosophie, dont le rôle est d’unifier les sciences à qui il manque l’unité (voir sur ce point « Allagmatique » et « Encyclopédisme »), est la « connaissance » analogique, dans la mesure où elle cesse d’objectiver le réel pour dégager les processus de genèse, qu’elle unifie selon des identités de rapports opératoires, et en donnant comme sol méthodologique à ces analogies entre opérations une analogie mentale et réflexive entre la genèse des êtres et la pensée même de cette genèse. Simondon nomme « transduction » cette analogie entre les genèses qui est aussi l’opération de genèse elle-même. Sur la réflexivité non-objectivante de la « connaissance » philosophique, voir aussi le mot « ontogenèse ». 18 Angoisse : dans le deuxième chapitre d’IPC, Simondon consacre un sous-chapitre décisif (IPC, p. 111-114 ou ILFI, p. 255-257) à cette angoisse par laquelle Heidegger avait caractérisé le Dasein, mais en l’ancrant cette fois dans l’affectivité dont est doté le vivant animal lui-même. L’angoisse est alors cette émotion très particulière qui appelle à la réalisation, très probablement impossible cependant, du Je sans le Nous. Cela signifie que le passage de l’individuation vitale à l’individuation psycho-sociale ou « transindividuelle » via la « voie transitoire » psychique devra être provoqué par une émotion différente de l’angoisse : contrairement à cette dernière, l’émotion qui ouvre au transindividuel provoque une « désindividuation » seulement provisoire permettant au « sujet » de se reprendre par le collectif. 19 Anthropologie : Simondon donne un nouveau sens — lui-même double — à cette notion, qui devient le nom de son grand adversaire dans la théorisation de la réalité humaine et technique. En effet le mot « anthropologie » désigne chez Simondon deux grandes tendances occidentales qu’il s’agit de combattre : 20 la tendance à couper l’homme du vivant sous prétexte que l’homme aurait une « essence » tantôt psychique (Freud), tantôt sociale (Marx, Durkheim) — sans parler de la mythologique « raison » humaine (Aristote, Descartes, Kant), que Simondon ne prend même pas soin de discuter. Contre cette tendance, Simondon veut, dans IPC et plus particulièrement au Chapitre I de sa Deuxième Partie, penser l’homme comme un vivant devenu centralement et indissociablement psycho-social, le « psychique pur » et le « social pur » n’étant que des « cas-limites » (IPC, p. 209 ou ILFI, p. 313). Par là même, il envisage dans FIP une refondation des sciences humaines qui permet d’unifier la psychologie et la sociologie, artificiellement séparées l’une de l’autre. Voir sur ce point les mots « Axiomatique » et « Transindividuel » ; Glossaire Simondon : les 50 grandes entrées dans l’œuvre https://appareil.revues.org/2253 3 of 21 3/20/17, 9:44 AM la tendance à réduire la technique à un ensemble de moyens au service du travail humain. Dans MEOT, et plus uploads/Philosophie/ glossaire-simondon-les-50-grandes-entre-es-dans-l-x27-oeuvre.pdf

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