Claudia Jankech Lausanne, Juillet 2007 1/6 L’Echec scolaire du surdoué Une pris
Claudia Jankech Lausanne, Juillet 2007 1/6 L’Echec scolaire du surdoué Une prise en charge pédagogique : comment l’aider à utiliser son potentiel à l’école ? Claudia Jankech et Jean Claude Anthamatten I. L’Echec scolaire du surdoué (Claudia Jankech) Si nous excluons les troubles associés (dont tous les troubles de la lignée dyslexie/dysorthographie, dysphasie, dyspraxie ainsi que le trouble déficit d’attention avec hyperactivité, ou les éventuels troubles psychologiques que les enfants HP peuvent avoir comme les autres), la plupart des HP en échec souffrent d’inadaptation. Rappelons que l’échec, toutes cause confondues concerne 14 à 16% des HP (cela dépend des âges compris dans l’échantillon) mais que cette proportion constitue une moyenne pour les enfants de 3 à 18 ans. Cependant, à partir de 11 ans cette proportion augmente de manière significative et en fin de 9ème les statistiques mettent en avant un échec d’environ 30 à 50%. Mon collègue Marc Bersier a trouvé 4 garçons pour une fille parmi ses consultants. Cet échec est inattendu, et il ne constitue pas une fatalité. Notre expérience nous a permis de mettre en évidence qu’il est possible de les remettre en selle avec une pédagogie adaptée. #iveau scolaire Excellents/ bons Moyens/ médiocres En difficulté maternelle 100% 0% 0% primaire 75-85% 13% 2% Collège 5 60% 25% 15% Collège 4 40% 32% 28% Collège 3 (9ème) 33% 34% 33% Il est important de souligner que nous parlons de HP détectés et que nous ne pouvons pas nous prononcer pour ceux qui restent non-reconnus, dont l’évolution reste inconnue aussi bien pour nous que pour les enseignants vu que de nombreux élèves excellents ne sont pas HP. Comme le souligne la statistique de l’AFEP, l’échec apparaît tardivement et suit une carrière scolaire réussie au cours des 4 voire 6 ou 9 premières années (cela dépend du système scolaire et d’une éventuelle sélection). Lorsque les difficultés apparaissent, elles sont comme un tonnerre dans un ciel bleu, un choc, provoquant chez l’enfant ou l’adolescent une souffrance que l’entourage ne comprend pas. Exemple no 1 : un jeune de 13 ans, en 7ème voie bac section « économie » vient en bilan psychologique à notre cabinet donne une explication très simple et très claire : pour nous expliquer pourquoi il est « nul » en maths (une certitude pour lui) il dit : « ce n’est plus instinctif, je dois réfléchir ». Il est clair qu’il avait toujours réussi sans travailler, sans réfléchir, sans faire d’efforts : c’était « instinctif ». Ce qui a pour corollaire : réfléchir pour lui signifiait « être nul ». Comment expliquer ce phénomène ? Citons à ce propos quelques lignes de Michel Duyme (13) cité par Arielle Adda (14) : « les résultats indiquent que les enfants doués utilisent les aires cérébrales pertinentes pour effectuer un exercice, tandis que les autres enfants font aussi appel à d’autres aires. Les enfants doués résolvent le problème sans apprentissage préalable important et, avec un effort mental moindre, ils arrivent à une meilleure performance ». Ces constations concordent avec celles de Philip Shaw, qui a passé des tests de QI sous IRM à 307 jeunes suivis longitudinalement. Claudia Jankech Lausanne, Juillet 2007 2/6 Tout se passe donc comme s’ils n’avaient pas besoin d’apprendre pour savoir, à faire instinctivement les taches demandées. Mais le laisser fonctionner ainsi équivaut à lui faire croire qu’il est tout puissant. Cette illusion lui coûtera cher. Et la chute sera rude. Cette grande aisance pourra en effet être la source de son échec futur, surtout si personne ne lui tend la main. J’ai comparé la situation à celle du Lièvre dans la célèbre fable « Le lièvre et la tortue » de La Fontaine. Le lièvre, sachant courir très vite et s’ennuyant dans la course qui l’oppose à la tortue, va se reposer et s’endormir. C’est ainsi que la tortue, persévérante, emporte la course. Et la morale de la fable : « Souvent celui qui travaille avec constance et application obtient de meilleurs résultats que, celui qui confiant en ses talents naturels, se laisse aller à la paresse ». « « Souvent, celui qui travaille avec constance et Souvent, celui qui travaille avec constance et application obtient de meilleurs résultats que celui application obtient de meilleurs résultats que celui qui, confiant en ses talents naturels, se laisse aller à la qui, confiant en ses talents naturels, se laisse aller à la paresse paresse » » La sagesse des fables d’Esope, via La Fontaine, nous éclaire donc encore aujourd’hui! Même s’il ne s’agit pas de paresse dans le sens moral du terme mais plutôt d’une mauvaise habitude, celle de réussir sans effort et sans travail comme cela a été mis en évidence par les recherches en neuropsychologie (Grubar (4). Mes constatations sont issues de la clinique. Cependant des neuropsychologues tels que Grubar, ont déjà évoqué (1997) ces problèmes : l’absence de sollicitations intellectuelles que vivent les HP les amènent à devenir inadaptés malgré une intelligence qui devrait leur permettre de s’adapter. Là réside donc le paradoxe de l’échec de ces enfants. Insuffisamment stimulés par l’entourage, entendons nous par l’entourage scolaire où ils sont en nette surcapacité, ils mettent en œuvre uniquement des schèmes connus, mais font très peu d’efforts d’adaptation à des tâches sollicitant leurs aptitudes. Ils développent dès lors des « inaptitudes acquises » ou « learning helpness ». Pour dire les choses plus imagées, ils passent les petites classes en se mettant « sur pilote automatique » et lors de situations sollicitant les capacités qu’ils ont effectivement, ils ne parviennent plus à s’adapter correctement car ils n’ont pas l’expérience de surmonter l’échec, la difficulté, grâce à des efforts et une recherche pour laquelle ils possèdent largement les moyens. Claudia Jankech Lausanne, Juillet 2007 3/6 Pourquoi le HP s’enfonce-t-il dans l’échec ? Non seulement l’adolescent HP atteint par l’échec est choqué mais il développe une peur de se mettre au travail, ce qu’il est difficile de comprendre quand on le sait si performant. Cette peur l’amène à éviter les situations d’apprentissage où il a connu l’échec. . Alors qu’i l se trouve déjà en difficulté, parce qu’il n’a jamais dû apprendre à apprendre, le voilà qu’il évite les obstacles qui, pour la première lui ouvrent grandes les portes d’entrée dans un réel processus d’apprentissage. En effet, apprendre ce n’est pas « tout savoir » mais bien réfléchir, répéter, se tromper et, en tenant compte des erreurs commises, recommencer et persévérer. Il n’a jamais fait tout cela avant. En évitant l’échec, il évite encore une fois l’apprentissage. Il est possible de comparer sa peur à celle que l’on peut ressentir envers une araignée par exemple. Le sujet qui craint une araignée va mettre en place des stratégies d’évitement. L’enfant HP évite le travail qui l’a mis en échec et nous devons l’aider à le réinvestir. Aucune psychothérapie ne peut prétendre leur permettre d’apprendre à travailler. La solution réside dans une pédagogie adaptée à leur intelligence mais aussi à leur crainte. Il faut les accompagner et non prétendre qu’il se débrouillera tout seul, il n’y arrivera pas. Si nous ne le faisons pas, il va commencer à déprimer et entrer dans un cercle vicieux : il ne travaille pas, ses notes baissent, ce qui le décourage encore d’avantage et il reste incapable de s’en sortir. Les plus solides, ceux qui ont des défenses opérantes, feront des grands discours pour justifier la situation mais éviteront aussi, comme les autres, de se mettre réellement au travail. Et ce n’est pas un manque de volonté. Notre rôle consiste dès lors à l’aider à affronter et dépasser la difficulté et ce travail doit être accompli face aux mêmes épreuves. Exemple no 2 : Une évolution d’allure dépressive Après avoir raté son entrée en pré-gym Erik déprime je le rencontre pour un bilan psychologique, à la demande de ses parents. Un QI de 134 a été mis en évidence. Son enseignant de primaire supérieure pense qu’il y est à sa place vu que sa moyenne est de 7,5. Lorsque je lui dis qu’avec son potentiel cet enfant aurait pu être en pré-gymnasiale, il ne me croit pas. Ce n’est qu’après une intégration dans une école privée où il peut aller à son rythme que ce jeune va reprendre sa progression scolaire et passer son bac à 16 ans. Grâce à ce changement d’école, finies la fatigue, la dépression. Exemple no 3: Pablo, un garçon « immature »? Malgré son QI de 131, Pablo est en VSG, il se dévalorise, cette orientation ne correspond pas à ses aspirations. Il a 13 ans, je conseille à sa mère de le mettre à l’école privée, ce qu’elle est prête à faire mais que son fils refuse de crainte de quitter ses copains. Pablo est « très content d’avoir fait les tests » me dira sa mère, il « travaille beaucoup plus qu’avant, et ceci de sa propre initiative ». Grâce au soutien de Jean Claude Anthamatten, Pablo a vu ses notes augmenter en un très court laps de temps (quelques semaines) passant de 2 uploads/Philosophie/ l-x27-echec-scolaire-du-surdoue.pdf
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- Publié le Jui 28, 2022
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