GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL Deuxième

GUIDE MÉTHODOLOGIQUE DÉPARTEMENT DE PHILOSOPHIE UNIVERSITÉ DE MONTRÉAL Deuxième édition Octobre 2004 Guide méthodologique Le présent document est un canevas de base qui peut être accompagné de directives méthodologiques additionnelles dans les plans de cours des professeurs. Ce guide est divisé en quatre parties : 1- Une section consacrée à la lecture des ouvrages de philosophie. 2- Une section consacrée à la rédaction de textes philosophiques. 3- Une section consacrée à des questions pratiques (mise en page, notes de bas de page, etc.). 4- Quelques adresses électroniques utiles. 1- Pour lire des textes de philosophie : 1.1. Une chose importante à faire est de bien identifier quelle est la question de départ de l’auteur et quelles sont ses conclusions. Faites spécialement attention aux premiers paragraphes et aux paragraphes de conclusion. Les informations que vous y trouverez vous permettront souvent de mieux suivre l’ensemble du texte de l’auteur, de comprendre sa méthode et son approche. Il faudra particulièrement être attentif à la distinction importante entre une thèse principale et des arguments auxiliaires que l’auteur emploie afin de renforcer sa thèse principale. Il y a, en général, un argument principal qui lui-même repose sur une série d’arguments secondaires. 1.2. Faites attention également à tous les marqueurs logiques : « parce que, ainsi, dès lors, néanmoins, d’une part, d’autre part, etc. » 1.3. Nous vous conseillons de rédiger pour vous-mêmes un petit schéma du texte que vous avez lu. On devrait retrouver dans ce schéma les informations suivantes : a. La thèse principale de l’auteur. b. Les principaux arguments employés en vue de défendre sa thèse. c. Les principaux termes employés par l’auteur et leur définition (ce que l’auteur vous donne comme information au sujet du vocabulaire qu’il emploie. Ex : « Par x, je veux dire y ». d. Toutes les affirmations qu’il faut accepter comme telles, sans justification de la part de l’auteur (les axiomes). e. Toutes les idées ou expressions ambiguës ou les arguments de type « pente glissante ». C’est souvent à partir de ces dernières que vous pourrez montrer les faiblesses d’un texte. f. Il faut en outre reconnaître la structure d'une argumentation, déterminer sa validité et les raisons de celle-ci (identifier les sophismes, les paralogismes, etc. ou montrer que l’argument en est exempt, expliquer pourquoi l’argument vous semble convaincant). 1.4. Il vous faudra bien sûr vous armer de patience. Un texte philosophique nécessite très souvent plusieurs lectures, ce qui ne veut pas dire nécessairement qu’il n’est pas clair. Un texte complexe est souvent difficile et profond, et demande une analyse minutieuse. 1.5. Un bon conseil : lisez d’abord un texte et consultez ensuite vos collègues étudiants à son sujet. Partagez vos informations et vos remarques et discutez ensemble les principaux arguments de l’auteur. Par exemple, vous pouvez organiser des groupes de discussion où vous lirez un seul livre, à raison d’un chapitre par semaine, et analyserez ensemble les thèses du texte. 2. La rédaction de textes philosophiques 2.1. Introduction : 2.1.1. Qu’il s’agisse d’une analyse de texte ou d’une dissertation, il vous faut clairement annoncer quelles sont la ou les principales thèses que vous entendez défendre ou commenter. Selon ce qu’on vous demandera de faire, vous aurez à annoncer dans votre introduction quelle sera la principale fonction de votre texte. Par exemple : présenter un argument, résumer un article ou un livre, etc. 2.1.2. Dans la mesure du possible, il est toujours préférable de justifier, dès l’introduction, le choix d’une problématique. En quoi est-elle pertinente ? Pourquoi devrions-nous nous y intéresser ? S’il s’agit d’un texte « créatif » (voir plus bas), vous devez expliquer ou pour le moins expliquer sommairement en quoi votre manière de formuler une problématique donnée (par exemple, le réalisme moral, la subjectivité esthétique, l’intentionnalité, etc.) permet de mettre en lumière des aspects de ces problèmes qui n’avaient pas été vus jusqu’ici ou dont l’importance avait été sous-estimée. 2.2. Processus de résolution du problème : développement. 2.2.1. Il s’agit de l’exposition logique de la thèse – ou des thèses – que vous entendez défendre ou exposer. 2.2.2. Il faut la résumer, ce qui ne devrait pas occuper plus d’un paragraphe, mais cela peut évidemment varier selon la taille du texte que vous rédigez et selon la complexité de la thématique. 2.2.3. Il faut ensuite distinguer chacune des étapes logiques de l’argumentation, que celle-ci soit la votre ou celle d’un auteur dont vous avez la charge de rapporter le propos. Cela exige de vous un plan précis des étapes de l’argumentation que vous analysez ou que vous proposez. Il est souvent utile de partir de différentes réponses qui peuvent être faites à une question précise et de discuter des objections qui visent ces réponses. 2.2.4. La plupart du temps, il est utile d’expliciter ce que vous dites en répétant et en exposant différemment une même chose, mais à condition seulement que cette variante contribue à la précision de votre analyse (vous ne devez pas seulement vous répéter). 2.3. Conclusion : 2.3.1. Il vous faut revenir sur l’énoncé des données et sur le dégagement des résolutions possibles du problème, en résumant pourquoi, si tel est le cas, il a semblé nécessaire d’en choisir une plutôt qu’une autre. 2.3.2. Enfin, vous devez expliquer quels avantages ou quels problèmes présente votre réponse afin d’ouvrir un espace théorique pour d’autres travaux ou pour en montrer les enjeux de manière plus générale. 2.4. De manière générale : 2.4.1. Faites-vous un plan. N’écrivez pas sans avoir une bonne idée de ce que vous allez dire. 2.4.2. Comme pour la lecture d’un texte, l’écriture suppose une réflexion, qui elle-même bénéficiera beaucoup d’une rencontre avec des collègues étudiants. En outre, si vous présentez vos idées à vos condisciples, ils seront non seulement à même d’en discuter avec vous mais de vous dire s’ils comprennent ce que vous voulez dire. 2.4.3. Aussi bonne soit votre idée, si elle n’est pas clairement exprimée, personne ne la comprendra. Ne vous contentez pas d’une réponse du genre : « Oui, je vois ce que tu veux dire ». Demandez-leur de vous redire dans leurs propres mots ce que vous avez dit. Une discussion peut naître facilement d’un tel type d’échange. 2.4.4. Attention à l’orthographe et à la syntaxe. Si vos problèmes de syntaxe sont tels qu’ils affectent profondément la clarté de votre texte, la pénalité sera très élevée (supérieure à la pénalité prévue pour les problèmes de français) car il n’est pas possible de trouver clair un exposé qui est mal écrit. 2.4.5. Nous devons pouvoir vous suivre sans qu’il soit nécessaire de connaître les thèses exposées ou le vocabulaire employé. Il est impératif d’expliquer un mot ou une expression qui n’est pas d’usage courant dans les textes philosophiques mais est le propre d’un auteur donné, même si cela est fait en une seule phrase. Cela vaut a fortiori pour des expressions dont vous avez l’entière responsabilité. Cela devrait vous permettre d’éviter de vous contredire, ce qui est un problème fréquent dans les travaux des étudiants. 2.4.6. Justifiez ce que vous avancez ou voulez défendre comme arguments. Le plus possible, vous devriez être en mesure d’expliquer ce que vous affirmez ou ce que vous dites que les autres disent par exemple, lorsque vous rapportez un argument d’un auteur). Cela signifie que non seulement vous devez expliciter le plus possible chacune de vos idées, mais aussi qu’il vous serait possible de les défendre, avec des arguments et pas seulement avec vos sentiments, vos valeurs ou vos croyances, contre des gens qui n’auraient pas le même avis que vous sur la question. N’hésitez pas à indiquer — et pas seulement en introduction — ce que vous faites et ce que vous ferez tout au long de votre texte. Exemple : « Je commencerai par montrer que la thèse X n’est pas compréhensible sans d’abord expliquer l’importance de Y pour X ». « J’ai dit que X supposait Y. Il reste que Y lui-même repose sur la thèse Z. J’exposerai maintenant la thèse Z et montrerai pourquoi elle est le fondement de Y ». « J’ai montré la différence entre la thèse X et la thèse Y. Je vais maintenant montrer les raisons pour lesquelles je crois qu’il faut choisir la thèse Y». 2.4.7. Si vous énoncez un jugement au sujet d’un argument qui n’est pas le vôtre, faites bien attention de nous faire toujours savoir de quoi vous parlez exactement. De l’argument ? De vos objections à ce même argument ? Il faut toujours bien distinguer entre votre argument et un argument qui n’est pas votre fait et dont vous voulez rendre compte. 2.4.8. N’essayez pas de faire du style. On reconnaîtra vos qualités de clarté avant d’apprécier l’élégance de votre prose. À l’encontre de ce qui est exigé d’un texte littéraire, le verbe « être » peut apparaître très souvent dans un texte philosophique, et a fortiori un texte philosophique d’un étudiant de premier cycle. De même, il est d’usage courant dans les textes philosophiques qu’une même expression, un même mot, apparaisse à de nombreuses reprises. Cela uploads/Philosophie/ guide-methodologique 1 .pdf

  • 27
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager