Pierre Bayle et Voltaire Avant Les Lettres Philosophiques Author(s): Henry E. H

Pierre Bayle et Voltaire Avant Les Lettres Philosophiques Author(s): Henry E. Haxo Source: PMLA, Vol. 46, No. 2 (Jun., 1931), pp. 461-497 Published by: Modern Language Association Stable URL: https://www.jstor.org/stable/458044 Accessed: 25-05-2020 23:06 UTC JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Modern Language Association is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to PMLA This content downloaded from 73.36.166.171 on Mon, 25 May 2020 23:06:51 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms XXIV PIERRE BAYLE ET VOLTAIRE AVANT LES LETTRES PHILOSOPHIQ UES' QUOIQUE l'influence de Pierre Bayle sur l'esprit philosophiq critique de Voltaire soit generalement reconnue et consacree critique, elle n'a pas encore subi l'examen qu'elle comporte, et il a la demontrer et a la preciser.2 Sans doute, au premier abord, l' phere baylienne regne supreme dans les ceuvres de Voltaire. Vo lui-meme, tout le premier, dans de nombreux passages, rend hom celui qu'il nomme complaisamment "son pere spirituel."3 Les ep elogieuses que Voltaire adresse au philosophe de Rotterdam abon mais elles ne sont souvent qu'un mot d'ordre et de ralliement et vent etre acceptees qu'avec reserve et caution. De plus, il se peut ressemblance de pensee et de methode entre deux auteurs tels que Bayle et Voltaire soit purement accidentelle et ne releve d'aucu fluence directe. Un ecrivain du caractere de Voltaire, toujours en curieux de tout savoir, doue d'une memoire remarquable, pret a as et a transformer tout ce qui l'interesse, se joue a derouter l'etude minutieuse. Les influences frangaises ou anglaises qui ont pu agir developpement intellectuel de Voltaire sont multiples et com elles s'entremelent et s'entrecroisent. Comment donc les definir et en tracer la source? Si Voltaire loue Pierre Bayle jusqu' aux nues, il n loue pas moins l'Angleterre, "l'ile barbare des Cassiterides, "Locke et Newton. La part exacte de l'influence du milieu frangais et de celle d l'Angleterre sur Voltaire est encore a etablir d'une fagon definitive. L 1 Dans la presente etude l'on s'est servi de l'edition Moland des (Eiuvres completes d Voltaire et des editions suivantes des oeuvres de Pierre Bayle: CEuvres diverses, La Hay 1727, 4 volumes; Dictionnaire historique et critique, Amsterdam, 1730,4 volumes. 2 Voir Sainte-Beuve, Nouveaux Lundis, ix, 20; F. Brunetiere, Etudes critiques, v, 112 164-165; E. Faguet, Dix-Huitieme Siecle, p. 20; Crousl6, Vie de Voltaire, I, 28-30; John Morley, Voltaire, p. 248; Nourrisson, Le Voltairianisme, p. 502; G. Pellissier, Voltai philosophe, pp. 26-27. Fr6deric le Grand rappelait lui-meme a Voltaire que: "C'est Bayle votre precurseur, et a vous sans doute, que la gloire est due de cette revolution q se fait dans les esprits" (Voltaire, CEuvres, XLIX, 376). 3 CEuvres, XLIII, 332. Lire entre autres allusions a Bayle: "C'etait une ame divine (Ibid., xxxnI, 568); "le plus profond dialecticien qui ait jamais ecrit" (Ibid., xxii, 263 "savant universel, dialecticien aussi profond qu'ingenieux" (Ibid., xxxv, 287); "le pere d l'Eglise des sages" (Ibid., xxxix, 37); "l'immortel Bayle, l'honneur de la nature humaine (Ibid., xx, 197-199); "le premier des critiques et le plus impartial des philosophes" (Ibid xxxn, 458); l'opinion de Voltaire varie quelque peu dans 1'Entretien d'Ariste et d'Acrot (Ibid., xxIv, 274). 461 This content downloaded from 73.36.166.171 on Mon, 25 May 2020 23:06:51 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Pierre Bayle et Voltaire pr6sente 6tude ne s'int6resse qu'i la periode de Voltaire qui pr6cMde la publication des Lettres philosophiques. Elle se borne a pr&ciser la pensee philosophique et critique de Voltaire a cette epoque et a en suggerer les sources probables; elle cherche surtout i decouvrir quelques indices de l'influence de Pierre Bayle sur l'esprit du jeune Voltaire et a indiquer certains rapports de pensee et de methode entre ces deux 6crivains. I On n'a pas manque d'observer la difference de pensEe philosophique et critique qui existe entre les oeuvres de jeunesse de Voltaire et celles que Voltaire a ecrites apres son sejour en Angleterre. Cette difference, plut6t de mEthode et de style que de pensee, a induit certains critiques a attri- buer ce changement radical au sejour que fit Voltaire en Angleterre. John Morley pouvait declarer en toute bonne foi que Voltaire avait quitt6 la France poete et qu'il y revenait philosophe.4 Quelle est donc la part de l'influence anglaise, des Bolingbroke, des Collins, des Clarke, des Wool- ston, des Locke et d'autres encore de l'Ile de la Raison dans la gen[se de l'esprit philosophique et critique de Voltaire? Quelle est la part de l'influence du milieu frangais? La solution de cette question exigera des lectures les plus variees et des recherches les plus p6n6trantes. II faudra des etudes comme celles de Gustave Lanson dans son admirable edition critique des Lettres philosophiques pour arriver avec un certain degr6 d'assurance a circonscrire la part d'influence de la France et de l'Angle- terre.5 Pour le moment l'on doit se contenter d'opinions personnelles qui perdront sensiblement d'autorite aussit6t qu'elles auront subi un severe et judicieux examen. La question de l'influence de Bolingbroke sur Voltaire est des plus instructives.6 Bolingbroke que l'on regardait depuis longtemps comme le maitre de philosophie de Voltaire n'aurait joue qu'un r61e secondaire dans ses relations avec ce dernier. Actuelle- ment on est meme tente de considerer son influence comme surfaite: Voltaire ne se serait servi du nom de Bolingbroke que pour donner libre cours a ses idees et s'eviter ainsi toute poursuite ftcheuse.7 L'influence de John Locke paralt subir le m6me sort. Locke dont Voltaire vante la Op. cit., p. 58. 6 D'apris les notes critiques de M. Lanson, Voltaire a dA consulter la plupart des ceuvres de Bayle dans la composition des Lettres philosophiques. L'on peut voir que dans les ceuvres de Bayle, ce sont bien les questions de controverse religieuse et surtout la philoso- phie grecque qui interessaient le plus Voltaire. 6 Les opinions de quelques critiques peuvent surprendre quelque peu. Voir L. Foulet, Correspondance de Voltaire, pp. xiii-xiv; Crousl6, op. cit., i, 49; Leslie Stephen, History of English Thought in the Eighteenth Century, I, 179; John Morley, op. cit., p. 89; J. Churton Collins, Voltaire, Montesquieu and Rousseau in England, p. 116. 7 Voir Norman L. Torrey, PMLA, xim, 788-797. 462 This content downloaded from 73.36.166.171 on Mon, 25 May 2020 23:06:51 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Henry E. Haxo sagesse a tout propos n'est qu'un nom glorieux et adule qui n'a laisse que peu d'empreinte dans les ceuvres du pretendu disciple.8 En effet, Voltaire et Locke ne s'entendaient entierement que dans la haine qu'ils eprouvai- ent pour les questions metaphysiques. II est evident que les partisans de l'influence anglaise rabaissent singulierement l'influence du milieu fran- cais en revendiquant la part du lion de la pensee philosophique de Vol- taire.9 Par- contre, certains critiques exagerent peut-6tre l'influence du milieu frangais et surtout celle de Pierre Bayle en voyant dans les ceuvres de ce dernier la source mattresse du voltairianisme. Dans sa belle etude sur Bayle, F. Brunetiere soutenait avec son assurance habituelle que:" Ce que l'on donne, en effet, aux libres penseurs et aux philosophes an- glais, a Bolingbroke ou a Locke, a Bacon meme ou a Newton .. ., c'est a quelqu'un des n6tres qu'on l'enleve."'0 Gustave Lanson, qui se tien dans un juste milieu dans ses etudes consacrees a cette epineuse et com plexe question, ne croit pas que:" Le grand probleme de l'influence an glaise au xvIIr siecle ait l'importance qu'on a ete oblige de lui accorder importance d'autant plus grande qu'on voyait moins l'influence du xvIw siEcle."11 I Voir CrouslE, op. cit., I, xxii; L6vy-Bruhl, History of Modern Philosophy in France, p. 174; C. B. Chase, The Young Voltaire, p. 235; G. Ascoli, Revue des Cours et Conftrence 15 avril 1924, pp. 25-27. 9 Citons le jugement de quelques-uns: "Voltairism may be said to have begun from the flight of its founder from Paris to London" (John Morley, op. cit., p. 44); "Voltaire ha just left England (1728) after imbibing from the English deists the principles which, stored up in his keen intelligence, were to be radiated forth in the shape of the keenest of all human sarcasm" (Leslie Stephen, op. cit., i, 134); "It was here . . . that (Voltaire received his initiation in that large philanthropy, that enlightened tolerance, and thos cosmopolitan sympathies and interests which ever afterwards distinguished him" (J Churton Collins, op. cit., p. 116); "Voltaire, without his visit to England, would not hav been the Voltaire whom all the world knows" (A. Ballantyne, Voltaire's Visit to England pp. 325-327); "This style was developed in England to meet the new intellectual need which Voltaire's experience in England had developed. Had Voltaire never gone to Eng- land it seems at least doubtful whether he would have achieved this form of expression (C. B. uploads/Philosophie/ haxo-pierre-bayle-et-voltaire-avant-les-lettres-philosophiques 1 .pdf

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