Jean Leroux Une histoire comparée de la philosophie des sciences L’empirisme lo
Jean Leroux Une histoire comparée de la philosophie des sciences L’empirisme logique en débat Volume II 王 PUL Collection 王 Cette collection accueillera des ouvrages consacrés à la logique et à la philosophie des sciences entendues dans leur sens formel. La logique de la science, un titre emprunté au philosophe américain C.S. Peirce, rend compte de la logique interne du savoir qui peut se décliner en plusieurs versions et il est légitime de parler de logiques au pluriel comme on parle de sciences au pluriel. L’éventail des recherches pourra s’ouvrir pour inviter des analyses portant sur l’intersection et l’héritage commun des traditions philosophiques et scientifiques. Enfin, les travaux d’épistémologie générale ou historique dans les sciences sociales et humaines ne sauraient être exclus dans cet esprit d’ouverture qui doit caractériser l’idée d’une logique interne du discours scientifique. Si le principe de tolérance invoqué par le logicien et philosophe des sciences R. Carnap doit présider à une telle entre- prise, c’est pour mieux assurer le rôle de la philosophie comme vigile du savoir. Le symbole 王 utilisé pour représenter la collection signifie la quantification « effinie » ou illimitée de la logique arithmétique et il est tiré de l’idéogramme pour « wang », roi en langue chinoise. Yvon Gauthier Volume II L’EMPIRISME LOGIQUE EN DÉBAT Une histoire comparée de la philosophie des sciences Volume II L’EMPIRISME LOGIQUE EN DÉBAT Une histoire comparée de la philosophie des sciences Jean LEROUX Maquette de couverture : Hélène Saillant Mise en pages : Mariette Montambault ISBN 978-2-7637-8957-6 eISBN 9782763709574 © Les Presses de l’Université Laval 2010 Tous droits réservés. Imprimé au Canada Dépôt légal 2e trimestre 2010 Les Presses de l’Université Laval 2305, rue de l’Université Pavillon Pollack, bureau 3103 Université Laval, Québec Canada, G1V 0A6 www.pulaval.com Les Presses de l’Université Laval reçoivent chaque année du Conseil des Arts du Canada et de la Société d’aide au développement des entreprises culturelles du Québec une aide financière pour l’ensemble de leur programme de publication. Nous reconnaissons l’aide financière du gouvernement du Canada par l’entremise de son Programme d’aide au développement de l’industrie de l’édition (PADIÉ) pour nos activités d’édition. À Muriel AVANT-PROPOS C et ouvrage est une introduction à la philosophie des sciences par le biais d’une étude comparée des approches les plus connues qui ont façonné le développement de cette discipline au XXe siècle. L’élaboration de notre plan de travail fut aidée du fait que le mouvement empiriste logique issu du Cercle de Vienne a été le plus marquant de son époque, à maints égards. En ce qui concerne les origines et les influences qui ont joué lors de l’émergence de ce mouve- ment, nous renvoyons le lecteur au premier volume de cet ouvrage, Aux sources de l’empirisme logique (Leroux, J., 2010). Selon les concep- tions qui ont longtemps prévalu en histoire de la philosophie des sciences, l’épistémologie collective du groupe viennois consisterait en une synthèse moderne des philosophies de l’empirisme classique et de la « nouvelle logique » des Frege et Russell. Cette lecture des choses n’était certes pas entièrement erronée, sauf qu’elle était peu ou prou exclusive, jusqu’à l’avènement d’études historiques rigoureuses. C’est autour des années 1980 qu’est apparu un large mouvement de réexamen, voire de réhabilitation du legs épistémologique de l’empi- risme logique. Ces mêmes études ont établi l’importance des influences kantiennes et néo-kantiennes dans l’émergence du nouvel empirisme. Cependant, le bris du Cercle de Vienne avec la tradition épistémolo- gique des savants-philosophes du XIXe siècle n’a pu s’opérer qu’à la suite de l’émergence d’une autre tradition, la tradition métamathéma- tique inaugurée par la nouvelle logique et l’essor des investigations axiomatiques formelles, associée aux Frege, Russell et Hilbert. Le Cercle de Vienne, qui était au confluent de ces deux traditions et qui n’a pu résister à la formidable force d’attraction qu’exerçait la X Volume II – L’EMPIRISME LOGIQUE EN DÉBAT problématique des fondements, a provoqué cette réorientation et l’a propagée outre frontières. Le passage de l’épistémologie à la philoso- phie des sciences (de l’Erkenntnistheorie à la Wissenschaftstheorie) s’est fait à l’enseigne d’une logique des sciences qui revendiquait pour la philosophie l’autonomie de la méthode logique par rapport à la méthode historique. C’est sous cette forme que la discipline s’est déve- loppée et institutionnalisée en tant que discipline à part entière dans l’après-guerre, coïncidant, dans ses impulsions majeures, avec le déve- loppement et la maturation de l’empirisme logique. Dans sa dimen- sion de mouvement d’avant-garde qui visait tous les plans de la vie intellectuelle, l’empirisme logique fut brutalement interrompu par la montée du nazisme en Europe dans les années 1930 et se poursuivit sous forme de diaspora dans les pays anglo-saxons ; il aida aux États- Unis à l’implantation institutionnelle de la philosophie des sciences comme domaine universitaire. Ce second volume dresse un tableau de la philosophie des sciences qui se veut représentatif des courants qui ont joui d’une plus vaste audience dans ce contexte. Les auteurs discutés (Rudolf Carnap, Carl Hempel, Karl Popper, Gaston Bachelard, Thomas Kuhn, Imre Lakatos, Paul Feyerabend) sont pour la plupart enseignés au premier cycle universitaire, et les thèmes qu’on y aborde ont plus ou moins occupé l’avant-scène de la discussion épistémologique récente. Aux débats majeurs entourant l’explication et la méthode en science se greffent des thèmes et des thèses portant sur le contexte de la justification, sur la rationalité de la science, sur l’incommensurabilité des théories scientifi- ques rivales ou successives, etc. Nous avons également pris en compte le débat sur le réalisme scientifique qui a tant préoccupé la philosophie analytique des sciences des dernières décennies. A l’instar du premier volume, cet ouvrage est destiné aux étudiants de philosophie des sciences, qui seront invités à certains moments à creuser davantage et à chercher par leurs propres moyens des pistes de solution aux questions qui relèvent de la discipline de la philosophie des sciences contemporaines – qui ne peut faire l’économie de moyens formels, si élémentaires soient-ils. Ainsi, la section traitant de la notion formelle d’analyticité proposée par Carnap fait appel à une certaine familiarité avec les concepts de la sémantique logique. La raison en est que le problème de la détermination d’une notion précise de l’analyti- cité ne prend son sens que dans le contexte d’un langage où les concepts Avant-propos XI jouissent d’une détermination exacte, c’est-à-dire dans le contexte des langues formelles (ici, un langage logique du premier ordre). Le lecteur peu enclin au détail technique pourra aller immédiatement aux conclu- sions de cette section. Le chapitre portant sur Carnap est relativement plus élaboré, en raison de l’importance des coordonnées qui y sont mises en place en vue du traitement des diverses problématiques déve- loppées en réaction ou en contraste avec l’empirisme logique. Au demeurant, notre intention a été de produire un ouvrage largement accessible qui puisse également servir d’outil pédagogique ; en fait, on pourra utiliser l’ouvrage comme compagnon à une introduction systé- matique à la philosophie des sciences contemporaines, en particulier à la philosophie de la physique. Notre présentation des différents auteurs n’a évidemment nulle prétention à l’exhaustivité, ou encore au détail : notre préoccupation majeure est de dégager les idées-forces de chacune des approches présentées et d’offrir une perspective critique qui puisse orienter le lecteur. Nous avons utilisé les traductions françaises qui étaient disponi- bles et nous n’avons pas hésité à les modifier au besoin. Lorsque nous utilisons les cotes pour faire référence à ces traductions, l’année de parution utilisée est indiquée entre parenthèses. INTRODUCTION Une pensée qu’on n’arrive pas à préciser est une pensée quotidienne. Bachelard De l’épistémologie à la logique des sciences « Philosophy of science – A subject with a great past. » On reconnaît à ce titre qu’il donne à l’un de ses articles, le style frondeur de Paul Feyerabend, un des auteurs dont nous aurons l’occasion de discuter. Nous avons pu, dans un premier volume qui nous menait de la tradi- tion des savants-philosophes au Cercle de Vienne, attester la justesse des dires de Feyerabend sur cette époque qui précéda l’établissement de la philosophie des sciences comme discipline académique au cours du XXe siècle. Celle-ci prit son essor dans un mouvement d’orienta- tion de la discipline sur la tradition naissante des fondements de la logique et des mathématiques. Du même coup, ce mouvement opérait ce qu’il a été convenu d’appeler, à la suite de Schlick, le « tournant linguistique » de la philosophie – les influences majeures provenant de Gottlob Frege et de Bertrand Russell. C’est sous cette forme que la philosophie des sciences s’est développée et institutionnalisée aux États-Unis en tant que discipline universitaire, coïncidant dans ses impulsions majeures avec le développement et la maturation de l’em- pirisme logique. Cette institutionnalisation de la philosophie des sciences s’accompagna d’un processus de professionnalisation, de tech- nicisation et aussi de dépolitisation de celle-ci ; c’est d’ailleurs en premier lieu ce phénomène qui était visé par la boutade ci-dessus citée de Feyerabend. 2 Volume II – L’EMPIRISME LOGIQUE EN DÉBAT Dans ce second volume, nous dresserons un tableau des questions centrales qui ont alimenté la venue à uploads/Philosophie/ jean-leroux-une-histoire-compare-e-de-la-philoso-b-ok-xyz-pdf 1 .pdf
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- Publié le Mar 22, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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