I. K. TAIMNI L’HOMME DIEU ET L’UNIVERS Traduit de l’anglais Éditions ADYAR 1984
I. K. TAIMNI L’HOMME DIEU ET L’UNIVERS Traduit de l’anglais Éditions ADYAR 1984 PRÉFACE 1. – L’Homme vu par le matérialiste et le spiritualiste Toute personne intelligente capable de penser sérieusement et même ayant vaguement conscience des réalités de la vie qu’elle mène ne peut s’empêcher de sentir qu’un grand mystère se cache derrière l’univers et derrière sa propre vie et tant que ce mystère n’est pas démêlé sa vie ne peut réellement avoir aucun sens et elle ne peut pas être en paix. Elle peut ne pas tenir compte de ce mystère ou essayer de l’oublier en se plongeant dans le travail ou dans d’autres activités de diversion mais il continuera de la hanter et empoisonnera au niveau de son subconscient le peu de bonheur qu’elle pourra tirer furtivement de ses expériences dans le siècle. La grande majorité des gens n’a même pas vaguement conscience de ce mystère et est si complètement assimilée à son environnement et au courant de vie dans lequel elle se trouve que les problèmes profonds de la vie ne l’inquiètent pas du tout. Il y a, bien entendu, une raison précise à cette étrange incapacité à voir ce qui est évident. Ces gens doivent encore faire davantage d’expériences, et par le moyen de ces expériences, les unes plaisantes et d’autres pénibles, ils doivent acquérir la faculté de discernement qui est appelée viveka en sanscrit. Viveka est la marque caractéristique de l’âme spirituellement mûre et capable donc d’entreprendre la tâche de prendre à bras le corps les problèmes profonds de la vie. Quiconque est éveillé spirituellement et enclin à comprendre et, si possible, à démêler le grand mystère de la vie, peut chercher dans trois directions le savoir qui se rapporte à ce sujet. Il peut essayer de découvrir ce qu’ont à en dire la religion, la science et la philosophie et comment elles essayent de le démêler chacune à sa propre façon. On montrera plus tard comment la méthode adoptée par l’occultisme pour aborder ce problème fondamental, appuyée qu’elle est sur la recherche systématique et directe par l’emploi combiné des méthodes de la religion, de la philosophie et de la science, est seule capable de fournir une explication théorique satisfaisante en même temps qu’une technique efficace pour résoudre le problème. Mais avant d’être en mesure d’apprécier la valeur de la méthode occulte pour démêler le mystère de l’homme et de l’univers il est nécessaire d’accorder quelque réflexion à la question vitale suivante : quelle est la signification de l’homme et de sa vie selon les points de vue fondamentalement différents du matérialiste et du spiritualiste. Nous sommes tellement absorbés par nos activités et passions ordinaires, fruits des événements fugitifs, que nous n’avons même pas vaguement notion des durs faits de notre existence qui sont là devant nous et qui nous feraient nous arrêter tout tremblants si seulement nous pouvions voir leur signification réelle. La philosophie matérialiste, basée qu’elle est sur le seul intellect, ne peut pas, dans sa cécité spirituelle, voir la signification de ces faits et ce qu’implique ses propres conclusions concernant la nature et la destinée de l’homme et le sens et le but de la vie de l’homme. Nous ne prendrons, tiré du domaine de la science, qu’un seul de ces faits évidents pour illustrer le degré de cécité du matérialisme à l’égard de ce qu’impliquent les découvertes de la science. Les recherches des astronomes ont montré que notre terre n’est qu’un simple grain de poussière quand on la compare au vaste univers illimité contenant des milliards de systèmes solaires séparés par des distances inimaginables qui se mesurent en années-lumière. Sa vie qui nous paraît tellement longue n’est rien qu’un éclair dans les longues étendues de temps pendant lesquelles l’univers est censé exister. Sur cette planète insignifiante et évanescente, la présente humanité n’existe que depuis quelques milliers d’années. Son passé se cache derrière le témoignage incertain des couches géologiques et des fossiles d’animaux, et son futur, autant que puisse voir la philosophie matérialiste, est une énigme. Assurément, mis en face de ces faits scientifiques irréfragables, nous ne pouvons pas refuser de considérer les conclusions auxquelles ils mènent inévitablement et en toute évidence. L ’une de ces conclusions qui est effrayante par ce qu’elle implique, si seulement nous avons des yeux pour le voir, c’est que l’homme, pris dans son aspect physique, n’a pratiquement aucune importance et ne présente pour la Nature aucun intérêt. Une fourmilière à la dérive dans l’Océan Pacifique sur une souche a bien plus d’importance que notre humanité occupant cette planète qui flotte dans l’univers illimité et qui sera inévitablement engloutie dans le vide de l’espace et dans l’oubli, ne laissant derrière elle aucune trace. Et, bien entendu, quand nous considérons un être humain individuel en tant qu’une unité prise dans cette humanité toujours changeante dans sa continuité, l’importance de notre vie physique se réduit pratiquement à rien. Nous n’avons qu’à nous rappeler comment de puissantes civilisations d’autrefois florissantes ont été complètement englouties par la marée montante du temps et du changement pour nous rendre compte de la sorte de destin qui attend chacun d’entre nous en tant qu’entité physique, l’altier et le puissant tout comme le pauvre et l’humble. Si c’est là la réalité profonde de notre existence en tant qu’entité seulement physique, ne devrions- nous pas marquer un temps d’arrêt pour examiner soigneusement nos buts et nos idéaux, cette poursuite fiévreuse de buts purement matérialistes quel que soit le caractère réaliste ou spectaculaire de leur apparence extérieure. Ne devrions-nous pas approfondir davantage la question de la vie de l’homme et des problèmes qu’elle pose au lieu de repousser ces problèmes et de continuer étourdiment la réalisation de nos projets chéris. Cela n’exige qu’un peu de sens commun et de recul intelligent vis-à-vis des intérêts et préoccupations qui nous absorbent, pour voir combien tout le drame qui se joue sur la scène du monde serait entièrement dépourvu de sens et semblable à un rêve s’il ne s’y trouvait rien d’autre, caché derrière le jeu d’ombres chinoises auquel nous assistons. En fait, il y a quelque chose de plus, et c’est ce qui se cache derrière ce spectacle passager et par ailleurs insignifiant qui donne un sens et une importance à la marche des événements et des choses dont nous sommes les témoins dans le temps et l’espace. C’est ce qui se trouve à l’arrière-plan, dans le règne mental et le règne spirituel de la Nature, invisibles mais formidablement plus réels, qui donne une signification à la foule des politiciens qui font les importants quand ils paradent sur la scène du monde, aux hommes de sciences qui font des efforts frénétiques pour sonder les secrets de la Nature, aux gens du commun en train d’acquérir des connaissances fragmentaires et diverses sortes de tours de main, aux philosophes en train d’échafauder des théories sans fin sur la vie de l’homme et l’univers, aux gens religieux qui s’efforcent d’atteindre un idéal de bonté et de perfection qui se trouve à l’évidence hors de la portée de leurs capacités présentes. Si nous laissons de côté cette réalité cachée à l’arrière-plan, nous réduisons l’homme au statut de simple animal qui a évolué grâce à l’action des forces aveugles de l’évolution et qui est destiné à demeurer essentiellement un simple animal tout en acquérant de plus en plus de savoir et d’intelligence par le jeu des lents processus de l’évolution. Mais cette accumulation de savoir et cet accroissement d’intelligence ne s’opèrent qu’au profit de cette insaisissable et toujours changeante collection d’êtres humains désignée par l’appellation de race humaine. L ’être humain, pris individuellement, ne peut être autre chose qu’une créature totalement insignifiante, jouet de circonstances apparemment dues au hasard, qui est condamnée à mourir et à disparaître dans le néant de l’oubli après avoir passé quelques années dans la fièvre de l’excitation et dans diverses sortes d’entreprises dépourvues de signification. Les moyens artificiels et trompeurs d’obtenir satisfaction qu’il crée sans fin à son propre usage ne servent à rien contre cette marche irrésistible du temps et la destruction de tout ce qui lui est cher. Tels sont le statut et l’avenir que la philosophie matérialiste a donnés à l’homme et qu’un grand nombre de gens, même des intellectuels, ont étourdiment acceptés parce qu’ils sont incapables de voir la signification réelle des choses qui les entourent. Si la tendance à prendre comme allant de soi les choses qui font notre vie n’était pas si commune et si nous n’étions pas hypnotisés par le sortilège des prouesses de la science, nous verrions que l’attitude pragmatique sur laquelle se fonde la philosophie matérialiste n’est rien d’autre qu’une échappatoire face aux dures et effrayantes réalités du monde physique. Elle fournit au monde scientifique une justification ostensible de sa poursuite irréfléchie de buts qui ne peuvent pas se justifier face à ces réalités. Nous voulons nous plonger dans les problèmes limités à l’immédiat parce que nous n’osons pas faire front aux problèmes plus vastes et très réels qui sont toujours présents à l’arrière-plan. On considère que l’attitude pragmatique uploads/Philosophie/ l-x27-homme-dieu-et-l-x27-univers.pdf
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- Publié le Jan 27, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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