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Université Notre Dame d’Haïti (UNDH) UDERS d’Anse-à-Veau et Miragoâne, Nippes Village Sainte-Anne, Anse-à-Veau, Haïti, W.I EFACAP de Chalon, Route Nationale #2 Cours d’Anthropologie Chrétienne Document du travail en groupe L ’ H O M M E E T L E S C I N Q D I M E N S S I O N S D E L A P E R S O N N E H U M A I N E . N°18, Novembre 2018 Article écrit par Eric, DELASSUS, (Professeur agrégé (Lycée Marguerite de Navarre de Bourges et Docteur en philosophie, Chercheur à la Chaire Bien être et Travail à Kedge Business School). Il vient de co-publier un nouvel ouvrage le 25 Septembre 2018 intitulé « Ce que peut un corps« , aux Editions l’Harmattan, sous la direction d’Eric Delassus et Sylvie Lopez-Jacob. Ses recherches portent plus particulièrement sur des questions d’éthique (médicale, managériale, ou sur les nouvelles technologies) et les usages actuels de la philosophie de Spinoza. L’homme est-il ordinaire ? Si l’homme est un être comme les autres, il n’est pas pour lui-même un être quelconque. Cette perception qu’il a de lui-même et de ses semblables évacue, par conséquent, tout risque de le réduire au rang de simple chose. En ce sens l’inspiration spinoziste n’est pas en totale contradiction avec le projet de repenser d’une autre manière la notion de personne. En effet, pour Spinoza, la nature d’une chose ne correspond pas à une essence immuable et éternelle, les idées générales ne sont que des abstractions, des «êtres de raison», il n’y a de réalités concrètes que singulières et il n‘y a pas de réel écart entre l’essence et l’existence. En réalité la nature d’une chose est toujours le produit d’un réseau de rapports et ce qui est constant ce n’est pas la définition de la chose, mais ce sont les lois qui déterminent la manière d’être de cette chose. Il s’ensuit donc que la nature d’un individu résulte de la complexité de sa composition et de la diversité des rapports qui structurent cette composition. Or, pour ce qui concerne l’individu humain la complexité et la richesse de sa composition est telle qu’elle lui permet de développer des propriétés dont d’autres ne disposent pas sous cette forme. Ainsi, «l’homme pense», il est donc en mesure de percevoir les choses sous forme d’idées et d’avoir conscience de ses désirs. Cela fait que la vie humaine ne se réduit pas à sa dimension purement biologique, la vie humaine «se définit non par la seule circulation du sang et par les autres fonctions communes à tous les animaux, mais avant toute chose par la raison, véritable vertu de l’âme, et sa vraie vie[1]». Qu’en est-il de la « raison » ? Est-elle guidée par le désir, selon Spinoza ? Cette raison qui est au cœur de la pensée de Spinoza ne doit pas se réduire à une raison purement instrumentale qui se limiterait au calcul des moyens par lesquels nous sommes en mesure de réaliser des fins dont la raison ne serait pas en mesure de justifier le bien- fondé pour l’homme. La raison dans sa dimension purement instrumentale peut très bien se mettre au service de fins totalement déraisonnables, c’est-à-dire d’objectifs que la raison ne peut justifier. Le tragique exemple de la Shoah en est la plus effrayante illustration. Il s’est agi, en effet, pour mener à bien cette effroyable entreprise de mettre la rationalité technique et industrielle au service de la production en masse de la mort. Un tel usage de la raison atteint le comble de la déraison dans la mesure où elle met ce qu’il y a de plus humain au service de l’inhumain. Certes, la raison peut expliquer pourquoi certains esprits malades ont pu entreprendre la réalisation d’un tel projet. La psychologie, la sociologie, l’histoire ont tenté et tentent encore d’identifier les causes qui ont pu déterminer de telles exactions. Mais, expliquer n’est pas justifier, comprendre n’est pas légitimer, c’est-à-dire démontrer que ces entreprises sont bonnes et utiles pour les hommes. Or, la raison qui est «la vraie vie» de l’esprit est une raison qui s’interroge sur la fin ultime de toute chose, sur ce à quoi toute chose est, ou non, vraiment utile, c’est-à-dire en mesure d’accroître la puissance d’être et d’agir des hommes. Il convient ici de préciser que par puissance il ne s’agit pas ici de désigner un pouvoir qui s’exercerait sur autrui dans le but de le soumettre, il s’agit de la capacité de produire des effets positifs, des effets par lesquels cette puissance s’accroît pour soi-même et pour autrui. Cette puissance chez l’homme est celle du désir, cette force qui nous pousse à créer et à entreprendre dans le but de nous rendre utile tant à nous-mêmes qu’aux autres. «Rien n’est plus utile à un homme qu’un autre homme guidé par la raison» et celui qui cherche à réduire les autres en servitude n’est finalement qu’un être faible, un individu qui ne fait que se donner l’illusion d’accroître sa propre puissance en diminuant celle des autres. La raison qui est à l’œuvre ici est donc une raison qui n’est pas pas dissociable des affects puisqu’elle est intrinsèquement liée au désir humain, elle ne peut donc être coupée des sentiments et des émotions, «nos idées ne sont pas des peintures muettes sur un tableau»[2]. À toute idée est corrélée un affect, il y a des idées qui rendent joyeux et d’autres qui rendent tristes, il y a des idées qui accroissent ma puissance d’être et d’autres qui la diminuent. Ainsi, l’idée de justice qui est une idée adéquate lorsqu’elle exprime le désir de créer les conditions qui rendent réellement possible la concorde entre les hommes est une idée bien plus puissante que l’idée de vengeance qui n’est que l’expression d’un ressentiment qui n’a d’autre effet que de détruire sans rien construire. La raison est donc cette puissance qui permet à l’homme de comprendre la manière dont «son esprit est uni à toute la nature[3]», compréhension qui ne peut qu’affecter positivement l’esprit en réorientant son désir vers ce qui lui est vraiment utile. C’est sous cet angle que l’on peut interpréter cet usage de la raison comme la voie à suivre pour redonner sens à l’existence humaine. Elle est ce qui met l’homme en mouvement en tant qu’être pensant animé par des désirs qui lui sont propres et qui font de lui une personne, c’est-à-dire un individu pour qui l’homme vaut plus que tout autre chose. La complexité de l’homme vient d’ailleurs de ce qu’il est un type d’être dont l’une des propriétés principales est d’avoir besoin de ses semblables pour accroître sa perfection. C’est en ce sens que malgré son déterminisme foncier la philosophie de Spinoza est un éthique. On peut donc en dégager une nouvelle définition de la personne laïcisée et construite en termes plus relationnels que substantiels, même si ce terme n’apparaît pas sous sa plume parce qu’à son époque il était trop fortement connoté sur le plan métaphysique et religieux. Quelles sont les 5 dimensions de la personne humaine ? L’homme est une personne par les relations qu’il entretient avec ses semblables. Il est d’abord un être relié qui est en mesure de donner un sens à son existence par les liens qui l’unissent aux autres hommes. Ces liens s’enracinent dans l’intersubjectivité et la singularité de chacun à partir desquelles se constitue l’altérité de chaque personne humaine pour les autres hommes. L’intersubjectivité Avec cette notion nous quittons Spinoza pour nous aventurer sur les terres de la phénoménologie, ce courant philosophique dont le fondateur est Edmund Husserl et qui se donne pour tâche de décrire la manière dont nous prenons conscience des choses, la manière dont notre conscience se déploie comme relation au monde. En effet, l’une des thèses fondamentales de la phénoménologie husserlienne réside dans la notion d’intentionnalité, dans l’idée selon laquelle toute conscience est conscience de quelque chose : Le mot intentionnalité ne signifie rien d’autre que cette particularité foncière et générale qu’a la conscience d’être conscience de quelque chose[4]. En effet la conscience n’est jamais pure, il nous est impossible de n’avoir conscience de rien, de ne penser à rien. Avoir conscience, être conscient, c’est toujours viser autre chose que soi-même, c’est établir une relation avec un monde qui se constitue comme horizon de sens. Ce monde dans lequel nous sommes plongés dès la naissance ne se réduit pas à sa dimension physique et matérielle, il est aussi celui de la coexistence des consciences et c’est par l’expérience originaire de cette coexistence que chacun s’inscrit dans ce que Husserl nomme intersubjectivité, cette caractéristique qu’a la conscience d’être toujours habitée par la présence d’autrui. Ce terme désigne littéralement ce qui se tisse entre des sujets. Chacun se perçoit comme sujet parce que d’autres sujets le perçoivent comme tel. Chacun intègre en sa conscience la présence de l’autre, chacun est pour l’autre un alter ego, une autre personne. En résumé, la conscience n’est jamais repliée sur elle-même mais intègre toujours la présence de l’autre, uploads/Philosophie/ l-x27-homme-ordinaire-et-les-cinq-dimenssions-de-la-personne-humaine-du-prof-eric-delassus.pdf

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