I MAXIME FREDERICK LA PENSÉE CHEZ HEGEL Mémoire présenté à la Faculté des étude

I MAXIME FREDERICK LA PENSÉE CHEZ HEGEL Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l'obtention du grade de Maître es arts (M.A.) FACULTÉ DE PHILOSOPHIE UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2007 © Maxime Frederick, 2007 RESUME Le but premier de ce mémoire est de répondre à la question suivante : « Comment est-il possible pour un individu humain de penser ? ». Nous avons vu en la philosophie de Hegel, où la pensée se comprend comme une singularisation absolue d'une universalité absolue, une solution à ce problème. Le plan qui sera suivie au cours de ce mémoire se divise en trois moments. Dans un premier temps, nous avons analysé le concept d'universalité. Ensuite, nous nous sommes penché sur la pensée elle-même, pour la comprendre et la circonscrire. Enfin, nous avons abordé la relation entre cette pensée universelle et un individu humain, ce qui répond à notre question initiale et clôt notre recherche. TABLE DES MATIÈRES Résumé Table des matières Introduction L'universalité 1) La certitude sensible 2) La perception 3) Force et entendement Intermède La pensée Intermède L'humain et sa relation à la pensée universelle Conclusion Bibliographie INTRODUCTION Toute recherche authentique, qu'elle soit scientifique, philosophique, artistique, etc., naît d'un questionnement, d'un désir d'en savoir plus. Le présent mémoire n'aurait jamais vu le jour si nous ne nous étions pas d'abord étonné sur un aspect humain qui nous paraissait contradictoire, voir même illogique. « Ce fut, en effet, l'étonnement qui poussa, comme aujourd'hui, les premiers penseurs aux spéculations philosophiques ». « Comme aujourd'hui » disait Aristote, mettant ainsi l'accent sur l'intemporalité de la précieuse vérité qu'il nous confiait. Or, l'étonnement à la base de notre humble quête philosophique, dont ce mémoire est l'aboutissement, provient de la pensée. Il nous sembla étrange qu'un individu humain puisse penser, car enfin, n'affirme-t-on pas quotidiennement que la pensée est universelle, que les concepts avec lesquels elle s'exprime procèdent d'une certaine universalité puisqu'ils signifient une totalité d'objets similaires, par exemple le concept « abeille » renvoie à tous les insectes ayant un dard, vivant dans une ruche et produisant du miel, que de plus ces concepts universaux appartenant à la pensée permettent aux individus de communiquer entre eux au moyen d'un langage qui, justement parce qu'il donne la chance à l'individu de s' « ex-primer », de sortir hors de soi, dénote une transcendance de la pensée et de ses concepts face aux individus humains particuliers ? On l'affirme, et avec raison. Seulement, on en reste trop souvent là, sans prendre note du mystère qui émane de ces constats. En effet, certains phénomènes masquent leur mystère et leur étrangeté par leur quotidienneté coutumière. Ayant une expérience journalière de ceux-ci, ils nous apparaissent tout à fait familiers, et parce que tel, nous ne nous attardons pas à les questionner, à les examiner de plus près. La pensée entre dans cette catégorie de phénomènes, et même elle en est un des exemples les plus frappant. Si nous la considérons comme une activité, nous constatons qu'elle est toujours présente. Jamais nous ne nous arrêtons de penser, elle est une activité perpétuelle. Ce qui explique pourquoi nous nous émerveillons rarement de son existence. Cet émerveillement repose à la base de toute notre recherche actuelle. Comment est-il donc possible qu'un individu puisse penser ? Car la pensée s'effectue par des concepts universaux, alors qu'un individu n'est toujours que particulier. Comment ces concepts et 2 cet individu peuvent-ils se réunir ? La pertinence de cette question, cependant, relève de l'universalité de la pensée et de ses concepts. Dépossédez-les de cette caractéristique et notre question perd toute sa valeur, puisque alors il n'y aurait rien d'intrigant à ce qu'un individu particulier pense au moyen de concepts eux aussi particuliers. Ainsi, tout notre mémoire se veut une réponse à la simple et unique question suivante : « Comment est-ce possible pour un individu humain de penser ? ». On le constate aisément, la généralité de cette question, ses vastes connotations sémantiques, remplirait d'effroi quiconque entreprendrait d'y répondre. N'ayant ni les connaissances philosophiques requises ni l'expérience de réflexion nécessaire pour aborder seul cette vertigineuse question, nous avons plutôt cru bon de la poser à une personne décidément versée en la matière : Georg Wilhelm Friedrich Hegel. Bien qu'il semble difficile de résumer une philosophie aussi dense et variée que celle de Hegel, il n'en demeure pas moins vrai que l'un des questionnements à la base de sa pensée relève de la relation existant entre, d'un côté, un universel, qu'il soit représenté comme un dieu ou un état, et, de l'autre côté, les individus qui accordent valeur à cet universel. Il suffit d'examiner ses œuvres de jeunesse pour s'en persuader. Elles ont principalement pour sujet la religion juive et chrétienne ainsi que la vie politique du peuple grec. Car Hegel portait un regard nostalgique sur l'antiquité, où les communautés vivaient leur religion et participaient activement aux intérêts de leur cité. Il déplorait l'inanité dans laquelle était plongées la religion et la politique de son temps, où l'individu se retrouvait coupé, séparé de la substance universelle vivante et vivifiante au cœur de toute véritable société. Selon lui, il ne restait plus qu'une connaissance morte, analytique et exégétique de la religion, un savoir de sa lettre et non de son esprit. Pour contrer ce type de savoir, Hegel y opposa l'amour, qui, alors que le savoir d'une conscience consiste toujours en une séparation entre elle et son objet, unifie des termes opposés. Malgré qu'au fil des années Hegel ait modifié sa position, le problème fondamental auquel il tenta de procurer une solution aura toujours resté le même : l'union de l'universel avec l'individu. Nous voyons à quel point ce problème rejoint le nôtre, car c'est en tant que la pensée recèle le caractère de l'universalité que sa relation avec un individu humain nous étonne autant. Donc, étudier la philosophie de Hegel en vue de résoudre notre propre questionnement nous apparut comme allant de soi. 3 Depuis son apparition, cette philosophie fut constamment décriée pour son apparente incompréhensibilité. Pour certaines personnes, cette critique provient moins de la difficulté conceptuelle des textes hégéliens que de leur propre paresse intellectuelle face à cette difficulté. Cependant, le premier abord de la philosophie hégélienne reste néanmoins ardu. Par contre, nous croyons que cela relève de l'une de ses principales caractéristiques et qu'une fois cette caractéristique ainsi que la difficulté qui en découle sont expliquées, la lecture des œuvres hégéliennes s'en trouve facilitée. Pour Hegel, la philosophie est une science, et même la seule véritable science, celle qui expose le développement nécessaire de la vérité absolue. Loin de dénigrer les autres sciences, la philosophie se les incorpore comme autant de degrés à son développement. Ainsi, les points de départ de chacune de ces sciences, c'est-à-dire les axiomes non démontrés, non prouvés, à la base de toute science, par exemple l'existence des nombres pour les mathématiques ou celle de la réalité naturelle pour la physique ou encore la présence de la vie pour la biologie, sont tous des présuppositions. Or, en tant que tel, ils sont tous contingents. Le monde naturel aurait très bien pu exister autrement et les lois physiques que nous connaissons aujourd'hui ne lui seraient peut-être pas applicables. Ainsi, parce que le point de départ de la science physique, le monde naturel, n'est pas démontré dans sa nécessité par cette science, il devient contingent, ce qui signifie qu'il n'est qu'une simple possibilité, qu'il aurait pu être différemment. Puisque ce point de départ se retrouve à la source de tous les raisonnements ultérieurs de cette science, c'est la physique au grand complet qui se voit dès lors empreinte de contingence. La même conséquence se produit pour toutes les sciences qui ne démontrent pas leur point de départ. On a de tous temps exigé de la philosophie, au contraire des autres sciences, de prouver l'existence de son point de départ, que ce soit Dieu, la nature, etc., ce qui n'est pas une demande exagérée si la philosophie consiste en l'expression de la vérité absolue. Par ailleurs, il faut bien commencer quelque part, et, peu importe où l'on commence, le commencement sera toujours une présupposition car, par définition, rien ne vient avant le commencement. La solution qu'apporte Hegel à ce problème du commencement en philosophie engage la totalité de sa pensée. Pour qu'un commencement ne soit pas une présupposition, il faut que toute la démonstration qui débute par ce commencement se termine aussi avec lui. Il faut que l'aboutissement de cette démonstration soit la preuve de / -i son propre point de départ. De cette façon, ce dernier sera désormais nécessaire. Ainsi, la philosophie de Hegel, son système, qui se veut l'expression et le développement de la vérité absolue, prend la figure d'un tracé qui revient sur lui-même, en d'autres mots d'un cercle. La philosophie hégélienne n'est finalement qu'une grande, riche et complexe preuve d'elle-même, qu'une fondation de soi-même par soi-même. Bien sûr, certains dénonceront vertement cette pensée comme un affront à la logique uploads/Philosophie/ la-pensee-chez-hegel.pdf

  • 142
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager