Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert QUE SAIS-JE ? La philos

Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert QUE SAIS-JE ? La philosophie du langage SYLVAIN AUROUX Deuxième édition mise à jour 5e mille Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Introduction a philosophie du langage ne correspond ni à un concept ni à un champ disciplinaire bien constitué. On entend par là un ensemble de réflexions d’origines diverses : remarques des philosophes concernant le langage [1], analyses techniques construites à partir des formalismes logiques, évaluations du rôle du langage ordinaire, représentations construites à partir des savoirs positifs prenant le langage pour objet (« philosophie de la linguistique »). Malgré son hétérogénéité et, avouons-le, un évident manque de consistance théorique de l’ensemble, il s’agit probablement du secteur le plus important et le plus difficile de la philosophie. La question du langage touche, en effet, ce qui fait la spécificité de l’humanité et la nature de la rationalité. Chaque champ de notre expérience fait l’objet de constructions théoriques (ce que nous appelons des « sciences »), lesquelles donnent lieu à de délicats problèmes philosophiques : l’infini pour les mathématiques, la structure ultime de la matière pour la physique, la nature de la vie pour la biologie, la liberté pour le droit et la morale. Pour le langage, L Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert ces problèmes sont de deux ordres. Le premier concerne la nature de la signification. Quel type d’entité est la signification d’un mot ou d’une phrase ? D’où vient que le langage signifie ? Le second concerne l’universalité. Lorsque je parle, comment se fait-il que l’on me comprenne et, de plus, qu’on puisse me traduire dans une autre langue ? Évidemment, la question touche à la nature de la pensée. On pourrait dire que, dans le fond, de même que l’infini est la clé métaphysique des mathématiques, l’universalité est celle des sciences du langage. Il y a toutefois une différence considérable. Il ne viendrait à l’esprit d’aucun philosophe d’aborder directement, par ses moyens conceptuels propres, la philosophie du nombre. On exigera toujours la médiation par la connaissance du corps de savoir positif en quoi consiste l’arithmétique. De la même façon, les « philosophies de la nature » de la période romantique ont été remplacées par la philosophie de la physique. Il n’en va pas de même pour le langage : la philosophie du langage ne se réduit certainement pas à la philosophie des sciences du langage. Beaucoup de philosophes n’ont même pas une connaissance très approfondie de la question. Il y a à cela plusieurs raisons. T out d’abord, non seulement chacun d’entre nous se Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert trouve immergé dans le langage comme en son lieu naturel, là où il maîtrise sa présence au monde et son humanité. Il en découle une représentation spontanée de la nature du langage, souvent adossée aux connaissances élémentaires que tout le monde acquiert avec la grammaire scolaire. Ensuite, depuis les sophistes, en passant par les Réfutations sophistiques d’Aristote, l’utilisation même du langage quotidien dans la connaissance ou la communication s’est révélée minée par la question des ambiguïtés sémantiques. Cette critique a été accentuée, à l’époque moderne, par le développement des nomenclatures scientifiques et l’idée de la nécessité d’une réforme de notre langage quotidien – qui serait ambigu et imprécis – pour l’adapter aux sciences (Bacon, Locke). Enfin, entre la fin du xixe siècle et la première moitié du xxe, la construction de langages formels destinés à représenter les systèmes logiques (Frege, Russell) a permis de dégager des questions qui, tout en étant d’un intérêt général, possédaient un impact technique sur l’utilisation de ces systèmes (la calculabilité, la quantification, la signification, les attitudes propositionnelles, etc.). Souvent, dans le contexte anglo-saxon, « philosophie du langage » se réduit soit à ces discussions techniques, soit à leur critique radicale par le biais d’une revalorisation du « langage ordinaire » (Austin, Moore, seconde Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert philosophie de Wittgenstein, Urmson), y compris pour la discussion des problèmes ontologiques. Les philosophes continentaux, à la suite de Husserl, se sont davantage intéressés aux conditions de possibilité de la signification elle-même. Elle dépendrait d’une propriété de notre conscience, l’intentionnalité (« T oute conscience est conscience de quelque chose »), par laquelle rien n’a de sens que dans la visée d’une conscience. Dès lors s’ouvre la possibilité de concevoir une grammaire universelle a priori. Dans ces conditions, il paraît très difficile de se repérer dans la complexité de la philosophie du langage. Nous ne sommes même pas sûrs de pouvoir traduire les problèmes émergents dans un champ pour les traiter dans un autre champ. Dans cette courte introduction [2], nous garderons comme fil conducteur la question de la rationalité. On définit l’homme par le langage et par la raison, ce qui signifie que sans langage, il n’y aurait pas de rationalité. La raison et le langage peuvent-ils se confondre comme le supposaient les projets de langue universelle ? Que signifie pour la raison humaine le fait que le langage nous soit donné sous la forme d’une multiplicité de langues différentes [3] ? Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Notes [1] Cela ne signifie pas que toute philosophie s’intéresse nécessairement au langage, en tant qu’il est donné dans la diversité des langues. Le silence de Kant en la matière s’explique par une attention exclusive à l’universalité de la pensée : les langues sont arbitraires et donc contingentes. [2] Voir S. Auroux, J. Deschamps et D. Kouloughli, La Philosophie du langage Paris, Puf, 1996 ; 2004, 2e éd.. revue [3] Je remercie F. Mazière pour une relecture attentive du manuscrit qui m’a permis de rectifier de nombreuses coquilles. Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Chapitre I Langage et humanité our se moquer de ses interlocuteurs, Socrate a proposé une définition de l’homme comme « bipède sans plume ». Incontestablement, l’homme marche sur deux pieds et ne possède pas de plume ; mais il en va de même d’un poulet que l’on a plumé ! La définition de l’homme qui deviendra canonique en Occident sera « animal rationnel » ou, plutôt comme disait Aristote, « animal possédant le logos ». La raison et le langage sont, indissociablement, les attributs même de l’humanité. Dès lors, la question de fond devient celle de savoir comment on peut caractériser la spécificité du langage humain. I. Le théorème de Platon et la proposition C’est à Platon, dans le Sophiste, qu’il revient d’avoir posé les premiers éléments d’une conception forte de la nature du langage : P Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert Des noms tout seuls énoncés bout à bout ne font donc jamais un discours (logos) pas plus que des verbes énoncés sans l’accompagnement d’aucun nom (362 a). On ne dira jamais assez l’importance de ce « théorème de Platon ». Il est essentiel pour la définition du langage humain. Il y a langage s’il y a logos, autrement dit phrase ou proposition : une liste de signes n’est pas du langage. Plus encore, cette entité est composée d’au moins deux éléments distincts, onoma et rhêma, autrement dit ce que l’on dit et ce que l’on dit de ce que l’on dit. Ultérieurement, on pourra interpréter ces deux éléments comme sujet et prédicat, Platon les interprète directement en désignant des catégories de son vernaculaire, le nom [1] et le verbe. Cela signifie que la communication du type « langage humain » est véhiculée par la proposition, entité composée d’unités catégorisées par leur rôle en son sein. C’est un résultat non trivial, favorisé par le très fort marquage de l’opposition verbo-nominale dans les langues indo-européennes. Il désigne une propriété purement linguistique, je veux dire non déductible du fait que tel ou tel signe désigne ceci ou cela (le nom, la substance et le verbe, l’action). Le caractère « propositionnel » du langage humain est toujours plus ou moins directement impliqué dans toute tentative pour définir la spécificité du Facebook : La culture ne s'hérite pas elle se conquiert niveau linguistique par rapport à tout autre. La première discipline à bénéficier du théorème de Platon fut incontestablement la logique. Aristote ne s’intéresse qu’à une partie du logos platonicien, le logos apophantikos, apophasis (kataphasis pour la proposition affirmative), prothasis (prémisse d’un syllogisme) : Le discours (logos) est un son vocal, et dont chaque partie, prise séparément, présente une signification comme énonciation et non pas comme affirmation (De l’interprétation, III, 16 b 26-28). Pourtant, tout discours (logos) n’est pas une proposition, mais seulement le discours dans lequel réside le vrai ou le faux, ce qui n’arrive pas dans tous les cas : ainsi la prière est un discours, mais elle n’est ni vraie ni fausse (De l’interprétation, IV, 17 a 1-5). Nommons « proposition 1 » le logos en général, tel qu’il apparaît chez Platon, et « proposition 2 », le logos qui intéresse le logicien, c’est-à-dire celui qui est porteur de vérité. Comment uploads/Philosophie/ la-philosophie-du-langage 1 .pdf

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