Université Mohamed premier Oujda Faculté Pluridisciplinaire Nador Année univers

Université Mohamed premier Oujda Faculté Pluridisciplinaire Nador Année universitaire 2019/2020 Département de LLF Filière d’Etudes Françaises Semestre 6 Option Linguistique Aperçu Global du Cours de La Pragmatique. Pr. CHICAR Mouman Les étudiants sont invités à développer ces axes de réflexion à partir d’une lecture approfondie des textes suivants : -John Langshaw Austin, Quand dire c’est faire, Ed. Seuil, Paris, 1962. -J. L. Austin, Le langage de la perception, Ed. Armand Colin, Paris, 1971. -O. Ducrot/ T. Todorov, Dictionnaire encyclopédique des sciences du langage, Seuil, Paris, 1972. -O. Ducrot, Dire et ne pas dire, principes de sémantique linguistique. Col. Savoir : science. Editeurs des sciences et des arts 1972. -O. Ducrot, Le dire et le dit, Minuit, Paris, 1980. Ce cours s’adresse aux étudiants ayant une connaissance poussée de la linguistique générale, en l’occurrence de la théorie de F. de Saussure, puisque toutes les recherches linguistiques modernes ont des dettes envers ce linguiste, qualifié assez souvent du « père de la linguistique ». Pour ce faire, il est impératif de lire « le cours de linguistique générale » de F. De Saussure et « Problèmes de linguistique générale » en deux tomes, écrits par E. Benveniste. En fait, c’est le seul linguiste (Saussure) qui a essayé de définir la langue et d’examiner ses mécanismes internes durant la première moitié du vingtième siècle déjà, en travaillant sur « le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes » en 1879. Seulement, ce grand savant obsédé par le désir d’assoir la linguistique moderne sur des fondements fiables et solides « a du oublier » certains facteurs extralinguistiques majeures, qui interviennent pour assurer une fonction de taille dans la signification de la langue, comme c’est le cas du contexte, une thèse défendue « brillamment » par J. L. Austin. Peut-être le linguiste autrichien n’a pas eu le temps de dépasser sa définition détaillée de la langue, il faut le dire et ses dichotomies, puisqu’il a subitement et très tôt disparu. Pour le pragmaticien anglais donc, le contexte l’emporte sur la langue qui semble être dénuée de sens avant d’être actualisé dans un contexte. 1/ Avant d’entamer la théorie d’Austin et la présupposition de Ducrot, il est crucial de brosser un bref historique sur la pragmatique linguistique ayant vu le jour la première fois aux Etats unis d’Amérique, une philosophie qui ne sera développée qu’après la première guerre mondiale. (Travail à effectuer par les étudiants). 2/ Objet de la Pragmatique. A/ (Rappel du centre d’intérêt des principales disciplines de la linguistique). La Syntaxe enquête sur les rapports entre les signes dans une phrase ou dans un énoncé complexe. Généralement, on commence une phrase par un nom sujet, suivi d’un verbe transitif ou intransitif et d’un autre substantif complément d’objet direct ou indirect. Il s’agit de veiller à ce que les unités (les mots) sont combinées selon une structure syntaxique selon les règles de grammaire de la langue en question. La Sémantique traite les rapports entre les signes et la réalité. Elle vise à se donner le moyen d’interpréter des formules et de les mettre en correspondance avec autre chose pouvant représenter la réalité. La Sémiotique se présente comme un outil d’analyse pour déchiffrer la signification de textes dont le sens ne se manifeste pas à travers les unités constitutives. Pour les sémioticiens, les textes (le conte, les genres de l’oralité, la poésie…), doivent être interprétés en termes de signification, qui se présente comme un long processus où plusieurs facteurs entrent en jeu, et non en termes de sens. La Pragmatique traite les rapports entre les signes et leurs utilisateurs. Il s’agit de se poser la question : quel usage fait-on du langage et pourquoi ? Le langage n’est plus un moyen de communication, mais un outil d’agir sur autrui. Par conséquent, parler c’est agir. Une thèse qu’on entend rarement même aujourd’hui. La langue est assimilée à un « moyen de communication ». Or, entre nous et un locuteur mendiant s’adressant (à nous) pour demander la charité , il n y a pas de communication. La langue ne serait pas pour ce sujet un moyen de survie ? De même dans un discours politique ou syndical, il n y a ni communication ni échange. La pragmatique linguistique place, donc, la parole et l’intention de communication du locuteur au centre de l’analyse du langage. C’est la partie de la linguistique qui étudie les éléments du langage dont la signification ne peut être comprise qu’en connaissant le contexte de leur emploi. Le contexte chez les Pragmaticiens linguistes, dépasse la sphère de la simple situation de communication telle qu’elle est conçue par R Jacobson. Ce qui veut dire que les facteurs contextuels en question s’étalent pour atteindre le social et le culturel. C’est là l’un des apports considérables de la Pragmatique. Soutenir et expliquer par le biais du langage ordinaire que, sans le recours et l’investissement dans le contexte, le sens est difficilement appréhendable. Observons ce qu’en dit Ducrot dans l’un de ses articles intitulé « Présupposés et sous-entendus » (Revue française du langage 1969). « Décider quelle est la signification de l’énoncé hors de ses occurrences possibles, c’est là dépasser le terrain de l’expérience et de la constatation, et faire une hypothèse, peut-être justifiée, mais en tout cas a besoin d’être justifiée. Croire qu’on peut éviter cette difficulté à l’aide d’une centaine d’expériences imaginaires qui consistent à essayer de se représenter l’effet éventuel de l’énoncé s’il était prononcé hors contexte, c’est se tromper soi-même ; car ce qu’on appelle une occurrence hors contexte, ce n’est qu’une occurrence dans un contexte artificiellement simplifié, et il n’est nullement nécessaire que la signification constatée dans ces conditions permette de comprendre les significations enregistrées dans les contextes naturels ». B/ Les actes du langage chez J. l. Austin. Austin, qui a tendance à privilégier le langage ordinaire dans ses recherches pragmatiques, ne parle pas de texte, ni d’énoncé ni de phrase mais plutôt d’ « Acte de langage » qui serait un outil mis en œuvre par un locuteur pour agir sur son entourage. Et de là, la fonction de communication attribuée depuis tous les temps et même aujourd’hui à la langue, semble être compromise puisque pour les pragmaticiens linguistes, on ne communique rien, ou encore, admettons qu’on le fait, ce qu’on transmet à l’autre n’est ni vrai ni faux. On ne parle pas donc, mais on agit sur l’interlocuteur pour déclencher chez lui une réaction précise dans le cadre d’un acte appelé « perlocutoire ». Cet effet que le locuteur souhaite éveiller chez l’autre précède le langage, c'est-à-dire, avant d’entamer une conversation avec un sujet (partenaire), j’ai en tête cet effet, et si au terme de ma conversation je me rends compte que je n’ai pas pu réaliser ce que je devais réaliser, Austin parle d’ « échec » qui se métamorphose pour devenir un malheur. C’est ce que le philosophe anglais explicite dans sa deuxième conférence puisée dans son texte « capricieux » (Quand dire c’est faire). Dans le même sens, l’auteur explique que cet échec qui se développe pour devenir un malheur chez le locuteur (puisqu’il n’a pas pu acquérir chez l’interlocuteur ce qu’il désirait avant de s’engager dans un échange avec un interlocuteur), n’est pas d’ordre langagier mais contextuel. C'est-à-dire que ce n’est pas la langue qui a été à l’origine de notre échec ou encore de notre malheur, mais c’est notre investissement dans le contexte qui n’a pas mis de son côté tous les facteurs de réussite et écarter les facteurs d’échec. Est-ce que c’est la fin ? Est-ce que cet échec est constant ? Non bien entendu. Pour Austin il est toujours possibilité de reprendre dès le début tout en veillant à investir pleinement dans le contexte (tout ce qui est extérieur au langage et pourtant fait partie d’une situation d’énonciation, espace, temps, âge, sexe, statut social…). Alors, puisque justement ce texte est censé être un cours, un petit exemple peut jeter des lumières sur cette théorie. Imaginons un personnage acteur ou comédien qui est chargé de divertir un public (lui faire rire) ; jeunes locuteurs en difficultés psychologiques, personnes âgées dans un hospice, prisonniers etc. le comédien investit dans son contexte, espace, décor, côté vestimentaire…. Le discours tourne autour des femmes divorcées qui sont conçues culturellement chez certaines populations dans une optique arrogante. L’artiste s’active et discoure durant plus d’une heure, il se rend compte que la salle ne « rie » pas, donc il a échoué. Il s’agit de s’engager dans une enquête sur les facteurs d’échec. En fait, dans cet espace, lieu d’exposition, parmi le public ciblé, il est une femme divorcée et connue comme telle par ses condisciples. S’ils n’ont manifesté aucun signe d’enchantement (ne pas rire), c’est qu’ils étaient contre le fait d’évoquer le divorce ou cette blessure dans certaines cultures comme la notre. Et ne pas rire justement, est un geste de compassion avec leur collègue. C’est la raison pour laquelle, nous disions ici même que le contexte dont il est question en pragmatique, dépasse les simples contours de la uploads/Philosophie/ cours-pragmatique-mr-chikar.pdf

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