LA PROBLÉMATIQUE METAPHYSIQUE DANS LA PENSEE DE MARTIN HEIDEGGER Mejame Ejede C
LA PROBLÉMATIQUE METAPHYSIQUE DANS LA PENSEE DE MARTIN HEIDEGGER Mejame Ejede Charley Maitre de conférence Université de Yaoundé La métaphysique constitue l'un des thèmes centraux de la pensée de Martin Heidegger qui y a consacré beaucoup d'écrits après Sein Und Zeit(1927).1 Conformément aux préoccupations de cet écrit, la question qui se pose pour nous est de savoir si lui aussi considère la présence de la métaphysique en philosophie comme un problème et s'il propose lui aussi éventuellement de l'éliminer du domaine scientifique ou s'il propose une autre solution. L'on peut dire tout de suite que Heidegger n'est pas de ceux qui veulent éliminer la métaphysique du domaine de la science, et encore moins de ceux qui cherchent sa destruction, mais il semble que, dans une première phase de sa longue carrière philosophique, il considérait la métaphysique comme l'ontologie fondamentale et même comme une science. Dans une deuxième phase de sa vie, il semble avoir adopté une position vis-à-vis de la métaphysique qu'il considère comme responsable de l'Ausbleiben de l'être de l'étant. Mais dans l'ensemble, il est plutôt difficile de saisir avec précision sa pensée concernant la métaphysique. Nous allons ici sérier Ce qui nous semble constituer les points forts de sa position sur la 1 Kant und das Problem der Metaphysik (1929), Was ist Metaphysik? (1930), Einfürung in die Metaphysik (1953),Die onto-theologische Verfassung der Metaphysik (1958). 1 métaphysique: Primo, dès le premier chapitre de Sein Und Zeit (être et Temps) de 1927, Heidegger, tout en le récusant comme une nouvelle γιγαντοµαχìα_περì_της_ουσας, (un combat de Titans à propos de l'être), oriente son projet dans une franche répétition de la question de l'être qui est aujourd'hui tombée dans l'oubli, mais qui avait tenu en haleine Platon et Aristote dans leur investigation, les résultats de cette investigation s'étant néamoins conservés à travers toute une variété de décalages et de ''repeints'' jusque dans la logique de Hegel. La métaphysique, est, selon lui, la représentation de l'être de l'étant, tout en étant toujours le dépassement de l'étant. Pour être conséquent avec sa définition de la métaphysique, il aurait dû la rebaptiser méta-étant car l'interrogation méta-physique ne transcende pas la nature(la physis) comme dans la doctrine classique, mais transcende(méta-)plutôt l'étant. D'ailleurs ne va-t-il pas lui-même dire plus tard à propos de la ''physique'' d'Aristote qu'il considère comme le ''livre de fond de la philosophie occidentale'' que cela n'a pas de sens quand on dit que la ''physique '' précède la ''métaphysique'', vu que la métaphysique est tout autant ''physique'' que la physique est métaphysique.2 Le nom même de méta-physique a quelque de magique avec laquelle Heidegger semble jouer tout le temps d'autant plus que la structure de la langue allemand permet de former des mots qui se prêtent à un pareil jeu. 2 Heidegger, Questions 11,1968 p.183. 2 Ainsi dans sa conférence inaugurale de 1929 à l'Université de Freiburg (en Breisgau) portant sur le ''Qu'est que la métaphysique?'', Heidegger reprend le mot de Hegel selon lequel la philosophie est ''le monde à l'envers'' et l'applique à la métaphysique qui possède un double caractère.3 Après une longue considération sur le néant ou l'angoisse originelle qui, à tout instant, peut se lever dans la réalité -humaine et la retient dans la présence originelle du néant, il laisse, par une série d'affirmations, la métaphysique se présenter elle-même:a) elle est une interrogation sur le néant, ou la finitude de l'homme:b)être retenue dans le néant par la cause de l'angoisse cachée, c'est pour la réalité-humaine passer au-delà de l'existant dans son ensemble; c'est la transcendance ; c) notre interrogation sur le néant doit nous présenter la métaphysique elle-même(….); d) la métaphysique, c'est l'interrrogation qui dépasse l'existant sur lequel elle questionne, afin de le recouvrer comme tel et dans son ensemble pour en actuer le concept; e) lorsque l'on interrroge sur le néant, on dépasse en ce sens l'existant en tant qu'existant pris dans son ensemble. Cette question s'atteste ainsi comme une ''métaphysique''4 f) la question du Néant traverse et enserre l'ensemble de la métaphysique. Heidegger s'engage dans le débat concernant la définition équivoque du néant considéré subrepticement à la fois comme le non- existant et comme de la matière privée de formes alors que la rigoureuse 3 Heidegger,Questions,1968, p. 47. 4 Heidegger,Questions 11,1968,p. 66-67 3 logique disait que: ex nihilo nihil fit. Du rien, rien ne devient. La dogmatique chrétienne, par contre, niant la vérité de la thèse ex nihilo nihil fit, va transformer la signification du même néant en l'entendant comme l'Absence radicale de l'existant extra-divine et dira: ex nihilo fit…. ens creatum. Cette première forme du néant étant banalisée, le néant devient alors la notion antithétique de l'Existant véritable, du summum ens, de Dieu comme Ens increatum. Ici aussi, l'interprétation du néant annonce quelle est la conception fondamentale de l'existant. Mais la discussion métaphysique de l'existant se maintient sur le même plan que la discussion du néant. Cette façon d'aborder la question du néant dissimule le problème que si Dieu crée du néant, il faut alors qu'il puisse soutenir un rapport avec le néant. Or, si Dieu est Dieu, il ne peut pas connâtre le néant, s'il est vrai que l' << Absolu >> exclut de soi tout manqué d'être. "En effet, si le néant nous devient, par une voie ou une autre, un problème, "alors ce n'est pas seulement une définition plus claire que reçoit ce rapport antithétique; c’est le premier éveil de l'interrogation métaphysique authentique sur l'être de l'existant. Le néant ne reste pas l'opposé indéterminé à l'égard de l'existant, mais il se dévoile comme composant l'être de cet existant. " Alors, continue Heidegger, la thèse de Hegel comme quoi "l'être pur et le néant sont identiques"5 devient vraie et être et néant se composent réciproquement, "non point parce 5 Il cite Hegel, Wissenschaft der Logik, 1. Buch, WW,p. 74 4 que tous deux - envisagés par le concept hégélien de la pensée --- concordent dans leur indétermination et leur immédiateté, mais parce que l'être lui-même est fini dans son essence et ne se révèle que dans la transcendance de la réalité-humaine qui, dans le Néant, émerge hors de l'existant’’6.Si l’interrogation sur l’étant en tant qu’étant est la question compréhensive de la métaphysique alors la question du néant s’avère d’une nature tel qu'elle circonscrit et traverse également l’ensemble de la métaphysique pour autant qu’elle nous contraint au problème de l’origine de la négation,et nous amène,à décider de la souveraineté légitime de la ‘’logique’’ en métaphysique.’’La thèse ancienne’’ex nihilo nihil fit’’ prend alors un autre sens, un sens qui concerne le problème de l’Etre lui-même, et elle est à énoncer ainsi: ex nihilo omne ens qua ens fit. Comment alors la question métaphysique du Néant entrâne-t-elle en elle notre réalité-humaine qui questionne? C’est parce que, répond Heidegger, nous avons défini ’’notre réalité- humaine’’comme essentiellement déterminée par la connaissace scientifique et que, si elle se trouve comprise dans l’interrogation sur le Néant, de toute nécessité une telle interrogation aboutit à mettre en question la réalité-humaine dans laquelle l’existent dans son ensemble arrive seulement à soi-même suivant la possibilité qui lui est absolument propre,cest-à-dire selon le mode fini.Cette réalité-humaine qui réalise la science tient sa simplicité et sa netteté tranchante du fait 6 Heidegger, Questions 11, 1968,p. 68 5 que d’une façon privilégiée, elle se rapporte à l’existant lui-même,et uniquement à lui.Heidegger fait ici une série d’affirmations sur le dépassement du Dasein dans le Néant en tant que possibilité ,non seulement de la métaphysique , mais aussi de la science en général :a)c’est la révélation du néant qui rend possible le fait que l’existant peut devenir l’objet de la recherche scientifique,que la science existe de la métaphysique,et qu’elle peut reprendre sans cesse sa tâche essentielle,qui consiste à ouvrir ,par une révélation toujours renouvelée,l’espace total de vérité de la nature et de l’histoire;b)C’est la révélation du néant dans le fonds de la réalité-humaine qui fait que la complète étrangeté de l’existant peut nous assailir,que l’existant éveille et attire sur soi l’étonnement en tant que manifestation du néant qui surgir le’’pourquoi’’;c) c’est la possibilité du pourquoi qui nous permet de questionner sur des raisons et de fonder par des raisons et de confier à notre existence le destin du chercheur;d)la question sur le Néant nous met nous mêmes qui questionnons, en question:c’est une question métaphysique; e)la réalité-humaine ne pouvant soutenir de rapport avec l’existant que si elle se maintient à l’intérieur du néant,le dépassement de l’existant qui s’historialise dans l’essence de la réalité-humaine ,c’est la métaphysique elle-même; f)ainsi la métaphysique compose la’’ nature de l’homme ‘’ et elle est l’historiale qui,fondement de la réalité-humaine,s’historialise comme réalité- humaine;g)la vérité métaphysique résidant en ce fond 6 abyssal(abgründiger Grund),elle a pour voisinage immédiat la possibilité qui guette sanse cesse,de l’erreur la plus profonde.Ici Heidegger insère un trait de polémique contre Husserl en disant que la rigueur d’aucune science n’égale le sérieux de la métaphysique et que jamais la philosophie ne peut être mesurée à la mesure de l’idée de la science. Dans une deuxième période, après la Kehre (le tournant), Heidegger adoptera une position plus uploads/Philosophie/ le-probleme-heidegger.pdf
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- Publié le Mai 19, 2022
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