Le vivant et l'épistél11oIogie des concepts Ouverture philosophique Collection
Le vivant et l'épistél11oIogie des concepts Ouverture philosophique Collection dirigée par Dominique Chateau, Agnès Lontrade et Bruno Péquignot Une collection d'ouvrages qui se propose d'accueillir des travaux originaux sans exclusive d'écoles ou de thématiques. Il s'agit de favoriser la confrontation de recherches et des réflexions qu'elles soient le fait de philosophes "professionnels" ou non. On n'y confondra donc pas la philosophie avec une discipline académique; elle est réputée être le fait de tous ceux qu'habite la passion de penser, qu'ils soient professeurs de philosophie, spécialistes des sciences humaines, sociales ou naturelles, ou... polisseurs de verres de lunettes astronomiques. Déjà parus Bertrand DEJARDIN, L'art et le sentiment. Éthique et esthétique chez Kant, 2008. Ridha CRAIBI, Liberté et Paternalisme chez John Stuart Mill, 2007. A. NEDEL, Husserl ou la phénoménologie de l'immortalité, 2008. S. CALIANDRO, Images d'images, le métavisuel dans l'art visuel, 2008. M. VETO, La Pensée de Jonathan Edwards, 2007. M. VERRET, Théorie et politique, 2008. J.-R.-E. EYENE MEA, L'État et le marché dans les théories politiques de Hayek et de Hegel, 2007. J.-R.-E. EYENE MBA, Le libéralisme de Hayek au prisme de la philosophie sociale de Hegel, 2007. J.-B. de BEAUVAIS, Voir Dieu. Essai sur le visible et le christianisme, 2007. C. MARQUE, L'u-topie du féminin, une lecture féministe d'Emmanuel Lévinas, 2007. J. DE MONLÉON, Personne et Société, 2007. P. DUPOUEY et J. BRUNET (publié par), Roland Brunet, un itinéraire philosophique, 2007. Dominique CHATEAU, l'autonomie de l'esthétique. Shaftesbury, Kant, Alison, Hegel et quelques autres, 2007. Alain DELIGNE (dir.), Éric WEIL, Ficin et Plotin, 2007. Laurent DÉCHERY, Le premier regard, essai d'anatomie métaphysique, 2007. Guillaume Pénisson Le vivant et l'épistémologie des concepts Essai sur Le normal et le pathologique de Georges Canguilhem L'Harm.attan @ L'HARMATTAN, 2008 5-7, rue de l'École-Polytechnique; 75005 Paris http://www.librairieharmattan.com diffusion. harmattan@wanadoo.fr harmattan l@wanadoo.fr ISBN: 978-2-296-05017-4 EAN : 9782296050174 avertissement La présente publication fait suite à un mémoire soutenu en juin 2001 sous la direction de P. Francisci à l'Université de Poitiers. À l'exception de quelques changements de forme, elle reprend le geste initial de ce premier écrit de philosophie. G. P. 2007 introduction Dans Le normal et le pathologique, Georges Canguilhem présente l'exigence de faire se rencontrer médecine et philosophie. Ce geste original qui invite la philosophie à réfléchir les rapports problématiques de concepts liés à des pratiques concrètes mérite bien la désignation d'« essai» que Canguilhem lui a donné en 1943. La médecine comme pratique thérapeutique subit l'influence des concepts de norme et de normal provenant de la science physiologique. Elle se contente d'appréhender le phénomène pathologique comme un simple écart quantitatif par rapport à une normalité dégagée par la physiologie. Le vivant atteint de quelque pathologie que ce soit est alors envisagé comme dépourvu de normes propres, il est considéré comme devant être corrigé et ramené à ce que l'on pourrait appeler la norme scientifique. Or le vivant sain, comme le vivant malade, est possesseur et créateur de normes, c'est ce qui caractérise son individualité et sa spontanéité de vivant. Ces normes ne lui sont pas extérieures mais au contraire travaillent en lui de façon inhérente: elles expriment sa capacité normative ou sa normativité. Pour réfléchir et aborder ce conflit entre les normes scientifiques et les normes propres au vivant, Canguilhem 10 LE VIVANT ET L'ÉPISTÉMOLOGIE DES CONCEPTS développe une histoire des sciences qui introduit les concepts de normal et de pathologique ainsi que les concepts adjacents - santé, maladie, moyenne, normalité- dans leurs perspectives historiques. Cette histoire ne se caractérise pas par la simple exposition du zèle de l'érudition mais plutôt par la volonté de draguer les problèmes laissés en profondeur par certaines tentatives scientifiques de résolution conceptuelle. Considérer les problèmes liés aux définitions et aux usages des concepts par la réflexion rétroactive de leur établissement historique, telle est l'orientation que prend cette histoire des sciences. Le postulat corrélatif à cette démarche est le suivant: la définition ou l'importation d'un concept par les sciences est une tentative résolutive face à un problème que les sciences rencontrent. Toutefois, un tel concept ne fait pas tant disparaître le problème qui l'occupe plutôt qu'il ne l'incarne: il en est la marque ou le signe. La conséquence de ce postulat permet de dessiner les contours d'une première méthode: avant de résoudre les problèmes, il faut chercher à les percevoir précisément, et ce, malgré la déroute dans laquelle une telle « perception» peut nous précipiter. On peut d'ailleurs lire une formulation de cette approche plutôt pragmatique dans la première proposition de 1'« introduction au problème» : « Pour agir, il faut au moins localiser. »1 Le prolongement de cette histoire des sciences prend la figure d'un examen critique des concepts - que nous désignerons dans cet ouvrage par le terme d'épistémologie des concepts - qui cherche à délimiter leurs champs d'application tout autant que leurs prétentions résolutives. Cette épistémologie est d'essence philosophique car elle procède, parallèlement à la critique des concepts qu'elle établit, à un travail de l Le normal et le pathologique, p. 11. INTRODUCTION 11 remaniement de ces derniers, c'est-à-dire à un travail d'élaboration conceptuelle qui vise à les rendre plus opérant avec la particularité de leur objet: le vivant. Mais un tel examen ne va pas de soi. La science est un travail de connaissance de son objet. Elle se manifeste dans le cas de notre étude comme le vivant pensé, tandis que son objet, doué de spontanéité, se trouve du côté de la vie même et, en ce sens, loin de toute réflexion. Il se manifeste alors comme le vivant vécu. Or, si l'on considère la pensée du vivant comme une pensée établissant ses propres normes de fonctionnement de façon extérieure à son objet comment peut-elle alors atteindre la spécificité et la spontanéité même de son objet qui, selon la thèse de Canguilhem est créateur de normes pour lui- même? Cet élément semble agir comme un écran entre la science et son objet et celle-ci, par nature « objectivante », ne peut que difficilement reconnaître - voire ne peut qu'occulter - la subjectivité et l'individualité de son objet. Les modalités d'établissement de la science d'une part et d'existence du vivant d'autre part opèrent et représentent une fracture entre la connaissance de la vie et la vie elle- même. Comment une science dont les exigences et le fonctionnement semblent contraires à ceux du vivant peut- elle alors porter un discours sur lui sans le dénaturer? Une épistémologie appliquée, proche de son objet, qui ne se refuse pas à être travaillée par lui ni à travailler son rapport à lui, et qui donc prend le risque de se laisser déterminer par le vivant selon une certaine philosophie de la vie, n'est-elle pas nécessaire pour éviter de reconduire une distance entre la science et le vivant, entre la connaissance et la vie? En effet, une épistémologie qui se contente de reprendre sous la forme d'un catalogue ou d'une méthodologie abstraite les critères de scientificité 12 LE VIVANT ET L'ÉPISTÉMOLOGIE DES CONCEPTS sans dépasser le point de vue partiel - c'est-à-dire purement objectif - des sciences semble de ce point de vue bien incapable de saisir les difficultés qu'elles peuvent rencontrer avec leur objet. Trois axes, comme autant de clés de lecture de l'essai Le normal et le pathologique, permettent d'aborder ces questions. La première clé soulève la question de la nature du discours scientifique portant sur les concepts de normal et de pathologique. Considérer le discours scientifique comme l'exposition linéaire dans le temps de la découverte des normes physiologiques du vivant contribue à percevoir et à réduire le pathologique comme la simple dérivation quantitative de l'état fixe que serait le normal. Une histoire des sciences sur le modèle de celle pratiquée par Canguilhem permet de comprendre l'élaboration du discours scientifique comme un ensemble discontinu, manifestant des solutions conceptuelles différentes en fonction des époques. L'histoire des sciences est inextricablement liée à une histoire des hommes: le discours des sciences, élaboré par des hommes, subit l'influence des idéologies humaines, en l'occurrence l'idéal du retour de l'état pathologique à l'état sain. Une telle histoire des sciences révèle ainsi la persistance des problèmes derrière la diversité des solutions conceptuelles qu'on leur apporte. En cela elle invite à comprendre le discours des sciences comme étant susceptible de reprises: non pas selon le développement continu du vrai mais suivant d'incessantes tentatives d'approche de celui- ci. Ainsi le problème du normal peut être identifié comme n'étant pas contingent de l'extraction et de l'édification positive des normes du vivant par la science mais plutôt comme résultant d'une reprise du discours scientifique sur les normes. La vérité présupposée de la normalité INTRODUCTION 13 physiologique laisse alors place à la recherche et à la découverte de la valeur qualitative du pathologique. Cette reprise du discours scientifique mène à la seconde clé de lecture mettant en jeu la question de la possibilité, pour une épistémologie des concepts, de procéder par examen critique à un remaniement des concepts qui replacerait l'existence effective des normes au sein du vivant lui-même, comme émanant de lui. Une telle épistémologie permettrait de cette façon uploads/Philosophie/ le-vivant-et-le-piste-mologie-des-concepts-essai-sur-le-normal-et-le-pathologique-de-georges-canguilhem-by-canguilhem-georgespenisson-guillaume-z-lib-org.pdf
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- Publié le Mai 09, 2022
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