I Université de Paris 8 – Vincennes à Saint-Denis Ecole doctorale « pratiques e
I Université de Paris 8 – Vincennes à Saint-Denis Ecole doctorale « pratiques et théories du sens » Thèse pour le doctorat de philosophie Stéphane Jean-François NADAUD Nietzsche en généalogi(st)e(s) Vade-me(te)cum en annexe à la thèse (ex corpore thesis) Lecture(s) de Nietzsche, théorie et pratique du fragment(s) (Tome II) dirigée par Alain BROSSAT Soutenue le 11 juin 2009 Devant Messieurs : Friedrich BALKE, professeur de philosophie à l’université de Weimar Alain BROSSAT, professeur de philosophie à Paris 8, directeur de la recherche Jean-Christophe GODDARD, professeur de philosophie à l’université de Toulouse Bertrand OGILVIE, PRAG de philosophie à l’université Paris 10 René SCHERER, professeur de philosophie (émérite) à l’université Paris 8 II III « Vade-mecum — Vade-tecum. Ils te séduisent, mon style et mon langage ? Quoi, tu me suivrais pas à pas ? Aie souci de n’être fidèle qu’à toi-même — Et tu m’auras suivi — tout doux ! tout doux ! »1 1 Friedrich Nietzsche (1882, GS [“Plaisanterie, ruse et vengeance”] — V, p. 32). IV « Il faut déterminer la méthode selon laquelle l’homme philosophique doit vivre. »1 « Nous autres enfants de l’avenir, comment pourrions-nous être chez nous dans pareil aujourd’hui ! Nous sommes réfractaires à tout idéal en vertu duquel l’un d’entre nous pourrait ne pas se sentir trop dépaysé même dans cette période transitoire, fragile et brisée ; même quant aux “réalités” de celle-ci, nous ne croyons pas qu’elles soient durables. La couche de glace qui porte encore aujourd’hui s’est déjà beaucoup amincie : le vent de dégel souffle, et nous autres sans-patrie sommes nous-mêmes quelque chose qui brise la glace et autres “réalités” trop minces… Nous ne “conservons” rien, nous ne voulons pas non plus revenir à aucune sorte de passé, nous ne sommes absolument pas “libéraux”, nous ne travaillons pas au “progrès”, nous n’avons pas besoin de nous boucher les oreilles au chant d’avenir des sirènes du marché – ce qu’elles chantent : “égalité des droits”, “société libre”, “ni maîtres ni esclaves”, voilà qui ne nous séduit guère ! […] Nous préférons de beaucoup vivre sur les montagnes, à l’écart, “inactuels”, dans les siècles passés ou à venir, rien que pour nous épargner la colère silencieuse à laquelle nous serions condamnés en tant que témoins d’une politique qui rend l’esprit allemand stérile en le rendant vaniteux, et qui de surcroît est une petite politique. »2 « Aimé-je le passé ? Je l’ai détruit pour vivre. Aimé-je les contemporains ? Je détourne d’eux le regard pour pouvoir vivre. »3 « Et cependant que tu tendras de toutes tes forces à discerner par anticipation comment le nœud de l’avenir est encore en train de se nouer, ta propre vie en prendra valeur d’instrument et de moyen de connaissance. Tu détiens le pouvoir d’obtenir que tous les moments de ta vie : tentatives, erreurs, fautes, illusions, passions, ton amour et ton espérance s’intègrent parfaitement au but que tu lui a fixé. Ce but est de devenir toi-même une chaîne nécessaire d’anneaux de civilisation, et de conclure de cette nécessité à celle de la marche de la civilisation universelle. Quand ton regard sera assez vigoureux pour plonger au fond du puits ténébreux de ton être et de ta connaissance, il se peut aussi que t’apparaissent dans sa nappe miroitante les constellations lointaines des civilisations à venir. »4 « S’abstenir des journaux (en lisant, en écrivant). »5 « Si l’on considère comment tous les grands événements politiques, de nos jours encore, se glissent de façon furtive et voilée sur la scène, comment ils sont recouverts par des épisodes insignifiants à côté desquels ils paraissent mesquins […] La presse […] est-elle plus que la fausse alerte permanente qui détourne les oreilles et les sens dans la mauvaise direction ? »6 « Voiles déchirés au travers desquels le futur jette un regard ; portes à demi ouvertes devant lesquelles veillent des gardiens de cimetière ! »7 1 1872/73, 19 [31] — II*, p. 181. 2 1886, GS [Livre cinquième, 377] — V, p. 285-287. 3 1882/83, 201 — IX, p. 220. 4 1878, HTH [Caractères de haute et basse civilisation, 292] — III*, p. 219. 5 1874, 27 [3] — II**, p. 240. 6 1879, OSM [321] — III**, p. 145. 7 1883, 13 [14] — IX, p. 477. V « Ce n’est que la succession des faits l’un après l’autre qui produit la représentation du temps. À supposer que nous n’éprouvions non pas des causes et des effets, mais rien qu’un continuum, nous ne croirions pas au temps. Car le mouvement du devenir ne consiste pas en des points immobiles, en des étendues immobiles égales. »1 « […] à soi-même, son unique contemporain ! »2 « Moment très favorable pour les esprits libres – mais inutilisé ! »3 « On peut choisir n’importe quelle époque de l’histoire, on se trouve toujours à un moment de profonde fermentation où les concepts nouveaux triomphent partout : cela ne date pas d’aujourd’hui. »4 « Une époque de transition : c’est ainsi que tout le monde appelle notre époque et tout le monde a raison. Mais non dans le sens où ce terme conviendrait mieux à notre époque qu’à n’importe quelle autre. Où que nous prenions pied dans l’histoire, partout nous rencontrons la fermentation, les concepts anciens en lutte avec les nouveaux, et des hommes doués d’une intuition subtile que l’on appelait autrefois prophètes mais qui se contentaient de ressentir et de voir ce qui se passait en eux – le savaient et s’en effrayaient d’ordinaire beaucoup. Si cela continue ainsi, tout va tomber en morceaux, et le monde devra périr. Mais il n’a pas péri, dans la forêt les vieux fûts se sont brisés mais une nouvelle forêt a toujours repoussé : à chaque époque il y eut un monde en décomposition et un monde en devenir. »5 « Vous, les actuels, vous êtes pour une fois au premier plan de ma perspective : si vous refusez d’être pour moi des ruines, comment vous supporterai-je dans mon tableau ! Ce qu’il y a de meilleur en vous, à mes yeux, c’est votre ivraie ! »6 « A : Mais pourquoi cette solitude ? – B : Je n’en veux à personne. Mais seul, me semble-t- il, je vois mes amis d’une façon plus nette et plus belle que lorsque je suis avec eux ; et du temps où j’aimais et comprenais le mieux la musique, je vivais loin d’elle. Il semble que j’aie besoin de perspectives lointaines pour avoir bonne opinion des choses. »7 « Par-delà bien et mal […]. Le croira-t-on, la Nationalzeitung – un journal prussien, note à l’intention de mes lecteurs étrangers – (moi-même je ne lis, ne vous en déplaise, que le Journal des Débats ! – la Nationalzeitung donc, a cru voir le plus sérieusement du monde dans ce livre “un signe des temps”, la seule vraie “philosophie du hobereau prussien”, celle que la Kreuzzeitung prêcherait si elle en avait le courage ! »8 « Mais ce sont les faiseurs de journaux qui, du fait de leur activité, sont les plus habitués à cette bouillie journalistique : ceux-là ont littéralement perdu le goût, et seul ce qui est totalement corrompu et forcé peut encore éveiller une espèce de plaisir à leur palais. »9 « Encore un siècle de journalisme – et tous les mots pueront. »10 1 1881, 11 [280] — V, p. 415. 2 1883, 9 [30] — IX, p. 367. 3 1880, 8 [88] — IV, p. 637. 4 1880, 4 [211] — IV, p. 421. 5 1880, 4 [212] — IV, p. 421-422. 6 1883, 13 [1] — IX, p. 456. 7 1881, A [Livre cinquième, 485] — IV, p. 253. 8 1888, EH [Pourquoi j’écris de si bons Livres, 1] — VIII*, p. 278. 9 1873, DS [11] — II*, p. 72. 10 1882, 3 [1, 168] — IX, p. 85. VI « Le lecteur de journaux dit : “par cette faute, ce parti se condamne”. Ma science politique à moi, qui voit les choses de plus haut, décrète : un parti qui commet de telles fautes est déjà fini, - il n’a plus sa sûreté d’instinct. »1 « Mon estime ou ma condamnation d’un homme ne donne du même coup à aucun autre homme le droit d’estimer ou de condamner comme moi : – car ce serait comme s’il était mon semblable et mon égal. La façon de voir contraire est celle des journaux : que les évaluations des hommes et des choses seraient un “en soi” auquel chacun pourrait prétendre comme à sa propriété. Il y a justement là le présupposé que tous les hommes sont de rang égal. Être véridique, c’est une distinction. »2 « On loue les hommes profonds parmi les hommes cultivés d’aujourd’hui (qui tous – pro pudor – lisent les journaux). »3 « Contre l’aspiration à une “culture générale”, rechercher plutôt une culture profonde et rare, donc un rétrécissement et une concentration de la culture : pour contrebalancer les journalistes. »4 « Vous, les contemporains, je ne uploads/Philosophie/ lecture-s-de-nietzsche-tome-2-nadaud.pdf
Documents similaires










-
26
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Jui 10, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 2.0013MB