No 2 - avril 2003 1 BRÉSIL : L’ÉCOLE LEFEBVRIENNE Ce numéro 2 de La somme et le

No 2 - avril 2003 1 BRÉSIL : L’ÉCOLE LEFEBVRIENNE Ce numéro 2 de La somme et le reste est centré sur le Brésil. Le numéro 3 le sera également. Au commencement de l’école lefebvrienne au Brésil : José de Souza Martins. Après un séminaire de plus de dix ans (1975-1987) consacré à l’étude des œuvres de Marx, José de Souza Martins a entrepris - avec un groupe d’étudiants de maîtrise et de doctorat, d’enseignants de divers domaines des sciences humaines - l’étude des œuvres d’Henri Lefebvre, comme grand penseur du 20e siècle et continuateur de Marx. Actuellement un « Programme d’Études sur Henri Lefebvre » réunit des enseignants, des élèves de licence, de maîtrise et de doctorat. Il intègre les activités du « Laboratoire de Géographie Urbaine » de Sao Paulo depuis 1990. Des liens se tissent avec des chercheurs d’autres spécialités et d’autres lieux. On peut à ce propos relire utilement l’article publié dans Le No 1 de La somme et le reste. Les études consacrées à la pensée d’Henri Lefebvre au Brésil ne sont donc pas circonstancielles mais de longue durée. Elles ont déjà donné lieu à la publication de nombreux ouvrages. On ne peut qu’admirer cette activité intense des recherches lefebvriennes au Brésil et souhaiter qu’elles diffusent dans le monde. Revue éditée par l’Association La Somme et le Reste. Avec la participation d’Éspaces Marx Diffusée par courrier électronique 64, Bd Auguste Blanqui 750 13 Paris Tél. : 01 60 02 16 38 E mail : Pensee lefebvre@aol.com Site Internet : www.Espaces-Marx.eu.org/SomReste Abonnement : versement unique de 20,00 Euros. Chèque à l’ordre de : « Association la somme et le reste » Sommaire ACTUALITÉS – PUBLICATIONS - Jean-Paul Monferran : La révolte et le crime. 2 - Lucien Bonnafé : Diviser pour régner ? 3 COLLOQUES (St-Denis - Paris VIII – juin 2001) - José de Souza Martins : Les temporalités de l’histoire dans la dialectique de Lefebvre. 6 - Eulina Pacheto Lutfi : Lefebvre et les fondements théoriques des représentations. 13 - Ana Cristina Arantes Nasser :Travail, famille et loisir (relation et représentation dans la vie des exclus sociaux). 18 TEXTES - Henri Lefebvre : Justice et vérité 22 - Alain Anselin : Nous sommes tous des Haïtiens. 26 COURRIER - DÉBATS - Sebastien Raoul : Lettre 29 Président de l’ « Association la somme et le reste » : Armand Ajzenberg Rédacteurs(trices) – correspondants(antes) : Ajzenberg Armand (F), Andrade Margarita Maria de (Brésil), Anselin Alain (Martinique), Beaurain Nicole (F), Benyounes Bellagnesch (F), Bihr Alain (F), Carlos Ana Fani Alessandri (Brésil), Damiani Amélia Luisa (Brésil), Devisme Laurent (F), Gromark Sten (Suède), Guigou Jacques (F), Hess Rémi (F), Joly Robert (F), Kofman Éléonore (Royaume Uni), Labica Georges (F), Lantz Pierre (F), Lenaerts Johny (Belgique), Lufti Eulina Pacheco (Brésil), Martins José de Souza (Brésil), Montferran Jean-Paul (F), Müller-Schöll Ulrich (Allemagne), Öhlund Jacques (Suède), Oseki J.H. (Brésil), Péaud Jean (F), Querrien Anne (F), Rafatdjou Makan (F), Sangla Sylvain (F), Seabra Odette Carvalho de Lima (Brésil), Spire Arnaud (F), Sposito Marilia Pontes (Brésil), Tosel André (F). Études lefebvriennes - Réseau mondial No 2 - avril 2003 2 ACTUALITÉS - PUBLICATIONS Un membre du Comité de rédaction, et un ami, nous a quitté. Il s’agit de Jean-Paul Monferran, emporté par une rupture d’anévrisme le 4 janvier 2003. C’était un pilier de la rédaction de L’Humanité. Personnellement, j’appréciais beaucoup les dernières pages de L’Huma qu’il animait – je commençais toujours sa lecture par la fin, remontant les pages en sens inverse. C’était un homme ouvert et de grande culture qui ne cédait jamais à la facilité. Il avait accepté, avec émotion, je m’en souviens, d’être au Comité de rédaction de La somme et le reste, parce qu’il appréciait à sa juste valeur la pensée d’Henri Lefebvre. Je crois qu’en la matière nous étions complices. Aux moments des colloques, il avait largement rendu compte de ceux-ci et fait passer à l’occasion, dans le jounal, des communications. Le 24 septembre 2002, il avait publié un extrait de La conscience mystifiée de Norbert Guterman et Henri Lefebvre, une partie de celui que nous avions publié dans le No 1 de La somme et le reste. Nous reproduisons ci-après son texte d’introduction. Armand Ajzenberg La révolte et le crime n 1934, Henri Lefebvre et Norbert Guterman tentaient de cerner ce qu’il en était alors des «formes de l’aliénation» et de la «conscience mystifiée». Un texte, réédité par Syllepse, qui résonne aujourd’hui. La «révolte» et le «crime», les «rapports inhumains entre les hommes», les aliénations produites par ce que Lucien Bonnafé nomme «l'idéologie immensément dominante»: « Nous appelons mystification ce moment de la conscience sociale – de l’idéologie – où d’anciennes formes en voie de dépassement deviennent mensongères», écrivaient Henri Lefebvre et Norbert Gutennan en 1934, dans la Conscience mystifiée, ouvrage réédité en 1999, et aujourd'hui encore (1), dans lequel ils se proposaient de tenter de démonter les mécanismes qui permettent aux pouvoirs dominateurs d'imposer des représentations inverses aux réalités. «D'où vient le pouvoir des idéologies? Comment concilier ce pouvoir avec la thèse selon laquelle la pratique est à la fois la base, le fondement, le point de départ, la vérification du savoir?» demandaient-ils encore... Questions situées, explicitement, dans une époque qui est celle de la montée des fascismes de l’entre-deux-guerres, mais dont Lefebvre et Guterman soulignaient, dans une préface écrite en 1979, qu'elles visaient aussi «le marxisme vulgarisé, dogmatisé, idéologisé», celui dans lequel «la conscience de classe» n'est que le reflet à peu près mécanique de1a place des individus dans «les rapports sociaux». Bien sûr, tout à changé depuis: le monde, le capital, les modes de domination, la «société», comme on dit, la «politique» - évidemment - et tant d'autres choses, qui font qu'il s'agit de lire ce texte moins pour ce qu'il pourrait dire à notre époque, que pour ce que le début de ce troisième millénaire - «11 septembre», «21 avril», «fracture politique», thème du «retour des identités», logique du «bouc émissaire», etc. - peut dire, éventuellement, à ce que notaient Guterman et Lefebvre il y a près de trois quarts de siècle... Eux se proposaient, alors, d'élargir la théorie de «l'aliénation» de Marx: «Fétichisme, aliénation, mystification sont trois termes presque équivalents, trois aspects d'un seul fait.» Pas si loin de cette idée qu'Henri Lefebvre développera autour de 1968, de l'installation du changement comme «état constant de la société». Ici, avec Norbert Guterman, immigrant de Varsovie et «sans-papiers» de la France des années trente, il travaille «la culture des potentiels de contraste», il parle d'éveiller «les facultés ensommeillées» pour dépasser l'état de E No 2 - avril 2003 3 choses et l’ordre – les désordres existants, il dénonce «les rejets du dissemblable». Singuliers échos, si tant est que «nul n'est irresponsable de ce qui se passe dans le monde, si ce n'est en approfondissant la conscience de «Je est un autre», de chacun et les autres». Jean-Paul Monferran 1 - La Conscience mystifiée, Norbert Guterman et Henri Lefebvre, réédition Syllepse. ________________________________________ Pour parler de l’actualité, j’avais demandé à Lucien Bonnafé un article. Le 7 mars, il me rendait son travail. Je ne me doutais pas que neuf jours plus tard c’est lui qui ferait l’actualité. En disparaissant. Armand Ajzenberg DIVISER POUR REGNER ? Lucien Bonnafé evant les passions dominatrices ici et maintenant si menaçantes, il convient de persévérer où nous engage la lecture de MARX pour le vagabondage de l’esprit. Il importe d’explorer comment opère la fabrication des mentalités par « la tradition et l’éducation ». La fécondité de cette voie est très formulée par Henri Lefebvre, dont on ne rappellera jamais assez le : « Mythes et réalités semblent doués d’une puissance réelle : la puissance que les hommes leur ont conférée et qui n’est que leur propre puissance retournée contre eux-mêmes ». Et Freud nous aide à explorer comment « l’intelligence humaine s’égare trop facilement à notre insu et nous ajoutons aisément foi, sans se soucier de la vérité, à ce qui favorise nos désirs et nos illusions ». Par définition, le LANGAGE est à explorer en profondeur pour une connaissance des rapports humains moins égarée qu’il n’est dans l’ordre établi. Son usage DOMINATEUR, avec les moyens de la DIVISION, est bien tradition et éducation qu’il est le plus fécond d’analyser. Le savoureux y est l’évocation d’un fait aux leçons inépuisables : Il est vrai qu’autant s’applique t’on à l’esquiver, l’emploi du mot SUFFRAGETTE pour nommer les femmes demandant le droit de vote fut inscrit dans la tradition, en France jusqu’après la Libération de 45. Parler le diviser pour régner dans ce « sexisme » ( mot qui dit clairement dans cette tradition la force du sexe fort ! ), est plein de sens, un sens qui s’enfle avec l’« oubli » commun de cette balourdise ordinaire « inavouable ». Au plus radical, on trouve comment la puissance de la parole porte au plus plein de sens, quant à se servir des mots pour faire « entrer dans les têtes », « mettre dans la peau », le vécu du monde. Je uploads/Philosophie/ lefebvre-henri-justice-et-verite.pdf

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