Rappel de ce que l’on va faire à ce cours : poser la question de savoir si les

Rappel de ce que l’on va faire à ce cours : poser la question de savoir si les définitions créatives dans les systèmes de Lesniewski sont ou ne sont pas synthétiques a priori, sont ou ne sont pas des jugements synthétiques a priori. L’enjeu est de taille parce que si c’était le cas, on pourrait dire que l’ontologie (et peut-être même la protothétique, mais cela reste à démontrer) de Lesniewski sont compatibles avec la théorie kantienne du jugement, ce qui nous permettrait d’avoir une interprétation logique. Il ne s’agit pas de logiciser la Critique, mais le propos est de trouver une fondation transcendantale à un type de logique, à savoir la logique de Lesniewski. Remarque : (III,27) (inscription en marge du texte) : III = numéro du volume de l’Académie de Berlin, deuxième édition de la Critique de la raison pure ; 27 = numéro de la page ; À = 1781 ; B = 1787. INTRODUCTION I De la différence entre la connaissance pure et la connaissance empirique Chez Kant, nous sommes confrontés à de multiples difficultés, et déjà rien que par rapport au titre. Analysons-le. D’abord, il s’agit d’une introduction. Chez Kant, ce sont dans les introductions, les remarques et les appendices qu’il met en jeu l’impact de la philosophie transcendantale comme telle, et de la démarche critique. Or ici, nous avons une introduction qui doit nous permettre de nous donner un fil d’entrée, ce qu’il appellera « un fil conducteur », et ce, pour entrer dans ce que Kant lui-même a appelé la métaphysique de la métaphysique qu’est la Critique de la raison pure. Si vous voulez, d’un point de vue architectonique, vous avez la Critique de la raison pure qui est en même temps une propédeutique et en même temps une métaphysique, et il le faut bien, puisque l’entendement ne peut pas faire abstraction de lui-même, et donc nous sommes obligés de partir de la sensibilité (Esthétique transcendantale). Quel est l’enjeu ? C’est la théorie du jugement, c’est-à-dire : y-a-t’ il des jugements synthétiques a priori ? Les autres types de jugement sont déjà connus, par Leibniz. Donc une introduction, à savoir un lieu où Kant met en oeuvre véritablement ce qu’il va faire, et il nous le dit. Kant dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit, il ne triche jamais. Tous les mots du titre sont importants. « Unterschied », c’est la « différence ». Quand Kant utilise ce terme, cela veut dire que l’on différencie quelque chose par rapport à autre chose. Cela veut dire que poser un terme implique immédiatement que l’on en pose un autre qui soit, si vous voulez, comme la contre-épreuve du terme posé. Or quel est le terme que l’on va poser ? C’est le terme de « Erkenntnis », c’est-à-dire « connaissance ». Kant nous dit déjà dans le titre qu’il va différencier ce qui est connaissance (Erkenntnis, qui est un terme générique) de ce qui n’est pas la connaissance, c’est-à-dire la non-connaissance, ce qui ne relève pas de la théorie du jugement. Poser un terme, c’est eo ipso poser le corrélat de ce terme. Dès que l’on a cette notion de connaissance, on la divise et l’on constate que dans les deux cas, qu’elle soit pure ou qu’elle soit empirique, il s’agit de connaissance. Kant utilise le même terme pour la connaissance pure et la connaissance empirique. Qu’est-ce que cela signifie ? Cela veut dire que, chez Kant, quand il y a une différence à l’intérieur d’un concept générique, différence qui a l’air analytique (pure ou empirique), il y a toujours implicitement un troisième terme ; dans toute division il y a un troisième terme et ce troisième terme est toujours le temps. Le temps et, selon la seconde analogie de l’expérience, l’espace. Donc quand Kant s’interroge sur la différence de la connaissance pure et la connaissance empirique, ce qu’il fait c’est : 1 : il différencie ce qu’est la connaissance de ce qui ne l’est pas. 2 : à l’intérieur de ce qu’est la connaissance, il distingue par le même terme ce qui est pur et ce qui est empirique. 1 Cela fonctionne par division, et chaque fois que nous avons une division, il y a chez Kant, dans toute analyse, un troisième terme - comme dans toute synthèse - qui est toujours le temps. On va voir le rôle du temps dans cette différence entre connaissance pure et connaissance empirique. Justement, c’est le sens de la différence entre pur et empirique. Que veut dire « connaissance pure » ? C’est la connaissance telle qu’elle n’est pas donnée dans l’expérience. Il s’agit cependant d’une connaissance, et il est donc légitime de se demander ce que peut être une connaissance qui n’a pas de rapport avec l’expérience. Qu’est-ce que cette connaissance pure ? La connaissance empirique, quant à elle, c’est l’expérience, c’est le x de l’objet transcendantal = x. Puisqu’il y a une opposition entre « pure » et « empirique », il est légitime de se demander quel est le rôle du temps et de l’espace dans cette distinction, eu égard au fait que c’est justement l’inscription de l’expérience, dans l’espace et dans le temps, qui va nous permettre de différencier la connaissance pure de la connaissance empirique. Rien qu’en lisant le titre, nous avons déjà appris beaucoup de choses. Nous savons qu’il y a un troisième terme, le temps, qu’il faudra mettre en évidence. Nous savons que Kant utilise le même terme (connaissance) pour ce qui est pur et empirique. Donc on peut se demander ce qui ne serait pas connaissance pure et empirique, c’est-à-dire qu’on peut légitimement se poser la question de savoir ce que serait une non-connaissance pure. Et de la même manière, il est légitime de se poser la question de savoir ce que c’est qu’une non-connaissance empirique. Qu’est-ce que c’est que l’empirie sans connaissance, d’une part, et d’autre part, qu’est-ce que c’est que le pur a priori sans connaissance qui l’accompagne ? Vous avez toujours dans les distinctions kantiennes un non-dit qu’il convient d’interroger et qui généralement donne la clé de ce qui est dit. En effet, qu’il s’agisse de la connaissance pure ou empirique, il s’agit d’une connaissance, et pour poser le concept de connaissance, Kant va d’abord poser ce que n’est pas la connaissance. Pour distinguer ce que n’est pas la connaissance, il faut caractériser du point de vue pur et du point de vue empirique ce que c’est que la connaissance. Ce que dit Kant : « Que toute notre connaissance commence avec l’expérience, il n’y a là absolument aucun doute ; car par quoi le pouvoir de connaître serait-il éveillé et mis en exercice, si cela ne se produisait pas par des objets qui frappent nos sens et en partie produisent d’eux-mêmes des représentations, en partie mettent en mouvement notre activité intellectuelle (activité de l’entendement- traduction Renaut) pour comparer ces représentations, les relier ou les séparer, et élaborer ainsi la matière brute des impressions sensibles en une connaissance des objets qui s’appelle expérience ? Selon le temps aucune connaissance ne précède donc en nous l’expérience, et toutes commencent avec elle. Tout est dit dans cette phrase. Quand Kant dit « toute notre connaissance », il exclut par là ce qui ne serait pas notre connaissance. Dans le titre, il avait posé la possibilité de ce qui ne serait pas la connaissance, et dans ce deuxième temps, ce qu’il fait maintenant, c’est caractériser l’expérience comme connaissance. Or toute notre connaissance commence avec l’expérience. Attention, c’est important, l’expérience, ce n’est pas que le pouvoir empirique. Puisqu’il s’agit de la distinction entre connaissance pure et connaissance empirique, il ne faudrait pas croire que toute notre connaissance qui commence avec l’expérience ne relève que de la connaissance empirique. La connaissance pure est également comprise dans l’expérience, dans la totalité de notre expérience. Donc dire que notre connaissance commence avec l’expérience, cela ne veut pas dire, loin s’en faut, que toute notre connaissance commence avec, comme il le dira après, la sensation brute, puisqu’aussi bien, nous ne pouvons avoir de sensation (Empfindung) brute, hors de nous, que si nous avons un pouvoir, une activité de nous représenter, activité de nous représenter qui est elle-même double, qui est en même temps l’activité du Gemüt (de l’esprit) à être passif, ce sera la sensibilité, et l’activité du Gemüt à être actif, ce sera l’entendement. Dans les deux cas, il s’agit d’une activité de l’esprit. Attention, si vous dites que la 2 sensibilité est simplement pathologique, passive, comme dirait Kant, c’est faux : la sensibilité est un pouvoir actif, mais c’est un pouvoir actif d’être passif, c’est l’activité d’être passif. Kant va opposer l’activité d’être passif, pour le divers brut de la sensation, à l’activité d’être actif, c’est-à-dire les concepts purs de l’entendement. Comme nous ne pouvons pas faire abstraction de notre propre entendement, nous sommes bien obligés de distinguer la sensation, le divers pur de la sensation, alors que ce divers pur de la sensation est toujours déjà soumis à la connaissance uploads/Philosophie/ logic-a.pdf

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