1 LOGIQUE, EXPRESSIONS ORALE ET ECRITE À la première vue, 1’intitulé de ce cour

1 LOGIQUE, EXPRESSIONS ORALE ET ECRITE À la première vue, 1’intitulé de ce cours semble complexe. La concaténation des unités linguistiques « Logique », d'une part, et « Expression orale et écrite », d'autre part, semble problématique. En effet, les études secondaires et pré-universitaires nous ont habitués à présenter la logique comme une discipline philosophique différente du cours de français qui regroupe des considérations générales, des normes relatives à l'expression orale et écrite. Ainsi, il va sans dire que notre intitulé évoque trois matières différentes : la logique, l'expression orale, mais aussi l'expression écrite. La logique renvoie à l'étude des lois fonctionnelles de la pensée. Et la distinction de l'écrit et de l'oral signifie que les deux domaines, quelque voisins qu'ils soient, ne sont pas à confondre. Certes, il s'agit ici, du français, mais l'expression orale se rapporte à l'art de parler et l'expression écrite, à l'art de rédiger et de composer. De façon classique, ces trois composantes de notre intitulé font l'objet des enseignements différents. De ce point de vue, la logique n'est ni l'expression orale ni l'expression écrite. Chacun de ces domaines renvoie à un champ d'études particulièrement autonome. Pourtant, le divorce entre la logique et l'expression orale ou écrite ne semble pas si évident que pourrait le -laisser croire tout effort de distinction. La question alors est de savoir pourquoi ces trois matières, si irréductibles l'une à l'autre, ont été mises ensemble. Qu'est-ce qui peut justifier le rapprochement de ces trois matières en un seul cours ? Le rapprochement des expressions qui, to renvoyant à des disciplines particulières et spécifique constituent l'intitulé de ce cours obéit à une logique profonde repose sur des liens indéniables. C'est qu'elles ont une commune et se rapportent tous au langage ou au discours. On sait depuis Aristote que la logique comme science du logos porte sur le discours. C'est pourquoi d'ailleurs Organon commence par l'analyse des mots, puis des propositions et finalement des raisonnements. De ce point de vue, l'expression orale ou écrite donne à la logique la matière de son étude. En outre, la logique est la qualité fondamentale de toute expression sensée. Les exigences de cohérence et de non-contradiction sont les qualités premières de toute volonté de signification. Pour avoir un sens, une expression, fut-elle orale ou écrite, doit être logique, c'est-à-dire tout au moins cohérente et ne pas affirmer une chose et son contraire. C'est dire que h valeur d'une expression visant à convaincre, à persuader, communiquer ou à faire admettre une idée repose essentiellement sur sa rigueur logique. Si donc la logique est une science dont la tâche consiste dans J'étude des règles qui gouvernent la construction des raisonnements valides, elle ne constitue pas moins une qualité intrinsèque d'une expression bien formée, d'un discours}, oral ou écrit bien construit. C'est en ce sens que les exigences d4 cohérence et de non-contradiction, par exemple, s'imposent comme des qualités essentielles de toute expression orale ou écrite. 2 On s'en sera aperçu, le rapport qui existe entre ces sciences n'est pas unilatéral. Autant la logique ""donne à l'expression, fut-elle orale ou écrite, ses qualités fondamentales, autant elle ne reçoit sa matière d'étude. L'objectif de ce cours est triple : il s'agit, d'abord, d'élever les opérations fondamentales de la pensée à la conscience critique des étudiants, c'est-à-dire les amener à s'approprier des principes logiques afin de construire des raisonnements rigoureusement valides ; ensuite, leur permettre d'acquérir, d'une part, des aptitudes à exprimer leur pensée avec cohérence en faisant correctement usage de la langue française et, d'autre part, des compétences linguistiques nécessaires pour une expression et une écriture correctes en français, en les initiant notamment aux lois de la composition de V écrit à la différence de l'oral. Notre cours se déploie en deux parties : la première sur la logique et, la seconde sur l'expression orale ou écrite. QUELQUES ELEMENTSBIBLIOGRAPHIQUES ARISTOTE, Organon, Paris, éd. Vrin, 1983. 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Ainsi, tout enfant, si petit soit-il, qui refuse d'échanger son jouet (A) contre un autre (B), • se conduit en vertu du principe d'identité : il comprend que A =A, B— B, A^B et qu'on ne peut pas avoir dans une même situation et en même temps une chose et son contraire, ou même son contradictoire, c'est-à-dire _( A_A). Rien ne devrait donc être plus familier à l'homme que la logique. Pourtant, paradoxalement, rien ne semble aussi redoutable que le cours de logique, célèbre bête noire des étudiants, qui, ici et là, souffre d'une triste réputation. Certes, il existe une logique scientifique, consciente des différentes opérations de l'esprit, qui cerne les conditions de validité du discours et déterminent les formes correctes de raisonnement. Mais il y a un lien entre cette logique scientifique et celle du langage ordinaire. En effet, de façon générale, les scientifiques systématisent, thématisent, théorisent et élèvent à la conscience critique des lois fonctionnelles qui gouvernent la pensée et président à la construction des raisonnements valides. La logique, comme science, restitue pour ainsi dire la grammaire, les règles qui régissent les opérations de la raison. C'est la tâche jadis accomplie notamment par Parménide, Zenon d'Elée, Démocrite,... et qui trouve son couronnement chez Aristote à qui l'histoire attribue la paternité de la science logique. Aristote est communément considéré comme le père de la logique en tant que discipline scientifique. En son temps, la philosophie regroupait toutes les formes de savoir/ science. Dans ce contexte, le stagirite chercha à déterminer les différentes composantes de la philosophie et à examiner l'instrument dont se servent les sciences pour mener à bien leurs investigations. Selon lui, la grande enceinte de la philosophie est constituée de deux types de sciences : les sciences théoriques et les sciences pratiques. Les sciences théoriques élaborent des études systématiques soucieuses de connaître l'homme, Dieu et le cosmos ou l'univers (ce qui constitue les objets d'étude de l'anthropologie, de la théologie et de la cosmologie qui sont des expressions du logos sur les trois types d'être considérés). 4 Quant aux sciences pratiques, elles se rapportent à deux formes d'activités. Ainsi, il y a des sciences relatives à l’agir, qui renvoient à l'action définie comme conduite de l'homme dans ses interactions intersubjectives et sociales, dans ses rapports avec d'autres hommes. C'est le cas de la morale ou de l'éthique qui cerne la conduite humaine du point de vue du bien et du mal dont elle détermine les règles. Une autre forme, d'activités à laquelle se rapportent les sciences pratiques, c'est le faire. Cette sous-catégorie des sciences pratiques concerne' l'action que l'homme exerce sur la nature, tel qu'il peut la modeler, la façonner, et par laquelle il crée ou confère des formes nouvelles à la matière. C'est ce qui s'illustre dans la '' technique, l'esthétique... Considérant que la philosophie est ainsi constituée des sciences théoriques et des sciences pratiques, Aristote se ! demanda de quel instrument toutes ces sciences se servent pour mener leurs entreprises à bon port. La réponse du fondateur du ; lycée est claire : le logos, c'est-à-dire la raison, le discours, est l'instrument grâce auquel toutes ces sciences opèrent. Mais si le ; logos est si important dans le déploiement de toutes les sciences, alors il faut ['étudier en lui-même, lui consacrer une science qui ' puisse en cerner les règles de fonctionnement. Telle sera la tâche de la logique, science qui prend pour objet l'étude de l'instrument commun aux sciences, celui dont elles se servent toutes pour bien réaliser leurs tâches. Ainsi, la uploads/Philosophie/ logique-lamanya.pdf

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