OUVRAGES D'OSWALD DUCROT LES MOTS DU DISCOURS (en collaboration), 1980. LES ÉCH
OUVRAGES D'OSWALD DUCROT LES MOTS DU DISCOURS (en collaboration), 1980. LES ÉCHELLES ARGUMENTATIVES, 1980. LE DIRE ET LEDIT, 1984. LOGIQUE, STRUCTURE, ÉNONCIATION, 19890 chez d'autres éditeurs LE STRUCTURALISME EN LINGUISTIQUE, Coll. « Points », Le Seuil, 1973 (déjà publié en 1968 dans QU'EST-CE QUE LE STRUCTURA- LISME ?, ouvrage collectif). DICTIONNAIRE ENCYCLOPÉDIQUE DES SCIENCES DU LANGAGE (en collaboration avec T. Todorov), Le Seuil, 1972. DIRE ET NE PAS DIRE, Hermann, 1972. LA PREUVE ET LE DIRE, Marne, 1973, L'ARGUMENTATION DANS LA LANGUE (en collaboration avec J.-c. Anscombre), Mardaga, Bruxelles, 1983, OSWALD DUCROT LOGIQUE, STRUCTURE, ÉNONCIATION Lectures sur le langage LES ÉDITIONS DE MINUIT ( © 1989 by LES ÉDmONS DE MINurr 7, rue Bernard.Palissy, 75006 Paris La ioi du 11 mars 1957 interdit les COpies ou reproductions destinées à une utllisauon collective. Toute représentatlOn ou reproduction intégraie _ ou partielle faite par quelque procédé que ce SOit, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants ca~e, est illicite ~ constitue Wle contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et swvants du Code pénal. ISBN 2·7073·1310·6 Av ANT·PROPOS F AI,!,S D'AUJOURD'HUI ET THÉORIES D'AUTREFOIS Pour devenir, au moins un peu, consciente d'elle-même, une recherche 'sur le langage doit toujours, me semble-t-il, s'accom- pagner d'une réflexion sur la tradition linguistique. Autrement, on ne sait plus du tout de quoi on parle. C'est ce qui nous arrive souvent, par exemple, quand nous parlons de «faits» de langage, que nous prétendons, après avoir «observé» un ensemble de « faits », chercher, ensuite, une explication ou, plus modestement, établir parrilÏ eux un certain nombre de régulari- tés. Il nous arrive ainsi fréquemment de prendre pour« observa- ble» que tel énoncé est contradictoire de tel autre, ou en implique un troisième. Mais il faut être conscient que, dans ce cas, nous utilisons, pour percevoir la réalité linguistique elle- même, des concepts d'implication ou de contradiction dont l'application au langage ne va nullement de soi, même si elle est ' le produit d'une longue tradition linguistique logicienne. Ou encore, si nous prenohs pour fait que tel énoncé est grammati- cal, et non tel autre, nous nous appuyons sur une conception normative du langage - probablement inévitable et ancrée dans la pratique du langage, mais qu'il serait bon d'expliciter si l'on veut maîtriser tant soit peu son propre discours. (Et que l'on ne pense pas qu'on est moins normatif sous prétexte qu'on utilise tme norme plus lib érale J Duhem disait que les faits d'aujourd'hui sont construits avecles théories d'hier. Je ne vois pas pourquoi cela serait moins vrai des faits linguistiques que des faits physiques. Nous ne pouvons observer la langue actuelle qu'à travers des théories anciennes, et il peut être sain de se demander si le vin nouvèau ne tire pas de la vieille outre une partie .. de sa saveur. 6 LOGIQUE, STRUCTURE, ÉNONCIATION C'est, pour ma part - et je ne suis certainement pas le seul -, une difficulté que je rencontre à chaque pas de ma recherche. Par exemple, j'essaie de construire, avec J.-c. Ans- combre une théorie dite de 1'« argumentation dans la lan- gue », ~ui vise à décrire les mots et les ph~a~e~ en indiquan~, et en indiquant seulement, quelles P?tentiahtes arg~~entati ves y sont contenues, quelles orientations leur emp~ol . Impose' au discours sans faire intervenir dans leur descrIption des concepts d~ type logique tels que ceux de vrai et de faux. Mais, pour justifier mes descriptions, je dois montrer qu'elles permettent d' expliqu~r, o~ simple~ent de ~omprendre, un certain nombre de faIts, d observations. Or il se trouve que ces faits dont je dois rendre compte ne sont pas, si je puis dire «mes» faits· ce sont des faits observés à l'aide d'une grill~ qui n'est pas'la miellile, et qui vient d'une longue tradi- tion, dont justement je voudrais me débarrasser. NotamJ?ent, ces observations sont souvent faites en termes de condItiOnS de vérité; elles consistent à se demander dans quels contextes et dans quelles situations l'énonciation de telle ou telle phrase est vraie ou fausse : toute une tradition logicienne nous force en effet à percevoir la parole à travers ces c~ncepts -. et tout une tradition morale se greffe là-dessus, qUl nous faIt appa- raître raisonnable de nous demander, devant chaque énoncia- tion si le locuteur est sincère ou menteur, c'est-à-dire s'il dit ce ~u'il croit vrai ou ce qu'il croit faux. Celui qui construit une théorie espère bi~n qu' e~e p:r~et tra un jour de construire de nouveaux faIts - c est-a~dIre, j'insiste sur ce point, d'introduire un nouveau biais dans l'ob- servation de changer la perception même que l'on a de la parole, de rendre attentif à des aspects jusque-là i~percel?ti bles et de faire négliger des nuances sur lesquelles 1 attention est habituellement attirée; mais, en attendant, il faùt bien qu'il justifie ce qu'il dit, et, pour cela, il doit e~pliquer des faits auxquels il s'intéresse médiocrement, des faIts auxquels sa théorie enlèvera, si elle réussit, une bonne partie de leur importance, voire de leur évidence. Inu~ile d' ~jouter que A les observations qu'il cherche à promouv01r subIront le meme sort que celles d'où il est parti : elles s0D;t de~tinées, ,ell:s aussi, à apparaître un jour comme la coquille d une. theorle morte. Seuls les optimistes trouveront cette. perspective pes- FAITS ET THÉORIES 7 simiste, car l'important, en linguistique, ce ne sont - je l'ai dit souvent sans arriver à le faire admettre, sans d'ailleurs parvenir à l'admettre moi-même totalement - ni les faits ni les théories, c'est leur rapport. Ce qui est passionnant, c'est de voir comment les théories, y compris celle que le cher- cheur est en train d'élaborer, modifient la façon de vivre et • de percevoir le langage. D'où une deuxième raison de s'inté- resser au passé de la linguistique : il nous permet non seule- ment de mieux expliciter les« faits» sur lesquels nous tra- vaillori's, mais de mesurer combien le langage est transformé par l'activité qui vise à l'expliquer - activité métalinguistique qui n'est pas extérieure à la langue, mais qui en fait partie. Les textes rassemblés dans ce volume, écrits entre 1966 et 1986, sont destinés à donner quelques exemples de cette réflexion qu'un linguiste est amené à faire, au cours même de ses recherches, sur le passé de sa science. li ne s'agit pas, à proprement parler, d'éléments pour une histoire de la linguis- tique. Paire un travail d'historien, ce serait se demander, à propos d'un texte passé, ce qui est le reflet des connaissances admises par la science de l'époque et ce qui correspond à une vue originale de l'auteur. Recherche qui peut d'ailleurs elle- même être engagée dans deux directions différentes selon que l'on s'intéresse à la présentation que l'auteur veut donner de son œuvre ou à la place que celle-Cl occupe dans l'évolu- tion de la discipline : ce que l'auteur présente comme per- sonnel peut ne pas l'être et, inversement, ce qu'il présente comme la reformulation d'un savoir acquis peut constituer, sans qu'il en ait lui-même conscience, une transformation profonde de ce savoir. Mais, dans les deux cas, la séparation de ce que Bernard Pottier appelle le support et l'apport est essentiel à l'interprétation. Sans cette perspective, c'est-à-dire si l'on situe au même niveau tout ce qui est dit dans le texte, on ne peut plus savoir ce que le texte «veut» dire, vers qu'elle conclusion il est cencéentraîner le lecteur. Je ne sais pas ce qu'on a voulu me dire en m'annonçant : «Pierre viendra à Paris avec Marie» si je ne sais pas, par exemple, qu'il était bien connu des interlocuteurs que Pierre viendrait à Paris : les conclusions à tirer sont alors celles qui tiennent au fait qq'il sera accompagné de Marie; mais, si l'on savait 8 LOGIQUE, STRUCTURE, ÉNONCIATION au départ que Pierre voyage toujours avec Marie, l'important est au contraire qu'il vienne à Paris, et c'est de cela que l'on est invité à tirer des conclusions. Sauf à de rares endroits - notamment dans le chapitre sur la logique du Moyen Age -, je n'ai pas même ébauché ce travail, qui exigerait d'étudier, pour chaque texte, l'état de la réflexion linguistique à son époque. Bien plus, faire œuvre d'historien, cela impliquerait de situer les textes étudiés dans le développement général, non seule- ment de la discipline, mais de la connaissance. Il faudrait se demander, à propos d'une œuvre portant sur le langage, dans quelle mesure elle utilise les schémas intellectuels que l'on retrouve dans les autres disciplines de l'époque. On devrait comparer son mode d'argumenter à ceux d' œuvres contempo- raines, et se demander ce qu'il y a de commun aux arguments qui sont considérés comme faisant preuve. On devrait aussi expliciter la notion d'explication employée dans le texte étudié et la comparer aux formes d'explication en vigueur dans les autres disciplines : qu'est-ce que l'on entend quand on estime avoir rendu un phénomène plus intelligible? Là encore je suis sûr de ne pas présenter un travail d'historien, et je ne suis même pas sûr d'avoir uploads/Philosophie/ logique-structure-enonciation.pdf
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- Publié le Dec 12, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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