Les origines de l'Institut Supérieur de Philosophie de Louvain Author(s): Louis

Les origines de l'Institut Supérieur de Philosophie de Louvain Author(s): Louis De Raeymaeker Source: Revue philosophique de Louvain , 1951, Vol. 49 (1951), pp. 505-633 Published by: Peeters Publishers Stable URL: https://www.jstor.org/stable/26332625 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Peeters Publishers is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Revue philosophique de Louvain This content downloaded from 154.59.125.43 on Mon, 30 May 2022 21:14:56 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms This content downloaded from 154.59.125.43 on Mon, 30 May 2022 21:14:56 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Les origines de l'Institut Supérieur de Philosophie de Louvain L'Institut supérieur de Philosophie occupe, au sein de l'Uni versité de Louvain, une situation particulière ; il a une structure spéciale tranchant sur celle des Facultés traditionnelles et des Ecoles qui se sont développées autour d'elles ; son programme d'études a une physionomie caractéristique. Tout cela est le résultat d'une évolution historique qui a traversé des phases diverses, dont quel ques-unes furent assez mouvementées. Autant dire que la situation présente ne se peut comprendre qu'à la lumière du passé. Aussi bien, depuis longtemps, l'on réclame une histoire de l'Institut. Le centenaire de la naissance du cardinal Mercier fournit l'occasion de répondre à ce désir. Dans les pages qui suivent, nous nous bornons à raconter les origines de l'Institut et l'activité de Mgr Mercier jusqu'à son départ de Louvain. Nous espérons pouvoir publier bientôt une histoire complète, qui retracera les diverses étapes qu'a traversées l'Institut depuis sa fondation jusqu'à nos jours. § 1. Le « Cours de haute philosophie de saint Thomas » Au dix-huitième siècle, la philosophie scolastique était tombée dans un état de décadence extrême. Sauf en Espagne et dans l'un ou l'autre endroit d'Italie, elle se trouvait évincée, partout ailleurs, par les courants philosophiques modernes. Cependant, dès le début du siècle suivant, se dessina un mouvement de retour vers l'ancienne tradition. Il réussit à s'étendre progressivement et à s'affirmer. Ce mouvement naquit au Séminaire de Plaisance, en Italie, grâce à l'action du chanoine Vincenze Buzzetti {1777-1824). Au cours This content downloaded from 154.59.125.43 on Mon, 30 May 2022 21:14:56 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 506 Louis De Rasymaelier de ses études dans cette ville, Buzzetti avait compté parmi ses pro fesseurs des jésuites espagnols réfugiés en Italie. Ils lui enseignèrent des doctrines scolastiques. Sous l'influence principalement du P. Bal thasar Masdeu (1741-1820), de tendance suarésienne, il se détourna de la philosophie moderne (notamment de l'empirisme de Locke et du rationalisme cartésien), pour s'orienter vers la Scolastique. L'étude des œuvres de Ant. Goudin (1638-1695) et de Salv. Roselli (f 1785) le conduisit finalement au Thomisme. Dès 1806, il enseigna la phi losophie ; devenu professeur de théologie, en 1808, il poursuivit son enseignement (avec des interruptions dues aux événements poli tiques) jusqu'en 1824. Plusieurs de ses anciens élèves ont joué un rôle considérable dans le renouveau thomiste. C'est, en particulier, le cas des deux frères Dominique Sordi (1790-1880) et Séraphin Sordi (1793-1865). Entrés l'un et l'autre dans la Compagnie de Jésus, ils y répandirent leurs idées. Dominique Sordi devint professeur de philosophie à la maison d'études de Naples, où il se trouva en même temps que Alois Taparelli d'Azeglio (1793-1862) et que Mathieu Liberatore (1810-1892) : il y enseigna de 1827 à 1833. Son caractère impétueux et son zèle indiscret pour la Scolastique le firent écarter de cet enseignement, mais les fruits de son action furent abondants et durables. Quant à l'influence de son frère, il est difficile de la sur estimer : pendant des années, ses cours manuscrits circulèrent dans les maisons d'études des jésuites italiens et y recueillirent des adhé sions. C'est sous l'influence des Sordi que Taparelli se fit thomiste : il enseigna cette doctrine au Collège romain. A partir de 1850, le prudent Liberatore, devenu (avec Taparelli, Bresciani, Curci) l'un des fondateurs de la Civiltà Cattolica, à Rome, se libéra à son tour du traditionalisme et s'orienta progressivement vers le thomisme. Au même courant d'idées se rattache Joseph Pecci (1807-1890), qui, après avoir quitté la Compagnie, devint professeur de philosophie à Pérouse, dont l'archevêque était son frère, Joachim Pecci (1810 1903), le futur Pape Léon XIII. Le groupe des jésuites de Naples agit de concert avec le fondateur de la revue napolitaine, Scienza e Fede (1840), le chanoine Cajétan Sanseverino (1811-1865), passé de Descartes à saint Thomas. Dans ce mouvement, un rôle de combat est joué par le jésuite Jean-Marie Cornoldi (1822-1892) : il fonda à Rome, en 1874, l'Aca démie philosophico-médicale, dont l'organe, La Scienza italiana, s'éditait à Bologne. Un représentant éminent du thomisme d'alors This content downloaded from 154.59.125.43 on Mon, 30 May 2022 21:14:56 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms L'Institut supérieur de Philosophie de Louüain 507 et qui appartient à l'ordre dominicain, toujours fidèle à saint Tho mas, est le cardinal Thomas Zigliara (1833-1893). En Espagne, le renouveau scolastique est soutenu vigoureusement par le cardinal Zefirino Gonzalez (1831-1894), O. P., dont le thomisme s'allie à des conceptions suarésiennes et à des doctrines modernes. En Alle magne, il faut signaler Alb. Stoeckl (1823-1875) et surtout le jésuite Jos. Kleutgen (1811-1883), qui passa plusieurs années à Rome, en compagnie de ses confrères Sordi, Liberatore et Taparelli, en parti culier à l'époque où il préparait son grand ouvrage, Die Philosophie der Vorzeit vertheidigt, paru de 1860 à 1863. Dans le Syllabus du 8 décembre 1864, Pie IX avait condamné l'assertion incriminant la doctrine et les méthodes des docteurs mé diévaux (1) ; il avait marqué sa bienveillante sollicitude pour la res tauration du thomisme dans des lettres adressées aux archevêques de Breslau et de Munich ; il n'avait pas manqué d'encourager cer tains représentants du renouveau thomiste, notamment Cornoldi. Son successeur, le pape Léon XIII, prit lui-même la direction du mouvement. Il monta sur le siège de Pierre en 1878 et dès sa pre mière encyclique, Inscrutabilis, du 21 avril, il-signala la suprême importance de la philosophie traditionnelle des écoles catholiques, au point de vue social, au point de vue de l'exposition et de la défense de la foi, au point de vue du progrès de toutes les autres sciences. Dans l'encyclique Aeterni Patris, du 4 août 1879, sur la philosophie scolastique, il développa cette pensée avec ampleur et il recommanda avec la plus grande insistance le retour à la tradition et surtout à la doctrine de saint Thomas. Etant archevêque de Pérouse, il s'était rendu compte de la valeur et des avantages d'un enseignement thomiste, ainsi que des conditions requises pour qu'il pût s'exercer utilement. Dans son Encyclique, il note que ce sont des erreurs philosophiques qui se trouvent à la source des maux dont souffre la société moderne. Une philosophie saine paraît néces Ρ) « Methodus et principia, quibus antiqui Doctores scholastici Theologiam excoluerunt temporum necessitatibus scientiarumque progressui minime con gruunt » (Propoeitio XIII). '3) «... quam (scholaeticam) duo potissimum gloriosi Doctores, angelicus S. Thomas et seraphicus Bonaventura... excellenti ingenio, assiduo studio, magnis laboribus et vigiliis excoluerunt atque ornarunt... Omnium princeps et magister, longe eminet Thomas Aquinas : qui, uti Cajetanus animadvertit, veteres doc tores sacros quia summe veneratus est, ideo intellectus omnium quodammodo sorti tus est ». This content downloaded from 154.59.125.43 on Mon, 30 May 2022 21:14:56 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 508 Louis De Raeymaeker saire à l'Eglise et à la foi ; mais elle est tout aussi indispensable à la vie sociale et au développement normal des sciences et des arts. Cependant, s'il convient de renouer avec la grande tradition médiévale, il s'agit de le faire avec discernement, en tenant compte des progrès scientifiques des temps modernes et de la nécessité d'adapter les conceptions anciennes aux conditions de la pensée actuelle (3). Caractère énergique, Léon Xlll ne s'en tient pas aux exhor tations. Il passe à l'action. Le 15 octobre 1879, il exprime l'intention de fonder, à Rome, une Académie de Saint-Thomas. C'est chose faite le 8 mai 1880 : le frère du Pape, le cardinal Joseph Pecci, qui en est le président, l'organise avec l'aide de Cornoldi. Le 18 janvier 1880, Léon Xlll ordonne de préparer une édition critique des œuvres de saint Thomas et il charge les Dominicains de cette tâche. Le 4 août 1880, le Docteur Angélique est proclamé « Patron de toutes les écoles catholiques ». Bientôt, le Pape s'attachera à faire en sorte que, dans les maisons d'études des ordres religieux et dans toutes les écoles catholiques, l'enseignement s'inspire effec tivement de la doctrine thomiste : dans ce but, il adressera des lettres aux jésuites et aux franciscains. Le 25 décembre 1880, un bref pontifical est envoyé à l'arche vêque de Malines, le cardinal Dechamps <4', pour demander l'érec tion d'une uploads/Philosophie/ louis-de-raeymaeker-les-origines-de-l-x27-institut-superieur-de-philosophie-de-louvain.pdf

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