Introduction. Pas de nature : l'homme est une histoire. Importance des différen

Introduction. Pas de nature : l'homme est une histoire. Importance des différents courants qui vont dans ce sens ( béhaviorisme, culturalisme, existentialisme ). Bien que la notion d'instinct en psychologie animale ait perdu de sa rigidité, elle reste un a priori de l'espèce, en ce sens un comportement animal renvoie à une nature. L'état des enfants sauvages est une condition aberrante où toute psychologie devient tératologie (science des monstres). En fait, l'homme est une absence de déterminations particulières qui rend possible une existence ouverte, créatrice et ordonnatrice d'une nature acquise. L'homme est un ensemble de virtualités. ( à mettre en parallèle avec Rousseau et la notion de perfectibilité ). Le problème de la nature humaine est équivalent à celui de l'hérédité psychologique, le naturel tient à l'hérédité et le culturel à l'héritage. Difficulté de séparer clairement le naturel et le culturel dans le domaine psychologique car le développement de celui-ci dépend des conditions sociales. Ce livre est une mise en question de l'existence dans l'embryon des dispositions psychiques de l'espèce. I. L'hérédité de l'individu Sartre voit en "l'hérédité psychologique" et en la "contamination sociale" deux grandes idoles explicatives : on oublie que la conscience donne sens aux multiples incitations extérieurs. L'existence individuelle est irréductible à ses condtions d'apparaître internes et externes. L'homme est sujet et objet de son histoire et de l'histoire de tous. Pour Malson, le concept d'hérédité psychologique est une hypostase ( à rapprocher du sens néoplatonicien qui l'entend comme un principe divin, sans expérience empirique ), un fétiche réalisé. L'hérédité biologique n'engendre pas directement le comportement psychologique. Arguments d'un point de vue génétique : - Impossiblité de réduire les faits psychologiques à des traits séparés que pourraient motiver certains gènes. - Infinité de combinaisons de possiblités de gènes - Les relations entre le phénotype et le génotype sont régies par des principes capricieux et variant selon les individus ( mutation, récessivité, dominance ). Arguments d'un point de vue de la sociologie des familles basée sur des études sur le génie ou l'arriération mentale : - L'exemple le plus utilisé pour défendre l'idée d'une hérédité psychologique est celui de la famille Bach avec sur huit générations (136membres) pas moins d'une cinquantaine d'artistes, on pouvait y voir avant un don transmissible. Mais il est nécessaire de voir les familles comme un milieu éducatif porteur de traditions familiales -et donc vecteur d'une imitation du modèle parental- qui peuvent induire des vocations. Pour Malson, chez les Bach on naissait destiné à la musique. - La stabilité des noms dans les victoires économiques, beaucoup plus grande que dans les triomphes intellectuels, montre que l'avantage dû au milieu du fait même de la position sociale est d'autant plus fort que le succès du père relève plus de l'univers matériel que de l'univers spirituel (il est plus facile pour le fils de Rothschild de continuer dans la voie de son père que pour le fils de Mauriac (romancier et poète français du XVIIIème siècle). La sociologie des familles s'est intéressée avec Dugdale à des cas comme celui de Max Jukes, un ivrogne vagabond de New York, dont on connaissait en 1915 parmi les 2094 descendants, 140 criminels, 300 prostituées, 310 mendiants et 600 oligophrènes (individus atteints d'arriération mentale). Au travers du multiples études, elle réussit à mettre en avant l'influence prépondérante du milieu : - Jones, Richardson et Neff. Aux tests d'intelligence, le coefficient de corrélation entre époux est aussi élevé qu'entre frère et soeur, bien que mari et femme aient des hérédités distinctes et que la fratrie relève de lignées unies. - Selon Skeels, les enfants de mères débiles mentales placés dans des familles adoptives normales accèdent à un quotient intellectuel au moins égal à celui de la population dans son ensemble. Toute la confusion des anciens débats (comme le racisme) tenait à ce que, dans les questions d'hérédité et d'héritage, en décrivant la famille -ou le groupe ethnique- c'est-à-dire un ensemble de bagages chromosomiques, mais, simultanément, un milieu culturel, on prétendait ne parler que de biologie. D'où l'intérêt pour la psychologie sociale d'un système d'étude de la gémellité. Pourrait-on montrer que les ressemblances psychologiques sont plus fortes entre des jumeaux identiques (issus d'un même ovule : homozygote) qu'entre jumeaux fraternels (issus d'un ovule différent : hétérozygote) et ainsi mettre à jour l'action du génotype? Etude, en 1959 de Robert Weill, portant sur le caractère criminel des jumeaux. On était en présence de 222 cas groupant 111 paires de jumeaux uniovulaires et 111 paires de jumeaux diovulaires. - Chez les vrais jumeaux, 80 paires sur 111 avaient 2 criminels contre 38 sur 111 pour les faux jumeaux. - Les concordances vont en décroissant lorsqu'on passait des jumeaux identiques (72%) aux jumeaux fraternels (34%) et aux siblings (frère non-jumeaux) (8%). Les jumeaux homozygotes ont plus de criminalité que les jumeaux hétérozygotes. On peut déceler ici l'action du milieu : du point de vue génétique, les jumeaux hétérozygotes ne se ressemblent pas plus que ne se ressemblent entre eux les siblings. Alors pourquoi y a t-il plus de criminalité chez les jumeaux hétérozygotes? L'éducation reçue par deux êtres physiquement similaires tend à les homogénéiser alors que celle à laquelle sont soumis deux êtres physiquement plus opposés tend à les différencier. Examen de la situation de gémellité identique d'un point de vue psycho-social. Il semble que l'entourage ait tendance à traiter de même manière ceux qui s'offrent au regard dans une indifférenciation objective (comme des jumeaux homozygotes par exemple). Zazzo montre, au niveau de la personnalité profonde, que les vrais jumeaux échappent à la fascination du double, au vertige du pseudo-miroir, s'individualisant et développent une personnalité propre et originale, et ce malgré un patrimoine héréditaire et culturel commun. Ainsi, la lecture d'une corrélation entre fait physiologique et fait psychologique n'est pas une lecture de causalité linéaire. L'idée d'une nature psychique individuelle dans l'homme s'effondre. II. L'hérédite de l'espèce Tout comme nous venons de soumettre l'idée d'une nature humaine individuelle à la critique, on doit soumettre aussi l'idée d'une nature humaine universelle. Dans l'ordre synchronique, réfutation d'une exacte similitude spécifique au profit d'une éducation qui modèle la personnalité de base. L'homme reçoit du milieu, d'abord, la définition du bon et du mauvais, du confortable et de l'inconfortable. Le chinois va vers les oeufs pourris et l'océanien vers le poisson décomposé. Le pygmée dort sur la meurtrissante fauche de bois. Il reçoit aussi une manière de penser le monde. Au Japon, par exemple, il est poli de juger les gens plus vieux qu'ils ne le sont. Il existe également une forte variabilité interindividuelle dans la perception des couleurs, des sons. Il emprunte à son entourage des attitudes affectives typiques. Chez les Eskimos, la jalousie s'évanouit, le meurtre d'un ennemi est normal, la guerre semble le comble de l'absurde et la mort n'est pas cruelle. Le respect des parents n'est pas moins soumis aux fluctuations géographiques. Exemple des Zuni et des Kwakiutl, Indiens, de "même race". Groupés dans des réserves distinctes, ils se sont orientés vers des modes de comportements parfaitement opposées : La société Zuni est calme, sereine et possède des protocoles religieux complexes. Elle cultive la courtoisie et la modestie. Le suicide est inconnu. Ici s'offre, selon Ruth Benedict, la "civilisation apollinienne". La société Kwakiutl est agitée, compétitive et méprise le formalisme rituel au profit d'une culture extatique. Elle entretient l'agressivité et l'arrogance. Le suicide est fréquent. Ici s'offre, selon Ruth Benedict, la "civilisation dyonisienne". La "race" a donc permis ici les contraires, c'est-à-dire qu'elle joue un rôle négligeable dans les conduites. La dimension temporelle autorise une nouvelle présentation du relativisme : - Variabilité interculturelle des phases par lesquelles passe le jeune enfant pour que l'homme s'accomplisse. A Trobriand par exemple, la phase anale n'apparaît pas et on ne connaissait aucune liaison entre l'analité et la libido avant l'arrivée des blancs. - Remise en cause de l'universalité du complexe freudien d'Oedipe. Kardiner signale qu'il est invisible dans les îles d'Alor où les parents s'intéressent très peu à leur progéniture et lui laisse une grande liberté, la privant ainsi d'avoir ces contacts étroits qui sont source de conflits. Margaret Mead signale aussi l'absence de ce complexe chez les Mundugumor où les mères haïssent leurs enfants et ont horreur de les nourrir. Lagache dira que la psychanalyse aujourd'hui considère que les stades ne sont peut-être que des artefacts d'origine culturelle. Ainsi, il n'est pas de nature humaine au sens elle admettrait des propriétés spécifiques définies une fois pour toutes. Cependant, il demeure que l'homme en société actualise des possibilités qui le différencient sans contexte de l'animal supérieur. Elles seraient au nombre de trois dans le domaine de l'intelligence selon Kölher et au nombre de trois, également, dans le domaine de l'affectivité selon Levi-Strauss. - L'intelligence de l'homme, lorsqu'on la confronte à celle des chimpanzés, manifeste comme caractéristiques la liberté dans le temps (possibilité de concevoir un objet intermédiaire comme réalité substituable au corps et tout à fait équivalente à lui dans l'ordre géométrique) et l'espace (il n'est pas enfermé dans le donné visuel) , la pensée de la pure uploads/Philosophie/ lucien-malson-les-enfants-sauvages.pdf

  • 42
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager