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page 1 sur 20 Compte rendu de Matérialisme, vitalisme, rationalisme. de A. A. Cournot. Bertrand Liaudet. Maîtrise de philosophie. Histoire et philosophie des sciences. A.A. Cournot Matérialisme, vitalisme et rationalisme (1) Introduction Quand on aborde un ouvrage qui étudie l’emploi des données de la science en philosophie, on peut être tenté par une critique corrective ou réfutative des données scientifiques avancées. Cournot écrit en 1875. Il ne connaît donc pas la structure quantique de la matière, ni la relativité, ni le rayonnement fossile de l’univers, ni la tectonique des plaques, ni la génétique, ni la neurologie, pour ne citer que quelques avancés majeures de la connaissance de la Nature que le siècle qui nous sépare de cet ouvrage a vu naître. La méthode de Cournot est principalement inductive. C’est à partir de d’une observation des faits et des données de la science de son temps (2) qu’il développe son argumentation, par induction ou par analogie. Si pour l’historien des sciences, les sciences du passé sont dépassées, la rigueur dans la détermination et le choix des faits garantit une spéculation philosophique durable, car un fait correctement nettoyé de sa gangue d’interprétation, n’est jamais dépassé. L’ouvrage est divisé en quatre parties, de taille à peu près égale (une cinquantaine de pages), elles-mêmes divisées en 8 à 10 paragraphes, eux-mêmes d’une taille à peu près identique. Cette régularité quasi géométrique n’est pas sans faire écho aux principes rappelés dans la cosmologie : pour le physicien et le chimiste, comme pour l’algébriste et le géomètre, il y a d’élégants théorèmes, des formules, des constructions élégantes, en ce qu’elles font ressortir des symétries, des analogies propres à mettre l’ordre dans la confusion, l’unité dans la variété. Souvent même cette élégance des formules est ce qui en a fait pressentir la vérité et la preuve rigoureuse. L’absence d’introduction et de conclusion, comme s’il n’y avait pas de thèse à introduire, de questions à poser, de réponses à apporter, mais seulement un monde à décrire, confirme que la thèse principale du livre réside dans sa structure même, ses quatre sections : matérialisme, vitalisme, transition du vitalisme au rationalisme et rationalisme. Cette structure est en partie justifiée de manière inductive par les données scientifiques, mais aussi posée a priori. Cette double origine, inductive et hypothético-déductive, rejoint l’objet même du livre, le mariage des sciences et de la philosophie, et marque déjà la volonté de Cournot de résoudre l’antinomie entre le progrès dans les sciences et l’éternité de l’idée. Il faut noter que le titre reprend les intitulés des première, deuxième et quatrième section : "matérialisme", "vitalisme" et "rationalisme". La troisième section, "transition du vitalisme au rationalisme" n’apparaît pas dans le titre. Son rôle sera particulier dans l’organisation et la dynamique conceptuelle de l’ouvrage : elle est comme l’entéléchie de la connaissance. Il nous a donc paru souhaitable dans ce compte rendu de suivre la structure principale des quatre sections, de rendre compte de la structure de l’argumentation et des principales données avancées, d’essayer de dégager dans chaque section et paragraphe les éléments qui nous paraissent les plus importants, tout en restant extrêmement proche du texte. Malgré la grande régularité de la structure de l’ouvrage, nous serons particulièrement insistant sur les sections 3 et 4 qui correspondent au règne de l’homme, tandis que nous survolerons assez rapidement les deux premières sections qui correspondent au règne de la nature. page 2 sur 20 Compte rendu de Matérialisme, vitalisme, rationalisme. de A. A. Cournot. Bertrand Liaudet. Maîtrise de philosophie. Histoire et philosophie des sciences. Matérialisme Cette section est divisée en 2 parties. Les quatre premiers chapitres présentent les éléments fondamentaux du matérialisme de l’époque (matière, force, constitution chimique, agents impondérables). Les quatre derniers chapitres présentent des interrogations philosophiques et méthodologiques dans la filiation de l’épistémologie kantienne : les conditions de possibilité du fait scientifique et le rôle des sens ; le problème de la causalité, du hasard et des lois ; la question de l’espace, du tout et de l’idée du monde ; la question du temps et de l’origine du monde. Ces chapitres sont l’occasion de nouvelles résolutions des antinomies de la raison pures décrites par Kant. Bref aperçu de l’état des sciences Le premier élément important c’est l’idée de matière. L’idée de matière est essentiellement liée à la chimie, science récente qui a été ouverte par les travaux de Lavoisier. La matière c’est ce qui reste tandis que la forme change : rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme. La matière est un élément fondamental de la science, puisque, étant ce qui reste, elle est ce qui se laisse mesurer et ainsi permet d’accéder aux lois de la nature et à la preuve scientifique. L’attraction à distance (la gravitation universelle), est l’exemple type utilisé pour définir la notion de force. La force se trouve dans la matière. L’inertie est une propriété de la matière. Les corps sont mis en mouvement sous l’action d’un autre corps. La dynamique est la théorie mathématique du mouvement des corps soumis à des forces. L’homme reçoit de la nature le corps et la force donc il ne peut les détruire de ses spéculations : corps et force sont a priori. L’ordre de la chimie n’est pas réductible à celui de la physique : il existe une force chimique sui generis. Ainsi, les chimistes construisent une science autonome par rapport à la mécanique newtonienne, dont l’algèbre est recommandable aux yeux du logicien. Il y a de plus deux chimies, elles aussi irréductibles : la chimie minérale et la chimie organique. Dernier élément, les agents impondérables : la lumière, la chaleur, l’électricité, le magnétisme. Ce sont des fluides sui generis, soustrait à la pesanteur. Ils résistent à l’application de l’idée de masse. Or l’invariabilité de la masse est le fait qui justifie scientifiquement la substance. Leibniz dit que la constitution de la matière pondérable n’est qu’un phénomène bien ordonné et qui dès lors ne répugne point à l’idée que d’autres classes de phénomènes aient pu être bien ordonnées d’une autre façon. Critique de la raison pure Les physiciens et les chimistes, ces matérialistes, ces dynamistes par état, doivent être réputés plutôt des idéalistes que des sensualistes, car la matière et les forces ne sont et ne peuvent être pour nous que des idées. On passe par l’image-hypothèse (géométrique, sensible) pour comprendre l’idée-connaissance. Il faut ensuite faire abstraction de tout ce qu’il y a de sensible dans l’image pour ne retenir que ce qu’il y a d’intelligible dans l’idée. Cependant, dans la science constituée, l’idée a acquis trop de prépondérance sur le fait empirique et positif. Mais si les idées dirigent les évolutions, les révolutions tiennent surtout au fait. La classification des sciences présente deux embranchements : celui des sciences théoriques, comme la physique ou la chimie, et celui des sciences cosmologiques, comme l’astronomie ou la géologie. C’est la distinction capitale entre les lois de la physique et les faits de la cosmologie. page 3 sur 20 Compte rendu de Matérialisme, vitalisme, rationalisme. de A. A. Cournot. Bertrand Liaudet. Maîtrise de philosophie. Histoire et philosophie des sciences. Il y a deux types d’enchaînement et de succession des phénomènes. D’une part, ceux de la loi de Newton, qui ne sont pas déterminés parce qu’ils sont prédits mais ne sont prédits que parce qu’ils sont déterminés, et pour lesquels le présent est gros de l’avenir et de tout le passé. D’autre part, les phénomènes ondulatoires des agents impondérables. Ceux-là ne sont pas fonction de l’état initial. Le présent cesse d’être gros du passé. Mais dans les deux cas, l’observation du présent implique la connaissance de tout l’avenir. Dans tous les phénomènes, le contraste entre loi et fait rejoint celui entre nécessité et hasard. Le hasard provient de la rencontre entre des séries de causes et d’effets nécessaires indépendantes les unes des autres. Ce sera repris dans le rationalisme. Le hasard même a donc des lois. L’idée du tout, du monde, amène Cournot à se replacer dans l’ensemble de son ouvrage. Il y a trois mondes : le monde physique, le mondes des êtres vivants et le monde moral. Et un quatrième monde, celui des ignorants et des savants et des lettrés. L’idée du tout est aussi liée à celle d’une organisation, classification et histoire des sciences. Les questions de l’origine, la cosmogonie, sont liées à la croyance nécessaire à l’immutabilité des lois de la nature. Les lois primordiales ne sont pas fonction du temps. Plus la physique avance, plus elle est indépendante du temps. Réponses aux antinomies Dans la première antinomie la thèse soutient que le monde a un commencement dans le temps et qu’il est aussi limité dans l’espace, tandis que l’antithèse affirme que le monde n’a ni commencement dans le temps, ni limite dans l’espace, qu’il est infini aussi bien dans le temps que dans l’espace. Pour Cournot, et logiquement la science du XIXe siècle, la raison ne peut concevoir le monde limité dans le temps sans se heurter contre la maxime scientifique qui prescrit de regarder les lois de la physique comme uploads/Philosophie/ materialisme-vitalisme-rationalisme-aa-cournot.pdf

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