Alchimie et stoïcisme : à propos de récentes recherches par Sylvain Matton S OM
Alchimie et stoïcisme : à propos de récentes recherches par Sylvain Matton S OM M A IR E LE STOïCISME, MODÈ LE PHILOSOPHIQUE DE L’ALCHIMIE ? 7 LES RÉFÉRENCES DES ALCHIMISTES AU STOïCISME 10 La morale stoïcienne 13 L’alchimisation du Portique 16 ➊ Les « stoïciens » 16 ➋ Zénon 20 ➌ Cléanthe 27 ➍ Chrysippe 28 ➎ Sénèque 30 S PIR ITUS M UNDI ALCHIMIQUE ET PNEUMA STOïCIEN 33 Dénonciations de l’impiété et de l’athéisme des stoïciens 33 Une dé-divinisation du pneuma 40 La question théologique de l’âme du monde 47 Distinction et unification de l’âme du monde et de l’esprit du monde chez les alchimistes 57 Méconnaissances et distorsions de la physique stoïcienne 71 LES CONSTITUANTS DES CORPS 83 Éléments et principes 83 Matière et forme 95 LE MÉLANGE TOTAL 102 LA CONFLAGRATION UNIVERSELLE 114 DE L’INFLUENCE DE LIPSE ET DE SON MILIEU SUR L’ALCHIMIE 122 CONCLUSION 131 APPENDICES 1. Les discours de Zénon dans la Turba philosophorum 134 2. Jean Fernel, Utrum elementorum substantiæ, an qualitates solæ, totis totæ perfundantur (Physiologia, II, VII) 140 3. Francesco Piccolomini, Quinta essentia (De rerum definitionibus) 142 INDEX DES NOMS ET DES OUVRAGES ANONYMES 145 LE STOïCISME, MODÈ LE PHILOSOPHIQUE DE L’ALCHIMIE CLASSIQUE ? On ne mesure encore que très imparfaitement la place que tinrent dans l’élaboration et le développement des doctrines alchimiques les grandes écoles de la philosophie antique. C’est sur cette importante question que Bernard Joly s’est proposé d’entreprendre des recherches, dont il a exposé les résultats dans La Rationalité de l’alchimie au XVIIe siècle, ouvrage qui consiste en une présentation 1, une édition 2, une traduction 3 et un commentaire de l’opus- 1. La Rationalité de l’alchimie au XVIIe siècle […] avec le texte latin, la traduction et le commentaire du Manuscriptum ad Federicum [sic] de Pierre-Jean Fabre, Préface de Jean-Paul Dumont, « Mathesis », Paris, 1992. — Cet ouvrage reprenant, sous une forme assez peu modi- fiée, sa thèse de doctorat dirigée par J.-P. Dumont (Lille, 1988), il est fâcheux que Joly n’ait pas saisi cette occasion pour en corriger les nombreuses fautes, presque toutes reproduites dans son ouvrage, ce qui rend entre autres inutilisable sa bibliographie des œuvres de Fabre (pp. 375- 376) : on a ainsi une Chirurgica spagyrica, in quo [sic] de morbis cutanei [sic] omnibus spagyrice & methodice agitatur [sic]…, un Hercules pio-chymicus in quo penitissima tum morales [sic] philosophiae tum chymicae artis arcana laboribus Herculeis [sic]…, un Hydrographum spagyri- cum, in quo de mira fonticum [sic] essentia… ; ou encore un Panchymici, seu, Anatomia [sic] totius Universi Opus… En outre, les titres de diverses éditions sont confondus : Sapientia Uni- versalis quatuor libris comprehensa… n’est pas le titre de l’édition de « Toulouse, Bosc, 1654 », mais celui de l’édition de Francfort, J. Beyer, 1656 ; on a une « Traduction et notes du Cursus [sic pour Currus] triomphalis [sic] Antimonii de Basile Valentin ; Toulouse, Bosc, 1646 », alors que les notes seules sont de Fabre, la traduction du Triumph-Wagen Antimonii ayant été faite à sa demande par un certain Spigellius. De même, les références ne sont pas toujours très sûres. Ainsi, p. 27, le texte de Leibniz sur la signification du prénom Basile Valentin n’est pas tiré de la conclusion d’une lettre du 27 juin 1690, mais de son Œdipus chymicus ænigmatis Græci, et Germanici ; p. 288, la traduction française par François Sauvin du Char triomphal de l’antimoine de Basile Valentin n’a pas été « publiée » mais effectuée en 1646, ni « rééditée à Paris en 1977 », mais éditée pour la première fois ; etc. 2. Cette édition, qui se veut critique, du Manuscriptum ad Fridericum est fort défectueuse. D’abord, on comprend mal comment l’édition tardive de J.-J. Manget (dans sa Bibliotheca chemica curiosa) a pu être choisie pour texte de base, et non pas l’édition originale parue dans les Miscellanea Curiosa sive Ephemeridum Medico-physicarum Germanicarum Academiæ Imperialis Leopoldinæ Naturæ Curiosorum decuriæ II de l’année 1689 (Nuremberg, 1690) — titre écorché par Joly qui écrit (p. 122, note 5) germanicum et Imperiales, et donne l’année 1681 pour 1689. Ensuite, une foule de fautes, qu’une relecture un tant soit peu attentive de ce texte assez bref aurait pu éviter, la rendent peu utilisable (certaines, provenant d’une confusion due à la proximité des anciennes graphies du s et du f, laissent des plus perplexes). En voici un relevé qui permettra au moins de corriger les quinze premières pages : p. 130, l. 6 : heredæ pour hederæ, l. 15 : la leçon terendo de BCC pour ferendo n’est pas signalée dans l’apparat, legitiman pour legitimam, l. 26 après Claudero manque D. ; p. 132, l. 1 : præcatur pour precatur, l. 7 : amitiam pour amicitiam ; l. 12 : referabit pour reserabit ; p. 134, l. 7 : après reliqua manque omnia ; ac pour at ; l. 11 sit pour fit ; l. 14 sit pour fit ; l. 22 sit pour fit ; p. 136, l. 17 : sit pour fit ; l. 29 afferit pour asserit ; l. 30, même chose ; p. 138, l. 19 : dinstinctam pour distinctam ; l. 20 dinstincta pour distincta ; p. 142, l. 5 Lapidem pour Lapideam ; l. 6 : quita pour quinta ; l. 15 posquam pour postquam ; p. 144, l. 4 après materia manque hæc ; p. 146, l. 5 impregnat pour imprægnat ; 10 : fortiatur pour sor- tiatur ; l. 26 immmaculata pour immaculata ; p. 148 ce sont les définitions 23 et 29, et non pas 8 Sylvain Matton cule connu sous le nom de Manuscriptum ad Sereniss. Holsatiæ ducem, DN. Fridericum (Nuremberg, 1690) du médecin achimiste de Castelnaudary Pierre Jean Fabre (ca 1588- 1658). En effet, l’analyse de cet écrit de Fabre 4 sert ici essentiellement à illustrer la thèse déjà défendue par Jean-Paul Dumont dans son étude de 1981 « Les a priori philosophiques de l’alchimie classique : J.-J. Becher et le matérialisme stoïcien » 5. Cette thèse pose que « les les 24 et 30, comme il est faussement indiqué dans l’apparat, qui manquent dans BCC ; p. 150, l. 10 perenni pour perennis ; l. 18 afferunt pour asserunt ; p. 152 l. 11 pæcedenti pour præcedenti ; l. 28 immaturata pour immatura ; l. 29 afferimus pour asserimus ; p. 154 l. 6 sua pour suæ ; l. 12 après Trinus manque est ; l. 17 similitudinem quamdam pour similitudine quâdam ; l. 26 principum pour principium ; apparat, supprimer la note 11 (ubique est bien dans BCC) ; p. 156, l. 5 sissitas pour siccitas ; l. 18 Philisophorum pour Philosophorum ; l. 21 afferit pour asserit ; l. 27 Mercurius pour Mercurium ; p. 158, l. 2 afferunt pour asserunt ; p. 160 l. 7 perficientur pour perficiuntur ; l. 13 : afferit pour asserit ; l. 17 recipiende pour recipiente ; l. 19 afferendo pour asserendo ; l. 21 fiunt pour sunt ; l. 27 cœrcetur pour coërcetur ; l. 31 palpere pour palpare ; ipsô pour illô, dans l’apparat, ajouter : 28 « radicati » au lieu de « radicali » BCC ; p. 162, l. 6 opum pour opus. 3. La traduction, donnée en regard du texte latin, est élégante et exacte, pour autant que les fautes d’édition ne retentissent pas sur elle. Car si cette traduction ne semble pas avoir été effectuée sur le texte tel qu’il est ici édité, mais directement sur celui de Manget, elle répercute néanmoins certaines fautes de l’édition de Joly ; par exemple, page 142, l. 5, qui materiam Lapidem (au lieu de lapideam) indurat donne : « qui durcit la matière en pierre » (au lieu de « qui durcit la matière pierreuse »). 4. En raison de sa publication posthume et surtout de l’introduction de l’alkaest (voir l’ar- ticle de B. Joly cité infra note 263), dont Fabre ne parle jamais dans ses autres ouvrages, l’au- thenticité du Manuscriptum ad Fridericum a été contestée, notamment par R. Nelli dans son étude « Pierre Jean Fabre, médecin spagirique et alchimiste, 1588-1658 », La Tour Saint-Jacques, 16 (juillet-août 1958), pp. 36-50, ici p. 50. Or, en faisant observer (pp. 126-127) que dans son Aurum superius et inferius auræ superioris et inferioris hermeticum, daté de 1674, Christian Adolph Baldewein (Balduinus, 1632-1682) cite le Manuscriptum ad Fridericum, B. Joly apporte une contribution significative à l’histoire de ce texte et un élément qui milite en faveur de son au- thenticité. Il est donc regrettable que Joly n’ait pas procédé à une analyse interne du texte sur la base de parallèles avec les autres œuvres de Fabre, lesquels permettent en effet de défendre cette au- thenticité. Par exemple, le passage sur la salamandre pp. 184-185 du Manuscriptum ad Fridericum (« Vidi enim ego in Britannia, ubi multæ adsunt in fimis veteribus Salamandræ, quas ego igne destruxi & in cineres redegi. Nullo pacto siquidem igne vivunt & conservantur, sed mo- riuntur ac destruuntur totaliter, ut sæpissime in Britannia expertus sum. uploads/Philosophie/ matton-sylvain-alchimie-et-stoicisme.pdf
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- Publié le Sep 23, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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