Revue philosophique étudiante Vol. XVI Hiver 2016 Nous remercions nos partenair

Revue philosophique étudiante Vol. XVI Hiver 2016 Nous remercions nos partenaires : •  La Faculté de philosophie de l’Université Laval •  La Confédération des associations d’étudiantes et d’étudiants de l’Université Laval (CADEUL) •  L’Association des étudiantes et des étudiants de Laval inscrits aux études supérieures (AELIÉS) •  L’Association des chercheurs étudiants en philosophie de l’Université Laval (ACEP) •  L’Association générale des étudiantes et étudiants prégraduéEs en philosophie de l’Université Laval (AGEEPP) Revue Phares Bureau 514 Pavillon Félix‑Antoine‑Savard Université Laval, Québec G1K 7P4 revue.phares@fp.ulaval.ca www.revuephares.com ISSN 1496‑8533 Direction et rédaction Daphnée Savoie Jean-François Perrier Simon Pelletier Élaboration du dossier « Philosophie de la médecine » Daphnée Savoie Élodie Giroux Jean-François Perrier Pierre-Olivier Méthot Simon Pelletier Infographe et édimestre Pierre Moreau Comité de rédaction Andrée-Anne Bergeron David Prévost-Gagnon Delphine Gingras Félix Aubé Beaudoin Jean-Christophe Anderson Jeffrey Elawani Jérôme Brousseau Kate Blais Mathieu Gagnon Mathilde Bois Olivier St-Pierre Provencher Philippe Bettez Quessy Pier-Alexandre Tardif Sébastien Lacroix Simon Jomphe Comme son nom l’indique, la revue Phares essaie de porter quelques lumières sur l’obscur et redoutable océan philosophique. Sans prétendre offrir des réponses aptes à guider ou à éclaircir la navigation en philosophie, cette revue vise, en soulevant des questions et des problèmes, à signaler certaines voies fécondes à l’exploration et à mettre en garde contre les récifs susceptibles de conduire à un naufrage. En outre, le pluriel de Phares montre que cette revue entend évoluer dans un cadre aussi varié et contrasté que possible. D’une part, le contenu de la revue est formé d’approches et d’éclaircissements multiples : chaque numéro comporte d’abord un ou plusieurs Dossiers, dans lesquels une question philosophique est abordée sous différents angles ; puis, une section Commentaires, qui regroupe des textes d’analyse, des comptes rendus, des essais, etc. ; et, enfin, une section Répliques, par laquelle il est possible de répondre à un texte précédemment publié ou d’en approfondir la problématique. D’autre part, la revue Phares se veut un espace d’échanges, de débats et de discussions ouvert à tous les étudiants intéressés par la philosophie. Pour participer aux prochains numéros, voir la politique éditoriale publiée à la fin du présent numéro. Nous vous invitons à consulter notre site Internet (www.revuephares.com), où vous aurez accès à tous les articles parus dans Phares. Table des matières  Dossier : Philosophie de la médecine 1  Introduction : Les concepts de santé et de maladie en histoire et en philosophie de la médecine Pierre-Olivier Méthot 2  Définir la santé et la maladie : le naturalisme de Boorse et l’analyse conceptuelle Olivier Provencher 3  Le concept de fonction dans la théorie biostatistique de Christopher Boorse David Prévost-Gagnon 4  Sexes et reproduction : Boorse face à la critique féministe Sophie Savard-Laroche 5  Régler le vide définitionnel du DSM : la tentative de Wakefield Charles Ouellet 6  Le normal et le pathologique : étude comparative de l’approche de Boorse et de Canguilhem à propos de la définition de la maladie et de la santé Keba Coloma Camara 7  L’approche phénoménologique en médecine Jean-François Perrier 8  Note de fin Élodie Giroux Commentaires 9  Définition et explicitation dans Two Dogmas of Empiricism : une relecture de la critique de la notion d’analyticité Pier-Alexandre Tardif 10  Hegel, la propriété et le libéralisme Emmanuel Chaput 11  Amenuisement du temps : l’événement au temps de la crise Maxime Plante 12  Addiction et procrastination Gabriel Monette Dossier : Philosophie de la médecine Phares 9 Introduction : Les concepts de santé et de maladie en histoire et en philosophie de la médecine Pierre-Olivier Méthot, Professeur à l’Université Laval, membre du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie (CIRST) 1. Introduction La philosophie et l’art médical ont noué à maintes reprises dans l’histoire des rapports complexes1, donnant lieu à un foisonnement de questions portant sur la nature des objets de la médecine (la santé et la maladie) de même que sur son statut épistémologique. La médecine est-elle un art ou une science ? Les maladies existent-elles, ou n’y a-t-il que des individus malades ? La santé est-elle plus que l’absence de maladie ? Quelles sont alors ses limites et comment la distinguer du bonheur ? Ce qu’on désigne communément depuis le milieu des années 1970 par « philosophie de la médecine » constitue l’un des plus récents aboutissements de ce dialogue vieux de plusieurs siècles2. Longtemps indissociable de la bioéthique et de l’éthique médicale, la philosophie de la médecine contemporaine s’est progressivement émancipée de ces domaines pour se consacrer principalement (mais non exclusivement) à l’étude des dimensions épistémologique et méthodologique des sciences médicales et biomédicales. Contrairement à la « philosophie de la biologie » qui connut rapidement un succès international3, la philosophie de la médecine dans son acception anglo-américaine a traversé plusieurs débats internes avant de s’imposer comme sous-discipline autonome au sein de la philosophie analytique des sciences. Cette situation s’explique, en partie, en raison des origines diverses de la philosophie de la médecine (européennes, nord-américaines), qui se sont traduites par l’absence d’une unité de style et de problématique Phares 10 Dossier : Philosophie de la médecine (contrairement à la philosophie de la biologie), et par le fait que le statut épistémologique de la médecine place celle-ci du côté des « arts » et non des « sciences »4. Du côté de la philosophie dite continentale des sciences, en revanche, l’œuvre historico-épistémologique de Georges Canguilhem (1904‑1995), celle du psychiatre et philosophe Karl Jaspers (1883‑1969) et celle du bactériologiste Ludwik Fleck (1896‑1961) avaient déjà fortement contribué à la réflexion épistémologique sur les concepts de santé et de maladie dans les sciences biologiques et médicales durant la première moitié du XXe siècle. Même s’il n’eut qu’une influence indirecte sur les débats contemporains, L’Essai sur quelques problèmes concernant le normal et le pathologique demeure encore aujourd’hui l’un des textes classiques en philosophie de la médecine5. On distingue habituellement deux grandes orientations au sein des réflexions portant sur les concepts de santé et de maladie6. La première s’intéresse à la nature de ces phénomènes et cherche à les représenter au moyen de différents modèles (ex. : entité séparée, équilibre). On se demande alors à quoi les concepts de santé et de maladie renvoient dans le monde. La maladie n’est-elle qu’un concept (nominalisme) ou bien fait-elle référence à un objet concret (réalisme) ? Est-ce une « entité » séparée ou un « processus temporel » immanent à l’individu ? Ces questions ont principalement intéressé les historiens de la médecine7. L’autre grande orientation prend pour objet le statut épistémique de ces concepts : le terme « maladie », par exemple, renvoie-t-il d’abord à un état indésirable chez un individu ou peut-on en donner une description objective ? Est-il possible de définir les concepts de santé et de maladie de manière scientifique sans faire référence à des valeurs sociales et culturelles ou ces derniers sont-ils intrinsèquement normatifs ? Cette controverse que nous présenterons plus loin a largement dominé le débat anglo- saxon en philosophie de la médecine depuis près d’un demi-siècle. Bien loin d’épuiser le champ d’investigation de la philosophie de la médecine8, ce débat l’a toutefois structuré en profondeur et continue encore aujourd’hui d’alimenter la discussion9. Phares 11 Les concepts de santé et de maladie en histoire et en philosophie de la médecine 2. Les conceptions ontologiques et physiologiques de la santé et de la maladie Les historiens ont fréquemment souligné le fait que la médecine occidentale a oscillé à plusieurs reprises entre deux grandes conceptions de la santé et de la maladie, à savoir la conception « ontologique » et la conception « physiologique ». Chacune d’elles était susceptible d’être corroborée par l’expérience empirique en fonction du type de maladie prévalent lors d’une période historique donnée : tandis que les maladies infectieuses et parasitaires soutenaient naturellement la conception ontologique, les troubles endocriniens et autres types de dérèglements organiques plaidaient en faveur d’un concept dynamique ou fonctionnel de la maladie10. Tirant ses origines de la médecine primitive ou archaïque, la conception ontologique conçoit la maladie comme un être extérieur (tels un esprit, un poison, un parasite ou un germe) qui pénètre le corps de l’individu provoquant un état pathologique auquel cet être s’identifie. La maladie, comprise comme une entité concrète et séparée, existe ici au sens fort du terme. Selon la formule du médecine et historien britannique Sir Henry Cohen (1900‑1977) : « Lorsqu’un homme sain A tombe malade, il devient A plus B, où B est “une maladie”11 ». Dans cette perspective, recouvrer la santé consiste alors à expulser, voire à éliminer cette entité étrangère, soit par des moyens magiques ou scientifiques. « Rejeter des vers c’est récupérer la santé ». Suivant cette conception, « la maladie entre et sort de l’homme comme par la porte », pour reprendre les mots de Canguilhem12. Durant la « Révolution scientifique » du XVIIe et XVIIIe siècle, la médecine classificatrice permit l’émergence d’une autre dimension de la conception ontologique. Plutôt que de réifier la maladie en l’identifiant à un être extérieur (ens morbi), uploads/Philosophie/ mgl-kh-s-bflsf-laalom-ltby-phares-xvia.pdf

  • 18
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager