131 Safinaz Büyükgüzel Université Hacettepe (Ankara) Abstract: An utterance (te

131 Safinaz Büyükgüzel Université Hacettepe (Ankara) Abstract: An utterance (text or discourse) can contain both objective linguistic elements and subjective linguistic elements that are based on the speaker’s emotions, ideas, beliefs and value judgments. Modality, as a dimension of subjectivity is a universal notion that occurs in the field of semantics and a linguistic expression of speaker’s attitude towards his own speech or utterance. The aim of this study is to examine briefly the concept of modality in terms of logic, grammar and linguistics and then to form categories by showing the differences between subjective linguistic elements and modality markers. Key-words: dictum, modus, modality, subjectivity, modal auxiliaries, modality marker, modality of enunciation. Özet: Bir sözce (metin ya da söylem) hem nesnel, hem de konuşan öznenin duygu, düşünce, inanç ve değer yargılarına bağlı öznel dilsel öğeler içerebilir. Öznelliğin boyutlarından biri olan kiplik, anlam alanında ortaya çıkan evrensel bir olgudur. Konuşan öznenin sözcesi karşındaki tutumunun dilsel olarak ifadesidir. Bu çalışmanın amacı, kiplik bildiren dilsel öğeleri, mantık, dilbilgisi ve dilbilim açısından incelemek ve öznellik belirten dilsel öğeler ile kiplik belirten dilsel öğeler arasındaki farkları ortaya koyarak sınıflandırmalar oluşturmaktır. Anahtar sözcükler: dictum, modus, kiplik, kipleştirme, kiplik belirten dilsel öğeler, kiplik değeri, sözceleme, öznellik. Synergies Turquie n° 4 - 2011 pp. 139-151 Modalité et subjectivité : regard et positionnement du locuteur1 Résumé : Un énoncé ou un discours peut comporter des unités linguistiques aussi bien objectives que subjectives liées aux sentiments, aux idées, aux croyances et aux jugements de valeur du sujet parlant et/ou écrivant. En tant qu’une des dimensions de la subjectivité, la modalité est une notion universelle relevant du domaine du sens. Elle est l’aboutissement de l’intervention du locuteur de manière à marquer sa présence par une attitude ou une prise de position envers son énoncé. L’objectif de ce travail est d’étudier et de classifier les notions concernant la modalité et ses outils linguistiques selon les conceptions de divers domaines comme la logique, la grammaire et la linguistique. Mots-clés : dictum, modus, modalité, modalité d’énoncé, modalité d’énonciation, modalisateur, valeur modale, subjectivité. 132 1. Introduction Chaque production langagière est subjective d’une manière ou d’une autre parce qu’elle se réalise par l’intervention directe d’un locuteur qui utilise la langue à son compte pour s’exprimer, pour communiquer, ou pour influencer un tel. Pour ce faire, il se sert de plusieurs stratégies relevant de différents outils et méthodes qui illustrent son attitude envers son interlocuteur et envers son énoncé. Par la langue, le locuteur construit une image de soi et prend une position qui s’effectue explicitement ou implicitement dans sa parole. Dans ce cas, en tant qu’un outil linguistique de la subjectivisation, la modalité est au service du locuteur et lui permet de marquer sa présence de manière à marquer son attitude dans son énoncé. La notion de modalité a été étudiée, d’abord par la logique, la philosophie, la grammaire et ensuite, à partir des années 70, dans le cadre des travaux sur l’énonciation et la pragmatique. Etudiée par plusieurs domaines dont les points de vue sont différents (et / ou complémentaires) vis-à-vis de la catégorisation, de la définition et du fonctionnement de ce phénomène, la modalité est une notion de plus en plus importante dans l’analyse de la subjectivité et du discours. Comme le précise Meunier, « le terme [modalité] est saturé d’interprétations qui ressortissent explicitement ou non, selon les linguistes qui l’utilisent, de la logique, de la sémantique, de la psychologie, de la syntaxe, de la pragmatique ou de la théorie de l’énonciation » (1974 : 8). L’objectif de cet article sera d’aborder la notion de modalité, qui implique le positionnement ou « le regard du locuteur » devant le contenu de son énoncé. 2. Dictum et Modus Charles Bally a accordé une place importante à la notion de modalité, composée de dictum et de modus. Ces deux notions primordiales constituent la base de la théorie de la modalité. Selon Bally, la « phrase explicite » comprend deux parties dont l’une est le dictum, « la représentation reçue par les sens, la mémoire ou l’imagination », et l’autre, le modus « l’opération psychique du sujet pensant » (1965 : 36). Ces deux termes, qui paraissent au premier abord contradictoires sont en fait complémentaires. Bally s’exprime avec une métaphore : « la modalité est l’âme de la phrase ; de même que la pensée » (1965 : 36). Le rapport entre penser , dire et décrire n’est pas toujours aisé à cerner. Le positionnement du sujet dans son énoncé est conditionné par la logique, la psychologie et la linguistique qui constituent un ensemble difficile à distinguer. Pour que la modalité se manifeste dans un énoncé, il doit y avoir , d’abord, la présence et l’opération active d’un sujet pensant et parlant, qui utilise la langue à son compte pour nuancer son discours, puisque c’est lui qui décide comment transposer le contenu de sa parole, et qui donne le sens essentiel à son discours. La présence des termes modalisants modifie le dictum de l’énoncé et le transforme en modus. Pour montrer la relation et l’écart entre dictum et modus, reprenons les exemples canoniques, utilisés par plusieurs linguistes : Ex.1 : « Pierre est venu. » ; [dictum], Ex.2 : Pierre est certainement venu. ; [modus], Ex.3 : Pierre peut venir. ; [modus] Ex.4 : Pierre doit venir. ; [modus] Ex.5 : Je crois que Pierre est venu. [modus]. Dans les cinq exemples ci-dessus, même si le dictum des énoncés porte sur « l’arrivée de Pierre », (« Pierre est venu »), le modus est différent puisque dans chaque énoncé Synergies Turquie n° 4 - 2011 pp. 139-151 Safinaz Büyükgüzel 133 le locuteur adopte une position différente par l’emploi de l’adverbe “certainement” et des verbes “pouvoir”, “devoir” et “croire”. Notons que le dictum est unique tandis que le modus peut varier selon le choix du locuteur. Dans un énoncé, par le dictum, le sujet parlant apparaît comme le constructeur du sens tandis que par le modus il se pose comme le reconstructeur du sens en y ajoutant un ou plusieurs autres termes qui traduisent ses idées, ses sentiments, ses intentions, ses attitudes… par rapport à ce qu’il énonce. Le dictum peut exister sans le modus mais pas le contraire. Cette parenté et cette interdépendance montrent que sans les termes subjectifs, ce sont la structure et le sens de l’énoncé qui se trouvent transformés, voire parfois déformés, mais sans les modalisateurs, même si une nuance se produit au niveau de la structure et du sens, il reste toujours un dictum. 3. Les approches théoriques de la modalité Les conceptions construites par différentes disciplines renvoient aux différents aspects de la notion de modalité. En premier lieu, la logique traite des modes, exprimés en fonction de la réalisation du procès selon les principes de la vérité. C’est une conception restreinte et limitée à l’affirmation de la nécessité, la possibilité, l’impossibilité et la contingence, qui exclut les autres formes de la réalisation de la modalité. Les exemples ci-dessous se construisent avec les modalisateurs impliquant trois catégories de la modalité logique : l’aléthique, l’épistémique et le déontique, qui modifient le dictum : « il travaille pendant tout l’été. » Ex.6 : Je ne pense pas qu’il travaille pendant tout l’été. ; Ex.7 : Sans doute, il travaille pendant tout l’été. Ex.8 : Je crois qu’il travaille pendant tout l’été. ; Ex.9 : Il doit travailler pendant tout l’été. ; Ex.10 : Il peut travailler pendant tout l’été. ; Ex.11 : Il travaille certainement pendant tout l’été. ; Ex.12 : Je sais qu’il travaille pendant tout l’été. ; Ex.13 : Il faut qu’il travaille pendant tout l’été. ; Ex.14 : Il n’est pas obligé de travailler pendant tout l’été. En grammaire, ce sont surtout les modes et les valeurs modales désignant la manière de présenter l’idée verbale qui sont étudiées. « Les modes expriment l’attitude prise par le sujet à l’égard de l’énoncé ; ce sont les diverses manières dont ce sujet conçoit et présente l’action, selon qu’elle fait l’objet d’un énoncé pur et simple ou qu’elle est accompagnée d’une interprétation » (Grevisse, 1993 : 708, 709). Ici, l’accent étant mis particulièrement sur la manière de concevoir et de présenter l’action, la modalité dans la grammaire se construit donc autour du verbe par les diverses attitudes du sujet parlant. D’après Gardes-Tamine (2005 : 235), le mode est la « manière dont le verbe, par ses morphèmes flexionnels, marque la modalité. Le subjonctif, par exemple est souvent associé à des modalités psychologiques, comme la volonté ». Le mode au sens grammatical est donc une notion véritablement liée au verbe reformulé par l’intervention d’un locuteur. Quant à la modalité, elle renvoie surtout aux types de phrases.Selon Galatanu (2003 : 92), « les concepts de modalité et de valeur modale sont des concepts qui relèvent de la logique et de la linguistique modales et qui se trouvent aussi à l’origine de la notion de modalisation en analyse du discours ». En effet, pour chaque temps et mode verbaux, il existe différentes valeurs modales ; par exemple, une uploads/Philosophie/ modalite-et-subjectivite-regard-et-positionnement-du-locuteur-pdf.pdf

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