2 3 Origine de la Mémoire Artificielle Les Objets de l'Orientation Marine Zonca

2 3 Origine de la Mémoire Artificielle Les Objets de l'Orientation Marine Zonca Represent you in a room. Not too big, not too small, Not too bright, not too dark, In front of each wall, place objects know by heart Took from your Homes. Get out from the room, Make sure is firmly locked and come back inside. Everything is in its place, nothing has changed. Let’s play now, Create the Palace of your Memory. 4 5 Attitude – avant propos – sujets « ambiants » Il est sûr que j'occupe une partie de mon temps à chercher. Je cherche. Je ne sais pas quoi exacte- ment, mais assurément, je cherche. Vous devez sentir ce que j'évoque, cette façon qu'on a de fouil- ler, comme aveugle, à tâtons, sans but. Je m'invite un peu partout, dans des domaines variés, à la recherche d'une « odeur ». Que ma recherche ait un but que j'ignore est précisément mon affaire. Enfin que j'ignore... La recherche est aussi cette façon que j'ai de re- trouver. Si je recherche une « odeur » c'est que je la connais déjà ? Passons-nous notre temps à vérifier ce que l'on sait ? Quoiqu'il en soit ce sera l'occasion dans ce travail de faire état de la mémoire que j'ai de ce temps de recherche. Ou plus précisément de faire état de la forme qu'a pris ma recherche dans mon esprit, quels circuits se sont formés, quelles connexions, et quelles directions prend ce mouve- ment. Je voudrais essayer de donner à voir le diagramme de ma (mon) mémoire, où « dia- gramme » serait « outil de mesure dynamique » (du kilogramme en mouvement) avec lequel je vais « peser, ordonner » toutes mes idées. Attitude – avant propos – sujets « ambiants » 6 7 Mais je crois que l’objectif de cette recherche est en réalité de redéfinir l’idée d’image. L’idée d’image est mobile, elle évolue comme tout avec les fonctions qu’on lui donne. L’image connaît aujourd’hui des fonctions nouvelles et forcément problématiques. Par l’image nous avons accès à la connaissance, au monde extérieur, aux autres. Néanmoins nous avons des doutes sur la « réalité » des images, ce qui conduit à une critique de notre époque comme une époque superficielle. L’image serait superficielle. Par ailleurs dans le domaine des neurosciences nous cherchons la cause des nos images men- tales. On affirme une matérialité de la pensée. Les images mentales sont donc aussi matérielles. Mais l’image est aussi créée par des techno- logies nouvelles. Ces dernières permettent une génération plus importante d’images et créent un environnement visuel plus dense qui paraît rivaliser avec l’environnement visuel naturel. Les technologies nous paraissent remplacer le vivant. Dans ce contexte l’artificiel et le naturel s’opposent violemment. Des schémas s’imposent tels que la technophobie, incarnée par la figure du robot, du geek et de l'apocalypse. Des images an- térieures me sont apparues forgées sur le même outil que nos technologies du virtuel, comme s’il existait un héritage, une lignée technologique. Un peu à la manière des scientifiques de l'évolution, Attitude – avant propos – sujets « ambiants » je cherche des caractères communs et des survi- vances afin que le « nouveau » me paraisse légi- time. L’image paraît superficielle mais d’autant plus matérielle. Nécessaire et dangereuse. Pour dépasser ces paradoxes, j’ai utilisé des pen- sées qui donnaient une existence de l’image particulière. Ces pensées sont mes outils. Donc trois outils : André Leroi gourhan , paléontologue. Il analyse les objets de l’artisanat humain en fonc- tion des gestes pour les utiliser et des actions qu’ils ont sur la matière. Cela en dehors de leur utilisation dans des cadres sociaux-culturels. Je voudrais appliquer cette méthode aux images. Henri Bergson, philosophe, médecin. Af- firme le corporel de la pensée, la pensée comme sensation, comme action. Défini le potentiel et le virtuel comme action non terminée. Me permet de voir les images comme des potentiels d’action, des gestes esquissés. De la performance en soi. L'Art de la Memoire, Art de constituer une mémoire. Médiévale et Antique. Explique les outils de la mémoire : imagination, géomé- trie, architecture, livre, tableau, diagramme. Soit un état primitif de la mémoire artificielle. Exis- tence des images différentes de notre époque. Des images pas uniquement visuelles. Des images qui conduisent la pensée concrètement. Un mot dy- namique : Attitude – avant propos – sujets « ambiants » 8 9 le ductus. Images accompagnées d’émotions in- conscientes. Mémoire comme un lieu, remémo- ration comme un déplacement, souvenir comme un objet. Je m’appuis aussi sur la méthode et les décou- vertes en neurosciences. L’implication active dans la perception, la distanciation par l’épiderme, l’in- conscient et le réflexe… On parlera des images en tant qu’images fonction- nelles. Plan, logo, diagramme. Souvenirs, imagi- nation, sensation. Cette façon de rechercher sans but, me fait croire que j'erre sur des terres immenses alors qu'en réalité je suis sur un terrain beaucoup plus petit et balisé. La preuve est que j'ai intuitivement « re- monté » des généalogies d'idées, partant des plus anciennes pour arriver aux plus récentes. Notamment une généalogie d'historien de l'art autour de la mémoire : Giordano Bruno, Aby War- burg, Frances Yates et Mary Carruthers. Une seconde généalogie de philosophe français autour du schème ou diagramme : Henri Bergson, André Leroi-Gourhan, Gilbert Simondon, Gilles Deleuze et Gilles Châtelet. Et déjà j'entrevois des difficultés. Je me suis penchée sur des sujets tel que la mé- moire, la perception, l'imaginaire et la commu- nication, sur l'outil même de la pensée. Cette recherche m'a nourrie et je l'ai probablement inté- Attitude – avant propos – sujets « ambiants » grée à ma propre manière de réfléchir. J’en ai fait l’expérience concrète et virtuelle. C'est pourquoi je parle deux langages différents. Deux tons qui avancent en parallèle. Le premier est didactique, je raconte les pensées que j'ai utilisés. Je décris mes outils. J'explique et je convaincs. Je donne la mécanique dans les termes de la mécanique. D'où ce langage scienti- fique, abstrait. Le second ton est allusif. Je pars de mon expé- rience sensible et j'y cherche le mouvement de la mécanique. Je pars des sensations et des émo- tions, je reste indéterminée. Je fais parler l'indivi- duel, forcement incohérent, inefficace, forcement intime. Les passages « allusifs » racontent ma propre expérience du sujet que j’évoque. Ils sont concrets et à la fois non-localisés, comme le sen- timent. Je privilégie les verbes d’actions. Je crée des métaphores qui expriment une opération sensible. Parfois j’ai essayé de faire mieux qu’une métaphore en écrivant une machine, ou un méca- nisme qui bouge. Cette recherche s’inscrit dans ma pratique des images et des objets. J’espère parvenir à voir et à faire des images dans la direction matérialiste, performative, dynamique et sensible que j’ai ren- contré chez ces auteurs. Voilà une image qui traduit bien mon senti Attitude – avant propos – sujets « ambiants » 10 11 ment par rapport à cette recherche... Un Tumbleweed qui amasse tout seul et me poursuit dans un jeu très rigolo. Attitude – avant propos – sujets « ambiants » Conclusion Il apparaît que mon désir s'est dirigé à l'endroit des formes opérantes, des images fonctionnelles, des supports de souvenirs, des outils mentaux. Partant du schéma, du plan tracé, à la page du manuscrit, au graphisme de la publicité, je suis arrivée au diagramme. Il semble bien que j'essaye d'affirmer un mode de pensée. Une existence particulière des objets, des images, des lieux et notre relation à eux. Pour résumer je dirais que je suis venue à considérer une capacité à penser en image. Une pensée de l'analogie, basée sur l'émotion et le souvenir, quelque chose proche de l'intuition. Un texte de D.H. Lawrence m’entraîna à faire un lien avec les jeux de cartes. J'avais l'intuition d'un système d'orientation de la pensée basée sur les images et il prit corps dans la découverte et la pra- tique du Tarot de Marseille. Ce système s'est considérablement com- plexifié avec la découverte de l'Art de la me- moire (la création d'images mentales à des fins mnémoniques) dont je présentais un lien avec le Tarot. L'héritage de ses méthodes de mnémotech- nie dans les ordres monacales au Moyen-Âge et le témoignage de leur relation à l'espace de médi- tation, à la page du manuscrit, ont dirigé ma re- cherche vers le corporel dans le souvenir et dans Conclusion 12 13 la pensée ; tout pouvant s'apparenter au matériel, au corporel, au vivant, au touché par les yeux. Je finis par aborder sur les rives du sys- tème Deleuzien. J'ai trouvé l'haptique (touché par les yeux) et j'ai rencontré le moule-mobile (le dia- gramme), sorte de principe vivant de la pensée. J'ai complètement intégré le diagramme dans le point de vue de Gilles Châtelet et de De- leuze. Il m'a permis de revoir les moines et leur ductus ainsi que la publicité moderne sous le même angle. Je me suis donc engagée dans les zones obscures de la pensée par les images, et de la systématisation uploads/Philosophie/ origine-de-la-memoire-artificielle-les-objets-de-l-x27-orientation-par-marine-zonca 1 .pdf

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