Compte-rendu de Dawûd Salmân de l’ouvrage intitulé Sciences, religions et ident

Compte-rendu de Dawûd Salmân de l’ouvrage intitulé Sciences, religions et identités culturelles – Quels enjeux pour l’éducation ? (préfaces de Bernard Jolibert, Jean-Marie De Ketele, Saïda Aroua) de José-Luis Wolfs (éd. De Boeck, 2013). Juillet 2019, par Dawûd Salmân. Collection : « Critique de lecture – Education, philosophie et idéologie ». Editions Hanif, 2019. Descriptif de l’ouvrage : « Cet ouvrage comprend trois grandes parties. La première partie présente un aperçu de la manière dont se sont définis et ont évolué au cours du temps les rapports entre « sciences » (au sens antique, médiéval et puis moderne du terme) et chacun des registres de conviction suivants : christianisme, islam, agnosticisme - athéisme. Elle débouche sur un essai de modélisation, amenant à distinguer, sous la forme d'idéaux-types, six grandes manières possibles de concevoir les rapports entre sciences et croyances religieuses. La seconde partie présente les résultats d'une enquête réalisée, à partir de ce modèle, auprès de 638 élèves terminant l'enseignement secondaire belge francophone (douzième année de scolarité). Elle met en évidence une très grande diversité de profils et de conceptions, dont de multiples formes de confusion entre sciences et croyances religieuses. La troisième partie propose des pistes de réflexion sur le plan pédagogique et didactique plaidant notamment en faveur d'une formation plus explicite à l'épistémologie. Cet ouvrage s'adresse aux professeurs et didacticiens des sciences. Comme l'avait déjà noté Bachelard, l'élève n'arrive pas vierge en classe de sciences, mais est porteur d'une culture non scientifique. Il est donc important de comprendre comment les élèves vivent la rencontre entre ces deux « cultures » et arrivent à distinguer « savoir » et « croyance ». Ce livre intéressera également les professeurs et didacticiens de disciplines telles que la philosophie, l'histoire, les religions ou encore le français, dans la mesure où il s'agit d'amener l'élève à distinguer les différents registres discursifs utilisés par les sciences, la philosophie, les religions, etc. Enfin, il concerne aussi les chercheurs en sciences de l'éducation, sciences sociales ou psychologie sociale intéressés par la dimension culturelle, les processus de sécularisation ou de montée du religieux ». L’auteur : José-Luis Wolfs est professeur en sciences de l'éducation, coordonnateur de l'orientation sciences de l'éducation et président de la section inter-facultaire de l'agrégation à l'Université libre de Bruxelles. Ses travaux les plus récents portent sur les conceptions épistémologiques et axiologiques des acteurs éducatifs, ainsi que l'analyse comparée des systèmes éducatifs, en ce qui concerne leurs conceptions du « vivre-ensemble » et leurs modalités de gestion de la diversité culturelle et des convictions. Introduction Commençons par indiquer que la thématique abordée est à la fois passionnante et complexe, et sa portée est également vaste et profonde dans les conséquences et les implications sociétales et intellectuelles dans la vie de tous les jours. L’auteur s’appuie sur une documentation assez vaste, mais trop sélective, en mentionnant très rarement les intellectuels et scientifiques chrétiens, musulmans, juifs, autres religieux ou même non-croyants, qui remettent en cause l’évolutionnisme ou le néodarwinisme, à partir d’un discours à la fois très rationnel et scientifique. Nous procéderons ici à une critique sur la « Partie 1 » qui est celle qui porte surtout sur l’éducation, la théorie et l’approche intellectuelle des sujets abordés. Les autres parties se concentrent sur les questionnaires, les méthodologies sur lesquelles les sondages ont été élaborés et les annexes. Préface de Bernard Jolibert Dans la préface intéressante de Bernard Jolibert, quelques rappels importants sont évoqués mais le philosophe commet quelques confusions. Non, l'esprit religieux ne se réduit pas qu'au sentiment. Dans la tradition islamique, le discours théologique s'adresse à la fois à l'intellect (connaissance des principes théologiques et métaphysiques), à la rationalité (à travers la démonstration et l'argumentation basées sur l'observation, la déduction logique, l'expérience, ...), à la purification de l'âme (pour ne pas se laisser dominer par ses pulsions et ses vices, et ainsi prendre du recul par rapport aux émotions et aux biais cognitifs), et à la morale et donc au « cœur ». Le discours « religieux », ou la « foi », dans la tradition islamique, forment un tout, résumé parfois comme étant la synthèse de la connaissance, de la sincérité, de l’amour et de la confiance (dans le Divin). Les autres préfaces évoquent simplement certaines études ainsi que des sondages sur lesquels il n’est pas vraiment nécessaire d’y apporter une critique. Chapître 1 : « Savoirs scientifiques et croyances religieuses à l’école : quelques constats problématiques et questions clés » Dans le chapitre 1 de la partie 1, les confusions en tous genres pleuvent, malgré une apparence de rigueur méthodologique, puisque des études, sondages, classifications et définitions sont proposés, mais tout cela manque justement de cohérence, de pertinence et de rigueur, si bien que l’auteur (qui se base souvent sur les classifications et définitions opérées par Fath dans une étude datant de 2011). Fath propose un modèle présentant les 4 types de « créationnisme ». Si le premier type est assez fidèles à la réalité, les trois autres sont vraiment contestables et instillent une confusion conceptuelle évidente. - Le premier type est appelé « la conception fidéiste », qui est l’approche littérale (ici principalement de la Bible, mais aussi du Qur’ân). Ici intervient cependant une mise au point, car dans le cas de la Bible, une lecture littéraliste pose en effet des problèmes avec des faits scientifiques et historiques qui sont bien établis et corroborés par des faisceaux d’éléments et d’observations. Il y a donc une véritable « contradiction », si l’on s’en tient à une lecture purement littéraliste. Dès lors, les « lecteurs » (croyants ou incroyants), seront forcés d’opérer un choix ; soit adhérer à la lecture littéraliste de la Bible, et donc remettre en question le discours scientifique sur le sujet donné qui pose question, soit faire la démarche inverse. Et pour les croyants chrétiens (et juifs, puisqu’ils partagent en commun l’Ancien Testament) qui opteront pour le discours scientifique, ils adopteront par conséquent une autre lecture (symbolique, éthique, philosophique, poétique, …) de la Bible sur les questions qui font intervenir la science ou l’histoire. Mais dans le cas du Qur’ân, une lecture littérale (à différencier d’une lecture « littéraliste ») ne pose pas de réel problème entre le discours religieux (textuel et les principes théologiques) et le discours scientifique, si l’on s’en tient aux « faits scientifiques » et non pas à certaines hypothèses ou à des croyances à prétention « scientifique ». Une analyse linguistique poussée dans et de l’arabe qurânique, ne manifeste aucune contradiction avec une donnée scientifique bien établie, il n’y a que certaines interprétations biaisées ou certaines traductions lacunaires, qui pourraient mener à quelques problèmes. Dans le cas des chrétiens « fidéistes », parmi les créationnistes, ils adhèrent à l’hypothèse de la « terre jeune (young earth) », pensant que la terre a un âge de 6000 ou 10 000 ans. Dans le cas du Qur’ân, aucun verset qurânique ne donne un âge précis à la terre, mais évoque simplement un processus comportant plusieurs phases/périodes et « jours ». Mais donner un âge précis à la terre ou à l’univers, n’impacte pas la « foi » ni le discours religieux, car ce n’est pas là une question vitale portant sur le sens de la vie et les règles sociétales qui concernent la société humaine. - Le deuxième type est le créationnisme dit « concordiste », où selon Fath, qui consiste à accepter une partie du discours scientifique tant que cela corrobore leurs hypothèses, opinions et croyances, mais refuse la « science » quand cela les contredit. Or ici, il y a déjà un problème, puisque cette attitude à l’égard du Texte sacré et de la science, c’est déjà l’approche adoptée par une bonne partie des « fidéistes » (seule une minorité n’accorde aucun crédit à la science). En outre, l’auteur ne définit aucunement ce qu’il qualifie de « science », car il est nécessaire de distinguer le « fait scientifique », des hypothèses, théories et paradigmes, qui font encore l’objet d’incertitudes, de croyances et de spéculations. - Le troisième type est le créationnisme de type « finaliste », que l’auteur définit comme étant l’adhésion à tous les faits évolutifs et à la démarche scientifique, mais en y introduisant une dimension « finaliste » (métaphysique). Pour Fath : « Pour ces créationnistes, l’évolution du vivant illustrerait un dessein intelligent, une volonté supranaturelle, et non pas simplement un enchainement purement matériel et endogène, « fruit du hasard et de la nécessité ». Ici, il y a plusieurs points à relever. Premièrement, « l’enchainement purement matériel et endogène, fruit du hasard et de la nécessité », ne relève pas du fait scientifique, mais bien d’une croyance (indémontrable et même réfutée) à prétention scientifique. Les évolutionnistes athées ou agnostiques qui souscriraient à cette croyance, ne peuvent donc pas se targuer d’être dans le discours « rationnel » ou « scientifique » quand ils émettent cette croyance que la science n’a nullement démontrée. Deuxièmement, il y a un dilemme définitionnel, car si le troisième type reconnait « les faits de uploads/Philosophie/culturelles-quels-enjeux-pour-l-x27-education-prefaces-de-bernard-jolibert-jean-marie-de.pdf

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