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EXPOSÉ SOUTENANCE. Afin de présenter aux membres du jury et au public présent mon travail de recherche, je commencerai, avant toute chose, par indiquer que le texte que je vais lire s’inscrit, tout d’abord, dans une réflexion d’expérience en étroite relation avec mon processus d’élaboration de ma thèse, dans la mesure où au cours de mes recherches, j’ai pu me rendre compte que le fait de confronter et d’articuler simultanément deux penseurs de l’envergure de Lacan et Hegel a constitué et constitue pour moi une véritable résistance, (dans le sens psychanalytique du terme). Une résistance dans ses deux manifestations, non seulement dans le sens d’observer comment la réception française a eu pour conséquence de constituer, à travers la résistance elle-même, le fantôme qui hante la figure de Hegel, notamment autour de l’ontologie, mais aussi résistance en tant que moteur d’une cure, dans le sens où si l’ontologie de Hegel a été présentée comme un obstacle qui a provoqué son ex-pulsion, elle s’est également érigée comme un élément indispensable pour un examen et une sorte de psychanalyse de la pensée contemporaine. En effet, le concept d’identité qui définit la différence et par le biais duquel la spéculation hégélienne a dépassé la rigidité immobile de la tradition ontologique et la logique binaire de la pensée représentative, a jeté les bases spéculatives de ce que la pensée française réinscrit aujourd’hui sous les catégories de différence comme l’altérité, l’instant, le paradoxe, la dissémination, etc. L’éternel retour de la même chose, l’événement qui survient dans la finitude et l’aporie d’une contradiction réalisée sont autant de noms que la pensée de la différence, inscrite dans le courant français, réclame de la rationalité d’une Aufhebung qui déborde et contient en même temps toute discrimination abstraite. Toutefois, articuler et problématiser psychanalyse et ontologie ne va pas de soi. Il importe de préciser ici que ma réflexion cherche à établir un dialogue inachevé et qui n’a cessé de se développer au cours du XXème siècle. Voilà donc l’insistance dans son ex-pulsion elle-même. Pour certains penseurs contemporains, l’ontologie ne peut que signifier une réflexion spéculative qui dit sa relation avec l’Être comme présence, raison pour laquelle il n’y a aucun avenir au-delà d’une tradition philosophique aboutie. Par le biais de l’ontologie de Hegel, je tente de montrer, au contraire, que le statut de la mort pensé comme mouvement logique/ontologique dans l’inconscient, ouvre la voie pour repenser la psychanalyse dans les frontières entre l’être et le penser, non seulement dans sa dialectique avec le sujet et le signifiant mais aussi dans son appartenance, de la part du sujet et de sa pensée, à sa relation ineffaçable avec l’impensé, ce qui mène à la constitution de la dépossession, à la perte et à la destitution de l’identification du Je spéculaire. 1 J’aborderai ensuite le problème à partir de l’articulation des trois axes thématiques qui structurent ma recherche : le statut de la mort logique, le scepticisme et la subjectivité en manque ; une articulation déjà dialectique en soi. Ainsi, la catégorie de la dialectique, centre de nos recherches, suppose la mise en place d’une notion méthodologique (à savoir, l’analyse de certaines notions lacaniennes et hégéliennes et de leurs procédés et formes de manifestation) afin d’élaborer des propositions concernant l’application et l’analyse de la structure et de l’articulation des trois axes thématiques mentionnés plus haut. De sorte que le concept de dialectique constitue le point de départ méthodologique pour penser le problème de la mort à partir de son statut ontologique et de son développement logique ; ce concept est soutenu par un « examen » sceptique en tant que moment essentiel de la cure psychanalytique, ce qui nous amènera ainsi à rendre compte de la subjectivité et de sa brèche/faille constitutionnelle en tant que menace de désintégration et de négativité, toujours présente. Par conséquent, cet aspect d’une subjectivité disloquée a permis de comprendre la pulsion de mort en tant que moment d’excès/résistance dialectique qui désigne la jouissance. Néanmoins, au sujet de l’articulation des trois axes thématiques, je propose d’évoquer un état de vision particulier, à propos de l’idée ontologique d’une certaine forme de présence de l’Être comme fondement d’une critique des philosophies spéculatives, qui constitue une sorte de regard de la pensée. Dans son texte, La plasticité en attente, Catherine Malabou aborde la citation suivante, extraite du livre de Jean Starobinski, intitulé L’œil vivant (2002, p.10) : “Si nous examinons l’étymologie, nous nous rendons compte que, pour désigner la vision orientée, la langue française a recours au mot “regard”, dont la racine ne désigne pas primitivement l’acte de voir mais plutôt l’attente, le soin, la garde, la considération, la sauvegarde, de par l’influence de cette insistance exprimée par le préfixe de réitération, d’inversion ou de ré-flexion. Regarder, c’est un mouvement qui prétend reprendre sous sa garde ou sous sa vigilance.” Il importe alors de se demander ce que “voir” une pensée signifie ? La voir venir dans son insistance et sa réflexivité ? Ou bien, assister à son événement au moment où elle est encore en attente, que ce soit comme promesse ou comme ébauche ? Que signifie voir, avant d’écrire une thèse, lorsque cette pensée totalement neuve se laisse capturer pour s’approcher, avec cet état de « vision » qui régit les tourments d’une œuvre, d’une idée ou d’un raisonnement intellectuel avant de le mettre en forme ? Au fond, ma recherche a consisté non seulement à démontrer le caractère ontologique à l’intérieur de l’inconscient, notamment avec le mouvement dialectique qui meut le signifiant et qui vise son sacrifice sceptique, mais aussi à tenter d’apporter une réponse à ces interrogations. En effet, mon intérêt s’est concentré – et l’est toujours – sur la façon de donner une forme à la thèse qui soutient mon discours, dont la dynamique organisatrice est de donner la possibilité à l’œil du discours d’apparaître, ce dispositif optique par lequel le langage, dans son organisation, parvient à atteindre sa limite où le dire du langage lui-même permet de faire naître la visibilité de ce qui est dit. 2 De la même manière, si François Lyotard dans son ouvrage Discours et figure, fait référence à « un œil au bord du discours », je soutiens pour ma part que cet œil voit autre chose qui n’est autre que ce qui est coincé par la parole, et pourtant latent dans sa fonction discursive. C’est ce lieu qui permet la distance mais aussi la proximité, ce qui se laisse dire. En d’autres termes, il s’agit de comprendre ce lieu comme possibilité de nommer la chose en son absence tout en nommant l’absence elle-même en même temps. C’est pour cette raison que si le regard de la pensée est une possibilité de faire parler la textualité d’un récit discursif, à savoir, de lui donner une forme en bouleversant jusqu’à sa question même, le regard de la pensée est aussi l’impossibilité comme ce qui nomme l’absence comme perte, comme fuite. De sorte que la modalité du visible de la pensée devient inéluctable, c’est-à-dire, survient comme une nécessité ontologique de l’activité d’une façon d’être de la pensée, lorsque voir est faire parler ce qui nous échappe de manière inéluctable et qui s’inscrit cependant comme trace qui se dépouille en s’effaçant elle-même. À ce sujet, la vision d’une pensée est alors ce qui donne forme à une sorte de plasticité dialectique qui permet, d’un côté, le regard d’un nouveau langage discursif ou d’une nouvelle construction réflexive qui s’autorise un langage propre en se disant d’une autre manière et qui permet, d’un autre côté, son impossibilité puisque le parler d’un langage est une perte qui peut être vue, dans son égarement même, comme une autre façon d’être d’une idée ou comme son mode de négation. Ce serait la distorsion entre le dicible et le visible dans laquelle surgit la nouvelle forme d’un style, d’une écriture, d’un examen, d’une interprétation. Interprétation qui ne se ferme pas dans la mesure où elle est toujours soumise à une trans-formation. D’une certaine manière, le statut de l’impossibilité entraîne, à son tour, l’incapacité de fuir puisque la fuite est le lieu où se trouve l’unique solution face à la nécessité de fuir cette impossibilité. Ne peut-on pas penser que la psychanalyse, son éthique ou son œil- jouissance discursive est justement une sortie vers là même où il n’y a rien dehors, aucun autre lieu si ce n’est le lieu du non-lieu, du « pas-tout », le lieu de l’impensé ?1 Il ne s’agit pas de chercher la façon d’échapper à une tension extrême, à une douleur qui clore et qui pousse vers un « dehors » qui n’existe pas mais bien de chercher de quelle manière échapper dans la clôture elle-même. Dans cette perspective, l’inquiétude persiste : comment est-il possible de se poser la question qui interroge cela même qui s’échappe et pourtant insiste comme un lieu muet dans la clôture, comme un effacement ? Lieu tacite dans le sens de penser ce qui ne se pense pas ou plutôt résider dans cela même qui s’échappe et dont la force uploads/Philosophie/ expose-soutenance.pdf

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