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1 Le divorce comme défi pastoral pour l’Église catholique au Rwanda aujourd’hui

1 Le divorce comme défi pastoral pour l’Église catholique au Rwanda aujourd’hui. Une réflexion théologique et pastorale à la lumière de Amoris Laetitia L’augmentation des divorces actuellement au Rwanda tire la sonnette d’alarme pour toute la société et pour l’Église en particulier. Le divorce est un phénomène alarmant pour la foi catholique. Il constitue un défi pastoral majeur pour l’Église catholique au Rwanda en particulier et universelle en générale. Le divorce est devenu une véritable plaie sociale1. L’analyse statistique du nombre des divorces ne cesse de monter exponentiellement. Aujourd’hui, beaucoup de mariages finissent en échec. Même si ces chiffres statistiques sont à prendre avec précaution, cependant ils laissent transparaître une lumière sur le phénomène. La vérité est que le divorce existe bel et bien dans la société rwandaise actuelle, et c’est un fait social préoccupant pour l’avenir de la famille et de la société. Selon l’Encyclopaedia Universalis, le divorce est la rupture, consacrée par le droit, de l’union conjugale2. Le divorce est, en effet, la rupture définitive du lien matrimonial. Celui-ci constitue à la fois la forme légale de la dissolution du mariage et la rupture d’un type particulier de lien social : le lien conjugal. Le divorce diffère de la séparation. La séparation est une interruption de la cohabitation sous le même de toit par les conjoints pour un motif grave, mais sans rompre le lien matrimonial. Toutefois, de la même manière que le divorce, la séparation aussi entraîne la souffrance pour ceux qui se séparent, voire même pour les enfants. Il est un mal sociétal aussi comme le divorce, même si sur le plan juridique, le lien matrimonial continue à exister. Ce phénomène qui ne fait qu’augmenter interpelle toutes les personnes responsables de la société rwandaise et l’Église en particulier. De sa part, l’Église est toujours sensible à la souffrance de ses enfants, comme elle se réjouit avec ceux qui sont en joie, de la même manière elle souffre avec ceux-là qui pleurent (Cf. Rm 12, 15). Pour ceux qui traversent une situation difficile à cause de l’échec de leur mariage, l’Église est proche d’eux et ne cesse de 1 Vatican II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes, 7 décembre 1965, n.47. 2 M. Ancel, Le divorce à l’étranger, documentation française, Paris, 1975 in Encyclopaedia Universalis, dir. Dabrowska, Paris, 1990, nn.586-591. 2 leur manifester sa proximité. L’Église prie pour ses enfants en difficulté, leur manifeste sa tendresse maternelle afin de soulager leur souffrance actuelle. L’Église doit convertir à l’Évangile de la famille les mentalités des hommes et des femmes d’aujourd’hui, dominés par les idéologies destructrices véhiculées par la nouvelle éthique mondiale, responsables des divorces et de ses conséquences. Pour y arriver « la vertu du Seigneur ressuscité est sa force pour lui permettre de vaincre dans la patience et la charité, les afflictions et les difficultés qui lui viennent à la fois du dehors et du dedans, et de révéler fidèlement au milieu du monde le mystère du Seigneur, encore enveloppé d’ombre jusqu’au jour où, finalement, il éclatera dans la pleine lumière »3. Il nous faut construire une nouvelle identité chrétienne en valorisant la famille. La réflexion théologique de l’Église sur le sacrement du mariage et la famille en général, ne cesse de rechercher des solutions adéquates au défi du divorce. Dans un monde en pleine mutations, le défi est grand et nécessite l’apport de toute la communauté chrétienne. C’est pourquoi, notre regard doit se tourner vers l’avenir et notre intelligence doit être capable d’inventer de nouvelles perspectives d’avenir pour la famille chrétienne en dépassant toutes les embûches qui lui sont nuisibles. Face à la banalisation du divorce dans notre société par la promulgation des lois permissives, l’Église catholique au Rwanda ne peut en aucun cas rester indifférente à cette souffrance. Elle n’admettra ni n’actera ce phénomène qui gagne du terrain de jour en jour même dans les milieux catholiques malheureusement. L’Église soutient la famille, et son enseignement sur la famille reste intact. La famille est le sanctuaire de la vie, elle est l’église domestique, par conséquent elle mérite toute l’attention de l’Église. Le concile Vatican II enseigne que « Dieu lui-même est l’auteur du mariage qui possède en propre des valeurs et des fins diverses ; tout cela est d’une extrême importance pour la continuité du genre humain, pour le progrès personnel et le sort éternel de chacun des membres de la famille, pour la dignité, la stabilité, la paix et la prospérité 3 BENOÎT XVI, Lettre Apostolique en forme de motu proprio Porta fidei, 11 octobre 2011, n. 6. 3 de la famille et de la société humaine tout entière »4. Ainsi donc, l’Église réaffirme et s’engage à mettre en place tous les moyens possibles pour que les communautés chrétiennes accompagnent et soutiennent les familles et les personnes touchées par ce fléau. La grande question qui constitue l’objet de cet article, est celle de savoir pourquoi tant de personnes mariées aujourd’hui divorcent ? Que fait l’Église et que devrait-elle faire pour que les conjoints vivent fidèlement leur engagement jusqu’à la mort, comme le rappelle les promesses qu’échangent les époux lors de la célébration du sacrement du mariage ? Pour des raisons méthodologiques, nous procèderons par brosser le contexte contemporain dans lequel vit la famille actuellement. Par anticipation, ce contexte contemporain est nécessaire pour comprendre l’origine de tant des divorces aujourd’hui. En deuxième lieu, il sera question de brosser synthétiquement l’enseignement de l’Église sur le divorce. Le troisième point permettra d’élucider quelques stratégies pastorales pour un avenir heureux de la famille rwandaise. Sur ce point, deux éléments seront pris en considération, la préparation au mariage et l’accompagnement des couples. Puis nous ferons quelques propositions pour l’avenir. 1. Contexte socio culturel de la famille aujourd’hui Comprendre le contexte dans lequel évolue la famille aujourd’hui, est indispensable pour discerner le défi du divorce dans notre société. Le contexte est un facteur déterminant pour étudier profondément un quelconque point de vue de la société. Le contexte socio culturel dans lequel vit la famille rwandaise, est un contexte caractérisé par des mutations profondes et complexes, à l’instar des autres familles du monde entier. La famille rwandaise vit dans un monde globalisé avec tout ce que cela comporte comme conséquences. Ce contexte est défini par le binôme globalisation-mondialisation. Dans son exhortation apostolique post-synodale, Amoris Laetitia, le pape François décrivait la situation de la famille actuelle ainsi : « Fidèles à l’enseignement du Christ, nous regardons la réalité de la famille aujourd’hui dans toute sa complexité, avec ses lumières et ses ombres [...]. Le changement anthropologique et culturel influence aujourd’hui tous les aspects de la vie et 4 Concile Vatican II, Constitution pastorale sur l’Église dans le monde de ce temps Gaudium et Spes, n.48. 4 requiert une approche analytique et diversifiée5». Selon le saint Père, les pressions externes et internes exercées sur la famille, l’empêchent de découvrir sa vocation et de réaliser sa mission dans le monde de ce temps. Pourtant, la famille a une mission profonde à réaliser surtout dans le monde contemporain en proie aux multiples changements sociétaux. Ce changement profond, est dicté par les idéologies destructrices liées à la nouvelle éthique mondiale d’une part et d’autre part par une conception fausse et pervertie de la liberté. 1. 1. La nouvelle éthique mondiale comme canal des idéologies destructrices. La nouvelle éthique mondiale et les idéologies destructrices qu’elle véhicule, est caractérisée par des antivaleurs qui constituent de vraies menaces pour la famille. Cette nouvelle éthique mondiale s’impose à tous. Marguerite Peeters affirme que « la nouvelle éthique mondiale est un diktat. Elle a déjà prouvé qu’elle était davantage capable de s’imposer et plus puissante que le droit (national et international) ».6 Les vrais propriétaires de la nouvelle éthique mondiale ne sont pas les gouvernements ou les gouvernés, mais plutôt des groupes de pression qui poursuivent leurs intérêts égoïstes. Ces groupes se sont accaparés la gouvernance mondiale, juste après la guerre froide. En effet, après la guerre froide, l’humanité aspirait « à la paix, à la liberté religieuse, au nouveau consensus authentique, à la réconciliation entre les peuples, au développement, (…) »7 ; malheureusement, les gouvernements de cette époque-là manquaient de leadership moral, pire encore ils n’ont pas pu fournir au monde une vision claire qui convenait à l’ère de la mondialisation qui pointait à l’horizon. Il y a eu un vide, qui avait été rempli par la génération de 1968 au pouvoir. Les aspirations de l’humanité ont été prises en otage par la minorité qui avait la gouvernance mondiale. Par ailleurs, la nouvelle éthique mondiale a un contenu ambivalent. D’une part elle se présente comme douce et consensuelle, d’autre part comme un processus de déconstruction de la structure anthropologique donnée par Dieu à l’homme et à la femme. Cette nouvelle 5 Jean Paul II, exhortation Apostolique post-synodale Familiaris Consortio, 22 novembre 1981, n.6. 6 Marguerite Peeters, La nouvelle éthique mondiale : défi pour l’Église, Mediaspaul, Kinshasa, 2007, P.15. 7 Marguerite Peeters, op. cit., p.15. 5 éthique mondiale a son origine dans l’apostasie occidentale et uploads/Philosophie/ pascal-corr-12-10-2021.pdf