DEUX FATWĀ-S DU ŠAYḪ ʿABD AL-ĠANĪ AL-NĀBULUSĪ (1143/1731): PRÉSENTATION ET ÉDIT
DEUX FATWĀ-S DU ŠAYḪ ʿABD AL-ĠANĪ AL-NĀBULUSĪ (1143/1731): PRÉSENTATION ET ÉDITION CRITIQUE Author(s): BAKRI ALADDIN Source: Bulletin d'études orientales, T. 39/40 (1987-1988), pp. 7-37 Published by: Institut Francais du Proche-Orient Stable URL: http://www.jstor.org/stable/41604719 Accessed: 11-06-2016 01:49 UTC Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at http://about.jstor.org/terms JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Institut Francais du Proche-Orient is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Bulletin d'études orientales This content downloaded from 150.135.239.97 on Sat, 11 Jun 2016 01:49:51 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms DEUX FATWA-S DU ŠAYH ABD AL-GANI AL-NÄBULUSI (1143/1731) PRÉSENTATION ET ÉDITION CRITIQUE PAR BAKRI ALADDIN INTRODUCTION Le titre du premier texte édité ici figure dans une liste (,) de dix-huit autres titres de fatwã- s (2) (avis ou consultation juridique) que Nâbulusï rédigea à la fin de son registre de fatwã- s. De son côté le Patriarche, dans sa lettre adressée à Nâbulusï, fait usage de la formule coutumière : aftùnà (donnez-nous une fatwã). Bien que le deuxième titre ne figure pas dans cette liste établie par Nâbulusï même, son contenu présente toutes les caractéristiques d'une fatwã. D'autre part, ces deux fatwã-s sont rédigées avant que Nâbulusï n'accède au poste de mufti. Il se trouve que celui-ci était vacant à Damas au début de l'année 1723. Nâbulusï l'occupa après une consultation locale entre les savants et les Áyãn (notables). Le gouverneur de la ville Utmàn Paša Abù Tùq (m. 1139/1726) (3) y consentit, et fit état de l'affaire auprès du pouvoir central à Istanbul. Nâbulusï exerça pendant six mois, sans que jamais sa nomination locale ait été ratifiée par le Šayh al-Islãmt4). A la surprise de tout le monde, ce dernier envoya d'Istanbul un document portant la nomination d'un disciple très proche de Nâbulusï. Bien longtemps avant cette affaire, Nâbulusï considère que le mufti digne de ce nom est un « docte initiateur » (mugtahid). « Il n'existe pas en ce moment, écrit Nâbulusï, car les qualités que mentionnent les théoriciens de la Loi (usûliyyûn) font défaut aujourd'hui. La fatwã , à notre époque, est soit une simple imitation et répétition, soit une compréhension et une annotation des questions juridiques de nos maîtres » (5). Cette dégradation de l'état de Y if ta est due au rabaissement de la recherche juridique et intellectuelle et à la corruption des savants et des fonctionnaires^. (1) Cf. B. Aladdin, Abd al-Gani al-Nàbulusl, Œuvre , Vie et doctrine , thèse dactylographiée, en 2 vol., Paris, I (Panthéon-Sorbonne), 1985, Vol. I, pp. 76-77 (désormais cité : Thèse). (2) Sur ce terme arabe et ses dérivés, cf. E.I. 2, II, p. 886 sqq. (3) Il fut plusieurs fois gouverneur de Saydâ et de Damas, cf. Adnãn Bahît, « Hayfá fi al- ahd al- Utmânî al-Awwal », in al-Mutamar al-dawñ al-tarii li-Tarih В i la d al-Šám , Damas, 1978, t. I, p. 307. (4) Le registre prévu pour noter et consigner le texte des fatwã- s se trouve à la B.N. Damas, cf B. Aladdin, Thèse, I, p. 75 : sur le Šayh al-Islãm, cf. infra , p. 12 et note 74. (5) Cf Al-Radd al-wafi... Ms. B.N. Damas, n° 177, P 98a. (6) Ibid. , En ce qui concerne la critique des mufti- s et des docteurs de la Loi, cf. Nâbulusï, Idàh al-dalalàt fi sama al-'àlàt, éd. A.R. Hammuš, Damas, 1981, pp. 17-29; ouvrage daté du mardi 27/10/1677. This content downloaded from 150.135.239.97 on Sat, 11 Jun 2016 01:49:51 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms 8 BAKRI ALADDIN [2] Le Sultan n'a pas le droit d'officialiser cette activité et de la rendre spécifique à un nombre précis de personnes. « Un efatwâ, ajoute Nâbulusï, est la réponse à une question, que peut fournir quiconque est apte en matière de jurisprudence; soit, pour le docte initiateur ( mugtahid ), par une création, soit par répétition pour l'imitateur (muqallid). L'activité qui consiste à donner des fatwâ-s n'est pas semblable à la magistrature. Car pour celle-ci, le Sultan doit choisir une personne chargée de l'exercer. Comparer les deux activités est une prétention des gens de notre temps » (7). Nombreux sont les mufti- s, en Syrie comme ailleurs dans les provinces arabes, à avoir exercé leur activité sans investiture officielle. Nâbulusï perpétue cette tradition (&). Voici successivement ces deux fatwã-s , leur présentation sera suivie de l'édition critique de leur texte arabe. PRÉSENTATION DES DEUX FATWÂ-S I- RÉPONSE A UNE QUESTION DU PATRIARCHE DES CHRÉTIENS Cette correspondance entre le Patriarche d'Antioche et Abd al-Ganï al-Nâbulusï(9) constitue un document de grande valeur. L'échange d'idées qu'il nous rapporte intéresse en effet également les historiens sensibles à l'importance de Nâbulusï, ceux qui se consacrent à la promotion d'un dialogue islamo-chrétien (10) - il leur sera loisible d'en dégager la valeur dans un contexte plus large - mais également les spécialistes de l'histoire de l'Eglise d'Antioche (11). Vu la date de la réponse écrite par Nâbulusï (début dù al-Qada 1124/début décembre 1712) et, surtout, les qualités intellectuelles de son correspondant, on est amené à l'identifier comme étant le Patriarche melkite d'Antioche, Athanase Dabbãs (m. 1724 ère chrétienne = 1136 de l'Hégire). « Homme habile qui avait su se concilier les personnes dont il avait besoin, (...) Athanase a un mérite que l'on reconnaît sans peine. Prélat instruit, connaissant bien le grec et l'arabe, il a eu une activité littéraire remarquable et mérite une place à part dans l'histoire de l'imprimerie arabe » (12). D'autre part notre prélat était originaire de Damas et fut patriarche à deux reprises : de 1686 à 1694 et de 1720 à 1724 (13). La lettre que le Patriarche a dû envoyer à (7) Al-Radd al-wafi, op. cit , f 100b. (8) Cf. E.I. 2, II, p. 887 A-B. (9) Il mourut à Damas en 1143/1731. Cf. B. Alad- din, Thèse, II, p. 73 sqq. (10) Cf. p. ex., Islamochristiana, Rome (C.E.D. Ie ch.) 1975 el années suivantes. (11) De plus, cette correspondance pourrait être mieux comprise dans le contexte de la rivalité entre Rome et Istanbul, notre Patriarche étant tiraillé entre ces deux forces. Les Ottomans affaiblis manifestent de plus en plus de tolérance vis-à-vis des chrétiens, cf. J. Haj jar, Le Christianisme en Orient (1684-1968), Beyrouth 1971. p. 3 sqq. Cf. aussi H. Zayat, Les Grecs melkites en Islam , t.I, Harissa 1953, p. 74 sqq. (12) Cf. Levenq, L'article « Antioche » in Diction- naire d'Histoire et de Géographie Ecclésiastique , Paris, 1930, t. IV, Col. 1372. « En 1704, il rentre en Syrie apportant tout un matériel d'imprimerie et monte à Alep la première imprimerie arabe qui débute en 1706 », id ., Col. 1370. Pour plus de détails sur ses relations avec Constantinople, sur son œuvre, cf. Graf, G.C.A.L. III, p. 127 sqq, cf. aussi le Père Nasrallah, L'Eglise Mel- chite..., Paris, 1976 et le même Père Nasrallah, « Histo- riens et chroniqueurs Melchites », in BEO XIII, Damas, 1951, p. 146-147. (13) Cf. Ch. Papadopoulos, Tàrih Kanisat Antakiya, trad, en arabe par A. Haddad, Beyrouth, 1984, p. 783. cf. aussi F.Taoutel, Contribution à l'Histoire d'Alep (I, 1606-1827), Beyrouth, 1958, pp. 47, 49, 50, 119, 138. This content downloaded from 150.135.239.97 on Sat, 11 Jun 2016 01:49:51 UTC All use subject to http://about.jstor.org/terms [3] DEUX FA TWÀ-S D' AL NÂBULUSÏ 9 Nâbulusï tombe dans la période de vacation qui dura quelque vingt-six ans; et il signa « Гех-Patriarche d'Antioche »(14). Durant cette époque, le Patriarche voyagea beaucoup (15), pourtant il est fort probable que les deux hommes séjournaient tous deux à Damas, leur ville natale, lors de cette correspondance. La lettre adressée par Athanase Dabbãs à Nâbulusï et dont celui-ci ne reproduit dans sa réponse que les questions qui lui étaient posées, soulève, sous forme de dilemme, des interrogations paradoxales sur trois des problèmes fondamentaux de toute théologie (16). Malgré l'apparence de défi lancé à Nâbulusï, on devine une courtoisie réciproque entre les deux savants. Dans les questions du Patriarche, on remarquera que celui-ci cite un verset coranique et multiplie les formules de politesse. Nâbulusï de son côté qualifie le Patriarche, au début de sa réponse, comme étant l'un des « frères de l'exercice spirituel, dont les âmes nobles et les essences subtiles sont devenues des lunes dans le ciel de la théologie ». Comme si le Patriarche voulait, par-delà l'intention théologique, nouer amitié avec l'une des dignités religieuses, respectée de la population et du pouvoir ottoman à Damas. Voici la traduction française de ces questions : « Question I : (a) Son existence - qu'il soit exalté - est-elle surajoutée à Sa quiddité ? (b) Ou Sa quiddité est-elle surajoutée à Son existence? (17) Si Sa qiddité était surajoutée à Son existence, Il aurait besoin d'un lieu, et le localisé ( uploads/Philosophie/ deux-fatwa-s-du-say-abd-al-gani-al-nabulusi-1143-1731-presentation-et-edition-critique.pdf
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- Publié le Jui 07, 2021
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