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REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE SUDLANGUES N° 6 http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal) sudlang@refer.sn Tel : 00 221 548 87 99 PROBLEMES DE PHONETIQUE ET DE PHONOLOGIE EN WOLOF Mame Thierno CISSE Université cheikh Anta DIOP (Sénégal) Résumé L objectif visé dans la présente étude est de recenser les questions restées sans réponse quant à la description du système phonético-phonologique du wolof. Notre conviction est que l analyse phonologique devra hiérarchiser le matériau phonétique clairement établi, et de la manière la plus exhaustive possible, pour rendre compte du fonctionnement de la langue de manière simple et accessible L analyse phonétique des consonnes que nous proposons peut aider à aplanir les divergences sur certaines questions, phonologiques notamment : - l interprétation des consonnes dites « géminées » et « prénasales », - le statut des consonnes /x/ et /q/ et de l occlusive glottale / / . La proposition que nous faisons de considérer les consonnes dites « géminées » et « prénasales » comme des consonnes fortes peut permettre un traitement identique des deux séries de consonnes et de limiter l influence sur la syllabation de la notation de ces consonnes par des digraphes. Les études phonétiques existantes en ce qui concerne le système vocalique, permettent de proposer des solutions quant au statut de / / et du /à/ dit « a maximal ». L influence de l environnement consonantique sur les voyelles et les traitements réservés aux voyelles / / et /à/ ont une conséquence importante sur les choix morphologiques d explication, entre autres, de la dérivation nominale avec alternance consonantique initiale ou des changements observés avec la dérivation « inversive ». Les résultats de l analyse phonétique peuvent ainsi aider à définir le système dans sa globalité et à rendre compte des particularités phoniques du wolof. Mots clés : wolof système consonne voyelle forte prénasale - phonétique phonologie. REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE SUDLANGUES N° 6 http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal) sudlang@refer.sn Tel : 00 221 548 87 99 24 Abstract The objective of this study is to present questions that have remained unanswered in phonetic and phonological descriptions of wolof language. I believe that the phonological analysis is to organize the phonetic materials clearly set in hierarchy, and as exhaustive as possible ; in order to account for the functioning of the language in an open and simple way . The phonetic analysis of consonants we propose can help level down discussions on phonological issues such as : - the interpretation of consonants so called geminated or pre-nasals , - the status of /x/ and /q/ consonants, and the glottal occlusive /?/. My approach to consider consonants so called geminated or pre-nasals as strong consonants, can lead to a similar assessment of the two series of consonants and to limit the incidence of variation in diagraphs of these consonants on terms of a syllabation. The existing phonetic studies on the vocalic system, allow us to propose solutions about the status of / / /à/ called maximal a . The consonantal influence on vowels and the assessments presented of / / /à/ are highly incidental on the morphological choices of explanation to name one, on nominal derivation, consonant shifts, or apparent changes one can notice in reversed derivation. The results derived from the phonetic analysis can though help define the system as a whole, and present the specific aspects of wolof phonetics. Key words : wolof system consonant vowel strong prenasal phonetic phonology. I INTRODUCTION Au Sénégal le wolof est aujourd hui parlé par plus des ¾ de la population et par la quasi-totalité des citadins. A côté du français, langue officielle, le wolof tend à renforcer de plus en plus son rôle de langue véhiculaire avec notamment le développement des radios privées. Le wolof est classé dans le groupe « Ouest-Atlantique » de l embranchement « Niger-Congo » (Greenberg, 1966) ; il s agit d une langue à classes nominales où « le nom doit être marqué d une consonne qui indique la classe à laquelle il appartient. Cette consonne est appelée indice de classe ou classificateur [ ]. Les noms sont répartis en huit classes au singulier [avec b, g, m, l, w, s, j et k comme classificateurs] et deux au pluriel [avec ñ et y comme classificateurs] ». Diouf (2001 : 131). REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE SUDLANGUES N° 6 http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal) sudlang@refer.sn Tel : 00 221 548 87 99 25 Exemples : au singulier au pluriel xale bi « l enfant » / xale yi « les enfants » garab gi « l arbre » / garab yi « les arbres » ndox mi « l eau » / ndox yi « les eaux » ndab li « le récipient » / ndab yi « les récipients » weer wi « la lune » / weer yi « les lunes » asamaan si « le ciel » / asamaan yi « les cieux » jigéen ji « la femme » / jigéen ñi « les femmes » nit ki « l être humain » / nit ñi « les êtres humains » Le wolof est une langue à accent fixe non distinctif. Sur le plan auditif, l accent en wolof est perçu « [ ] sur la première syllabe du mot isolé contenant des voyelles de même longueur phonologique ou sur la première syllabe à voyelle longue ; à l intérieur du groupe de sens [ ], c est l une des syllabes du mot majeur (en particulier si cette syllabe comporte une voyelle longue) qui est perçue comme proéminente [ ] Une mise en relief perçue sur la première syllabe du mot coïncide toujours avec une hausse de l intensité sur la voyelle de cette syllabe ; une mise en relief perçue sur une autre syllabe coïncide avec une hausse de la fréquence vocalique et de la durée syllabique » selon Ka (1978 : 70 et ss). Parmi les langues du Sénégal, le wolof est certainement celle qui est la plus étudiée quand on considère les domaines d étude et l ancienneté de la bibliographie. Les premières études datent au moins de 1825 avec le Dictionnaire français-wolof et français-bambara, suivi du dictionnaire wolof-français de J. Dard. Les études linguistiques sur le wolof se sont considérablement développées depuis les années 1960 avec la prise en charge de l enseignement du français comme langue seconde et avec le projet d introduction des langues locales dans le système éducatif. Cependant au regard de son système phonologique, nombre de questions restent sans réponse. Des divergences entre les différents auteurs demeurent et sont liées d une part à la terminologie utilisée, souvent REVUE ELECTRONIQUE INTERNATIONALE DE SCIENCES DU LANGAGE SUDLANGUES N° 6 http://www.sudlangues.sn/ ISSN :08517215 BP: 5005 Dakar-Fann (Sénégal) sudlang@refer.sn Tel : 00 221 548 87 99 26 changeante d'une étude à l'autre, et d autre part aux choix théoriques des chercheurs, ce qui a pour conséquence d alimenter la polémique et de rendre les résultats difficilement exploitables par les autres disciplines de la linguistique. Cette situation est imputable aussi au fait que la description phonologique du wolof a utilisé des notions telles que la syllabe, le groupe rythmique ou de souffle, la position initiale, interne ou finale, la gémination, la prénasalisation, la force articulatoire Les définitions n étant pas souvent données et quand elles existent, elle sont changeantes d une étude à l autre. Les études phonétiques dont nous disposons de Calvet (1966), de Cissé (1982 et 1988) et de Traoré (1994) sont des analyses partielles du système du wolof ; une analyse globale du phonétisme wolof qui propose une caractérisation de tous les sons et systèmes de sons et qui dégage les influences entre les sons et systèmes de sons, fait toujours défaut. Ces études phonétiques existantes qui sont sensées donner corps aux phonèmes dégagés, ont la plupart du temps rajouté à la polémique parce qu'elles ont privilégié telle ou telle interprétation phonologique. L étude du wolof a aussi rarement pu « [ ] tirer profit des éclairages différents mais toujours complémentaires que présentent l analyse phonologique et les investigations phonétiques » Bothorel (1982 : 32-33). C'est là que réside la difficulté, dans ce va et vient attendu mais inexistant entre la phonétique et la phonologie du wolof. L analyse phonologique, considérée comme première par rapport à l analyse phonétique, n a pas toujours tenu compte des résultats même antérieurs de celle-ci. Une autre difficulté réside dans le fait que les études phonétiques ont également, la plupart du temps, repris à leur compte la terminologie généralement admise pour la caractérisation des sons présents dans d'autres langues sans une prise en charge des spécificités du wolof. Si une même unité phonologique est identifiée dans deux langues différentes, elle peut certes représenter la même réalité phonétique dans ces deux langues et être notée par le même symbole. Cependant si, en fonction de la langue, cette unité apparaît dans des contextes différents et uploads/Philosophie/ problemes-de-phonetique-et-de-phonologie-en-wolof-mame-thierno-cisse.pdf
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- Publié le Fev 27, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
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