L'ENCYCLOPÉDIE PHILOSOPHIQUE ISSN 2606-6661 Articles Articles Auteurs Auteurs À
L'ENCYCLOPÉDIE PHILOSOPHIQUE ISSN 2606-6661 Articles Articles Auteurs Auteurs À propos À propos Représentation mentale (A) Publié en mai 2020 Publié en mai 2020 i i. . i i. . Résumé Résumé En première approximation, on peut caractériser une « représentation mentale » comme une entité mentale avec des caractéristiques sémantiques : quand je crois que le chat est sur la table, mon état mental a un contenu représentationnel (il représente le chat comme étant sur la table) et des conditions de satisfaction (ou vérité) qui font que mon état représente correctement ce à propos de quoi est la représentation (ma croyance est vraie si le chat est effectivement sur la table, et fausse dans le cas contraire). Cette définition minimale apparaît en filigrane dans nos échanges quotidiens, quand nous attribuons des croyances et des désirs aux autres personnes pour expliquer leurs comportements et quand nous remarquons que leurs croyances sont fausses ou bien leurs désirs insatisfaits. Depuis le « tournant cognitif » des années 1950, « représentation mentale » est aussi devenu un terme théorique dans les sciences de la cognition. Dans cette entrée nous allons discuter les deux sens de la notion, et passer en revue certains problèmes concernant les représentations mentales. Quels facteurs jouent un rôle dans l’individuation des contenus mentaux ? Quels facteurs jouent un rôle dans la détermination du contenu des représentations ? Comment intégrer les représentations mentales dans une conception physicaliste du monde ? Comment distinguer entre structures cognitives non-représentationnelles et représentationnelles ? Quels sont les formats possibles des représentations mentales ? i i. . Table des matières Table des matières 1. L’esprit représentationnel 1. L’esprit représentationnel a. Préliminaires a. Préliminaires b. Qu’est-ce que représenter ? b. Qu’est-ce que représenter ? c. Les états mentaux représentationnels c. Les états mentaux représentationnels d. Théories du contenu mental : internalisme et externalisme d. Théories du contenu mental : internalisme et externalisme e. Les représentations mentales entre psychologie du sens commun et psychologie scientifique e. Les représentations mentales entre psychologie du sens commun et psychologie scientifique 2. Les représentations mentales en philosophie des sciences cognitives 2. Les représentations mentales en philosophie des sciences cognitives a. La théorie représentationnelle-computationnelle de l’esprit a. La théorie représentationnelle-computationnelle de l’esprit b. L’approche connexionniste des représentations mentales b. L’approche connexionniste des représentations mentales 3. Critiques de la notion de représentation mentale 3. Critiques de la notion de représentation mentale a. Les positions anti-représentationalistes a. Les positions anti-représentationalistes b. Critères pour l’introduction des représentations mentales b. Critères pour l’introduction des représentations mentales 4. Débats spécifiques sur les représentations mentales 4. Débats spécifiques sur les représentations mentales a. Naturalisation des contenus mentaux a. Naturalisation des contenus mentaux b. Le débat sur le format des représentations mentales b. Le débat sur le format des représentations mentales c. Représentations tacites c. Représentations tacites d. Représentations mentales et conscience d. Représentations mentales et conscience Bibliographie Bibliographie 1. L’esprit représentationnel 1. L’esprit représentationnel a. Préliminaires a. Préliminaires Quand on parle de représentation mentale, il est utile de distinguer entre deux projets. Le premier projet prend pour point de départ la psychologie du sens commun et les attributions quotidiennes d’états mentaux avec un contenu aux autres agents (comme dans des énoncés tels que : « Il prend son parapluie parce qu’il croit qu’il va pleuvoir ce soir »), et cherche à dégager les caractéristiques implicites des représentations à partir du rôle qu’elles jouent dans la théorie tacite sous-jacente à la psychologie du sens commun. Le deuxième projet s’intéresse au rôle des représentations mentales dans les théories scientifiques de la cognition et du comportement et essaie de dégager le rôle des représentations mentales dans les explications scientifiques. Dans les deux cas, il semble que les représentations mentales jouent un rôle crucial pour comprendre le comportement complexe des agents. Pour prendre un exemple de comportement animal, une abeille qui butine en cherchant du nectar navigue à travers le monde et communique avec les autres abeilles. Afin de pouvoir retracer le chemin qui l’a menée à un champ de fleurs particulièrement goûteux, elle doit pouvoir se souvenir du chemin parcouru, et, si elle veut que d’autres abeilles la suivent, communiquer la position du champ à ses camarades. Une représentation mentale permet à l’animal de garder une trace mnémonique de la position du champ et lui donne la possibilité de revenir le lendemain, et de communiquer la position du champ à d’autres abeilles par la danse (Gould, 1990). Employer des représentations mentales est donc une façon plus efficace de se diriger dans le monde que la simple réaction aux stimuli immédiatement présents, comme le réflexe d’extension, où l’animal réagit directement à une stimulation externe sans la représenter. Dans le cas d’êtres plus complexes, comme les êtres humains, les représentations mentales leurs donnent la capacité de planifier l’avenir, se souvenir du passé, imaginer, communiquer linguistiquement, prendre des décisions, etc. b. Qu’est-ce que représenter ? b. Qu’est-ce que représenter ? J’observe un coucher de soleil au bord de la mer et je forme dans mon esprit l’image d’un disque rouge derrière une ligne horizontale entourée par de l’orange et du bleu. Je lis le roman « Anna Karénine » et j’essaie d’imaginer l’état d’esprit de l’héroïne dans les dernières minutes avant sa décision finale. J’ouvre ce document et je pense aux différentes façons dont les philosophes ont théorisé la notion de représentation mentale. J’ai soif, je désire un verre de jus et, puisque je crois qu’il reste du jus dans le placard, je forme l’intention d’ouvrir la porte du placard pour prendre le jus afin de le boire. Tous ces exemples mettent en jeu des états mentaux représentationnels. Un état mental (comme une perception, un désir, une croyance, une intention, …) est représentationnel quand il est à propos du monde ou des aspects du monde, c’est-à-dire quand il vise quelque chose (par exemple, un objet, une propriété, ou bien un état de choses). Mon expérience visuelle pendant le coucher du soleil est à propos du coucher de soleil ; mon état imaginatif est à propos des émotions d’Anna Karénine, mes pensées en écrivant ce document sont à propos des théories philosophiques des représentations mentales. Ces exemples nous fournissent une définition ostensive des états mentaux représentationnels avant toute théorisation. On appelle la propriété d’être à propos de quelque chose ou de viser quelque chose, l’intentionnalité l’intentionnalité (un terme qui dérive de l’analyse du mental de Brentano, 1874) (Pacherie, 1993 ; Jacob, 2004 ; Recanati, 2008, chapitre 7). Si la tradition analytique rend généralement compte de l’intentionnalité en termes de représentation au point d’assimiler les deux notions, notons qu’il est possible de distinguer entre visée intentionnelle et représentation, comme le fait la tradition phénoménologique (voir Moran, 2013). Afin d’introduire le thème des représentations mentales de façon intuitive nous allons commencer par des exemples de représentations qui nous sont plus familières : les représentations non-mentales. représentations non-mentales. Un cas de représentation non- mentale est une peinture figurative. peinture figurative. Les peintures figuratives sont des représentations d’états de choses et peuvent être caractérisées comme ayant deux aspects : un contenu représentationnel et un support matériel. Ainsi, une image d’un chat sur la table représente un état de choses à un moment donné, même si l’image elle-même n’est pas cet état de choses, mais en est une représentation. En même temps, une image est aussi un objet matériel, par exemple la toile sur laquelle l’image a été dessinée, ou bien un ensemble de pixels sur notre téléphone portable. Un autre exemple de représentation non-mentale est un code secret. code secret. Supposons que nous sommes complices dans le vol d’un sac de bijoux et que nous avons créé un code pour communiquer la position du sac en public sans que les passants puissent nous comprendre. Nous nous sommes accordés qu’un O fait par l’index et le pouce représente le fait que le sac est caché sous le matelas de la chambre à coucher. Contrairement à une photographie, le code ne ressemble généralement pas à la chose qu’il représente. Néanmoins, même s’il n’y a rien en commun entre le O fait par mes doigts et la position du sac, le O représente la position du sac par convention convention (via notre stipulation au moment de la création du code). L’exemple de la peinture figurative et l’exemple du code secret exemplifient deux façons de représenter. Tandis que les images représentent par ressemblance ressemblance, le code secret représente par convention. par convention. Toutefois, la ressemblance et la convention ne sont pas les seules façons de représenter. Paul Grice (Grice, 1957) a introduit la notion de « signification signification naturelle naturelle » (natural meaning) pour désigner des cas où de l’information est indiquée par des états de choses naturels. Par exemple, le nombre de cernes d’un tronc d’arbre indique son âge. Dans ce cas, la relation entre le nombre de cernes et l’âge est une relation causale relation causale (ou plus précisément une relation de covariance) : l’âge cause le nombre de cernes d’un tronc d’arbre, et en inversant cette relation, le nombre de cernes indique uploads/Philosophie/ representations-mentales.pdf
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- Publié le Mar 24, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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