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HAL Id: hal-01393282 https://hal-amu.archives-ouvertes.fr/hal-01393282 Submitted on 8 Nov 2016 HAL is a multi-disciplinary open access archive for the deposit and dissemination of sci- entific research documents, whether they are pub- lished or not. The documents may come from teaching and research institutions in France or abroad, or from public or private research centers. L’archive ouverte pluridisciplinaire HAL, est destinée au dépôt et à la diffusion de documents scientifiques de niveau recherche, publiés ou non, émanant des établissements d’enseignement et de recherche français ou étrangers, des laboratoires publics ou privés. René Kaës ”Réalité psychique et souffrance dans les institutions” Guy Gimenez To cite this version: Guy Gimenez. René Kaës ”Réalité psychique et souffrance dans les institutions”. Dunod. L’institution et les institutions, 1 (49), pp. 128 - 133, 1988, Etudes spychanalytiques, 978-2100573325. ￿hal- 01393282￿ René Kaës Introduction René Kaës est psychanalyste, professeur émérite de psychologie et psychopathologie clinique à l’université de Lyon 2, analyste de groupe, psychodramatiste, membre fondateur du Ceffrap. Il représente la pensée de ce que certains nomment : « L’école française » de psychanalyse de groupe. Il s’agit d’un courant majeur au niveau international qui propose un véritable modèle de l’articulation individu/groupe ; et du fonctionnement psychique du groupe dans une approche psychanalytique. Réalité psychique et souffrance dans les institutions Par Guy Gimenez. « Ce travail collectif du penser accomplit une des fonctions capitales des institutions, qui est de fournir des représentations communes et des matrices identificatoires : donner un statut aux relations de la partie et de l’ensemble, lier les états non intégrés, proposer des objets de pensée qui ont un sens pour les sujets auxquels est destinée la représentation et qui génèrent des pensées sur le passé, le présent et l’avenir ; indiquer les limites et les transgressions, assurer l’identité, dramatiser les mouvements pulsionnels... » « L’institution est d’abord une formation de la société et de la culture ; elle en suit la logique propre. Instituée par la divinité ou par les hommes, l’institution s’oppose à ce qui est établi par la nature. L’institution est l’ensemble des formes et des structures sociales instituées par la loi et par la coutume : l’institution règle nos rapports, elle nous préexiste et s’impose à nous, elle s’inscrit dans la permanence. » « « L’institution est (…) l’espace extrajecté d’une partie de la psyché : elle est à la fois dedans et dehors, dans le double statut psychique de l’incorporât et du dépôt; elle est à l’arrière-fond du processus, mais ne saurait être indifférente au processus lui-même » Synthèse du texte : Dans ce texte, le projet de René Kaës est de penser l’institution d’un point de vue psychanalytique, et ainsi d’ inscrire l’institution comme objet possible dans le champ de la psychanalyse » (Kaës, 1988, p. 7). Il étudie les manifestations de l’inconscient dans les institutions, le discours qui s’y produit, l’écoute spécifique que l’on peut y développer, et es demandes qui s’y expriment. L’auteur essaie ici de mettre en évidence ce qui de la réalité psychique est mobilisé par l’institution, travaillé ou paralysé par elle. Dans cette démarche, René Kaës repère d’abord les enjeux et résistances rendant difficile ce travail d’élaboration : le lien narcissique engagé dans des institutions, d’une part, et le fait que l’institution constitue l’arrière¬ fond muet sur lequel notre subjectivité se construit d’autre part. René Kaës étudie l’institution comme possible objet de la psychanalyse en la resituant comme formation de la société et la culture : « L’institution est l’ensemble des formes et des structures sociales instituées par la loi et par la coutume : l’institution règle nos rapports, elle nous préexiste et s’impose à nous, elle s’inscrit dans la permanence » (Kaës, 1988, p. 8). Cette approche de l’institution prend en compte sa dimension aliénante : « L’aliénation, c’est l’autonomisation et la dominance du moment imaginaire dans l’institution, qui entraîne l’autonomisation et la dominance de l’institution relativement à la société » (Kaës, 1988, p. 9). L’institution n’est pas qu’une formation sociale et culturelle, elle assure des fonctions psychiques, individuelles et groupales fondamentales, j’en citerai quelques unes : • fonder les identifications des individus sur le groupe, et proposer des idéaux organisateurs ; • constituer l’arrière fond du fonctionnement psychique (par mise en dépôt de la part la plus indifférenciée du sujet dans l’institution) ; • lutter contre la possible irruption de l’impensé et du chaos ; • donner du sens aux expériences de chacun, avec ses fonctions de liaison (d’organisateur des liens et du penser et de symbolisation) ; • assurer les transmissions psychiques ; • proposer un étayage à la réalité psychique de chacun, et une stabilité suffisante au vécu de chacun ; • réguler (régulation sociale et endopsychique) ; • développer de l’illusion laissant croire une continuité dans l’hétérogénéité des expériences et des membres. Se développe ainsi dans l’institution un « appareil psychique groupal » ou appareil psychique de groupement (on pourrait proposer de le nommer ici appareil psychique institutionnel), assurant ces fonctions pour chacun de ses membres et permettant le développement d’un espace commun de réalité psychique. Concepts fondamentaux Métacadre : L’institution est le lieu de dépôt de ce qui en nous est muet et immuable (Kaës, 1988, p. 4). Elle constitue ainsi l’arrière fond (de continuité) de notre subjectivité (ibid., p. 2) et peut être pensée comme du non soi (ibid., p. 3) : en cela elle a à voir avec le fond irreprésentable et le plus indifférencié de chacun et assure une fonction de métacadre, au même titre que la société et la culture. René Kaës reprend ici les travaux d’E. Jaques (1955) et de I. Menzies (1960) qui ont mis en évidence les fonctions métadéfensives de l’institution face aux angoisses archaïques ou psychotiques. En tant que métacadre, l’institution produit l’illusion de la continuité et de la coïncidence et maintient une relation isomorphique entre les individus et leur institution jusqu’à ce qu’une crise révèle la discontinuité vécue comme intolérable. Alliances inconscientes : René Kaës insiste sur les alliances inconscientes et contrats qui fondent toute institution : par elle, ses membres échangent « une part de bonheur possible contre une part de sécurité » comme l’a montré Freud dans Malaise dans la civilisation. Le fonctionnement institutionnel, comme le fonctionnement de la civilisation (Freud, 1908 « La morale sexuelle civilisée »), est fondé sur la nécessité du renoncement pulsionnel. En contrepartie, le sujet reçoit, de la part de l’institution, une place en son sein. Ce type de contrat permet l’avènement de la communauté civilisée et de la communauté de droit. Par elles, le groupe protège chacun de « la force brutale » qui frappe l’étranger. Plus généralement, le lien de chacun à l’institution est fondé sur des contrats, pactes, accords et consensus inconscients (Kaës, 1988, p. 19) qui sont révélés et rendus visibles lors des crises menaçant la continuité institutionnelle. René Kaës en décrit ici deux : le contrat narcissique et le pacte dénégatif. Contrat narcissique : Kaës resitue la notion de contrat narcissique (P. Castoriadis Aulagnier, 1975) dans la continuité des propositions formulées par Freud dans l’article de 1914 sur le narcissisme. Il en retient trois idées principales. « La première est que l’individu est à lui même sa propre fin et qu’il est en même temps membre d’une chaîne à laquelle il est assujetti. La seconde idée est que les parents constituent l’enfant comme le porteur de leurs rêves de désirs non réalisés et que le narcissisme primaire de celui ci s’étaye sur celui des parents, tout comme c’est à travers eux que le désir et le narcissisme des générations qui les ont précédés ont soutenu, positivement ou négativement, leur venue au monde. Autrement dit, chaque nouveau né est investi de cette mission d’avoir à assurer la continuité narcissique de la génération. » (Kaës, 1988, p. 29). L’institution soutient le renoncement pulsionnel en contrepartie de l’investissement par elle du sujet. C’est le contrat narcissique. Pacte dénégatif : Comme les autres groupements humain, l’institution ne peut se former qu’en maintenant des zones d’obscurité profonde, un « laisser de côté », « un reste », de l’irreprésenté, du « silence radical » (qui n’est pas le non dit) qui peut suivre différents destins, celui de poches d’intoxication, de dépôts ou d’espaces poubelles. Ce « passé sous silence » comme le nomme J.C. Rouchy, est l’expression du pacte dénégatif décrit par René Kaës : « J’appelle pacte dénégatif la formation intermédiaire générique qui, dans tout lien – qu’il s’agisse d’un couple, d’un groupe, d’une famille ou d’une institution –, voue au destin du refoulement, de déni, ou du désaveu, ou encore maintient dans l’irreprésenté et dans l’imperceptible, ce qui viendrait mettre en cause la formation et le maintien de ce lien et des inves- tissements dont il est l’objet. On peut donc tenir le pacte dénégatif comme un des corrélats du contrat de renoncement, et de la communauté d’accomplissement de désir, et du contrat narcissique » (Kaës, 1988, p. 32). Souffrance de l’inextricable : Si l’institution amène de la protection, elle est aussi source de souffrance. René Kaës souligne en particulier l’existence uploads/Philosophie/ synthese-pensee-de-rene-kaes-psychopathologie-des-liens.pdf

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