L'ÊTRE ET L'AUTRE ANALOGIE ET INTERSUBJECTIVITÉ CHEZ HUSSERL Author(s): J.-F. C

L'ÊTRE ET L'AUTRE ANALOGIE ET INTERSUBJECTIVITÉ CHEZ HUSSERL Author(s): J.-F. Courtine Source: Les Études philosophiques , JUILLET-DÉCEMBRE 1989, No. 3/4, L'ANALOGIE (JUILLET-DÉCEMBRE 1989), pp. 497-516 Published by: Presses Universitaires de France Stable URL: https://www.jstor.org/stable/41581851 JSTOR is a not-for-profit service that helps scholars, researchers, and students discover, use, and build upon a wide range of content in a trusted digital archive. We use information technology and tools to increase productivity and facilitate new forms of scholarship. For more information about JSTOR, please contact support@jstor.org. Your use of the JSTOR archive indicates your acceptance of the Terms & Conditions of Use, available at https://about.jstor.org/terms Presses Universitaires de France is collaborating with JSTOR to digitize, preserve and extend access to Les Études philosophiques This content downloaded from 194.214.29.29 on Wed, 28 Apr 2021 10:34:34 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms L'ÊTRE ET L'AUTRE ANALOGIE ET INTERSUBJECTIVITÉ CHEZ HUSSERL Notre propos n'est pas ici d'examiner dans leur succession les lyses husserliennes, souvent différentes, voire contradictoires, constitution d'autrui comme alter ego , et pas davantage d'étudi manière tant soit peu exhaustive le rôle que joue dans l'élaborati cette problématique - à tous égards décisive pour le projet d'ens de la phénoménologie transcendantale - l'analogie ou mieux le « t fert analogisant » (analogisierende Uebertragung) du sens d'être « e à autrui. - Plutôt que d'essayer de démêler l'écheveau apparem inextricable des textes husserliens sur la similitude analogique moi propre et étranger - ego et alter ego - , au fil de méditations recherches qui s'échelonnent sur une période de trente années ( 1935), nous voudrions ici proposer et mettre à l'épreuve de la d sion une hypothèse de philosophie comparée ou de comparaison s turale : l'hypothèse que Husserl, à travers la problématique de l 'int subjectivité, rencontrerait - assurément sans en avoir jamais ex tement conscience - une question semblable (j'allais dire analog à celle qui, dans la tradition aristotélicienne et plus précisément en chez les commentateurs scolastiques latins du Stagirite, avait tr dans un certain usage de l'analogie une solution, sinon entière satisfaisante, du moins intelligible. L'hypothèse à examiner - en une fois simple hypothèse de recherche soumise à la discussion donc celle d'un recoupement, voire d'un recouvrement partiel de problématiques évidemment distinctes : celle du type d'unité et d'id tité requis par l'accès possible à ce qui est autre (das Fremde ), à aut (autre que moi), et celle de l'unité singulière des acceptions mult de l'être. Il s'agit donc, si l'on veut, de déchiffrer, sous l'élabor husserlienne (ratures et répétitions comprises) l'emprise contraigna Les Etudes philosophiques , n° 3-4/1989 This content downloaded from 194.214.29.29 on Wed, 28 Apr 2021 10:34:34 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 498 /.-F. Courtine d'une problématisation v comme réponse formalisé tonicienne, du même et de dispersion/dissémination diverses de l'être. C'est peut-être le travail de cette ancienne problématique à l'arrière- plan du texte husserlien qui explique en partie (c'est-à-dire compte tenu des discussions avec les auteurs contemporains : Benno Erdmann, Th. Lipps, etc.) que Husserl passe si souvent du pour au contre, quand il s'agit de statuer sur le rapport analogique entre Yego et Y a/ ter ego . Dans quelle mesure, pourrait-on se demander aussi, ce basculement du « oui » au « non », ce jeu du « dit » et du « dédit » appartiennent-ils eux aussi à la logique profonde de la problématique de l'analogie ? - Un seul exemple de ces perpétuelles (et nécessaires) corrections, emprunté aux Méditations cartésiennes , d'où elles n'ont pas disparu : « Der Andere verweist seinem konstituierten Sinne nach auf mich selbst, der Andere ist Spiegelung meiner selbst, und doch nicht eigentlich Spiegelung; Analogon meiner selbst, und doch wieder nicht Analogon im gewöhnlichen Sinne. »3 Quelle nouvelle acception Husserl devra-t-il donner à Yanalogon pour fonder légitimement la constitution de l'intersubjectivité ? Was bedeutet nun das Analogon ? - demandait déjà Husserl en 1914-1915 (Hua., XIII, 269). En posant cette question, en avançant cette hypothèse qu'il convient de développer et de légitimer dans ce qui suit, nous ne méconnaissons pas la pertinence et la portée de la mise en garde d'Alwin Diemer, quand il faisait précéder le remarquable paragraphe qu'il consacrait à 1' « analogie de l'être », de l'avertissement suivant : « Quand, dans le contexte de la constitution d'être, il est question chez Husserl d'analogie, il faut ici renoncer à toutes références et à toutes comparaisons avec les autres concepts de l'analogie et n'envisager sous ce terme que ce que Husserl comprend lui-même. »2 Nous voudrions pourtant assumer ici le risque de cette transposition ou de cette traduction de la probléma- tique husserlienne de l'intersubjectivité dans celle de Yanalogia entis , pour nous demander si et en quoi le geste husserlien de redéfinition de Yanalogon répète une décision qui s'est imposée à la tradition du com- mentarisme aristotélicien. Le vieil Heidegger qui, à partir des années 60 (Mein Weg in die Phänomenologie y Brief an Kichardsony notamment), se plaisait à souligner i. CM, § 44, Hua., I, p. 125, 36-39. - « L'autre renvoie de par son sens constitutif à moi-même, l'autre est un "reflet" de moi-même et pourtant, à proprement parler, ce n'est pas un reflet; il est mon analogon et pourtant ce n'est pas un analogon au sens habituel du terme. » 2. Alwin Diemer, Husserl , Versuch einer systematischen Darstellung seiner "Phäno Meisenheim a. Gl., 1965, p. 169 n. This content downloaded from 194.214.29.29 on Wed, 28 Apr 2021 10:34:34 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms Uêtre et Vautre . Analoge et intersubjectivité che% Husserl 499 l'importance de la lecture de la dissertation de Brentano ( Von der mannigfachen Bedeutung des Seienden nach Aristoteles) pour l'ouverture de son chemin de pensée, opposait volontiers « son » Brentano à celui de son maître Husserl (l'auteur de la Psychologie vom empirischen Stand- punkt ), où il redécouvrait la doctrine médiévale de 1' « inexistence inten- tionnelle»3. Si rien ne permet, à notre connaissance, d'établir que Husserl aurait lu ou médité la Dissertation, il n'en demeure pas moins légitime selon nous d'examiner, à l 'encontre de Heidegger, la question de savoir si et comment la problématisation classique de l'unité des acceptions multiples de l'être a trouvé chez Husserl une expression ou une tra- duction remarquable qui autorisent le rapprochement avec l'élaboration historique de la doctrine de Y analoga entis 4. I Dans la perspective aristotélicienne, s'il est permis de résumer à grands traits la problématique ontologique du Stagirite, toute la ques- tion est de savoir, après avoir établi la pluralité des acceptions de l'être (to öv XéysToci jcoAXax&ç), s'il est possible d'échapper au risque de com- plète équivocité qu'entraîne une telle polysémie, comme à celui, non moins ruineux, de ne déterminer qu'une unité rhapsodique de signifi- cations multiples de l'être. Si en effet l'être se dit d'abord selon quatre sens : selon la 8i>va[juç et l'èvépyeia, selon la substance et l'accidentali té (oucría-auiJiêsêvjxòç), selon l'être - vrai ou faux, selon les figures de la prédication (essence, quantité, qualité, etc.), qu'est-ce qui unifie et ordonne une telle multiplicité ? On connaît le principe de la réponse aristotélicienne : les acceptions de l'être, si elles sont bien distinctes et différenciées, ne succombent pas pourtant à la dispersion totale, à line dissémination sans règle : entre la pure équivocité et l'univocité trop étroite, il y a place pour un statut intermédiaire, à l'image de celui des paronymes, au plan des noms : c'est celui d'une multiplicité ordonnée en une suite réglée, celui d'une unité de « signification focale » (focal meaning) y selon l'heureuse formule de G. L. E. Owen5. Les termes multiples regardent tous au premier, en direction du premier ( npòç sv), qui sert de référence commune à tous les autres. On sait qu' Aristo te ne caractérise jamais d'analogique cette unité focale, puisque l'unite xocT'ávaXoyíav désigne toujours strictement (cf. EN , V, 6, 1131*31) 3. Cf. Jean Beaufret, Dialogue avec Heidegger , t. III, p. 109-110. 4. Cf. dans le même sens l'article récent de jml. Jrieawig, nusseri una aie analogic, m Zeitschrift für philosophische Forschung , XXXVI, i, 1982, p. 77-86. Notre etude est également redevable à quelques suggestions remarquables de P. Ricoeur dans un séminaire des années 70 consacré à la Phänomenologie der Inter Subjektivität. 5. G. E. L. Owen, Logic and Metaphysics in some earlier Works ot Aristoteles, repris in Logic, Science and Dialectis. Collected Papers in Greek Philosophy , éd. M. Nussbaum, Ithaca, NY, 1986, p. 192-193. This content downloaded from 194.214.29.29 on Wed, 28 Apr 2021 10:34:34 UTC All use subject to https://about.jstor.org/terms 500 /.-F. Courtine une égalité de rapports ou raisonnement par quatri ce que B est à A, si A/B = En revanche, l'unité rrp nommée « analogie », ni pa dans sa distinction expre (EN, I, 6, 1096 b 27-28) attributions vs analogia p transfert direct de sens à p termes susceptibles de form sant des catégories, la sui 7TÓOTOV, etc.). Un tel tran non générique qui pouvait vertu de leur commune r xupicàç Xeyó[jL£vov). Le tr de uploads/Philosophie/ this-content-downloaded-from-194-214-29-29-on-wed-28-apr-2021-10-34-34-utc.pdf

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