© Patrick Michel Noël, 2014 ÉPISTÉMOLOGIE, HISTOIRE ET HISTORIENS : CONSIDÉRATI

© Patrick Michel Noël, 2014 ÉPISTÉMOLOGIE, HISTOIRE ET HISTORIENS : CONSIDÉRATIONS CONCEPTUELLES, MÉTHODOLOGIQUES ET EMPIRIQUES AUTOUR DU DISCOURS QUE LES HISTORIENS TIENNENT SUR LEUR SAVOIR THÈSE Patrick Michel Noël Doctorat en histoire Philosophiæ doctor (Ph. D.) Québec, Canada iii RÉSUMÉ Devant les récentes – et moins récentes – réflexions sur les liens entre épistémologie – entendue dans son acception restreinte de philosophie des sciences – et histoire qui se penchent à la fois sur l’histoire de l’épistémologie, l’épistémologie de l’histoire et sur la place de l’histoire en épistémologie, soit l’épistémologie historique, cette thèse propose une interrogation sur la place de l’épistémologie en histoire, soit l’épistémo-logie historienne, à savoir au discours (logos) que les historiens tiennent sur leur savoir (épistémè). À la fois ignorée par les adeptes de l’épistémologie historique et les philosophes s’intéressant à l’épistémologie de l’histoire, l’épistémo-logie historienne constitue le véritable angle mort de la réflexion sur la relation entre épistémologie et histoire. Deux objectifs interreliés structurent cette thèse : enrichir la compréhension dialectique entre épistémologie et histoire – l’objectif général – en mettant en lumière le rapport discursif que les historiens entretiennent avec leur savoir, l’épistémologie historienne – l’objectif particulier. Nous ne tentons pas d’élucider nous-mêmes la nature de l’histoire comme savoir disciplinaire, mais d’examiner, à l’enseigne d’une méta- épistémologie de l’histoire, l’élucidation qu’en ont faite, tour à tour, les philosophes, mais surtout les historiens à travers le discours qu’ils tiennent sur leur savoir – leur épistémologie. Notre propos s’articule en trois parties visant à mieux circonscrire les objectifs général et particulier susmentionnés. Elles proposent des esquisses conceptuelles, méthodologiques et empiriques à travers lesquelles, d’une part, nous nous penchons sur la dialectique entre épistémologie et histoire et ce que nous considérons comme son angle mort, l’épistémologie historienne (I) et, d’autre part, nous définissons une méthodologie (II) pour cerner, à travers une étude documentée ancrée dans l’espace québécois, les ressources réflexives des historiens (III). Cette étude du savoir-dire historien vient mettre en cause la représentation traditionnelle et caricaturale de l’historien comme indécrottable empiriste et, de ce fait, la conviction, fortement répandue, que l’historien ne se forme et ne s’affirme que dans l’exécution de son savoir-faire. Nous concluons cette thèse en soulignant l’importance de l’épistémologie historienne dans la socialisation disciplinaire et la place de choix que devrait occupée son étude dans la formation historienne qui ne saurait se réduire à un apprentissage sur le tas. v ABSTRACT In conjunction with the recent – and not so recent – reflections on the relation between epistemology – understood here in its restricted meaning of philosophy of sciences – and history that focus on the history of epistemology, the epistemology of history, and the place of history in epistemology or historical epistemology, this thesis proposes to examine the place of epistemology in history or historian epistemology, namely the discourse (logos) that historians hold on their knowledge (episteme). Both ignored by proponents of historical epistemology and by philosophers interested in the epistemology of history, historian epistemology is the blind spot of the reflection on the relation between epistemology and history. Two interrelated objectives structure this thesis: enrich the dialectical understanding between epistemology and history – the general objective – by highlighting the discursive relation that historians have with their knowledge, historian epistemology – the particular objective. We do not attempt ourselves to elucidate the nature of history as disciplinary knowledge, but to examine, under the rubric of a meta-epistemology of history, the elucidation of it made alternately by philosophers, but also and mainly by historians through the discourse they hold on their knowledge – their epistemology. Our argument is divided into three parts in order to better define the general and particular objectives above- mentioned. They offer conceptual, methodological and empirical sketches through which, on the one hand, we examine the dialectic between epistemology and history and what we see as its blind spot, the historian epistemology (I) and, on the other hand, we define a methodology (II) to identify, through a documented study anchored in the Quebec disciplinary field of history, the reflexive resources of historians (III). The study of these resources calls into question the traditional caricatured representation of the historian as a hopeless empiricist and, therefore, the highly prevalent conviction that the historian is formed and asserts himself only by the execution of his know-how. We conclude this thesis by highlighting the importance of historian epistemology in disciplinary socialization and the key place its study should have in the historian training that should not be reduced to a learning-on-the-job process. vii TABLE DES MATIÈRES RÉSUMÉ .............................................................................................................................. III ABSTRACT ............................................................................................................................ V TABLE DES MATIÈRES ................................................................................................. VII LISTE DES TABLEAUX .................................................................................................... XI AVANT-PROPOS ............................................................................................................. XIII NOTE D’ORIENTATION. À LA FRONTIÈRE DE L’HISTOIRE ET DE LA PHILOSOPHIE : UNE THÈSE SUR L’ÉPISTÉMOLOGIE DE L’HISTOIRE .............................................................................. 1 I ESQUISSES CONCEPTUELLES .................................................................................... 13 CHAPITRE 1 : ÉPISTÉMOLOGIE ET HISTOIRE .......................................................... 15 1.1 Des notions ambigües ................................................................................................ 15 1.1.1 L’épistémologie : une réflexion philosophique sur les savoirs scientifiques ......................................... 16 1.1.2 L’histoire : un savoir qui produit une connaissance sur le passé ................................................................ 19 1.2 Des notions symétriques : de l’histoire de l’épistémologie à l’épistémologie historienne en passant par l’épistémologie historique et l’épistémologie de l’histoire .. 26 1.2.1 L’histoire de l’épistémologie .................................................................................................................................. 26 1.2.2 De l’épistémologie historique… ............................................................................................................................ 32 1.2.3 … à l’épistémologie de l’histoire .......................................................................................................................... 61 1.2.3.1 La philosophie critique de l’histoire : une épistémologie historiciste de l’histoire ................... 63 1.2.3.2 L’histoire saisie par l’empirisme logique : une épistémologie néo-positiviste de l’histoire ... 67 1.2.3.3 Le tournant narrativiste de la philosophie de l’histoire ...................................................................... 76 1.2.3.4 Une philosophie empirique de l’histoire : vers une épistémologie naturalisée ou historique de l’histoire .............................................................................................................................................................................. 90 1.2.3.5 Les philosophes et les historiens ............................................................................................................... 106 1.2.3.6 Le style épistémologique de l’histoire de P. Ricœur : un dialogue avec les ressources réflexives des historiens .............................................................................................................................................. 120 CHAPITRE 2 : L’ÉPISTÉMOLOGIE EN HISTOIRE : LE DISCOURS SUR LE DISCOURS SUR L’HISTOIRE ......................................................................................... 133 2.1 Une absence valorisée.............................................................................................. 135 2.2 Une absence déplorée .............................................................................................. 144 2.3 Vers une meilleure compréhension de l’épistémologie historienne ......................... 155 II ESQUISSES MÉTHODOLOGIQUES .......................................................................... 165 CHAPITRE 3 : APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE : CERNER L’ÉPISTÉMOLOGIE HISTORIENNE DANS SA POSITIVITÉ DISCURSIVE ................................................ 167 3.1 Cerner l’épistémologie historienne : l’espace disciplinaire québécois ................... 167 3.2 Une lecture textualiste de l’épistémologie histoire .................................................. 171 3.2.1 Pas plus que nous abordons l’épistémologie comme un témoignage, pas plus que nous voulons l’expliquer .............................................................................................................................................................................. 173 3.2.1.1 L’épistémologie n’est pas un témoignage .............................................................................................. 173 a. Le savoir-faire et le savoir-dire ...................................................................................................................... 173 b. L’épistémologie ne témoigne pas de l’histoire-qui-se-fait ................................................................... 175 3.2.1.2 L’épistémologie n’est pas expliquée ........................................................................................................ 178 3.2.2 L’épistémologie saisie dans sa positivité discursive .................................................................................... 178 III ESQUISSES EMPIRIQUES ........................................................................................ 185 viii A. L’épistémè soumise à la discussion : des enjeux épistémologiques (le récit, le passé disciplinaire et l’enracinement temporel de l’histoire) ................................................. 186 B. Une hypothèse de travail : un discours inséparablement historiographique et théorique ou pourquoi l’épistémologie historienne est une « épistémologie historique » (F. Hartog) .................................................................................................................... 188 C. Le mythe empiriste et sa déconstruction ................................................................... 194 CHAPITRE 4 : LA QUESTION DU RÉCIT EN HISTOIRE. ENTRE ENJEU ÉPISTÉMOLOGIQUE ET VECTEUR IDENTITAIRE DU SAVOIR DISCIPLINAIRE199 4.1 Le récit, les historiens et la philosophie de l’histoire ............................................. 200 4.2 La discipline du récit ............................................................................................... 208 4.3 Le récit disciplinaire ................................................................................................ 220 CHAPITRE 5 : LA QUESTION DU PASSÉ DISCIPLINAIRE. LES HISTORIENS ET L’APPRÉHENSION DU PASSÉ DE LEUR DISCIPLINE ............................................. 227 5.1 Historicisme et présentisme : deux appréhensions du passé disciplinaire ............. 228 5.2 L’épistémologie historienne et le passé disciplinaire ............................................. 232 5.3 À la source de combats : le discours sur le passé du savoir disciplinaire au Québec ....................................................................................................................................... 236 5.3.1 La fonction heuristique du passé disciplinaire ................................................................................................236 5.3.2 Instrumentaliser le passé disciplinaire : une historiographie de combat ................................................238 5.3.2.1 L’historiographie de combat sur l’axe diachronique ou « la querelle des Anciens et des Modernes » .......................................................................................................................................................................239 5.3.2.2 L’historiographie de combat sur l’axe synchronique: « se battre pour avoir une place au soleil » ................................................................................................................................................................................246 5.3.2.3 L’historiographie provocatrice : le cas de Ronald Rudin .................................................................250 5.3.3 Le combat de l’historiographie : pour une connaissance scientifique du passé disciplinaire .........258 5.3.3.1 Renouveler l’histoire de l’histoire .............................................................................................................258 5.3.3.2 Le combat de l’historiographie au Québec ............................................................................................262 5.4 Entre mémoire et connaissance : le discours sur le passé du savoir disciplinaire . 271 CHAPITRE 6 : LA QUESTION DE L’HISTORICITÉ DE L’HISTOIRE. LES HISTORIENS SUR L’ENRACINEMENT TEMPOREL DE LEUR SAVOIR ............... 275 6.1 L’historicité de l’histoire ......................................................................................... 275 6.2 L’historicité de l’histoire et l’épistémologie de l’histoire ....................................... 278 6.3 L’historicité comme enjeu de l’épistémologie historienne ...................................... 282 6.4 Une question disciplinaire structurelle ................................................................... 286 6.5 Un passeur : F. Dumont .......................................................................................... 293 6.6 Autour du relativisme .............................................................................................. 297 6.6.1 Les précurseurs ..........................................................................................................................................................297 6.6.2 L’historicité du savoir historique dans l’épistémologie de S. Gagnon ...................................................302 6.6.3 L’historicité du savoir historique dans l’épistémologie de N. Gagnon et J. Hamelin .......................305 6.6.4 L’historicité du savoir historique dans l’épistémologie de F. Ouellet: idéologie, méthodologie et discipline .................................................................................................................................................................................311 6.6.5 L’historicité du savoir dans l’épistémologie de PierreiTrépanier : un « relativisme modéré » .....314 6.6.6 L’historicité du uploads/Philosophie/ untitled 21 .pdf

  • 29
  • 0
  • 0
Afficher les détails des licences
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise
Partager