Concours Centrale-Supélec 2018 filière MP, PC, PSI Rédaction 12 juin 2018 19:00
Concours Centrale-Supélec 2018 filière MP, PC, PSI Rédaction 12 juin 2018 19:00 1 Rédaction Présentation du sujet Le sujet s’appuie sur un extrait de l’article de Gaston Berger « L’aventure humaine » (1949), recueilli dans L’Homme moderne et son éducation (Paris, P.U.F., 1962, p. 185–197). L’auteur s’y interroge sur le sens de la vie humaine : au rebours des conceptions soit théoriques, soit pathétiques, elle n’est pour lui « ni un problème ni un drame, elle est une aventure » (l. 1–3), ce qui faisait directement écho pour les candidats à la thèse finale de l’œuvre de Jankélévitch au programme. Comme d’habitude, il s’agissait d’abord de résumer le texte en 200 mots (plus ou moins 10 %), puis d’en commenter une phrase suggestive. La citation retenue figurait dans le dernier paragraphe et était ainsi présentée : « L’aventure humaine est la série des péripéties à travers lesquelles se dévoile à moi progressivement le sens de la liberté. » En faisant jouer cette formule dans les œuvres du programme, vous direz dans quelle mesure une telle confrontation donne sens à ce propos et éclaire ou renouvelle votre lecture des trois textes. Analyse globale des résultats Pratiquant la ligne claire et offrant ainsi moins d’aspérités que celui de la session dernière, le texte ne comportait pas de difficulté majeure : de lecture aisée, il apparaissait même très explicite dans sa logique démonstrative en trois temps, comme en témoignent les connecteurs argumentatifs (l. 36 et 90) et les conclusions intermédiaires (l. 36–37 et 84–89). Il a peut-être paru facile à certains candidats, alors moins attentifs à ses idées précises ; il comportait cependant une précision analytique et une rigueur conceptuelle qui rendaient l’exercice de contraction et de reformulation délicat : cela a permis de récompenser l’effort d’expression et les choix interprétatifs de certains résumés. Par le nouage conceptuel qu’il offrait, le sujet de dissertation s’avérait à la fois exigeant et ouvert : les différents segments de la citation proposée invitaient à une exploration méthodique de la formule mais la thèse ici défendue autorisait différentes stratégies démonstratives. On déplore qu’aussi peu d’excellentes copies se détachent d’un ensemble de qualité moyenne, mais l’on relève aussi peu de copies vraiment très faibles et encore moins de copies incomplètes. Et c’est plus souvent la dissertation que le résumé que l’on blâme, ce qui peut s’expliquer par la méconnaissance de sa méthode ou par le refus de l’appliquer sérieusement. La langue française n’est pas vraiment maltraitée, mais la syntaxe reste élémentaire. Surtout le vo- cabulaire est pauvre. Dans le résumé comme dans la dissertation, on devrait pourtant tirer bénéfice du vocabulaire thématique découvert et mémorisé durant l’année de préparation. L’orthographe est plutôt respectée dans l’ensemble, mais certaines compositions font preuve d’une négligence coupable et sont alors dûment sanctionnées ; rappelons que les accents et les élisions sont partie intégrante de la correction graphique. Trop de copies sont rédigées sans soin ou dans la précipita- tion. Or, un écrit illisible court le risque d’être incompréhensible. La présentation enfin doit refléter la construction ; trop souvent dans le résumé, comme dans le développement de la dissertation, la division en paragraphes n’apparait pas clairement. Les candidats doivent s’astreindre à marquer les changements de paragraphe par un retrait net de la première ligne ou par un espacement vertical bien visible et à maintenir une présentation cohérente tout au long de leur copie. Il est du devoir des préparateurs d’imposer cette pratique, qui seule permet de visualiser efficacement les divisions et le mouvement de la rédaction. Concours Centrale-Supélec 2018 filière MP, PC, PSI Rédaction 12 juin 2018 19:00 2 Commentaires sur les réponses apportées et conseils aux futurs candidats Les candidats ont généralement pris conscience du lien solidaire des deux parties de l’épreuve en restituant, dans le résumé, l’idée que véhicule la citation et en contextualisant celle-ci, dans la dissertation, conformément aux recommandations des rapports antérieurs. Résumé On se félicite, à la lecture de productions sérieuses et souvent honorables, que les candidats maî- trisent globalement l’exercice, ce qui est à l’évidence dû à un bon entraînement. La réussite fré- quente du résumé ne dispense pas de relever des fautes et de prodiguer des conseils sur des points précis de la méthode. Dans le décompte des mots par cinquantaines, les barres sont parfois mal placées et le total peut être inexact (ne sait-on plus compter quand il s’agit de mots ?) ; en revanche très peu de dépassements du maximum autorisé ont été constatés. Les contractions en un seul bloc sont heureusement peu fréquentes. En revanche c’est souvent la restructuration du texte et la capacité à rendre compte de sa logique démonstrative qui ont posé des problèmes : on a lu un très grand nombre de résumés en 5, 6, 7 et jusqu’à 9 paragraphes. Il ne s’agit plus que d’une juxtaposition d’idées prises isolément et parfois mal comprises, au mépris de l’exigence de recomposition inhérente à l’exercice. Ainsi les trois idées structurantes du texte (temporalité § 1–4, activité § 5–9 et spiritualité de l’aventure § 10–13) ne sont pas mises en valeur à travers une reconstruction adéquate des paragraphes du texte. À cela s’ajoute une présentation fantaisiste : dans une même copie les alinéas (ou retraits) diffèrent d’un paragraphe à l’autre et sont redoublés aléatoirement d’un saut de ligne. Rappelons donc que les paragraphes qui doivent être soignés en leur présentation visuelle ne sont pas une simple commodité et encore moins un artifice de mise en page, mais qu’ils ont un sens logique : ils manifestent les grands mouvements du texte. Si, malgré tout, la compréhension des lignes de force du texte est révélée dans nombre de travaux, il arrive fréquemment que ses idées secondaires soient estompées voire effacées — ce qui a permis de discriminer les résumés : les jeux d’opposition qui émaillent le texte (§ 3, 4, 6, 11, 13) ont notamment été souvent sacrifiés. La récurrence de ces dichotomies invitait pourtant à leur prêter attention afin de saisir les enjeux du texte dans sa spécificité. De même, la notion de plaisir ou l’image de la combustion ont été élidées (§ 8). Plus gravement, l’idée de ralentissement du rythme de l’aventure (§ 4) a engendré des confusions ou des contresens, et le paragraphe final, substantiel, a parfois été comprimé. Si ce dernier a été l’objet de belles reformulations, il a à l’inverse pu donner lieu à une reprise textuelle, certains candidats ne s’embarrassant d’aucune paraphrase explicitante. On déplore aussi l’absence de connecteurs argumentatifs : certains travaux sont en effet rédigés sans le moindre effort de cohésion textuelle ou de cohérence démonstrative, si bien qu’ils expriment une compréhension générale de la pensée du texte mais peinent à restituer la dynamique de l’argu- mentation, à mettre en lumière la progression du raisonnement vers sa conclusion. Et pourtant le texte lui-même fournissait les indices de cette progression : la récurrence du « mais » (§ 5 et 10) — presque au sens étymologique du magis latin dont il est issu — marquait les étapes d’une gradation. L’on pouvait facilement restituer cette logique graduelle du texte en recourant à des mots de liaison tels que aussi, de plus, plus encore, surtout. Le copié-collé qui témoigne d’un refus de l’effort d’appropriation du texte est loin d’être la règle générale : on voit que les préparateurs ont insisté sur la nécessité de reformuler les propos originaux pour les comprendre et les condenser. La restitution des idées a cependant manifestement gêné certains candidats qui ont esquivé la difficulté en décalquant les formules du texte ; d’autres s’y Concours Centrale-Supélec 2018 filière MP, PC, PSI Rédaction 12 juin 2018 19:00 3 sont colletés mais en proposant des reformulations imprécises, maladroites voire obscures, ce qui nous force à rappeler qu’il ne suffit pas de se comprendre mais qu’il faut chercher à se faire comprendre. En tout cas l’abondance des reprises textuelles dans certains résumés n’indique pas une bonne maîtrise du texte, comme la dissertation le confirme ensuite, non plus que les équivalences lexicales hâtives : ainsi « l’inconscience » (§ 11) glosée par « l’inconscient », « spirituelle » (§ 12) par « psychologique ». Notons enfin que plusieurs résumés ont abusivement réinvesti le vocabulaire conceptuel découvert dans le texte de Jankélévitch (ainsi « quiddité »), ce qui peut conduire à une paraphrase inutile de la « surprise » du genre : « nous sommes conscients que des événements vont avoir lieu mais nous ne connaissons pas encore leur nature », voire aboutir au contresens : « La vie oscille entre jeu et sérieux, ce qui révèle son caractère aventureux ». Le philosophe est même carrément cité dans un résumé : « Comme le dit très bien le philosophe Jankélévitch : “l’aventure est aventureuse dans son ambiguïté même” ». Dissertation Les attentes du jury ont été — une nouvelle fois — déçues. Soit les termes du sujet, c’est-à-dire les mots clés de la formule ne sont nullement interrogés en introduction, ce qui débouche sur une pro- blématique qui n’est que la reformulation interrogative de la citation — lourd défaut qui uploads/Philosophie/ xxe-reda.pdf
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- Publié le Jul 21, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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