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1 Philosophie 340-101-MQ Philosophie et Rationalité - Cours 7 Les sophismes 1 Professeur : Jean-Philippe Morin Sophismes Inductifs 1. Généralisation hâtive 2. Lien causal douteux 3. Fausse analogie 4. Pente fatale 5. Exercices * * * Les définitions (soulignées) des sophismes sont tirées du manuel Qu'est-ce que la philosophie? de Michel Métayer, ERPI, 2012. Introduction : Les sophismes Il est fréquent que des gens essayent de nous convaincre qu'ils ont raison en usant de stratégies malhonnêtes. Cela peut être le cas des politiciens, des gens en marketing, des chroniqueurs, des commentateurs sous les articles sur facebook ou twitter, ou même nos parents et nos amis. Parfois, on peut sentir intuitivement que quelque chose cloche dans le discours de quelqu'un, sans arriver à identifier le problème dans leur argumentation. Cela semble convaincant à première vue, mais il y a quelque chose de louche... C'est ici que l'étude des sophismes devient importante. Le but de ce cours sera de développer vos capacités d'auto-défense intellectuelle (pour reprendre un terme du professeur de l'UQAM Normand Baillargeon), c'est-à-dire d'accroître vos capacités de pensée critique. Vous apprendrez à repérer et critiquer les sophismes. D'abord, qu'est-ce qu'un sophisme? DÉFINITION : Un sophisme est un raisonnement faux, mais qui a l'apparence de la vérité, fait dans le but de tromper. 2 Le sophisme peut utiliser une erreur de logique bien camouflée (comme nous avons vu au dernier cours), ou bien des stratégies qui utilisent le langage de manière à nous manipuler, à nous tromper. C'est un raisonnement fallacieux (trompeur). En bref, un sophisme essaie de nous faire croire que quelque chose de faux est vrai! C'est une manière de nous manipuler et de nous mentir. Il est très utile d'étudier les sophismes, pour des raisons qui dépassent de loin le cadre d'un cours de philosophie. Bien les connaître permet : 1) Ne pas faire de sophismes. Lorsque vous allez développer vos propres raisonnements en répondant à une question philosophique, il est bien sûr important de ne pas commettre de sophismes. En philosophie, nous cherchons la vérité, et nous voulons y parvenir de manière rationnelle, en respectant les règles de la logique. (Dans votre travail sur la philosophie de la religion, avez-vous commis des sophismes?) 2) Les repérer et les critiquer dans le discours des autres. Cela sera utile dans toutes sortes de domaines, tout au long de votre vie, pas seulement durant ce cours! Face aux politiciens, chroniqueurs, commentateurs, ou votre patron, vos parents, vos amis, vous serez capable de vous défendre. Vous ne vous ferez plus avoir par de mauvais raisonnements. Vous serez capable de les démasquer et de les critiquer, voire même de détruire totalement ces mauvais arguments. Cela vous rendra intellectuellement plus forts. Bien sûr, vous révéler le secret des sophismes peut être une arme à double tranchant : quelqu'un pourrait les étudier afin de s'en servir et faire le mal. Ce sera votre responsabilité de faire un bon usage de votre connaissance de ces manières fallacieuses de raisonner. En philosophie, cependant, n'oubliez pas : les sophismes sont un crime grave, que tout penseur sérieux cherche à éviter. * * * J'ai divisé les sophismes que nous étudierons en deux catégories, les sophismes inductifs et les sophismes rhétoriques. Dans ce premier cours, nous étudierons les sophismes inductifs. 3 Ces sophismes sont des erreurs d'induction. Je vous rappelle ce qu'était une induction, étudiée au cours précédent : un raisonnement où la vérité des prémisses rend probable (et non certaine) la vérité de la conclusion. Il s'agit d'une généralisation ou d'une prédiction. Si quelqu'un fait un raisonnement où il tente de généraliser ou de prédire quelque chose, mais qu'il se base sur un nombre de cas insuffisants, il fait un sophisme inductif. Nous en verrons quatre versions durant ce cours. Nous ferons des exercices à la fin. Dans chacun des exemples étudiés, je vais vous demander de : 1) Donner le critère général qui permet d'identifier le sophisme. 2) Le relier au cas particulier. Je vais vous donner des exemples de ce qu'il faudra faire aux exercices et à l’examen pour chaque type de sophisme. 1. Généralisation hâtive Hâtive veut dire : trop rapidement. On l'appelle aussi parfois « généralisation abusive » : trop généraliser. Généralisation hâtive Définition : Passer d'un jugement particulier à un jugement général, sans que l'échantillon de cas examinés ne le justifie. Exemple : Mon frère s'est fait un ami japonais, Kazuki, pendant qu'il voyageait en Australie. L'année suivante, son ami japonais est venu visiter mon frère au Québec. En arrivant à la station d'autobus Berri-UQÀM à Montréal, juste à la sortie derrière la station, il s'est fait attaquer et s'est fait voler son portefeuille et son passeport. Kazuki a essayé d'échapper au voleur et le voleur l'a attaqué : Kazuki s'est fait couper la jambe au couteau, il a eu besoin de points de sutures. Après cette expérience, Kazuki a fait le raisonnement suivant : 1) Le premier québécois que j'ai rencontré était un voleur armé et très dangereux ↓ C) Donc les québécois sont tous très dangereux 4 Cette conclusion n'est pas illogique, elle n'est pas contradictoire. Mais se baser sur un seul cas pour faire un jugement général à propos de 8.485 millions de personnes, c'est clairement injustifié. Le nombre de prémisse, un cas, n'est vraiment pas suffisant pour généraliser à 8.485 millions de cas. Dans son raisonnement, le lien d'inférence (le lien entre les prémisses et la conclusion) est très faible. Il n'y a pas nécessairement de lien entre un seul voleur et toute la population du Québec. Pour savoir si nous avons le droit de généraliser à partir d'un certain nombre de cas, il faut se demander deux choses : - Est-ce que le nombre de cas est suffisant? - Est-ce que les cas connus sont représentatifs? Ou est-ce des exceptions? Ici, Kazuki a été malchanceux : sa première rencontre au Québec fut un voleur armé, mais ce cas n'est pas du tout représentatif de la majorité des québécois. Il y a moyen de lui dire qu'il commet un sophisme parce qu'il est tombé sur une exception, un cas rare. On peut lui dire que le taux de criminalité n'est pas élevé au Québec, et donc ce qui lui est arrivé est une malchance. Il était à la mauvaise place au mauvais moment. Son raisonnement est un sophisme, un mauvais raisonnement. Autre exemple. Si je fais le raisonnement suivant, est-ce un sophisme? 1) Le premier examen de philosophie était difficile ↓ C) Donc les autres examens seront difficiles Nous généralisons à partir d’un seul cas, est-ce acceptable? Ici, le premier examen est sûrement représentatif des autres examens. Il est probablement très semblable, il donne une bonne idée de la difficulté de ceux qui suivront. Ce n'est donc pas vraiment un sophisme, ce raisonnement est simplement prudent. Notez que la conclusion n'est pas certaine, elle est seulement probable, puisqu'il s'agit d'une induction. Vous ne devez pas appliquer les critères comme un robot, et juger aveuglément qu'il s'agit d'un sophisme dès qu'on généralise à partir d'un petit nombre de cas, il faut réfléchir à la situation particulière à laquelle on fait face. Il faut se demander si la conclusion est suffisamment probable, à partir du nombre de cas que l'on connaît. Il faut se demander si le cas choisi est 5 une exception ou non. C'est parfois difficile à savoir, mais parfois c'est évident. Ici le cas est représentatif : 1) Je me suis brûlé en mettant la main sur un rond de poêle allumé ↓ C) Je me brûlerai encore en mettant la main sur tous les ronds de poêle allumés Mais dans le cas de raisonnements sexistes ou racistes, ce n'est pas le cas. Prenons le cliché suivant, que vous avez malheureusement déjà entendu : 1) Cette femme conduit mal ↓ C) Donc toutes les femmes conduisent mal Je vais vous donner un exemple de critique que vous pourriez faire. Dans les exercices et à l'examen, je vais vous demander d'écrire quelque chose d'aussi complet. C'est encore mieux si vous êtes capable de donner des raisons qui expliquent pourquoi le cas est peu représentatif et insuffisant. Réponse aux exercices et à l'examen : « C'est un sophisme de généralisation hâtive. On généralise à partir d'un nombre de cas trop retreint, une seule femme qui conduit mal. Il s'agit probablement d'une exception, parce que les statistiques nous montrent que les femmes font moins d'accident que les hommes, en général. Un seul cas est insuffisant pour généraliser à toutes les femmes adultes capables de conduire, des milliards de personnes. » * * * En résumé, pour identifier ce sophisme, vous devez donner le critère (la définition) du sophisme et le relier au cas particulier. Plus précisément, il faudrait expliquer pourquoi le cas que l'on généralise est insuffisant ou peu représentatif (il s'agit d'une exception). 2. Lien causal douteux Le mot « causal » signifie « à propos de la cause », comme lorsque nous parlons de cause et d'effet. Ce sophisme consiste à dire que quelque chose à causé quelque uploads/Philosophie/07-les-sophismes-1.pdf
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- Publié le Nov 25, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
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