Cours d’éthique et d’éducation à la citoyenneté Chapitre 3 : Quelques éthiques

Cours d’éthique et d’éducation à la citoyenneté Chapitre 3 : Quelques éthiques sectorielles I. L'éthique des affaires ou éthique organisationnelle Dans le cadre du comportement et du développement organisationnels — est l'une des formes de l'éthique appliquée à un domaine concret qui examine : les règles et les principes de l'éthique dans le contexte des affaires économiques et commerciales ; les diverses questions morales ou éthiques qui apparaissent dans le contexte de l'activité économique des hommes ; et tout devoir ou obligation pour une personne se livrant aux activités d'échanges et de commerce. En effet, l'éthique des affaires se fonde sur l'éthique normative, selon laquelle les normes éthiques spécifiques sont défendues puis appliquées pour distinguer ce qui est bien ou mal, c'est-à-dire ce qui devrait être fait ou qui ne devrait pas être fait. Cependant, à quelques exceptions près, les éthiciens des affaires sont en général peu intéressés par les fondements de l'éthique (méta-éthique) ou par la justification des principes éthiques fondamentaux : ils se montrent davantage concernés par les questions pratiques, et toute obligation spécifique pouvant s'appliquer concrètement à l'activité et à la relation économiques. Le domaine de l'éthique des affaires a un recouvrement avec la philosophie des affaires, dont l'un des objectifs est d'identifier les finalités fondamentales d'une entreprise. Si la finalité principale d'une entreprise est de maximiser le rendement de ses actionnaires, alors on pourrait dans ce cadre considérer qu'il est contraire à l'éthique pour cette entreprise de prendre en compte les intérêts et droits de toute autre partie prenante1. Voir sur ce point : partie prenante.  Responsabilité sociale des entreprises (en anglais CSR pour Corporate Social Responsibility) : un terme générique sous lequel on débat des droits et devoirs éthiques entre les entreprises et la société civile. Page 1  Les questions relatives aux droits et devoirs moraux entre une entreprise et ses actionnaires : responsabilité fiduciaire ((en)fiduciary responsibility), concept de partie prenante (stakeholder) — plus large que celui d'actionnaire — .  Les questions éthiques relatives aux relations entre plusieurs entreprises : par exemple une offre publique d'achat (OPA) amicale ou hostile, l'espionnage industriel…  Les questions de modes de fonctionnement et de direction : gouvernance d'entreprise.  Le financement illégal de parti politique ou d'élection politique, par les entreprises.  L'évolution de la loi, avec par exemple aux États-Unis un débat législatif sur l'homicide par personne morale (Corporate manslaughter (en)).  L'instrumentalisation de codes éthiques d'entreprise comme pure façade à visée marketing. Il y a aussi des cas de crimes ou abus dont l'auteur est en réalité une entreprise ((en)corporate abuse, corporate crime). Une éthique se disant plus « réaliste » et moins « normative » peut se résumer en trois points : positive, personnelle, pratique ; l'éthique normative pouvant être définie par opposition. 1 – L'éthique réaliste est positive  De façon très complémentaire à la morale, l’éthique est dite positive car elle vise ce qu’il convient de faire et s’énonce sous forme de recommandations positives.  Cela signifie que l’éthique ne doit pas être confondue avec la morale qui se préoccupe de ce qu’il ne faut pas faire et qui s’énonce sous forme d’interdictions (ne pas).  De ce point de vue, la plupart des philosophes anglo-saxons qui sont à l’origine des business ethics sont fautifs d’avoir confondu éthique et morale. Ce que les anglo- saxons nomment éthique (ethics) est en fait de la morale : une version de l'éthique à caractère normatif. Cette confusion a failli atteindre le vieux continent mais la publication d’un article de référence de Paul Ricœur paru en 1992 a contribué de façon décisive à rétablir la justesse des termes et des concepts utilisés. Voir : « Éthique et morale » in Soi-même comme un autre, 2 – L'éthique réaliste est personnelle  Le principe et la finalité d’une éthique réaliste est l’être humain. L’idée que les entreprises puissent être qualifiées d’éthiques est erronée car seuls les individus sont capables d’un réel discernement et engagement éthique. L'éthique réaliste ne saurait être pratiquée par des personnes morales (entreprises ou autres institutions) mais uniquement par des personnes physiques, seules dotées de conscience individuelle. Page 2  En ce sens, L'éthique réaliste se situe à l’opposé des business ethics normatives de type anglo-saxon, lesquelles visent l’énonciation de normes contraignantes pouvant s’appliquer au fonctionnement institutionnel des entreprises. L’éthique réaliste estime que cette prétention est abusive sur un plan intellectuel, irréaliste sur un plan pratique, et qu’elle a été la cause de graves fourvoiements éthiques au cours des 3 dernières décennies. 3 – L'éthique réaliste est pratique  L'éthique réaliste débouche sur une sagesse pratique car elle doit être une ressource vitale pouvant être pratiquée au quotidien par des professionnels. En tant que sagesse pratique appliquée au monde professionnel, elle doit viser un « vivre-ensemble » professionnel de qualité. Elle poursuit cette visée par certains moyens privilégiés tels que : la recherche du bien commun, la pratique du discernement, etc. Là encore, Paul Ricœur fait office de référence : dans l’article sub-cité, il remet en valeur le concept aristotélicien de phronesis (Éthique à Nicomaque) qu’il traduit par sagesse pratique et qu’il localise en aval d’une éthique fondamentale nécessairement théorique, elle- même située en amont.  L'éthique réaliste souhaite se dégager des vues spéculatives vaines ou ineptes, propres aux bulles universitaires où elle est née. À ce titre, elle se fonde sur une première distinction fondamentale qui consiste à ne pas la confondre avec le domaine des normes morales ou des critères déontologiques. II. Éthique professionnelle L'éthique professionnelle couvre le vaste ensemble des questions et phénomènes éthiques qui sont soulevés par l'exercice concret de fonctions ou métiers particuliers dans l'entreprise : l'éthique de l'informatique, l'éthique de l'environnement, etc. II.1. L'éthique de l'informatique L'éthique de l'informatique est une branche de l'éthique appliquée qui traite de la façon dont les usagers et les professionnels de l'informatique font un usage de l'information et prennent des décisions au regard de critères éthiques en commençant, par exemple:  par se protéger soi-même, par exemple en adoptant un logiciel antivirus;  par mieux protéger et respecter les autres; Page 3  et également par respecter l'environnement, en adoptant notamment des règles de sobriété numérique. L'éthique de l'informatique s'intéresse tant à la gouvernance (décision du management) qu'au comportement individuel des utilisateurs et des professionnels de l'informatique. En 2009, l'utilisation massive de courriers électroniques nécessite par exemple la définition de règles éthiques pour l'usage de l'information. II.2. L'éthique des mathématiques L'éthique des mathématiques est l'une des formes de l'éthique appliquée à un domaine concret qui examine :  les règles et les principes de l'éthique dans le contexte des mathématiques appliquées;  les diverses questions morales ou éthiques qui apparaissent dans le contexte de la recherche mathématique ;  les obligations pour une personne se livrant aux mathématiques appliquées, en particulaire les mathématiciens qui travaillent dans les domaines qui ont des conséquences importantes pour la société, par exemple, la loi, la finance, les affaires, l'économique, l'armée et l'environnement. II.3. La bioéthique ou éthique médicale La bioéthique est l'étude des problèmes éthiques posés par les avancées en matières de biologie et de médecine. C'est une partie de l'éthique qui est apparue, en tant que « champ » ou « discipline » nouvelle, dans le courant des années 1960 et des interrogations au sujet du développement de la biomédecine et des technosciences. Si les interrogations éthiques concernant la médecine ne sont pas neuves, la bioéthique se distingue de la déontologie médicale classique, en ce que celle-ci constitue davantage un code éthique fondé par les médecins pour les médecins. La bioéthique, au contraire, fait intervenir une pluralité d'acteurs et de disciplines (outre les médecins, biologistes et généticiens, les philosophes, juristes, sociologues, théologiens, etc.). On peut distinguer deux orientations principales de la bioéthique : l'une, davantage descriptive, s'appuie sur la philosophie morale, vise à éclaircir les choix éthiques et les valeurs présupposées par ceux-ci, en écartant les arguments contradictoires ; l'autre est davantage prescriptive : elle recherche les normes morales qui sont applicables aux sciences du vivant, y compris la médecine, propose certaines règles et certaines postures face à d'éventuels dilemmes. II.3.1. Biotechnologies appliquées à l'homme Page 4 La bioéthique est devenue un sujet d'actualité, à la suite des manipulations génétiques effectuées sur les plantes alimentaires, au clonage et à l'utilisation d'embryons humains. S’agissant de la procréation humaine : Parmi les questions préoccupant les éthiciens pour leurs enjeux nouveaux dans ce domaine, de manière non exhaustive, on peut citer :  L'assistance médicale à la procréation a été l'un des premiers objets de réflexion de la bioéthique, pour son potentiel eugéniste. Ainsi, en France, le Comité consultatif national d'éthique pour les sciences de la vie et de la santé (CCNE) a été créé en 1983 après la première naissance par Fivete en 1982 ;  La contraception ;  L'avortement ;  Le don et l'usage d'éléments et produits ou sous-produits du corps humain (don de gamètes ou d’embryons ; don de sperme, don d'ovules dans le champ de la reproduction) ;  la uploads/Philosophie/cours-d-x27-ethique-et-d-x27-education-a-la-citoyennete.pdf

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