DICHOTOMIE SPATIALE EN ARCHITECTURE CENTRALITÉ ET ÉTENDUE version revue & augme
DICHOTOMIE SPATIALE EN ARCHITECTURE CENTRALITÉ ET ÉTENDUE version revue & augmentée [12.06.2009] 0. NOTE LIMINAIRE L’enjeu de ce court texte sera la tentative d’élaborer une hypothétique liaison théorique entre l’expression linguistique « espace ouvert » – thème de la problématique initiale du séminaire théorique [1] – et une approche de l’architecture qui se veut fondamentale. En effet, nous nous sommes rapide- ment aperçu que l’expression « espace ouvert » pouvait nous offrir un prétexte stimulant à une ré- flexion plus fondamentale sur l’architecture. Nous considèrerons ce qui suit comme un essai – totale- ment non exhaustif de la problématique – et nous vous demandons donc votre indulgence. Nous partirons d’une constatation banale ! D’un point de vue linguistique, l’expression « espace ouvert » n’est constituée que de deux unités lexi- cales : un substantif et un épithète associé [2]. Alors que le substantif « espace » nomme en lui-même une chose ou une idée de cette chose, l’épithète « ouvert » ne désigne pas une autre chose, mais qualifie la chose nommée par le substantif au- quel il est associé. Le substantif « espace » est le résultat d’un découpage de la réalité objective : la « coupure du langage » inhérente à la condi- tion humaine. Tandis que l’épithète « ouvert » est un découpage secondaire qui précise l’épithète par l’ajout d’une modalité « ouvert » à une chose « es- pace » plus fondamentale : qui – selon nous – au même titre que le « temps » serait l’une des dimen- sions fondamentales de la structure de la « scène de la réalité », objective ou non. Du coup, la possibilité de considérer l’expression « espace ouvert » comme un concept, reposerait en premier lieu sur une réflexion visant l’unité lexicale « espace », et pour fonder un concept à partie de cette expression, il serait nécessaire de préciser de manière intersubjective l’unité lexicale « espace ». Étudier l’expression « espace ouvert » – notion vague – en visant le concept architectural revient à tenter une conceptualisation du mot « espace » dans le contexte architectural intersubjectif, dans lequel le mot « espace » pourrait acquérir une sig- nification architecturale précise. Or, ce terme est utilisé régulièrement en architecture, mais signifie rarement la même chose d’un architecte à l’autre, ou d’une théorie à l’autre. Si nous nous rangeons volontiers du côté de ceux pour qui l’architecte est avant tout un « spécialiste de l’espace », nous voulons éviter – autant que possible – la tendance à l’axiomatique des théories de l’architecture ay- ant recours à des expressions signifiantes conte- nant l’unité lexicale « espace » [3]. Ces théories s’apparentant plutôt à des écrits doctrinaux qui ne satisfont uniquement au réseau des individus qui partagent une même réalité intersubjective pour un hic et nunc donné. Pour tout individu extérieur à ce réseau de personnes, un concept tel que « espace ouvert » restera une expression floue, il serait donc nécessaire d’élaborer un contexte architectural in- tersubjectif. 1. CADRAGE et RÉALITÉ de la RÉALITÉ En tant que récursion organisationnelle, l’angoisse existentielle attisée par la coupure du langage os- cille constamment entre ordre et désordre. Équilibre, par la mise en place de systèmes de mise en ordre de la réalité tels que les paradigmes. Déséquilibre, par la prise de conscience de l’individu du décalage – du « bruit » ou de l’erreur inhérente au réseau as- sociatif conscient – entre sa « vision du monde » et les informations qu’il perçoit de la réalité objective. Quelles soient simplement non accessible au sujet percevant ou connaissant (Kant) ou que leur ex- istence s’apparente à un mythe (Hegel, Husserl), les « choses en soi » (noumènes) de la « réalité objective » – si elles existent – demeurent hors de la connaissance de l’individu : hors perception et hors conception. « La nature n’est ni bonne, ni mauvaise : elle est indif- férente ! » [4] La « quête de l’objectivation » est un grand principe humain d’action, puisque « le corps est un organ- isme malade de la parole » [5]. L’individu – par la « coupure du langage » – réalise un « découpage » de la « réalité objective », notamment à l’aide de mots. Il met à distance l’ « objet » de la « réalité objective » par l’association qu’il établit subjective- ment entre un mot et la perception subjective qu’il se fait de l’ « objet » qu’il « vise » [6]. « Il n’existe pas de réalité absolue, mais seulement des conceptions subjectives et souvent contradictoires de la réalité » [7]. Si nous effectuons une décomposition analytique opératoire de la scène de la réalité, qui prend en compte l’incontournable coupure du langage por- teuse de subjectivité, celle-ci peut être divisée en trois parties : la « réalité objective » des objets [D1], la « réalité subjective » des sujets [D2] et la « réal- ité intersubjective » d’un groupe de sujets [D3]. 1 Ecole Doctorale Thématique - Séminaire thématique : « l’espace ouvert » | Damien claeys | 2009 Nous postulons que la réalité objective – si elle existe – comprendrait : la réalité extra-objective – extra-corporelle – le milieu extérieur et englobant pour les objets et les individus ; et la réalité intra- objective – c’est-à-dire intra-corporelle – le milieu intérieur. La limite entre réalité extra et intra-ob- jective serait l’enveloppe corporelle de l’individu. L’enveloppe corporelle étant totalement perméable. La réalité objective serait totalement indifférente aux manifestations subjectives de l’homme. Nous postulons que la réalité subjective serait la construction mentale d’un schème subjectif de la réalité objective. La réalité subjective de l’individu nécessiterait le support physique de la réalité in- tra-objective et serait le résultat du fonctionnement du système psychosomatique (système psychique supporté par le système neurologique). Nous postulons que la réalité intersubjective se- rait la construction mentale d’un schème subjectif partagé – ce qui suppose la possibilité de transmet- tre de l’information – avec d’autres individualités au sein d’un groupe socio-culturel de consensus per- ceptifs en rapport avec la réalité objective. Nous postulons que la réalité vécue par l’individu – système ouvert – serait construite par le fonc- tionnement du réseau associatif conscient à l’aide d’une boucle rétroactive entre la réalité perçue et la réalité conçue avec une finalité. Nous postulons que la réalité perçue serait le résultat des informations transmises de la part des organes perceptifs de l’enveloppe corporelle en re- lation directe avec la réalité extra-objective et des informations transmises par les organes internes somatiques de la réalité intra-objective. Nous postulons que la réalité conçue est le résultat d’actes de pensée synthétiques en quête d’adéquation entre des informations parfois contra- dictoires issues de la supperposition de la réalité subjective construite par l’histoire personnelle et de la réalité intersubjective construite par les relations de l’individu au système socioculturel. L’individu serait immergé dans un champ fluctuant d’informations composé de zones d’influences évo- lutives – potentiellement signifiantes – associées à chacun des autres individus ou objets présents dans la scène de la réalité. L’histoire personnelle se constituerait progres- sivement par l’accumulation d’actes de pensées synchroniques, comparés diachroniquement, ce qui constitue l’irruption de la temporalité et de la mémoire dans le système. Le système socioculturel serait une construction mentale systémique individuelle de l’ensemble des relations potentiellement signifiantes entretenues entre l’individu et les autres individus (et les objets ?) d’un groupe social. Ce système est socio, parce que possible au sein d’un groupe social et culturel, parce que porteur de signification. La culture est un ensemble de significations communes à un groupe social, en un point précis de l’espace-temps. Nous postulons que la « vision du monde » [8] in- fluence les limites et la nature des « opérations de découpage ». Donc elles sont en partie semblables au sein de la réalité intersubjective partagée par les individus appartenant à un même réseau sociocul- turel, mais en partie variables d’une conscience à l’autre – puisque fondées sur un « flux de vécus » diachroniquement unique. Nous postulons l’existence d’un cadrage à partir du dialogisme « sensation / perception » cristallisé par la propriété de « rationalité limitée » [9] de la con- science de l’individu. En effet, l’individu pense dans un contexte objectif dans lequel – potentiellement – il peut percevoir une multitude d’informations en fonction de son état intentionnel. Mais le sys- tème associatif conscient de l’individu possède une capacité de réception des informations lim- itées, un « plafond de complexité » puisque : « trop d’information, tue l’information » [10]. Chaque indi- vidu pense dans un contexte qui produit une mul- titude d’informations potentielles à percevoir, mais l’appareil perceptif n’admet pas plus qu’un nombre limité d’informations à la fois, du coup la raison de l’individu ne peut que fonctionner à partir d’une in- formation incomplète. L’individu devient tributaire du milieu culturel dans lequel il vit, puisque celui-ci trie en partie l’information à sa place, ce qui provoque un écart entre action et réalisation des fins. Donc, il existe une différence entre la sensation qui uploads/Philosophie/dicotomia-espacial-en-arquitectura.pdf
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- Publié le Apv 30, 2022
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