1 Formation continue 2008-2009 : LA TECHNIQUE Cette ressource est le compte ren
1 Formation continue 2008-2009 : LA TECHNIQUE Cette ressource est le compte rendu d’un stage de formation continue qui eut lieu les 03 et 04 mars 2009 à Nantes. Monsieur Henri Elie, Inspecteur Pédagogique Régional accueillait Monsieur l’Inspecteur Général Jean-Yves Chateau pour la conduite de ces deux journées de travail. Le plan de cette ressource est le suivant : I. Introduction. II. Situation de « La technique » vis-à-vis des autres notions au programme. III. Examen de « La technique » à partir du Sophiste de Platon. IV. Examen de « La technique » à partir de l’ouvrage de Gilbert Simondon : Du mode d’existence des objets techniques (mais également : L’invention dans les techniques. Cours et conférences). I. Introduction proposée par M. Henri Elie. Monsieur Henri Elie, Inspecteur Pédagogique Régional, souhaite la bienvenue aux stagiaires et précise les enjeux de ce stage. La technique figure au programme du baccalauréat général et permet de surcroît de penser la totalité des notions de ce même programme. L’empan de cette notion sur l’ensemble des notions à examiner dans nos classes est donc tout à fait remarquable ; s’y confronter de manière collégiale ne peut donc qu’être à la fois judicieux et fécond. Cette réflexion sur la technique sera tout d’abord centrée sur le Sophiste de Platon, œuvre qui nous convie à considérer ce qu’est un art ou une technè. Cette œuvre indique chemin faisant que le sophiste est un être bigarré, multiforme, polymorphe, qui ressemble au philosophe à la manière de la ressemblance entre chien et loup, au crépuscule. De manière plus générale, cet ouvrage renvoie à un certain rapport à l’être, dans lequel l’oubli même de l’être, conformément au chemin de pensée heideggerien, serait en jeu. Monsieur Jean-Yves Chateau, Inspecteur Général, montrera comment cette œuvre de Platon permet de mieux revenir à la notion de technique, avant d’insister sur l’apport de Gilbert Simondon et notamment de l’un de ses ouvrages majeurs intitulé : Du mode d’existence des objets techniques (Aubier-Montaigne, 1ère éd. : 1958). Pourquoi Simondon ? Car son apport est décisif en ce qui concerne notamment les questions d’identification ou de reconnaissance de l’objet technique. Il définit l’objet technique par un processus de concrétisation qui donne sens à la formule selon laquelle l’objet technique est ce dont il y a genèse. À la lecture de l’ouvrage, un paradoxe se dessine très vite : le titre est « Du mode d’existence des objets techniques », et la troisième partie s’intitule : « Essence de la technicité ». Ce mouvement de l’existence à l’essence dessine-t-il un parcours phénoménologique ? Pour autant, il s’agit dans ce parcours d’opérer une description phénoménologique de ce qui ne se donne pas d’emblée comme une chose, comme un objet déjà là puisque, par définition, l’objet technique est ce dont il y a genèse. L’objet technique n’est pas donné : il ne peut être compris que comme le résultat d’une genèse et d’une évolution. Donc, s’il convient de commencer par une description, l’objet visé s’y refuse en vertu de sa nature propre. On dit cela assez souvent de l’œuvre d’art, sans doute convient-il de le dire également, avec Simondon, de l’objet technique. Définir la technique à partir des outils, machines, etc. est tentant mais demeure le propre d’une pensée classificatrice qui manque la spécificité de l’objet technique. À trop privilégier le regard de l’usager, nous en restons à une perspective d’utilisateur. Nous 2 oublions alors le sens temporel de l’évolution qui est inhérent et donc inscrit dans la nature même de l’objet technique. Par là même, une critique de la catégorie de substance s’esquisse ici car il est de l’essence de l’objet technique de retracer ce dont il y a genèse. Le Sophiste précise qu’il n’y a pas que des techniques de production dans la mesure où il existe également des techniques d’acquisition ; Simondon insiste quant à lui sur un rapport privilégié à l’objet : d’après lui, l’objet technique est analogue à un objet naturel (la notion de ce qui est « artificiel » est approfondie : peut-être qu’« artificiel » peut se dire de l’objet technique primitif). L’objet technique est quelque chose qui existe avec une consistance suffisante pour être un véritable objet, d’où le concept de concrétisation. Qu’est-ce qui fait la différence entre la concrétisation technique et la réalisation matérielle d’une idée (cf Marx) ? Simondon ne peut s’inscrire dans ce cadre problématique dans la mesure où il est fondamentalement celui qui insiste sur la nécessité d’une analyse plus interne des schèmes de fonctionnement à l’œuvre dans l’objet technique. En effet, il apparaît selon lui que, contre la simple traduction matérielle d’une idée, un débordement de l’idée initiale se fait jour. Après cette présentation inaugurale volontairement brève de quelques-uns des enjeux de ce stage, Monsieur Elie donne la parole à Monsieur Chateau. II. Monsieur Jean-Yves Chateau : situation de « La technique » vis-à-vis des autres notions au programme. Monsieur Chateau précise le cadre de son intervention : une enquête générale sur la technique qui transitera par le Sophiste de Platon, œuvre dans laquelle la philosophie se pense par rapport à la technique, et le travail de Gilbert Simondon, qu’il est utile de faire dialoguer avec la recherche entreprise par Heidegger. [à propos du platonisme comme philosophie des Idées, Monsieur Chateau précise qu’une Idée – eidos, idea – est un être relationnel, et non une totalité close sur elle-même : le philosophe n’est pas d’abord un ami des Idées, mais un ami de la terre] Plusieurs relations à d’autres notions au programme sont proposées : 1) Technique et art. Associer « travail » et « technique » est usuel, dans le sillage d’une certaine tradition marxiste. Pour autant, l’association la plus fondamentale est sans aucun doute celle qui relie « art » et « technique » : il s’agit en définitive du même mot, si bien qu’envisager leur séparation est philosophiquement une gageure. « Technè » en grec et « ars » en latin renvoient effectivement à la même idée, de sorte que la question est en fait de savoir comment la différence entre « art » et « technique » a pu survenir et s’instituer. Par exemple, le terme grec « poïésis » est en quelque sorte au « centre » de cette relation fondamentale entre art et technique, dans la mesure où il signifie tout autant la poésie que la production. Par-delà l’étymologie grecque et latine, le § 45 de la Critique de la faculté de juger de Kant propose une définition de l’art qui, chemin faisant, précise que les arts du beau sont en relation avec la technique. À titre de nouvelles illustrations, Heidegger pense la relation entre art et technique de manière très étroite et, dans Du mode d’existence des objets techniques, Simondon propose une théorie esthétique (dans la troisième partie de l’ouvrage, chapitre II). Par conséquent, il peut être à la fois judicieux et fructueux de lier « art » et « technique » dans nos cours, tout simplement parce qu’on ne peut partir d’une séparation que les mots du programme nous suggèrent d’emblée. Cela dit, il faut bien admettre que notre 3 documentation sur la technique est le plus souvent insuffisante. On se reportera donc avec profit à : Maurice Daumas (dir.), Histoire générale des techniques, PUF, « Quadrige », cinq volumes, 1962-1979 ; Bertrand Gille (dir.), Histoire des techniques, techniques et civilisations, technique et science, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1978. [Monsieur Jean-Yves Chateau a examiné ces deux grandes histoires de la technique dans un article intitulé « Révolution et invention dans les techniques. Contribution à l’étude de l’histoire de l’histoire des techniques » in L’idée de révolution, sous la direction de M. le Pr. Olivier Bloch, à paraître aux Publications de la Sorbonne] 2) Technique et histoire. Afin d’éclairer cette relation, se confronter aux pensées bien différentes de Heidegger et de Simondon est fort utile. Il n’en reste pas moins que l’histoire des techniques est très difficile à penser. On peut considérer que la technique est l’un des facteurs les plus profonds de la constitution de l’histoire. André Leroi-Gourhan soutient que la naissance de l’histoire est due à l’apparition de l’outil, et donc à l’émergence de la technique. En d’autres termes, Leroi- Gourhan critique l’idée selon laquelle c’est la politique qui fait l’histoire. Dans une autre perspective, Heidegger chemine de l’histoire de l’être à l’histoire de la métaphysique pour aboutir enfin à l’histoire de la technique. Les travaux de Daumas et Gille précédemment évoqués posent le problème de la possibilité même de la constitution d’une histoire des techniques. Déjà, Lucien Febvre insistait (dans un numéro de la revue : Les annales d’histoire économique et sociale, n°36, du 30 novembre 1935) sur la difficulté de penser une histoire des techniques [sur ce point, consulter : Gilbert Simondon, L’invention dans les techniques. Cours et conférences, présentation de Jean-Yves Chateau intitulée : L’invention dans les techniques selon Gilbert Simondon, II.2.1, « Le problème général de l’histoire des techniques », Le Seuil, 2005, p. 32- 33]. Effectivement, comment penser l’unité de uploads/Philosophie/fc-2008-2009-la-technique.pdf
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- Publié le Mar 18, 2021
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