SUJET HUMANISER L’ÉDUCATION, PROMOUVOIR LES VALEURS D’HUMANITÉ À L’ÉCOLE : DES
SUJET HUMANISER L’ÉDUCATION, PROMOUVOIR LES VALEURS D’HUMANITÉ À L’ÉCOLE : DES PISTES PROMETTEUSES ET INNOVATRICES Plan Introduction I- L’éducation humaniste : Naissance et clarification II- La pédagogie humaniste III- Humanisation de l’école : Pourquoi et comment ? IV- Article à lire absolument Conclusion Références bibliographiques Introduction « Une jeunesse bien éduquée est de la plus haute importance pour le bien public : en fait, si les enfants sont bien éduqués, cela leur sera utile personnellement, mais cela sera aussi utile à la Cité tout entière. (Pier Paolo Vergerio.) » L’éducation est le passeport de la réussite dans la vie. L’homme éduqué est en mesure de comprendre les situations, de s’y adapter et d’agir sur les évènements. L’homme éduqué n’adopte pas un point de vue ou une croyance sur la seule base d’une impression ou d’un ressenti. Il se sert de toutes ses capacités pour juger de la vérité. Pour Rawls, elle est l’un des fondements majeurs de la société, en particulier avec l’éducation morale qui est garante de la cohésion sociale. Il montre que l’accès à l’éducation est indispensable pour développer, chez les plus défavorisés, le respect de soi-même : « il faut chercher à donner aux plus défavorisés l’assurance de leur propre valeur, [car] ceci limite les formes de hiérarchie et les degrés d’inégalité que la justice autorise »1 . Et Rawls ajoute : « Aussi important, si ce n’est plus, est le rôle de l’éducation pour rendre une personne capable de goûter la culture de sa société et d’y jouer un rôle, et, de cette façon, pour donner à chaque individu l’assurance de sa propre valeur »2. Pour A. Sen, « elle permet à l’individu de devenir plus autonome et d’élargir le champ de ses libertés ; cet auteur déplore qu’un "enfant qui n’a d’accès à aucune forme de scolarisation subit une privation qui perdure tout au long de son existence (les activités, même les plus élémentaires qui supposent que l’on sache lire, écrire et compter, lui seront interdites) »3. Il est donc évident que l’éducation joue un rôle très important dans la société. Dans cette veine le Pape François affirme : « L’éducation est l’une des voies les plus efficaces pour humaniser le monde et l’histoire » en invitant à adhérer à une alliance éducative mondiale : « antidote naturel à la culture individualiste », l’éducation est « une question d’amour et de responsabilité ». Il se pose le problème de l’humanisation de l’éducation ou de la promotion des valeurs d’humanité à l’école. C’est pourquoi à travers cette étude nous pensons établir une revue de littérature autours de ce sujet en vue de la présentation des pistes prometteuses et innovatrices pour une la promotion des valeurs d’humanité à l’école. 1 Jacques Poirot, « Le rôle de l'éducation dans le développement chez J. Rawls et A. Sen, entre équité et efficacité » in Mondes en développement 2005/4 (no 132), pages 29 à 38. 2 Idem 3 Idem I- L’éducation humaniste : Naissance et clarification L’éducation humaniste naît dans l’Italie de la fin du Moyen Âge en s’opposant à l’éducation scolastique, dispensée par l’Église. Se fondant sur une lecture attentive des textes des auteurs antiques, elle vise à donner aux enfants (essentiellement aux garçons) les connaissances et les capacités pour prendre la place de leurs pères dans leur état. L’éducation humaniste réinvente ainsi les matières à enseigner, mais également les méthodes, ainsi que le rapport au corps. En outre, au début du xvie siècle, l’apprentissage des savoirs indispensables à tout homme est doublé d’un apprentissage au savoir-vivre, outil permettant de se comporter correctement dans les cours européennes. Elle est née dans la première moitié du Quattrocento, avec deux pédagogues d’exception, Vittorino de’ Rambaldoni da Feltre (c. 1378-1446) qui a enseigné à Padoue, puis, de 1423 à sa mort, à Mantoue dans la célèbre Ca’ Zoiosa (Casa Gioiosa) et Guarino de Vérone (1374- 1460) qui, après être allé apprendre le grec à Constantinople (1403-1408), l’a enseigné avec le latin à Florence, Venise, et Vérone et finalement Ferrare (de 1429 à sa mort). En dépit de leurs différences — Vittorino est plus pédagogue (attentif à la spécificité de chaque élève), plus religieux et social, et plus scientifique, Guarino plus philologue, plus laïc (il tend à séparer le savoir humain de la science divine, la philosophie n’étant plus pour lui une simple auxiliaire de la théologie) et plus littéraire —, ces deux maîtres se rejoignent sur ce qui sera la base de l’éducation humaniste. En rupture avec l’éducation médiévale spécialisée, ils ont prôné une éducation intégrale visant à former des êtres humains. Dans la ligne d’Isocrate, Cicéron (De oratore) et Quintilien , sans oublier Plutarque, ils voulaient, avant de songer à l’apprentissage d’un métier particulier, développer chez leurs élèves ce qui fait l’homme, ce qui le différencie de l’animal, à savoir ce qu’en grec ancien on appelle le logos, le discours raisonnable. La base de leur formation était donc linguistique et littéraire : par une approche directe des textes classiques grecs et latins lus de façon critique, amener leurs élèves à un niveau de dignitas et d’excellence morale qui en fasse des hommes libres et des citoyens propres à s’intégrer de façon responsable dans la vie de leur cité. Il est significatif que les études humanistes (les “humanités”) se soient définies comme litterae humanae, liberalia studia, studia humanitatis : « lettres humaines, études libérales, études d’humanité », c’est-à-dire des études qui par la maîtrise de la langue (latine, en tant que véhicule de la communication “cultivée” et clé d’accès aux trésors de la pensée antique) et par les lettres rendent libres et plus humains. Il faut bien sûr entendre le mot « lettres » au sens général que ce mot a jusqu’au XVIIIe siècle : la philosophie fait partie des lettres, et la philosophie englobe encore toutes les sciences qui vont progressivement s’émanciper d’elle. On étudie bien sûr les poètes, les orateurs, les historiens, mais aussi les philosophes, y compris dans leurs œuvres scientifiques (je pense en particulier à Aristote), les mathématiques (Euclide pour Vittorino) et l’astronomie, la musique (pour Vittorino), la géographie (Strabon…) et l’encyclopédiste Pline l’Ancien (pour Guarino). Cette formation de l’esprit ne néglige pas pour autant le développement du corps par des exercices physiques (chasse, danse, natation pour Guarino, ce jeu de balle qu’on appelle palla, équitation, simulacres de combats pour Vittorino) et elle s’épanouit sous forme de dialogue entre le maître et ses élèves, dans un contubernium, une vie commune sous le même toit, à la fois école et pension de famille où la famille du maître accueille des élèves pensionnaires. II- Pédagogie humaniste « L’idée d’humanisme ne doit pas écraser l’humanité réelle qu’elle est censée représenter.»4 Ce mouvement polymorphe nous vient des États-Unis et eut comme promoteurs des auteurs importants : Rogers (1972), Maslow (1943, 1954), Simpson (1972)… Quatre critiques adressées à l’enseignement traditionnel vont permettre de construire de nouvelles finalités : l’apprentissage est inauthentique : l’essentiel est le programme qui s’impose de l’extérieur en ne responsabilisant pas l’apprenant (Maslow : apprentissage extrinsèque) ; l’apprentissage est hypercognitif : il néglige totalement l’affectivité et forme des « half-men » (Lyon) ; c’est une éducation de masse : pas d’individualisation, l’école est une usine d’éducation, une caserne (F. Oury) ; 4 Salim Mokaddem « La culture humaniste à l’École. Remarques sur la notion de « culture humaniste » et sur la formation au sein des ESPE dans le processus d’accompagnement des enseignant-e-s », open édition, p.10. c’est une éducation en circuit fermé : elle ignore les différents problèmes que vivent les étudiants. L’éducation traditionnelle ne sert donc pas le développement de l’individu : « Nous sommes confrontés au fait paradoxal que l’éducation est devenue un des principaux obstacles à l’intelligence et à la liberté de pensée ! » (B. Russel). Aussi la pédagogie humaniste se fixera comme principale finalité de former un homme total. Pour cela, il faudra d’une part élargir les programmes en développant des aptitudes utiles durant toute la vie (life-skills) plutôt que des connaissances étroites ; et d’autre part intégrer l’affectivité pour rendre l’enseignement intrinsèque, et les valeurs pour permettre la construction d’une vision personnelle du monde. Dans ce cadre, l’enseignant sera avant tout une personne entrant en relation interpersonnelle avec d’autres personnes. Cette relation pédagogique est essentielle et doit être une véritable rencontre. Au niveau de l’apprentissage, l’enseignant sera un facilitateur en aidant les élèves à choisir et à clarifier des projets qui ont un sens pour eux. Il aura un rôle psychologique important puisqu’il vise au développement maximal de l’individu (voir à cet égard l’importance du PRODAS). Enfin, il sera animateur de groupe afin de rendre celui-ci le plus dynamique possible, dans toutes ses interactions. Voici pour terminer cette (trop) brève présentation de la pédagogie humaniste un cadre conceptuel, proposé par le professeur Georis, qui nous semble particulièrement bien situer tous les aspects de ce courant pédagogique (Debry, 1977). Figure 1 - Cadre conceptuel de la pédagogie humaniste Ces différents axes s’interpénètrent tous dans la construction d’une méthodologie expérientielle. C’est uploads/Philosophie/humaniser-l-x27-education 1 .pdf
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- Publié le Jan 03, 2023
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