TABLE DES MATIERES CHAPITRE PREMIER. — Critiques et commentateurs 1 CHAPITRE II
TABLE DES MATIERES CHAPITRE PREMIER. — Critiques et commentateurs 1 CHAPITRE II. — Doctrine et influence de Schopenhauer 27 CHAPITRE III. —Négation et affirmation de la vie 64 CHAPITRE IV. — Le sortilège de la beauté 79 CHAPITRE V. — La morale pessimiste, noblesse et toute-puissance de la pitié 96 CHAPITRE VI. — La solution du grand problème 112 CHAPITRE VII. — Essai d’une philosophie eudémoniste 145 CHAPITRE VIII. — La philosophie et le drame157 ———————————————————p.1————————————————— Le génie et l’œuvre de Schopenhauer furent étudiés plus d’une fois en France, au moment où le pessimisme, remplacé aujourd’hui, assez désavantageusement d’ailleurs, par les théories féroces et arbitraires de Nietzsche et de son école, par le culte de la force brutale et la théorie de volonté de puissance, au moment où le grand métaphysicien de la quadruple racine de la raison suffisante était à la mode dans le monde littéraire, intellectuel et même dans la société aux prétentions de dilettantisme. Parmi ces travaux de critique ou d’érudition, il faut citer tout d’abord les quelques éludes d’ensemble vraiment dignes de Schopenhauer que lui ont consacrées les maîtres de notre littérature philosophique française. ———————————————————p.2————————————————— Le plus connu et le plus populaire est sans aucun doute l’ouvrage de M. Ribot, un volumedéjà classique, qui obtint un légitime et retentissant succès. C’est un travail excellent, une monographie tout à l’ait remarquable et qui fait le plus grand honneur à l’éminent directeur de la Revue philosophique. Il est difficile, ce semble, de résumer avec plus de clarté, de netteté et d’impartialité, une philosophie aussi originale, aussi subtile, aussi complexe, et qui choque toutes les habitudes intellectuelles et toutes les croyances des personnes étrangères aux spéculations métaphysiques. C’est à celles-ci que s’adresse surtout M. Ribot, et l’influence de son volume fut bienfaisante au possible, car elle donne une idée très précise de la doctrine, des tendances et de la personnalité de Schopenhauer au lecteur n’ayant jamais lu une ligne du maître. On connaît d’autre part, la haute valeur intellectuelle de l’auteur de ces belles études de psychologie expérimentale qui brillent au premier rang des productions modernes de l’école française; et l’on sait que la force, l’originalité et l’harmonieuse homogénéité de sa pensée se sont affirmées avec éclat dans des travaux plus importants; ———————————————————p.3————————————————— mais celle élude sur Schopenhauer, malgré sa simplicité, demeure un des plus admirables ouvrages de M. Ribot, et les auteurs allemands de certaines monographies pédantes et agressives pourraient en tirer quelque profit, s’ils daignaient s’assimiler la lucidité, la sûreté d’exposition et l’impeccable composition, toutes les qualités d’ordre et de mesure qui distinguent l’œuvre magistrale et définitive de M. Ribot. Le plus récent ouvrage français consacré à Schopenhauer, le beau livre de M. Bossert, est également un travail de tout premier ordre aussi profond et sagace que de lecture agréable 3t la physionomie si curieuse du grand pessimiste allemand y est étudiée avec infiniment:1e pittoresque et de relief. Il y a aussi des choses excellentes et des pages tout à fait charmantes comme maîtrise littéraire dans l’étude déjà ancienne de Caro sur le pessimisme, assez vaste tableau synthétique où le portrait qu’il trace de Schopenhauer occupe le premier plan. L’auteur des Études morales sur les temps présents n’était nullement l’esprit superficiel, le philosophe amateur qu’on a assez sottement persiflé de son vivant et qui n’a jamais existé que dans l’imagination de ses détracteurs. ———————————————————p.4————————————————— Ce fut, au contraire, un métaphysicien professionnel, épris des grands problèmes spéculatifs, parfaitement capable d’en comprendre l’austère mais irrésistible et pathétique beauté; c était aussi, malheureusement, un philosophe dépourvu de personnalité marquante, et des préoccupations de morale courante altèrent souvent la netteté de ses jugements. C’est ainsi que dans son étude, nullement négligeable, fort distinguée au point de vue littéraire, parfois charmante à lire, on est choqué à chaque instant par le parti pris de rechercher surtout les conséquences sociales et esthétiques du pessimisme; parti pris énoncé même avant qu’une réfutation sérieuse de la philosophie de Schopenhauer nous en ait démontré le bon droit et le bien fondé. Ce n’est pas ainsi que l’on juge et que l’on condamne un homme de génie, un penseur tel que le métaphysicien du Monde comme volonté et comme représentation. Combien plus profonds, plus significatifs, plus sagaces, apparaissent les essais de Renouvier, sur le pessimisme. ———————————————————p.4-5———————————————— L’auguste chef de l’école du criticisme français, l’illustre et très éminent philosophe dont l’incessant labeur et l’immense talent, la profondeur et l’originalité de vues, la puissante unité de doctrine, sont dignes de l’admiration unanime du monde philosophique, l’auteur de cet Essai de classification des systèmes, œuvre gigantesque, s’est occupé à plusieurs reprises de la théorie et des idées du métaphysicien allemand, d’abord dans la synthèse extraordinaire dont nous venons de citer le litre, véritable monument d’érudition, de compréhension et de pensée spéculative, puis dans d’autres ouvrages, de publication plus récente, de signification et de valeur non moins grandes, mais principalement dans ce livre si curieux intitulé: ———————————————————p.5————————————————— Histoire et solution des problèmes métaphysiques où tout le chapitre dans lequel Renouvier étudie la philosophie de Schopenhauer est un chef-d’œuvre d’analyse et de reconstruction synthétique; chef-d’œuvre où la richesse d’idées est si grande et si vivace, où chaque ligne contient tant d’aperçus nouveaux, de commentaires profonds, que l’intelligence du lecteur éprouve une sorte de vertige en les parcourant. Mais la physionomie de Schopenhauer se dresse plus nette, plus précise encore dans les livres admirables de M. Alfred Fouillée. Aucune œuvre philosophique en France n’apparaît plus vaste, plus belle, plus digne d’admiration que celle de M. Fouillée, et nous sommes heureux d’exprimer une fois de plus l’admiration enthousiaste qu’elle nous inspire et de constater aussi que cette admiration de ses disciples—nous revendiquons modestement une place très humble parmi les plus fidèles, — cette admiration se propage dans les milieux les plus étrangers et les plus indifférents à la haute spéculation; elle pénètre dans les couches les plus profondes du public et devient tellement unanime, qu’elle ressemble enfin à de la popularité et à de la gloire. ———————————————————p.6————————————————— La gloire! ce salaire si légitime de tout travailleur de là pensée, dont le plus médiocre des pamphlétaires ou des vaudevillistes bénéficie souvent, tandis que l’opinion publique la dispute et la refuse avec tant do ladrerie opiniâtre aux philosophes et aux penseurs. Il est bon toutefois, il est salutaire et juste que de temps en temps un homme de génie dont la foule stupide est incapable de comprendre les œuvres, les tendances et l’idéal qu’il poursuit, soit admiré et connu, et il est surtout d’un excellent exemple qu’un métaphysicien bénéficie à son tour de cette unanimité de suffrages incompétents dont le spécialiste le plus infime dans les régions des sciences exactes, s’enorgueillit trop souvent. Pendant si longtemps les sots de tous les partis affectèrent non pas seulement d’ignorer l’immense labeur accompli par la philosophie de notre pays de France, mais de traitera la légère les problèmes essentiels et la raison d’être de la philosophie elle-même. L’autorité intellectuelle et morale qu’exerce aujourd’hui un homme tel que l’illustre auteur de l’Avenir de la métaphysique rend presque impossible ce superbe dédain. ———————————————————p.7————————————————— Même le vulgaire lecteur de journaux, celui dont les racontars de nos feuilles publiques constituent l’unique nourriture intellectuelle sait vaguement que la France contemporaine possède un grand philosophe, un métaphysicien de génie, un penseur qui est l’égal des plus célèbres Maîtres de la Pensée spéculative, l’orgueil de notre pays, la gloire la plus authentique et la plus noble de notre époque. Toutes les railleries, toutes les attaques de la médiocrité jalouse et inquiète ne peuvent prévaloir contre un fait certain: jamais la philosophie n a eu en France autant de représentants éminents et d’un zèle vraiment méritoire, si l’on songe à l’accueil indifférent que notre public lettré réserve à leurs travaux, et personne n’admire plus sincèrement que l’auteur de ces lignes la haute valeur et la signification du mouvement philosophique qui se produit depuis une vingtaine d’années au pays de Descartes et de Malebranche, où les nobles traditions de la pensée spéculative semblaient naguère abandonnées pour toujours. ——————————————————p.7-8————————————————— Mais malgré l’immense talent, l originalité, l’éclat, la profondeur de métaphysiciens tels que MM. Bergson, Boutroux, Ribot, Liard, Bourdeau, Lévy-Bruhl, Durkheim, Gabriel Séailles et tant d’autres, sans parler des Maîtres illustres qui reposent aujourd’hui du suprême sommeil, Vacherot, Ravaisson, Saisset, Secrétan, Renouvier, Brochard, l’immensité de l’œuvre accomplie, la multiplicité de problèmes qu’il y a abordés, la puissance d’influence morale exercée sur le mouvement philosophique européen, la maîtrise parfaite s’exerçant dans l’étude de tous les phénomènes de vie sociale, artistique ou intellectuelle, d’un penseur tel qu’Alfred Fouillée, lui assurent sans contestation possible, une suprématie absolue dans le monde de la haute pensée philosophique, aussi bien qu’au jugement irraisonné et instinctif de la foule. ———————————————————p.8————————————————— Il est pour nous ce que Kant fut jadis pour l’Allemagne, ce qu’ Herbert Spencer a été pour les peuples anglo-saxons: le représentant le plus célèbre de la tradition métaphysique de son pays et de sa race, le Maître respecté, admiré de tous, entré vivant dans l’immortalité, le penseur dont l’œuvre et la gloire ne feront que uploads/Philosophie/l-x27-optimisme-d-x27-schopenhauer.pdf
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- Publié le Dec 17, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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