DOMINIQUE LAROCHELLE LA NAISSANCE DU TOTALITARISME CHEZ HANNAH ARENDT Mémoire p
DOMINIQUE LAROCHELLE LA NAISSANCE DU TOTALITARISME CHEZ HANNAH ARENDT Mémoire présenté à la Faculté des études supérieures et postdoctorales de l'Université Laval dans le cadre du programme de maîtrise en philosophie pour l'obtention du grade de Maître es arts (M.A.) FACULTE DE PHILOSOPHIE UNIVERSITÉ LAVAL QUÉBEC 2012 Dominique Larochelle 2012 11 Ill Résumé Le XXe siècle aura légué au monde un phénomène politique inédit que les théories traditionnelles ne pouvaient faire entrer dans leurs catégories : le totalitarisme. Hannah Arendt fut parmi les premières personnes à s'être évertuée à comprendre ce totalitarisme jusqu'alors inédit. La philosophe d'origine allemande ne se contente pas de décrire le mouvement totalitaire, mais de plus, elle plonge dans l'histoire afin d'en retrouver les racines pour en expliquer la naissance. Autour de l'antisémitisme et l'impérialisme, Hannah Arendt trouve ces fameuses sources et ensuite, elle se lance dans une description du système totalitaire. Arendt réalise le tout, dans un ouvrage publié pour la première fois en 1951 Les Origines du totalitarisme. Dans ce mémoire, je me propose de refaire le parcours suivi, par Arendt, afin de déceler les concepts-clés qui ont mené à sa conception du totalitarisme et en conclusion, je présenterai un bilan de sa théorie du totalitarisme de même qu'un commentaire sur des idées politiques utiles à la compréhension de la naissance du totalitarisme et qui permettent, selon Arendt, de l'éviter. A ma famille pour son soutien, à mes amis russes pour m'avoir aider à découvrir leur culture, à mes amis qui ont étudié en histoire, qui sans toujours le savoir, m'ont indiqué des ouvrages historiques utiles pour ce mémoire, à Françoise, amie très chère disparue en 2010, qui m'a redonné le goût du travail, à François, Marie-Hélène et Josiane pour m'avoir aidé dans mes corrections et puis à mon directeur de maîtrise pour m'avoir fait découvrir Hannah Arendt, à tous, merci! VI Vil Table des matières Introduction 1 Problématique de la recherche 3 Objet de la recherche 3 Thème et méthode de la recherche 6 Chapitre 1 : l'antisémitisme 13 Un nouvel antisémitisme 14 Les débuts de l'antisémitisme moderne 18 Les Juifs et l'État 21 « Les Juifs et la société » 25 Liberté, égalité et assimilation 28 L'armée et l'Église 38 Le peuple et la populace 39 L'image de l'Homme, l'image du Juif. 41 Le réveil des nations 46 Remarques sur l'antisémitisme 49 Chapitre 2 : l'impérialisme 53 « Vers l'infini et plus loin encore » 55 Contre l'État-nation 57 Hobbes, les hommes et la société 62 Populace, capital et racisme 65 La tradition anglaise 74 Bureaucratie de domination 76 L'individu et sa dilution dans l'histoire 79 Un autre impérialisme 81 États-nations et droits de l'homme 83 Remarques sur l'impérialisme 85 Chapitre 3 : le système totalitaire 89 La perte de valeurs 90 Une société atomisée 94 Idéologie 100 La police secrète 105 Perpetuum mobile 110 Les camps 118 Un nouveau type de religion? 121 Conclusion 125 Voie de contournement 128 Négation et construction 132 Bibliographie 135 vin Introduction. Au début du XVIe siècle, un homme politique anglais vit la publication d'un de ses livres qui allait marquer durablement le monde littéraire. Il s'agit de Thomas More, auteur de l'Utopie. Zamiatine, Fourier, Bellamy, Orwell, Quiriny, Huxley et bien d'autres encore écrivirent un ou plusieurs livres en lien avec le politique ou inspiré par lui. Le genre littéraire de l'utopie se veut être une illustration romanesque d'un gouvernement idéalisé pour le meilleur (eutopie) ou pour le pire (dystopie). Ces écrivains s'étaient donc donné pour tâche de décrire une cité telle qu'elle devrait être ou ne pas être. Pour un temps, l'histoire avançait selon son cours et les écrits restaient des écrits. Pourtant, il vint un temps où le monde changea de bien des façons et finalement, la réalité, portée par des espoirs fous, se retourna contre le genre humain dans l'avènement d'un phénomène politique radicalement nouveau : le totalitarisme. Assez tôt dans l'histoire connue de l'humanité, des penseurs ont élaboré des théories pour définir le politique et définir quels types de régimes étaient possibles. Par exemple, nous pouvons penser à Platon qui, dans son livre La République (545b-576c), a décrit un nombre limité de régime et cette division se caractérisait essentiellement par le nombre de personnes qui détiennent le pouvoir au sein du gouvernement. Aristote et Montesquieu sont d'autres philosophes qui s'attardèrent à cette tâche et pendant des siècles, l'on put se fier à ces théories sans trop de problèmes, car les exemples qui se présentaient ne dérogeaient pas vraiment de ces définitions. Les tyrans opprimaient leur peuple, les bons rois se conduisaient relativement bien, un type de démocratie dominait les cités grecques de l'Antiquité pendant un certain temps ou alors, il arrivait qu'un groupe de personnes se partagent le pouvoir comme à Venise durant le Moyen-Âge. Mais avec le nouveau phénomène politique qui est apparu au 20e siècle, on sortait du cadre traditionnel de la définition des régimes. La première occurrence du mot totalitarisme remonte aux années 1920, lorsque des adversaires des fascistes en Italie qualifièrent le gouvernement de Mussolini de cette épithète inédite. Par la suite, le mot connut une popularité grandissante et fut utilisé par des personnes d'horizons divers pour identifier différents régimes, mais malgré certains éléments de définition qui se recoupaient d'une théorie à l'autre, il n'existait pas encore de conceptualisation claire admise par tous. En fait, le malaise théorique allait bien plus loin comme le décrit Enzo Traverso : Rares, dans le vocabulaire politique de notre époque, sont les mots dotés d'un si vaste champ sémantique, employés d'une façon souvent très large, voire indiscriminée, et donc caractérisés par ce qu'on pourrait bien définir comme une ambiguïté substantielle. Ce terme indique à la fois un fait (les régimes totalitaires en tant que réalité historique), un concept (l'Etat totalitaire comme forme de pouvoir nouvelle et inclassable à l'intérieur des typologies élaborées par la pensée politique classique) et une théorie (un modèle de domination établi par l'analyse comparative des régimes totalitaires). Ces différentes acceptions du terme se télescopent volontiers tout au long de ce débat, où le même mot n'a pas toujours la même signification pour ceux qui l'utilisent.1 Si ce terme a servi pour la première fois en un ton accusatif envers les fascistes italiens, Mussolini a retourné la situation en s'enorgueillissant de ce qualificatif. Traverso retrace l'évolution de ce terme au XXe siècle, des théories des partisans des régimes totalitaires à celles de leurs détracteurs qui n'ont pas toujours fait preuve de la plus grande honnêteté intellectuelle mais aussi de celles de gens plus neutres. La situation générale de la quête d'une définition du totalitarisme demeure donc confuse pour la plus grande partie du XXe siècle. Enzo Traverso, Le Totalitarisme. Le XXe siècle en débat, p.5. Problématique de la recherche. Définir le totalitarisme trouve sa raison d'être dans le désir de savoir de quoi l'on parle afin de bien déterminer quel régime peut être qualifié de totalitaire et quel régime peut ne pas l'être. Toutefois, devant l'ampleur immense du corpus littéraire et théorique traitant de la question du totalitarisme, il est hors de question ou plus simplement, il est impossible de tout lire au cours d'une vie et en conséquence, l'on doit limiter le champ des recherches. Ainsi, au cours de ce mémoire, il sera essentiellement question d'une théorie en particulier, celle d'Hannah Arendt qu'elle a élaborée surtout dans son œuvre Les Origines du totalitarisme. Ce livre fut publié pour la première fois en 1951 et il s'agit de la première grande œuvre d'Arendt. À cette époque, il n'existait pas encore de grande théorie servant à définir le totalitarisme. Les régimes hitlérien et stalinien ayant piqué sa curiosité, Arendt s'affaira dès les années 1940 à rechercher du matériel historique, sociologique et philosophique afin de non seulement comprendre le régime totalitaire mais aussi de saisir quelles en étaient les origines. Malheureusement, la lecture de son ouvrage nous force à la conclusion que nous ne trouvons aucune définition claire et concise du totalitarisme chez Hannah Arendt. Toutefois, ce n'est pas là que se trouve l'intérêt du livre d'Arendt ni la prospérité qui a suivi. C'est dans son étude de la naissance des régimes totalitaires que nous dénichons ses concepts les plus stimulants et qui nous aident le mieux à finalement entrevoir ce qu'est le totalitarisme. Objet de la recherche. Ainsi, il ne sera pas question dans ce mémoire de déchiffrer une définition du totalitarisme dans la conception qu'en avait Hannah Arendt mais plutôt, de faire une analyse de l'étude de la naissance des régimes totalitaires qu'Arendt a livrée dans son œuvre. Toutefois, il nous faut faire bien attention au procédé sociologico-historique employé par Arendt comme l'explique Anne Amiel : Elle ne procède pas à une révélation graduelle de l'essence du totalitarisme, de sa forme inchoactive au XVIIIe siècle jusqu'à son plein développement, tout simplement parce que cette essence n'existe pas avant d'être venue à l'être. Et les éléments qui cristallisent dans le totalitarisme ne sont pas totalitaires.2 En effet, un regard sur l'histoire de l'humanité nous révèle que bien des exactions commises uploads/Philosophie/la-naissance-du-totalitarisme-chez-hannah-arendt.pdf
Documents similaires
-
20
-
0
-
0
Licence et utilisation
Gratuit pour un usage personnel Attribution requise- Détails
- Publié le Sep 15, 2021
- Catégorie Philosophy / Philo...
- Langue French
- Taille du fichier 20.7805MB