Lexique de termes philosophiques Remarques introductives Complétons ici nos dis

Lexique de termes philosophiques Remarques introductives Complétons ici nos dissertations par des exercices de définitions, qui prennent place dans un lexique. Peut-être avons-nous à poser préalablement cette question : en quoi un vocabu- laire peut-il aider à la compréhension de la pensée philosophique ? Il faut à cet égard prêter attention à un écueil : la philosophie n'est pas une simple affaire de mots - et il ne faudrait pas que l’usage d’un lexique nous porte à le croire. Nous pouvons d’emblée rappeler cet avertissement lancé par Sartre : « curieusement, dit-il, le langage le plus difficile, d’une cer- taine manière, c'est celui qui veut le plus communiquer : c'est la philosophie » ; en effet, les mots dont se sert la philosophie « ne sont pas entièrement définis », ce qui l’expose à la ten- tation de « mystifier » ; d'un autre côté, la philosophie propose des éclairages, on peut même dire qu’elle est « prospective », car « il y a quand même dans l’ambiguïté du mot philosophique quelque chose dont on peut se servir pour aller plus loin » (Jean-Paul Sartre, « L’écrivain et sa langue », Situations, IX, Gallimard, p. 66 et 70). Sans entreprendre de justifier longuement l’établissement d’un lexique, faisons cepen- dant quelques remarques introductives. D'abord, et de toute évidence, il arrive aux philo- sophes d’utiliser des mots peu communs. Parfois on a l’impression que leurs explications ont plus pour but de formuler de nouvelles définitions et de justifier leurs néologismes, que de faire apparaître de nouvelles vérités. Cependant, on ne peut leur reprocher de chercher à employer les mots avec précision, et de tirer parti de toutes les richesses de la langue. D'ailleurs, la plupart du temps, les difficultés de vocabulaire viennent de ce qu’en dehors de la philosophie, toutes sortes de disciplines et de sciences (sciences de la nature, sciences humaines) inventent des mots pour désigner leurs objets et pour progresser dans leurs rai- sonnements : c'est pourquoi par exemple il faut apprendre à définir l’atome, la gravitation universelle, ou le déterminisme social. Or il est normal et nécessaire que les philosophes reprennent à leur compte le savoir établi par les sciences, et leur vocabulaire spécialisé. Pour apprendre à connaître les termes de chaque science, il faut pratiquer ces sciences. Et ce n'est pas le but d’un lexique philosophique. Cependant, une autre difficulté se présente en philosophie. Car ce sont les mots les plus familiers, les mots de la langue courante, qui y posent le plus de problèmes. Ainsi, au fil de la vie, il nous arrive de déclarer que notre interlocuteur ne dit pas vrai, ou que nous nous sentons privés de liberté, ou que nous admirons la beauté d’un paysage ou d’une œuvre ar- tistique ; - cependant, nous serions bien en peine de répondre à une demande de définition : qu'est-ce qui est « vrai » ? Qui peut se dire « libre » ? En quoi consiste la « beauté » ? Or ce sont de telles questions que posent les philosophes, et dont leurs doctrines sont les réponses. Dans cette perspective, un lexique doit aider, au moins de façon élémentaire, à prendre la mesure des procédés de langage par lesquels les philosophes font apparaître des significa- tions, renouvellent notre manière de voir, incitent leurs lecteurs à progresser dans l’exercice de la pensée. On indiquera parfois comment la signification d’un mot est empruntée à tel auteur, chez qui il acquiert une précision particulière. Quant aux concepts les plus impor- tants et problématiques, ils donnent lieu à des définitions inévitablement paradoxales. 1 La dissertation de philosophie. Méthodes et ressources – Étienne Akamatsu, Armand Colin, 2017 Ce lexique est une esquisse, et peut seulement donner un aperçu du travail nécessaire. Il importe que chacun apprenne à connaître les termes de la philosophie, puis veille à consti- tuer pour lui-même un vocabulaire des termes qu’il juge particulièrement utiles, parce qu’ils l’aident à formuler, et même à former ses pensées. Ce lexique est donc une introduc- tion à un tel travail. La clarté de la pensée ne se situe pas « au début du langage, [...] mais au bout de son effort » (Merleau-Ponty, Signes, Gallimard, p. 103). On adjoindra parfois à la définition et aux citations l’indication d’un ouvrage qui peut éclairer plus complètement la compréhension d’un concept. A - B - C - D - E - F - G - I - J - L - M - N - O - P - R - S - T - U - V Abduction - Absolu - Abstraction - Absurde - Accident - Acquis/inné - Action - Activité - Agnosticisme - Aliénation - Alternative - Âme - Amitié - Amo- ral/immoral - Amphibolie, ou amphibologie - Analogie - Anarchie - Argument - Aséité - Autotélique - Beauté - Bien - Bonheur - Cage-d’acier - Catégorie - Civili- sation - Conscience - Corps - Déduction - Degrénature - Démonstration Diallèle - Dialogue - Dieu - Dignité - Discours - Dogmatisme - Dualisme/monisme - Enthy- mème - Epigenèse - Epiphénomène - Éros - Erreur – Fait/droit - Falsification - Géocentrisme/héliocentrisme - Gouvernement - Idiographique/nomothétique - Induction - Industrie - Ironie - Irrationnel - Joie – Légal/légitime - Liberté - Libéral - Loi - Métaphysique - Methexis - Méthode - Mimèsis - Monisme - Mono- théisme/polythéisme - Narcissisme - Natalité - Nombre - Nominalisme - Non cau- sa pro causa - Obligation/contrainte - Oligarchie - Ordre - Pacte - Parabole - Pa- radoxe - Parole - Personne – Persuasion/conviction – Poièsis/praxix - Polémique - Politique - Positif - Pratique - Prisonnier - Problème - Processus - Prochain - Pyrrhonisme - Raisonnement - Rationnel/raisonnable - Représentation - Répu- blique - Sagesse - Salaud - Scepticisme - Scientisme - Sens - Sisyphe - Solip- sisme - Sophisme - Sorite - Subreption - Subsomption - Syllogisme - Symbole - Tautologie - Technique – Thésée(bateau de) - Tolérance - Toucher - Tournant - Universalité - Validité - Vérité - Vie - Volonté - Zététique - Zoroastrisme 2 La dissertation de philosophie. Méthodes et ressources – Étienne Akamatsu, Armand Colin, 2017 A Ab d u c t i on - Ab s o l u - Ab s t r a c t i o n - Ab s u r d e - Ac c i de nt - Ac q u i s / i n n é - Ac t i on - Ac t i v i t é - Ag n os t i c i s m e - Al i é n a t i o n - Al t e r n a t i ve - Âm e - Am i t i é - Am o r a l / i m m or a l - Am p hi bol i e , ou a m p h i b ol o g i e - An a l o g i e - An a r c hi e - Ar g um e nt - As é i t é - Au t o t é l i q u e Abduction Chez Aristote, raisonnement syllogistique dont la majeure est certaine, mais la mineure seu- lement probable. Prenons un exemple typique : « La science peut être enseignée » (majeure considérée comme certaine) ; « or la justice est une science » (mineure établie de manière probable) ; « donc la justice peut être enseignée » (conclusion à caractère probable) ». Depuis Charles Sanders Peirce, on appelle abduction une inférence qui, partant de faits observés, établit une hypothèse qui vise à les expliquer. Ainsi le travail de la pensée – c'est- à-dire la recherche de la meilleure explication disponible - s’appuie d'une part sur la re- cherche et la reconnaissance des faits, d'autre part sur la force abductive de la parole hu- maine, c'est-à-dire du langage utilisé en vue d’établir un discours vrai, en rapportant les phénomènes considérés à des causes et en rassemblant les causes sous des hypothèses. Pour en savoir plus : consulter La dissertation de philosophie, Première Partie, chapitre 2.1. Absolu (du latin absolutus : ab, à partir de, par rapport à, et solutus, lié à, dépendant) Il faut prendre ce terme dans un sens proche de l’étymologie : est absolu ce qui ne dépend de rien d’autre que de soi. Prenons un exemple : pour Spinoza, la substance seule est abso- lue, « ce qui est en soi et conçu par soi », sans aucune transcendance (cf. Ethique, I, Défini- tions, 3) ; et le bien du philosophe est la connaissance de cet absolu, l’amour intellectuel de Dieu, une partie de l’amour infini dont Dieu s’aime lui-même (cf. Ethique, V, 36). La phi- losophie prend souvent l’allure d’une recherche de l’absolu (de la Chose en soi, de l’Acte pur, de l’Esprit comme rapport de la vie et de l’idée, etc.). Chez Kant, la critique transcen- dantale limite la connaissance métaphysique, par l’entendement, de l’absolu, et conduit à l’affirmation – uploads/Philosophie/ lexique-la-dissertation-de-philosophie.pdf

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