DEPARTEMENT DE FRANÇAIS TD1 DE PRAGMATIQUE MASTERII SDL Chapitre I Naissance de
DEPARTEMENT DE FRANÇAIS TD1 DE PRAGMATIQUE MASTERII SDL Chapitre I Naissance de la pragmatique 1. Les origines de la pragmatique La pragmatique est une « branche des sciences du langage » (Moeschler J. & Reboul A., 1994 :18) née grâce aux différentes investigations entreprises par John Langshaw Austin et de Paul Grice, considérés d’ailleurs comme les précurseurs de cette discipline. A travers ses conférences « les William James Lectures » animées en 1955, Austin reconsidérait la fonction principale du langage dans la communication, qui ne se limite pas à la seule fonction descriptive mais à « une fonction actionnelle ; en utilisant le langage, nous ne décrivons pas le monde, mais nous réalisons des actes, les actes de langage » (Ibid). En ce sens, les pragmaticiens s’intéressent aux effets concrets du langage. Cette discipline est donc venue remettre en question les principes du structuralisme qui régnait à cette époque (des années trente aux années soixante-dix). Les chercheurs appartenant à ce mouvement considéraient la langue comme un système, un objet d’étude extérieur au monde s’opposant à la parole, de ce fait, ils excluent l’étude de toutes formes discursives. La linguistique de l’époque se contentait donc de prendre en charge les composantes morphologique, phonologique, syntaxique et sémantique de la langue. A partir des années cinquante, la linguistique énonciative, principalement celle de Emile Benveniste a remis en question le postulat d’immanence et l’aspect réifié de la langue. Le langage est pris dans sa situation d’énonciation : énoncé, énonciateur, énonciation et même l’acte de production sont indispensables pour la compréhension d’une langue. 2. Du structuralisme Le structuralisme en linguistique ne se limite pas à la seule théorie de Ferdinand de Saussure, mais englobe diverses écoles linguistiques qui ont toutes un seul fondement : étudier la langue comme quelque chose de clos et d’achevé. Ainsi, toutes les théories du fonctionnalisme, de la glossématique ou du distributionnalisme se basent sur l’étude des énoncés réalisés. Le linguiste se contente d’une analyse formelle, il essaie de dégager la structure, la composition et l’indépendance des éléments internes à une langue. C’est une étude qui se base sur le principe d’immanence, se limitant à l’étude du corpus, par contre tout ce qui touche à l’énonciation est hors du domaine de la recherche. 2.1. Le postulat d’immanence La langue est un système clos et pour saisir ses spécificités, De Saussure propose un principe méthodologique qui permet d’étudier « la langue en elle-même, par elle-même et pour elle- même. ». - En elle-même : étudier le fonctionnement interne de la langue sans tenir compte des phénomènes externes.- DEPARTEMENT DE FRANÇAIS TD1 DE PRAGMATIQUE MASTERII SDL - Par elle-même : étudier la langue avec la langue. - Pour elle-même : étudier la langue pour comprendre son fonctionnement et non pour comprendre des faits qui lui sont extérieurs. Phénomènes sociaux, politiques, historiques ou autres. Saussure définit la langue comme un fait social, mais cette démarche méthodologique néglige ce qui est en dehors du système et met en avant la structure au détriment de tout ce qui est extérieur à la langue. 2.2. Les grandes écoles structuralistes Ecole Fondateur Principes 1. Glossimatique Louis Hjemslev Préconiser une connaissance immanente du langage Déterminer ce qui commun à toutes les langues humaines. Fondée sur le principe d’empirisme, une méthode déductive. La langue n’est qu’une forme et non une substance. 2. Fonctionnalisme (École européenne de Martinet) Dégager une procédure pour analyser la phonologie puis la généraliser aux autres niveaux de la langue. (la double articulation du langage) 3. Distributionnalisme13 Ecole américaine, en parallèle au fonctionnalisme. (Harris et Bloomfield) Les unités n'ont de valeur linguistique que par rapport à leurs possibilités d'opposition ou de combinaison. C’est une approche formelle qui écarte toute considération relative au sen. Influence : (Les écoles influencées par le structuralisme) a.La linguistique générative Chomsky (Ecole américaine) Partir de la syntaxe pour dégager un corps de concepts qu’on généralise aux autres niveaux. b. La psychosystématique Gustave Guillaume Dynamique basée sur la morphologie Tableau n° 1. Les grandes écoles structuralistes 2.3. Les apports de la linguistique structurale La linguistique structurale a permis à la linguistique d’être une science des langues, améliorant ainsi de manière considérable la description et l’étude systématique des langues en l’éloignant de tout subjectivisme DEPARTEMENT DE FRANÇAIS TD1 DE PRAGMATIQUE MASTERII SDL La description du fonctionnement synchronique des langues a permis également aux linguistes de s’occuper de recherches proprement scientifiques dans le domaine des applications pathologiques du langage, apprentissage programmé des langues, traitement formel des textes, classement documentaire. 2.4. Objet d’étude de la linguistique structurale : la langue La linguistique structurale de De Saussure définit la langue comme étant un système. Pour étudier les particularités de ce système, la linguistique a développé une méthode consacrée principalement à décrire son fonctionnement en écartant tout ce qui est contingent ou encore tout phénomène n’appartenant pas au système. Dans ce sens saussurien, il ne peut y avoir de linguistique, que de la langue. Une linguistique de la parole serait inenvisageable. Qu’est-ce qu’un système ? La linguistique structurale est une approche de la linguistique issue des travaux du linguiste Ferdinand De Saussure, qui a d’ailleurs donné naissance à l’approche générale de structuralisme. Mais, il est à signaler que le terme structure n’a jamais figuré dans son Cours de Linguistique Générale. C’est plutôt système qui est mentionné dans cet ouvrage. Pour J. Dubois (2001), le terme système a deux acceptions : 1. En linguistique, la langue est considérée comme un système en ce sens qu’à un niveau donné (phonème, morphème, syntagme) ou dans une classe donnée, il existe entre les termes un ensemble de relations qui les lient les uns par rapport aux autres, si bien que, si l’un des termes est modifié, l’équilibre du système est affecté. 2. On donne aussi le nom de système à tout ensemble de termes étroitement corrélés entre eux à l’intérieur du système général de la langue. On parle ainsi du système du nombre en français (singulier vs pluriel), du système phonologique, du système vocalique, etc. De même, on dira que l’ensemble des règles syntagmatiques en grammaire générative est un système de réécriture. Le terme de système recouvre finalement tout ensemble de règles reliées entre elles ou tout groupe de termes associés entre eux. … La métaphore saussurienne des jeux d’échecs nous permet de comprendre que les éléments de la langue ne se comprennent pas dans l'absolu, il faudrait saisir leurs valeurs en rapport mutuel avec d’autres éléments de la langue. C'est en fonction de l'ensemble de la structure qu'un élément se comprend. C'est dans ce sens que la langue forme une structure. Prenons l’exemple1 du fonctionnement de ces deux unités ci-dessous, prises dans deux langues distinctes, l’anglais et le français. Français Anglais Mouton Sens 1. Animal Sheep 1 seul sens : mouton Sens 2. Viande de cet animal Mutton 1 seul sens : viande de cet animal 1 L’exemple est tiré du cours de pragmatique de Haddad M, 2018/2019. Université de Bejaia. DEPARTEMENT DE FRANÇAIS TD1 DE PRAGMATIQUE MASTERII SDL Si le mot mouton en français prend deux valeurs distinctes, celles d’un animal et de viande c’est parce qu’il n’existe pas d’autres mots qui peuvent les exprimer. Ce problème ne rencontre pas en anglais car il existe deux mots différents ("mutton", "sheep") pour désigner deux réalités différentes. 3. Les dichotomies saussuriennes Parmi les fondements linguistiques essentiels établis par De Saussure, on relève ses dichotomies. Selon ce linguiste, le langage se présente en dualité, sous forme de couples opposés dans la langue. Mais, il y a lieu de signaler que ces dichotomies ne sont pas supposées être contradictoires, ou en opposition comme entre le noir et le blanc ou encore le bien et le mal. Il faudrait plutôt les prendre comme les deux faces d’une pièce de monnaie ou le recto et le verso d’une même feuille. Les exemples de couples révélés dans le cadre de ces dualités sont nombreux, langue/parole, synchronie/diachronie, signifiant/signifié … 3.1. La dichotomie saussurienne langue/parole La dichotomie saussurienne langue / parole a été remise, M. Ballabriga (2005) écrit dans ce sens : Langue/parole : Le langage est une faculté, alors que la langue est définie par Saussure comme un produit social, une convention adoptée par les membres d’une communauté linguistique. L’acte individuel de parole est incompréhensible si je ne postule pas que les individus en présence possèdent en commun un système d’association et de coordination des sons avec les sens, ce que Saussure nomme la langue et que l’on peut définir comme un pur objet social, un ensemble systématique des conventions indispensables à la communication. Séparer la langue de la parole revient à séparer le social de l’individuel, l’essentiel du contingent, le virtuel de la réalisation. Il s’agit de l’opposition entre un code universel à l’intérieur d’une communauté linguistique, indépendant des utilisateurs, et l’acte libre d’utilisation par les sujets, du code. Cette présentation est assez sommaire et devrait être affinée et précisée (voire critiquée), mais par cette séparation, Saussure garantit l’autonomie de la linguistique et permet l’étude de la langue comme système fermé de signes et de valeurs, ce qui uploads/Philosophie/ td1-pagmatique 1 .pdf
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- Publié le Fev 04, 2022
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