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Elle a publié notamment « Les transformations de la phantasia dans la Seconde Sophistique », Studia Universitatis Babes-Bolyai – Philosophia, 2007, n° 1-2. fr 49-57 Octobre 2009 Un texte tardif de Husserl, écrit en 1934, s’intitule « Renversement de la doctrine copernicienne dans l’interprétation de la vision habituelle du monde. L’arché- originaire Terre ne se meut pas ». Malgré le choix de l’éditeur en faveur d’un titre moins controversé, « Recherches fondamentales sur l’origine phénoménologique de la spatialité de la nature», la radicalité de l’affirmation que la Terre ne se meut pas nous incite à examiner la validité de l’argumentation. Pour la communauté scientifique, la perspective copernicienne sur le mouvement de la Terre est le symbole de la victoire de la science sur le sens commun et la religion. Pour Husserl, toute science est galiléenne. Husserl savait sans doute que son affirmation à l’égard de l’immobilité de la Terre encourait le risque de la dérision. Le fragment de Husserl sur la Terre a un statut controversé pour les exégètes. Doit- on le prendre au sérieux ? Ou s’agit-il plutôt d’un jeu de mots lorsque Husserl présente une Archi-Terre immobile ? Parfois, les commentateurs croient nécessaire d’appeler l’attention sur le fait que Husserl était au courant des théories scientifiques, ou au moins prennent leur distance à l’égard de la position extrême de Husserl. Cependant, son point de vue est pris au sérieux. Plus encore, le texte respecte si bien la méthodologie phénoménologique qu’il peut être considéré comme exemplaire. Il contient également un argument puissant, que nous nous proposons d’examiner ici. Manifestement, une tension existe entre la perspective de Husserl et celle des sciences de notre époque. Cela ne signifie pourtant pas contradiction ou exclusion entre la perspective de la phénoménologie husserlienne et celle des théories scientifiques. Selon Husserl, la phénoménologie s’arrête là où commence la science et fera le lien entre la réalité expérimentée et la réalité théorique et expérimentale de la science moderne. Cette tâche est très présente dans l’investigation husserlienne sur la Terre. Pour ces raisons nous allons nous attarder sur le texte intitulé « L’arché originaire Terre ne se meut pas » en procédant en trois étapes : 1. Un rappel de quelques moments de l’histoire de l’astrophysique 2. Un aperçu de l’idéal et du principe de la recherche phénoménologique 3. Les conséquences de l’application de la méthode phénoménologique au cas de la Terre. Éléments d’histoire de l’astrophysique La perspective d’Aristote sur la Terre comme centre immobile a été réélaborée au IIe siècle dans l’Almageste de Ptolémée. Sa formulation géocentrique fut acceptée 1 pendant les mille quatre cents années suivantes. Malgré les contestations du modèle géocentriste par Da Vinci et Nicolas de Cues, c’est seulement avec le De revolutionibus orbium cœlestium (1543) de Copernic que la théorie de Ptolémée a été réellement écartée. De nos jours, nous pensons souvent que la théorie de Copernic a été d’emblée supérieure à celle de Ptolémée. Cependant, certains historiens des sciences ont soutenu que la dispute entre Ptolémée et Copernic n’a jamais eu de solution à l’intérieur des sciences naturelles. Fred Hoyle affirme qu’ « aujourd’hui [en 1973] nous ne pouvons pas dire en un sens physique que la théorie de Copernic a raison et que celle de Ptolémée a tort. Les deux théories sont... physiquement équivalentes. »1 Hoyle admet que ce sont deux façons différentes d’arranger les mêmes données, ouvrant le domaine de la théorie de la relativité. Un changement décisif se produisit en 1687, avec la publication des Principia de Newton. Si la Terre est mise en mouvement, nous avons besoin de l’espace non mû, « absolu », pour garantir l’objectivité de la description. Malgré le succès de la théorie de Newton, la perspective de la Terre comme corps en mouvement — contre nos propres sens — était difficile à admettre. Darwin écrit : « La croyance dans l’existence d’une révolution de la Terre autour de son propre axe était jusqu’à il n’y a pas longtemps difficilement attestée par des preuves directes. »2 L’expérience du pendule de Foucault (1871) a été le pas décisif pour l’acceptation de la perspective copernicienne. Toutefois, la base scientifique du travail de Newton avait été déjà été mise en question. Dans les propres termes de Newton, le concept d’espace absolu devrait être examiné en termes scientifiques, tâche qui n’est pas accomplie par les Principia. Selon Hegel, l’erreur de Newton consiste à essayer d’expliquer les concepts de la métaphysique (espace, temps) à l’intérieur des sciences naturelles. Malgré cette critique, la recherche d’un point de référence objectif pour le mouvement a continué. Les candidats – Soleil, espace absolu, étoiles – ont failli à être le référentiel final et unique de tout mouvement. Les sciences de la nature ont fini par accepter la relativité du mouvement et l’ont formulée comme principe cosmologique : chaque point de l’univers pourrait tout aussi bien servir comme référent du mouvement. Le point de vue de Copernic est devenu entre-temps fermement enraciné dans la conscience de l’homme moderne. Essentiellement, la Terre est un corps. C’est cet aspect précis et non pas les théories scientifiques en elles-mêmes que Husserl met en question dans son manuscrit. Même s’il ne mentionne point la théorie de la relativité d’Einstein, Husserl avait suivi dans une certaine mesure le débat sur les aspects philosophiques de la physique. Husserl avait dirigé la thèse d’habilitation d’Oskar Becker, Beitrage zur phänomenologische Begründung der Geometrie und ihrer physikalischen Anwendung (1922-23), dans laquelle les sections finales (§§18-21) tentent d’expliquer les présupposés dont la physique comme science positive n’est pas (et ne peut pas être) explicitement consciente.3 En résumé, il y a eu, au cours de l’histoire, trois façons de comprendre la Terre : 1. La Terre ne se meut pas. (Ptolémée) 2. La Terre se meut. (Copernic) 1. Fred Hoyle, Nicolaus Copernicus, Suffolk Heinemann, 1973, p. 79. 2. Charles Darwin, The Origin of Species by Means of Natural Selection or The Preservation of Favoured Races in the Struggle for Life, London Senate, 1994, p. 42. 3. Pierre Kerszberg lit le texte de Husserl sur la Terre comme alternative à la théorie de la relativité. Voir son article « The Phenomenological Analysis of the Earth's Motion », dans Philosophy and Phenomenological Research, n° 48 (1987), pp. 177-208. 2 3. Le mouvement de la Terre dépend de l’observation. (Einstein) Observons que la perspective phénoménologique n’a pas de place parmi ces trois possibilités. Quand Husserl écrit « nous ne touchons donc pas à la physique », il veut dire que la Terre, dans son sens originaire, n’est pas située parmi ces possibilités de mouvement et de repos. Mais d’où vient la nécessité d’aboutir à un concept originaire de la Terre ? Par quels moyens théoriques peut-on y parvenir ? L’idéal et le principe de la phénoménologie L’idéal de Husserl est la philosophie comme science rigoureuse à l’égard de tout ce qui apparaît. Les lecteurs de Husserl confondent parfois cet idéal avec le point de départ des sciences exactes. Pourtant, l’idéal a plutôt un effet contraire. L’exposé le plus clair de Husserl au sujet de la relation entre la phénoménologie et la science se trouve dans L’idée de la phénoménologie, à la fin de la première leçon : « La validité objective de la connaissance exacte est devenue, quant à son sens et à sa possibilité, énigmatique et, par la suite, même douteuse : la connaissance exacte est par là devenue énigmatique tout autant uploads/Philosophie/la-terre-ne-se-meut-pas.pdf
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- Publié le Nov 25, 2022
- Catégorie Philosophy / Philo...
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